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L

Es quatre fils de Clovis partagent fon Royaume. La Gaule Françoife eft appellée France avant la fin du fixiéme Siecle. La Reine Clotilde entretient la paix dans la famille Royale. Theodoric enleve quelques Places aux François. La paix fe fait peu de temps après.. Des Pirates Danois font defcente fur les terres de Thierri. Ils font défaits par Theodebert fon fils. Entreprise de Thierri fur la Turinge.. Sigifmond fuccede à Gondebaud Roy de Bourgogne.. Il fait étrangler fon fils Sigeric. Il fait penitence de ce crime. Il eft battu par les trois fils de Clovis, & livré à Clodomir. Godemar successeur de Sigifmond reprend ce que les François avoient pris en Bourgo gne. Clodomir fait jetter Sigifmond, ja femme & fes enfans dans un puis. Sigifmond est mis au nombre des Saints. Godemar perd la bataille de Keferance, & Clodomir y eft tué. Les François taillent en pieces les Bourguignons. Godemar je releve encore une fois. Il perd une partie de la Provence. Mort de Theodoric. Sa fucceffion eft partagée entre fes deux petits-fils. Conquefte de la Turinge parThierri. La Princeffe Radegonde niece du Roy de Turinge & épouse de Clotaire eft amenée en France. Amalaric épouse Clotilde fœur des Roys de France, & la maltraite pour la Religion. Elle enfait des plaintes à fes freres. Childebert conduit fon armée en Languedoc.. Il bat Amalaric,& fe rend maistre de Narbonne. Mort d'Amalaric. Thierri fait marcher son armée en Auvergne revoltée contre lui.. Childebert & Clotaire attaquent Godemar Roy de Bourgogne. Ils prennent Autun & Vienne. Thierri affiege la Capitale d'Auvergne &la prend. Nouveau foulevement en Auvergne reprimé par Thierri.. Action barbare de childebert & de Clotaire. Thierri fe reconcilie avec fes deux freres. Theodebert prend plufieurs places fur les Oftrogots. Il affiege Arles & en tire une rançon. Mort de Thierri.. Son, caractere, Theodebert lui fuccede..

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Toutes ces Medailles furent frappées à Marseille, comme on le voit par tous les revers où ces deux Lettres M. A. fe trouvent, qui font les premieres lettres de MASSILIA, & par confequent elles furent appées depuis que la Provence eût cité cedée aux François du temps de l'Empereur Juftinien

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Clotilde, eut part à la fucceffion comme les autres, & fut même le plus avantagé de tous. Sa qualité d'aîné, fon age de vingt-fix à vingtfept ans capable du maniement des affaires, la reputation qu'il s'eftoit déja acquife dans la guerre fut ce qui détermína ou le Roy fon pere avant que de mourir, ou fes freres à lui laiffer pour fa part prefque toutes les frontieres du Royaume: fçavoir premierement une grande partie de l'Aquitaine; c'est-à-dire, le Rouerguc, l'Auvergne, le Querci, l'Albigeois & tout le païs qui feparoit le Royaume des François de la Provence & du Languedoc poffedez alors par les Gots fous l'autorité de Theodoric Roy d'Italie. Toutefois il y a lieu de douter fi cet article entra proprement dans le partage: car c'eltoit une conquefte que Thierri avoit faite lui-même après la défaite d'Alaric. De plus cette partie de fon Domaine eftoit fi féparée du refte qui lui fut affigné, qu'il femble qu'il ne l'euft pas eue, fi elle ne lui euft appartenu par un droit particulier ; & il eft vraisemblable qu'après qu'il l'euft conquife, Clovis la lui avoit donnée comme en propre pour recompenfer & animer fon courage.

Il eut en fecond lieu tout le cours du Rhin depuis Bafle jufqu'à Cologne, & ce qui eft de ce cofté-là entre le Rhin & la Mofelle, & entre le Rhin & la Meufe; il eut auffi toute la France de delà le Rhin qui s'entendoit jufqu'à la Mer, & confinoit au Royaume de Turinge & à la Saxe, c'est-à-dire à la Veftphalie, qui eftoit de l'ancienne Saxe. Enfin outre cela on lui donna ce qu'on appelloit encore alors la premiere Belgique, où eftoient les Villes de Treves, de Mets, de Toul, de Verdun; & une bonne partie de la feconde Belgique,

fçavoir, Reims, Châlons fur Marne & les environs: de forte qu'il couvroit le refte du Royaume des François du cofté du Midy contre les Gots, du cofté de l'Orient contre les Turingiens & contre les autres peuples de la Germanic, & entre l'Orient & le Midy contre les Bourguignons : il choifit Mets pour la capitale de fon Eftat.

Fredegar. c. 30.

Les trois autres Princes, dont le plus âgé pouvoit avoir au plus feize Ibid. dix-fept ans, eurent chacun une partie du refte du Royaume. Clodomir fut Roy d'Orleans, Childebert de Paris, & Clotaire de Soiffons. Les Hiftoriens ne nous ont point marqué plus en particulier les limites de tous ces Eftats; le détail que j'ai fait de ceux de Thierri se connoift au moins en grande partie par la fuite & par les circonftances de l'Hiftoire.

Le Royaume de Paris qui fut celui de Childebert le troifiéme des enfans de Clovis s'eftendoit, ou du moins s'eftendit avec le temps le long de la Mer depuis ce que nous appellons aujourd'hui la Picardie jufques affez près des Pyrenées. La baffeBretagne n'en eftoit pas, elle avoit fon Souverain particulier, mais avec quelque dépendance du Roy de France. Ce Royaume avoit beaucoup moins d'étendue en largeur qu'en longueur, Clotaire Roy de Soiflons le bornant du cofté de la Picardie & de l'Artois, & Clodomir Roy d'Orleans occupant tout le milieu de la France; c'eft-à-dire, la Beauce, le Maine, l'Anjou, la Touraine, le Berri. Clotaire eftoit le Cadet de tous, & fut auffi partagé en cadet; car fon Royaume fe trouvoit refferré par le pais appellé depuis du nom de Normandie qui appartenoit au Roy de Paris, par la Champagne, qui cftoit du Royaume de Thierri,

& par

Qui reçoit de nouveaux MONS

& par la Mer & l'Efcaut. *

Cette divifion du Royaume Francafe çois fut l'occasion des nouveaux noms de ce partage. qu'on lui impofa. On nomma Auftrie ou Auftrafie cette partie des Gaules Françoises qui eft fituée vers l'Orient entre le Rhin & la Meufe. Ce nom venoit du mot Oft, quoique corrompu par les François dans l'Ecriture, qui fignifioit Oriental; ainfi appelloit-on Oftrogots les Gots Orientaux; Thierri qui eut ce païs dans fon partage prit le titre de Roy d'Auftrafic. Dans la fuite auffi, on appella Neuftrie les parties de la France les plus Occidentales qui font entre la Meufe & la Loire jufqu'à l'Ocean: le refte garda fon ancien nom d'Aquitaine & de Bourgogne.

La Gaule

ad Gundeb.

Je ne doute point qu'on n'ait comBrançoife eft mencé auffi dès-lors à donner à tous ce avant la ces païs le nom de France, & je ne fin da fixieme ferai nulle difficulté de les appeller fede. deformais de ce nom. La partie de la Ipift. Theod. Gaule conquife par les Bourguignons Gregor. Ter. porta le nom de Bourgogne peu de Nicctius in temps après qu'ils y furent eftablis, fans parler des autres Provinces qui ne furent pas long-temps fans prendre le nom de leurs vainqueurs ; & il eft au moins certain qu'avant la fin de ce fixiéme ficcle la Gaule Françoife fut appellée France.

Epift.ad Clodolvind.

La Reine Clo

Le partage avantageux de Thierri ulde entre d'un cofté, qui le rendoit infiniment ment la paix dans la famil fuperieur en puiffance, & de l'autre le jeune âge de fes trois freres qui ne reffentirent pas d'abord l'inégalité de ce partage, & qui dans la fuite n'oferent pas entreprendre de s'en dé

Royale.

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Cette fainte Princeffe qui après la Gregor. Tune mort du Roy fon mari s'eftoit reti- 1.2. c. 43. rée à Tours auprès du Tombeau de Saint Martin, fut toûjours comme le nœud de la paix de la famille Royale. S'il y eut quelques differends de temps en temps, ils furent promptement affoupis; & l'on en vint rarement à une rupture entiere. Cette intelligence merveilleufe entre tant de Princes tous braves & guerriers caufa de l'admiration à un Hif- Agathias 1, s. torien Grec de ces temps-là, qui fait leur éloge, où meflant quelques fauffetez à ce qu'il nous raconte de la Nation Françoife qu'il ne connoiffoit pas affez, & dont il touchoit l'Hiftoire en paffant, il nous dit, ce qui fut prefque toûjours vrai pendant plufieurs années, qu'on ne voyoit point les Rois François en venir à des guerres civiles ; que dans les occafions de mécontentement qu'ils pouvoient fe donner les uns aux autres, ils levoient quelquefois des armées; mais que quand elles eftoient en prefence, c'eftoit alors que les negociations commençoient, & qu'ils ne manquoient gueres de fe reconcilier.

Mais je crois encore qu'une des raifons qui les maintinrent dans cette union, fut la crainte du redoutable

* Bouchet dans fes Annales d'Aquitaine fait fans nulle preuve Clodomir maitre du païs qui portoit alors. ce nom. Sûrement il ne l'eftoit pas de l'Auvergne qui en faifoit une partie : car Gregoire de Tours 1. 3. C. 2. nous apprend que Thierri la cinquième année d'après la mort de Clovis, fit Evêque d'Auvergne S.Quintien, que les Gots avoient chafle de fon Evêché de Rodez. On voit encore dans le même endroit que Rodez qui eftoit auffi de l'Aquitaine avoit etté dans le partage de Thierri. Nul ancien ne donne rien à Clotaire dans le païs aujourd'hui appellé la Normandie, comme font quelques Modernes. La Vie de S. Marculphe nous apprend que Childebert y eftoit maistre du Cotentin & du Bellin. Fridegonde qui écrivoit quatre cens an après Clotaire, met Rouen dans le Domaine de ce Prince; mais il a fuivi fur ce fujet des Memoires pleins de faufletez fi vifibles, que fon autorité lur cela ne merite pas qu'on y ait aucun égard.

Tome E

H

Theodoric en

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Vers

l'an

ennemi que la Nation avoit dans la perfonne de Theodoric Roy d'Italie & des Oftrogots, qui après avoir fait perir Gefalic, s'eftoit rendu maistre du Royaume des Vifigots, c'eft-àdire du Languedoc, & de ce qu'ils poffedoient en Provence & en Efpagne, & y commandoit abfolument au nom du jeune Amalaric fils de fa fille & fils legitime d'Alaric.

Cette réunion de toute la Nation love quelques Gothique l'avoit rendu un des plus places aux puiffans Princes de l'Europe. Il le fit François. Gregor. Tu- fentir aux François bientoft après la ron 3. c.21. mort de Clovis : car il fe fervit de cette conjoncture pour leur enlever quelques Places voifines du Languedoc, & en particulier la Ville de Rodez, d'où les Gots chafferent l'Evêque S. Quintien qu'ils croyoient trop affectionné aux François,& que Thierri fit quelque temps après pour cette raifon Evêque d'Auvergne.

512.

La paix fe

La guerre neanmoins ne dura pas fait peu de fort long-temps; & la paix fe fit à emps après condition que Theodoric garderoit les Places dont il s'eftoit emparé; de forte que les Gaules ne furent jamais plus tranquilles qu'alors. Gondebaud Roy de Bourgogne vivoit encore, & vivoit encore, & laffé de ces viciflitudes de bonheur & de malheur, dont fa vie avoit efté étrangement meflée, il avoit pris le Marius Aven- parti de gouverner fes Sujets en repos; & il le fit jufqu'à fa mort. Les François & les Gots fe craignoient les uns les autres, & malgré la fierté que Theodoric avoit fait paroiftre en rompant d'abord avec Thierri, & en l'obligeant à conclure avec lui un traité defavantageux, il n'aimoit point dans le fond à avoir affaire à la Nation Françoife.

tic. in Chro.

Lic.

Cela parut manifeftement dans la conduite qu'il garda avec un de fes propres Sujets, dont il n'eftoit pas d'humeur à laiffer l'audace impunie, & qu'il fe refolut neanmoins de mé

nager principalement par ce motif.

Cet homme s'appelloit Theudis Oftrogot de Nation, & un des plus habiles Capitaines de Theodoric, qui lui avoit confié le commandement de fes armées en Efpagne & toute l'autorité du gouvernement de Procop. l. 1. ce païs. Ce General y devint amou- de belloGoth. reux d'une Espagnole fille d'un Sei- c.12. gneur riche & puiffant en terres. Il l'époufa, & content d'un tel établiffement & du pouvoir que lui donnoit fa Charge en attendant que la fortune lui prefentaft quelque chofe de meilleur, il prit des mefures pour fe conferver toûjours l'un & l'autre. Pour cela il leva deux mille Soldats

Efpagnols, & s'en fit des Gardes qui
ne le quittoient jamais; il s'attacha
plufieurs Seigneurs Vifigots, qui n'ef-
toient pas contens du gouvernement
de Theodoric, traita fecretement
avec les François, & s'affûra de leur
fecours en cas de befoin. Theodoric
s'apperçût bien-toft du deffein de bid.
Theudís, & ne fut pas long-temps
fans eftre inftruit de tout le refte
Mais apprehendant une revolte de la
part des Vifigots, & craignant de
s'engager dans une nouvelle guerre
avec les François, il prit le parti de
diffimuler, & declara Theudis Gou-
verneur perpetuel de l'Efpagne juf-
qu'à ce que le jeune Amalaric fut en
âge de la gouverner par lui-même.
Theudis de fon cofté fauvoit toûjours
les apparences, executoit avec foin
tous les ordres qu'il recevoit de
Theodoric, ne détournoit rien des
Tributs que l'Espagne payoit tous Ibid.
les ans à ce Prince, & les faifoit paf-
fer dans fon épargne fans y manquer:
mais de quelques pretextes qu'on fe
fervift pour l'engager à s'éloigner
de fon Gouvernement, il ne voulut
jamais en fortir, & entretint toû-
jours correfpondance avec les Fran-
çois, qui d'ailleurs ne cherchoicnt

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