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812.

& à Gand quantité de Vaiffeaux qu'il avoit fait baftir depuis l'année précedente, à deffein d'augmenter les Flotes qu'il prétendoit oppofer aux Normands. Il fit rétablir à Boulogne une ancienne Tour qu'on croit eftre celle qu'on appelle aujourd'hui la Tour d'ordre, pour fervir de phare aux Vaiffeaux qui entreroient la nuit dans le Port, & ordonna que le Fanal y fuft toûjours allumé. De-là eftant revenu à Aix-la-Chapelle, il eut encore la douleur d'apprendre la mort de fon fils aîné le Prince Charles. L'Hiftoire ne nous dit rien ni du lieu ni de la maniere de cette mort, non plus que du caractere de ce Prince. Nous l'avons vû à la tefte des Armées gagner des Batailles, & toûjours fort foumis aux ordres de l'Empereur fon pere. C'est tout ce que nous en fçavons. Ainfi de trois Princes fils de Reines (car il en avoit quelques autres) tous trois en eftat de regner, il ne reftoit plus à Charlemagne de fes fils, qu'il deftinoit au Trône, que le feul Loüis Roy d'Aquitaine, Prince dont la conduite fage & foûmife lui donnoit beaucoup de confolation, mais en même-temps par la crainte de le perdre comme les autres,il lui eftoit un grand fujet d'inquietude.

Quelques mois après la mort du Prince Charles, arriverent les Ambaffadeurs de l'Empereur Michel, pour confirmer le Traité de paix. Ils firent Eginard in à Charlemagne leur compliment en Annal. ad A, Grec, felon la coûtume, où ils affecterent de lui donner plufieurs fois le titre, qui dans leur langue répondoit à celui d'Empereur; ce que les predeceffeurs de Michel évitoient de faire autant qu'ils pouvoient*. Ils lui demanderent une de fes filles ou une de fes petites-filles en mariage pour le Prince Theophylacte, fils de Mi

chel, qu'il avoit affocié à l'Empire ; mais cette propofition fut fans effet, & l'on ne fçait point la raison de ce refus. Charlemagne leur mit en main le Traité de paix avec une Lettre pour l'Empereur leur Maiftre. Ils prirent leur route par Rome, où ils recurent auffi de la main du Pape une autre copie du même Traité; de forte que la qualité d'Empereur d'Occident fut poffedée deformais par Charlemagne d'une maniere inconteftable.

Bernard fils

reconnu R

Aprés le départ des Ambaffadeurs, Charlemagne tint fon Parlement à de Pepin eft Aix-la-Chapelle, où il fit reconnoif- d'Italie tre le jeune Prince Bernard, fils de Pepin, pour Roy d'Italie, & le fit partir avec le Comte Vallon ou Vala, proche parent de ce jeune Prince du cofté de fa mere. C'eftoit fur l'avis qu'une Flote de Sarrazins d'Afrique joints à ceux d'Efpagne, qui par là violoient le Traité de paix fait deux ans auparavant avec la France, eftoiu prefte à fe mettre en Mer, pour venir faire defcente en Sardaigne & dans l'Ifle de Corfe. Les Troupes Sarrazines qui defcendirent en Sardaigne furent entierement défaites. Cette déroute ôta l'envie aux autres de defcendre dans l'Ifle de Corse, où ils virent bien qu'on les attendoit, & fut fuivie d'un autre Traité de paix avec ces Infidelles.

Grimoald Duc de Benevent avoit auffi pris l'occafion de la mort de Pepin pour se revolter de nouveau : il fut obligé par la promptitude avec laquelle le Comte Vallon marcha contre lui, à fe foumettre, & n'obtint la paix qu'à condition d'un tribut de vingt-cinq mille fous d'or, qui faifoient près de deux cent mille livres de noftre monnoye d'aujourd'huy.

Enfin, cette même année - lá les Vilfes au-delà de l'Elbe furent enco

* Les Empereurs d'Orient doni oient volontiers à nos Empereurs François le titre de P H X Rex ; mais çẹ ne fut que par contrainte qu'ils leur donnerent celui de Bages.

Rrr iij

Eginard. in Annal. ad an. 8.13.

vici Pii.

re domptez, & les deux Rois de Danemarc qui avoient fuccedé à Hemminge leur parent mort après une année de regne, envoyerent auffi demander à l'Empereur la confirmation du Traité de paix fait avec leur Predeceffeur de forte que de tous coftez tout fut tranquille dans l'Empire François.

Le grand âge de Charlemagne, fes incommoditez qui devenoient de jour en jour plus frequentes, l'exemple de plufieurs Empereurs, la tendreffe qu'il avoit pour fon fils, lui firent prendre la refolution de l'affocier à l'Empire, & de joindre au titre de Roy qu'il lui avoit déja donné depuis long-temps, celui d'Empereur d'Occident. Une violente attaque de goute dont il fut pris eftant à la chaffe dans la Foreft d'Ardenne, lui

fit hafter l'execution de ce deffein.

Louis continuoit de fe faire adorer dans l'Aquitaine par la douceur de fon Gouvernement. Il joignit à cette Vita Ludo bonté qui lui eftoit naturelle & à la valeur dont il avoit donné plufieurs preuves dans les guerres d'Efpagne & de Germanic, une très-grande pieté & un très - grand zele, qui lui firent principalement entreprendre la reforme du Clergé d'Aquitaine, jufqu'alors très-déréglé, & il en vint à bout. Il fit bâtir quantité de Monafteres, & même penfa à imiter l'exemple de fon oncle Carloman, qui a voit renoncé au monde pour fe fanctifier plus furement dans la retraite. L'Empereur fon pere loua ce deffein. Mais il s'y oppofa efficacement, lui faifant comprendre qu'il valoit beaucoup mieux fe fanctifier dans l'état où la Providence l'avoit mis, que de le quitter. Louis avoit deftiné trois jours la femaine à donner audience à fes Sujets, & à faire juger tous les procès en fa prefence; ce qui fe faifoit avec tant d'équité, qu'à peine enten

doit-on la moindre plainte dans tout l'Etat contre le Prince. Archambaud un des Secretaires d'Etat de l'Empi re ayant efté envoyé en Aquitaine par l'Empereur pour quelques affaires, fut furpris de l'ordre qu'il vit dans tout ce Royaume. Le recit qu'il en fit à Charlemagne le charma fi fort, qu'il en pleura de joye, & dit à fes Courtisans, rendons graces à Dieu, & nous réjoüiffons de ce que ce jeune homme eft encore plus fage & plus habile que nous.

Roy d'Aqui

Louis fut donc appellé à Aix-la- Charlemagne Chapelle, où Charlemagne avoit fait a Tocie Louis l'Affemblée generale des Evêques, tine à l'Em des Abbez, des Ducs, des Comtes & pice. Theganus. des autres Seigneurs & principaux de geitis Lu Officiers de fon Etat. Il leur declara dovici Pii, le deffein qu'il avoit d'affocier fon fils Cap. à l'Empire, & leur demanda à cha- Monac cun en particulier s'ils ne l'approuvoient pas ? Tous univerfellement y applaudirent, & s'écrierent qu'il venoit d'une infpiration de Dieu.

Cette Affemblée fe tint au mois de Septembre, & l'on prit un Dimanche pour la ceremonie du Couronnement. Elle fe fit avec autant de magnificence que de picté. Tous les Evêques, les Abbez, les Ducs & les Comtes marcherent en rang vers la belle Eglife ou Chapelle que Charlemagne avoit fait baftir plufieurs années auparavant, & d'où eft venu le nom d'Aix-la-Chapelle, que cette Ville porte encore aujourd'huy. L'Empereur fuivoit revêtu de fes ornemens: Royaux, la Couronne d'or fur la tefte, & s'appuyant fur fon fils. Estant arrivez à l'Eglife, ils s'approcherent l'un & l'autre du grand Autel richement paré, fur lequel l'Empereur fit mettre une autre Couronne d'or. Après avoir tous deux prié Dieu affez long-temps à genoux, l'Empereur fe leva, & ayant fait faire filence, il parla de la forte à Louis.

Chronic

Thoganus.

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Le rang où Dieu vous éleve aujourd'huy, mon fils, vous oblige » plus que jamais à refpecter fa puif,, fance, à l'aimer, à le craindre, & à » vous rendre un obfervateur fidéle ,, de fes Commandemens. En deve„nant Empereur, vous devenez le » protecteur des Eglifes, & c'eft à » vous de faire enforte qu'elles foient » bien gouvernées vous devez les », défendre contre la violence des ,, méchans & des impies; vous avez ,, des fœurs, vous avez des freres en ,, bas âge, vous avez des neveux & d'autres parens, vous eftes dans l'obligation de les traiter comme tels, de les aimer, & de leur faire toutes les graces qu'ils peuvent attendre de leur Prince, qui eft leur Maif,, tre, mais en même temps leur fre,, re, leur oncle, leur parent. Hono ,, rez les Evêques comme vos peres, aimez vos Peuples comme vos enfans. Pour les méchans & les indo,, ciles, ne craignez point d'employer l'autorité & la force pour les contraindre malgré qu'ils en ayent, à ,, rentrer dans la voye de leur falut. ,, Que les Monafteres & les pauvres ,, trouvent dans vostre bonté leur refuge & leur confolation. Choififfez » des Juges & des Gouverneurs crai», gnans Dieu, & incapables de fe laiffer corrompre par les prefens. ,, Ceux que vous aurez honorez de quelque dignité, ne les en dépoüil,, lez jamais fans un grand fujet, & vous-même rendez-vous irreprehenfible devant Dieu & devant les hommes.

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L'Empereur finit fon difcours en demandant à fon fils s'il eftoit refolu de gouverner fes Etats, fuivant les regles qu'il venoit de lui prefcrire. Le Prince répondit qu'il fe feroit toûjours un plaifir de lui obéir, & qu'il efperoit que Dieu lui feroit la grace de ne pas s'écarter de la conduite qu'il

venoit de lui marquer.

Alors l'Empereur lui ordonna de prendre lui-même la Couronne d'or qu'on avoit mife fur l'Autel, faifant entendre par là qu'il la tenoit de Dieu feul, & de fe la mettre lui-même fur la tête, ce qu'il fit. Enfuite on celebra les divins Mysteres avec une folemnité & un appareil digne de la grandeur de cette ceremonie, & après la Meffe on retourna au Palais dans le même ordre qu'on en eftoit venu. Quelques jours après, les deux Empereurs fe feparerent en s'embraffant tendrement & avec larmes, comme s'ils euffent preffenti que c'eftoit pour la derniere fois. Louis retourna en Aquitaine, où les Peuples le reçurent d'une maniere conforme à fa nouvelle dignité, qui augmenta de beaucoup leur refpect & l'autorité du Prince.

plufieurs Com

ciler.

Charlemagne dans la fuite s'appli- Il fait tenir qua plus que jamais à faire fleurir la pieté & la difcipline Ecclefiaftique dans le Royaume. Il fit tenir cette même année-là pendant l'efté plu fieurs Conciles à Arles, à Reims, à Mayence, à Tours & à Châlons fur Saône, dans lesquels par fon ordre il fut recommandé, que dans toutes les Eglifes on priaft Dieu pour lui & pour le nouvel Empereur. Il renouvella la paix avec les deux Rois des Normands, à qui leurs guerres civiles ne permettoient pas de la rompre, quand ils l'auroient voulu faire. Mais les Sarrazins d'Efpagne perdoient trop à l'entretenir avec la France pour la bien obferver fi long-temps.

Les Pirates de cette Nation regar- La guerre fe derent la minorité du jeune Roy d'I- rallume entre les François talie, comme un temps propre à re- les Sarrazins nouveller le pillage des Ifles de la Me- a'Espagne. diterranée, qui leur avoient rarement réüffi fous le Roy Pepin. Ils fi rent une irruption dans l'Ifle de Corfe lorfqu'on y penfoit le moins, &

enleverent un très-grand butin, & quantité de captifs. Le Comte Hermangar Gouverneur du Lampourdan eftoit alors en Mer avec une Flote qu'il commandoit ; il fut averti de cette perfidie, & fe mit en embufcade dans un Port de l'Ifle de Majorque pour les attaquer à leur retour: il le fit avec fuccès, & leur prit huit Vaiffeaux, où il trouva près de cinq cens Chreftiens qu'ils emmenoient en efclavage. Par ces hoftilitez la guerre fut de nouveau rallumée entre les deux Nations, & quelque temps après les Mahometans eurent leur revanche, ayant furpris Civitavechia,qu'ils pillerent. Enfuite ils vinrent à Nice en Provence, qu'ils furprirent pareillement, & qu'ils defolerent, & puis ils retournerent fur les côtes d'Italie, & firent defcente en Sardaigne. Comme les Habitans avertis de fe tenir fur leurs gardes par le malheur de ces deux Villes, eftoient alerte, ils laifferent faire la defcente aux Sarrazins, mais ils ne les virent pas pluftoft à terre, qu'eftant venus donner fur eux tout à coup, ils les défirent & les tailJerent en pieces.

Sur ces entrefaites il arriva un nouyeau changement dans l'Empire d'Orient. L'Empereur Michel', Prince fimple & peu ferme, déconcerté par les mauvais fuccès qu'il avoit eu contre les Bulgares, & devenu par là méprifable à fes Sujets, fut dépoffedé par un de fes Generaux nommé Leon, natif d'Armenie, & appellé communément dans l'Hiftoire Leon l'Armenien, qui non content de le voir retiré dans un Monaftere, le relegua enfuite dans une Ifle du Peloponefe. Les Ambaffadeurs que Charlemagne avoit envoyez à Conftantinople n'arriverent qu'après la dépofition de Michel, & traiterent avec Leon, qui en les congediant, les fit accompagner par les fiens qu'il envoya à Charle

Mort de

Eginard. in

Cap.7.

an.

magne; mais ces Ambaffadeurs en arrivant,trouverent que l'Empire d'Occident avoit auffi changé de Maistre. Charlemagne fur la fin de Janvier Charlemagne. de l'année 814. en fortant du bain, Eginard, an. fut pris de la fievre, & enfuite d'une 750. pleurefie qui l'emporta en huit jours. Annal. Comme il voyoit fon mal croistre, 814. & fes forces s'affoiblir de moment en Theganus. moment, il fe fit apporter le faint Monachus Viatique & l'Extrême-Onction par Engolifm. l'Evêque Hildebole, Maiftre de fa Cap. 24. Chapelle, & redoubla en cette extrêmité la ferveur & la pieté qu'il avoit fait paroiftre durant toute fa maladie. Il tomba le vingt-feptiéme de Janvier dans une efpece, d'agonie, qui dura le refte de ce jour-là & la nuit fuivante. Le vingt-huitiéme se fentant entierement défaillir, il fit avec peine le figne de la Croix fur fon front & puis fur fon cœur, ferma les yeux, prononça encore ces paroles du Pfalmifte: Seigneur, je recommande mon efprit entre vos mains, & dans ce moment il expira en la foixante-onziéme année de fon âge, la quarante-feptié- Annal. me de fon Regne, la quarante-troifiéme depuis la conquefte de l'Italie,& la quatorziéme depuis qu'il avoit esté couronné Empereur.

Eginard, in

Non-feulement nous avons les Annales du regne de Charlemagne écrites par Eginard fon Secretaire, témoin oculaire de la plupart des chofes qu'il raconte; mais encore nous avons de la même main les traits les plus dif tinctifs de fon caractere dans un Ouvrage particulier compofé après la Eginard. in mort de ce Prince, dont je vais don- vita Caroli ner ici le précis, en y ajoûtant ce Magni. que quelques autres Ecrivains peu éloignez de fon temps, nous en ont auffi marqué.

Tout ce qui peut contribuer à for- Son caractere, mer un grand homme fe rencontra dans ce Prince, un grand efprit, un grand cœur, une grande ame, avec

un

un exterieur & toutes les qualitez requifes pour faire valoir tout le merite d'un fi beau & fi riche fonds. L'eftenduë de fon Empire entouré de tous coftez ou d'ennemis ou de jaloux de fa puiffance, compofé d'une infinité de Nations differentes, la plufpart difficiles à contenir dans le devoir, ne l'embarafla jamais, quoi qu'il euft fouvent plufieurs guerres en même temps fur les bras, en Italie, en Efpagne, en Germanie, fur la Mer. Ses foins & fa vigilance s'eftendoient à tout & par-tout, & ne manquoient gueres de le rendre victorieux : rcglant au milieu de toutes ces guerres fon Etat & l'Eglife, y faifant fleurir la pieté & les Lettres, comme s'il avoit joui de la plus profonde paix: defcendant dans le détail de tout, voyant tout par lui-même, toûjours en voyage ou en expedition militaire, tandis que fon âge & fa fanté le lui permirent, également admirable à la tefte d'une Armée, d'un Confeil, d'un Concile, & même d'une Academie de Sçavans.

Il fortifia toutes fes frontieres & toutes fes coftes, baftit pour cela des Villes jufqu'au-delà de l'Elbe, mit en mer de nombreuses Flotes, rendit la France inacceffible aux Peuples du Nord, qui infectoient l'Ocean, de maniere que fes ennemis ne purent que très-rarement l'entamer, foit par Mer, foit par Terre.

Conftant & ferme dans fes entreprifes, il fçavoit les foûtenir jufqu'à ce qu'il en fuft venu à bout: c'eft ce qu'on vit dès le commencement de fon Regne, lorfqu'abandonné par fon frere Carloman dans la guerre d'Aquitaine, il ne la quitta point qu'il ne fe fuft rendu maiftre paifible de tout cet Eftat. Il pouffa pendant trente-trois ans celle des Saxons, jufqu'à ce qu'il les euft abattus à ne s'en plus relever; traversé à diverfes reprifes dans la

Tome I.

conquefte de la Pannonie ou du païs des Abares, il la reprit toûjours, & les fubjugua enfin entierement, & fe rendit par là Tributaires toutes les Nations depuis le Rhin jusqu'à la Viftule.

Il prenoit ses mefures fi juftes, qu'il ne manquaft prefque jamais aucune entreprife, foit qu'il la conduilift on perfonne, foit qu'il la fit executer par fes Generaux, dont il connoiffoit parfaitement les talens & la capacité.C'est ce qui lui fit cette grande réputation par toute la Terre, & jufques dans Pat les pais de l'Alie les plus reculez, redouté de tous fes voifins, recherché des Rois de Perfe & de ceux d'Afrique d'Afrique, admiré & cheri de fes Sujets, & fur tout obéi conftamment par les trois Princes fes fils; obéiffance qui fuppofe dans le pere pour le moins autant de prudence & d'autres grandes qualitez, qu'elle en marque de bonnes dans les enfans.

Sa bonté, fa patience, fa moderation, fon humeur bien-faifante & genereufe, fes manieres aimables contribuoient beaucoup à lui attacher ceux que fa qualité de Roy, de Vainqueur ou de Pere lui avoit foûmis. Il fouffrit patiemment pendant plus de deux ans que fon frere Carloman regna avec lui, la bizarrerie de ce Prince envieux de fes fuccez, & toûjours preft à prendre des liaisons, qu'il fçavoit lui eftre défagreables & contraires à fes interefts. Sur le point d'accabler Argife Duc de Benevent, qu'il avoit contraint d'abandonner fon État à fa difcretion, & de lui envoyer fes deux fils en ôtage, & qu'il vouloit obliger à lui venir demander lui-même fa grace, ce Duc refufant obftinément par fierté de fe foûmettre à ce dernier article, il ceffa de l'exiger, lui renvoya fon fils aîné, & après fa mort donna l'inveftiture du Duché à fon cadet. Deux conjura SIL

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