une rangon.

troifiéme & dans le quatriéme Concile d'Orleans des Canons faits exprès pour reprimer ces effroyables feandales.

Ilaffiege ArTheodebert après s'eftre rendu les entire maiftre de toutes ces Places, entra cn Provence, & fe prefenta devant la Ville d'Arles. Il y avoit très-peu de Soldats, mais elle eftoit forte; de forte que Theodebert n'ofant l'attaquer, & les habitans apprehendant d'eftre forcez, fi on les attaquoit, on convint de part & d'autre que la Ville racheteroit le pillage de la campagne, & qu'elle donneroit des oftages. Les Oftrogots quelque temps Turon. 1. 3. après y jetterent du monde, & même fuppofé que Caffiodore ne flate point fon Roy Athalaric dans l'éloge Caffiodor. qu'il en fit au Senat de Come, ils prefenterent la bataille aux François, qui ne voulurent point l'accepter.

Gregor.

1.11.ep. 1.

Mort de

Thierri,

Cette armée d'Oftrogots empefcha les progrés de Theodebert, qui fe retira en Auvergne pour y paffer l'hyver. Thierri, après avoir foûmis cette Province & puni fa revolte, en avoit confié le gouvernement à un Seigneur nomme Sigivalde. Celui-ci qui eftoit allié de la famille Royale abufant de fon autorité, y avoit exercé mille violences, & par lui-même & par fes domeftiques qui ne faifoient que tuer & piller. Convaincu de tant de crimes atroces, Thierri le fit venir à Mets & lui fit couper la tefte pour en faire un exemple, & rendre juftice à ce pauvre peuple, qui depuis deux ou trois ans s'eftoit toûjours vû accablé de nouvelles miferes; mais pouffant la feverité trop loin, il voulut enveloper Givalde fils de Sigivalde dans le malheur de fon pere, & envoya ordre à Theodebert de l'arrefter & de le faire auffi mourir.

Theodebert aimoit ce jeune Seigneur qu'il avoit tenu autrefois fur

les fonts de Baptême ; il l'envoya querir fecretement, & lui ayant lû l'ordre du Roy, il lui donna le temps de fe mettre en lieu de fûreté, & lui confeilla de ne pas paroiftre en France, tandis que le Roy vivroit. Givalde fe jetta aux pieds du Prince, & après lui avoir marqué la reconnoiffance que meritoit un fi bon office, fe retíra à Arles chez les Gots, & de là en Italie. Mais fon exil ne

fut pas long. Thierri tout occupé des grands apprefts qu'il faifoit pour la conquefte de la Provence, que l'eftat des affaires des Oftrogots lui cuft rendu facile, tomba malade & mourut peu de temps après dans la Ville de Mets la vingt-troifiéme année de fon regne, n'ayant pas plus de cin

quante ans.

&ti Theodo

Ce fut un de ces Princes en qui les Son carattere, vertus & les vices mêlez enfemble meritent beaucoup de louanges & beaucoup de blâme. Il avoit un efprit capable de gouverner avec autorité, comme if fit, un auffi grand Eftat que le fien; il aimoit la guerre, & la faifoit bien & heureufement; mais fans s'embaraffer de la juftice ou de l'injuftice de celles qu'il entreprenoit. Les Terres qu'il donna à In vira Sanl'Eglife de Reims & au faint Abbé tici Abbatis. Thierri, font des marques de fa pieté; mais qui coûtent beaucoup moins aux grands Princes que de moderer leurs convoitifes. Il aima & honora plufieurs grands ferviteurs de Dicu qui vécurent de fon temps ; & en particulier il eut toûjours beaucoup de refpect pour faint Nicete Evêque de Treves, qu'il éleva à cette digni- Gregor té par l'eftime qu'il faifoit de fa ver- Libell.de vita tu, & comme pour le recompenfer Nicet, de la franchife avec laquelle il le reprenoit quelquefois de fes déreglemens. Il fit faire une efpece de corps ou de collection de Droit, qui con- Præfat. Leg. tenoit les Loix des François, celles

Turon

fal.

in

1.4.

des Allemans, & celles des Bavarois; car fa domination s'eftendoit au-delà du Rhin fur tous ces peuples, & les Greg. Turon, Saxons même furent fes tributaires. Il changea dans ces Loix diverfes chofes pour les accommoder à certaines coûtumes eftablies parmi fes Sujets; il y en ajoûta d'autres ; il en retrancha quelques-unes, principalement celles où il reftoit encore quelque veftige de Paganifme. Du refte ce fut un Prince ambitieux, violent, artificieux, fourbe & perfide à l'excès. En un mot, il eut plufieurs de ces qualitez qui font un grand Roy, & en même temps beaucoup de celles qui font un méchant homme.

Lorfque la maladie de Thierri commença à paroiftre dangereufe,

on donna avis de la Cour à Theodebert qu'il y alloit de fes interefts les plus effentiels d'y venir inceffamment; qu'on fçavoit que fes deux oncles le Roy de Paris & le Roy de Soiffons cabaloient déja pour l'exclure du Royaume d'Auftrafie & s'en faifir; & que s'il ne venoit avant la mort du Roy, on ne répondoit pas de ce qui pourroit arriver.

Il faut avouer que la conduite de ces Rois avoit quelque chofe de furprenant. Il falloit qu'ils fe cruffent tout permis pour leur aggrandiffement, ou bien que le droit des enfans des Rois à la fucceffion de leur pere ne fuft pas encore tellement eftabli, qu'il exclût à leur avantage les freres du Roy mort. Car après la mort de Clodomir, les Provinces qui compofoient fon Royaume, fans avoir égard à fes enfans, fe donnerent pour la plupart à Childebert; quelConftantini ques-unes à Thierri, comme l'Anjou batis. tout-à-fait détaché de fes autres Ef

In vita S.

tats; & le Maine à Clotaire. Ainfi ces deux Princes voyant le Roy d'Auftrafie malade, faifoient leurs brigues pour fe faire reconnoiftre après fa mort par les Auftrafiens. Et c'eft de quoi ceux qui eftoient dans les interefts de Theodebert l'averti

rent.

Theodebert

C'eftoit à Mets, comme je l'ai dit, que le Roy eftoit malade, & li fuccede. Ini Theodebert eftoit toûjours en Au- Gregor. Tue ron.l.3.c.23. vergne occupé de fes nouvelles amours. Neanmoins l'importance de l'affaire dont il s'agiffoit l'en fit partir promptement; il y laiffa fa Maîtreffe, & arriva à Mets quelques jours avant la mort du Roy. Il profita du peu de temps qui lui refta pour fortifier fon parti; de forte que le Roy eftant mort, les efforts & les intrigues de Childebert & de Clotaire n'eurent point d'effet. Les Seigneurs dont les biens relevoient immédiatement de la Couronne, & qui furent depuis appellez du nom de Barons*, firent ferment de fidelité à Theodebert, & fe mirent en devoir de le défendre contre qui- fuis deffenfaconque l'attaqueroit. Les deux Rois tus eft. deja fort rallentis, s'en défifterent. que la difficulté de l'entreprise avoit Theodebert fit tout ce qu'il pût de fon cofté pour gagner leur amitié ; il leur envoya de riches prefens qu'ils accepterent, & leur promit fur tout de les feconder dans la guerre de Bourgogne;ainfi la bonne intelligence fut parfaitement rétablie entre eux.

Childebert affecta même de convaincre Theodebert de la fincerité de fa reconciliation, par les manieres tendres & cordiales dont il ufa depuis en fon endroit. Il le pria de le venir voir à Paris, où il le reçût avec tous

Idem, 1.3.6.

24.

A Iendibus

les

les honneurs poffibles, & lui dit en l'embraffant que n'ayant point de fils, il vouloit deformais lui donner cette qualité, & le regarder comme tel: il lui fit prefent d'armes, de chevaux, & de divers meubles précieux. La

fuite montra qu'il n'y avoit rien en tout cela que de fincere, & l'union de ces deux Princes fut depuis beau coup plus étroite, que Clotaire ne l'euft fouhaité, ainfi que je le diraj bien-toft,

Tome I.

L