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Origine des

François.

Leurs

miers Rois. Prosperi Chronicon.

Dès le temps des Empereurs Valerien & Gallien les François eftoient un peuple de la Germanie entre l'Elbe, le Rhin & le Necre; fous l'Empire de Theodofe le Jeune ces François habitoient le bord du Rhin du cofté de la Germanie depuis Cologne jufques bien au deffous de Nimegue, & avoient même donné dès-lors à ce a Canton le nom de France: c'eft tout ce qu'il y a d'affûré là-deffus : les Hiftoriens Romains continuent d'en parler de la même maniere jufqu'au temps de ceux que nous allons voir fortir de ces mêmes lieux, pour venir établir leur demeure dans les Gaules : il eft inutile de chercher ailleurs & plus loin leur origine, auffi-bien que l'étymologie de leur nom par des conjectures pour la plûpart trèsfrivoles, & qui ne nous conduifent à rien de certain.

Sous le Regne de l'Empereur Hoprenorius & de ceux qui lui fuccederent jufqu'à la domination des Barbares en Italie, les François eurent pour Rois dans la France Germanique Pharamond, Clodion, Merovée & Childeric. Ils avoient fait en divers temps fous la conduite de ces Rois plufieurs tentatives fur les Gaules; mais toutes leurs expeditions n'a voient prefqu'efté que des ravages & des faccagemens, après lefquels, contens du butin qu'ils avoient fait, ou repouffez par les Armées Romaines, ils fe retiroient dans leur païs; & ce ne fut que fous le Regne & fous la conduite du grand Clovis qu'ils fo * Voyez la Preface Hi- rendirent mailtres pour toûjours de ces grandes & fertilesProvinces;qu'ils commencerent à y avoir une demeure fixe, & à y former un Royaume, dont ce Prince tranfmit la poffeffion à fes defcendans.

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grand deffein. Mais comme les vitoires de ce nouveau Conquerant fi- An. 484. rent changer de face à toutes les Gaules; qu'elles rendirent attentifs à fes démarches divers Princes qui occupoient les extremitez de ce beau païs, & defquels il devint en peu de temps le voifin par la rapidité de fes conqueftes; qu'elles inquieterent l'Italie; qu'elles firent même prendre de nouvelles mefures aux Empereurs de Conftantinople; qu'elles donnerent occafion à diverfes alliances & à diverfes ligues qui fe firent contre lui, il eft à propos pour la clarté de la narration, & pour conduire plus aifément les lecteurs dans toute la fuite de cette Hiftoire, de faire icy briévement un plan de l'état où le trouvoit alors l'Europe, au moins dans fes principales parties.

Etat des Gaules dn temps de

Les Gaules en comprenant fous ce nom tous les païs fituez entre le Rhin, l'Ocean, les Pyrenées & les clovis. Alpes, cftoient alors partagées entre les Romains, les Vifigots & les Bourguignons. Les Bretons de concert avec les Romains tâchoient de fe maintenir dans une grande partie de la Province qui tire de leur nom celui de Bretagne, qu'elle porte aujourd'huy. Le domaine des Romains s'étendoit le long du Rhin, & comprenoit encore prefque toutes les Provinces renfermées entre ce Fleuve, l'Ocean & la Loire:Les Bourguignons s'eftoient faifis des places d'entre la Saone & le Rhofne, & de plufieurs Villes des deux côtez de ces Rivieres; ils poffedoient la Ville de Lion, celle de Vienne, celle de Geneve, ils s'étendoient dans ce que nous appellons le Dauphiné, dans la Provence entre la Durance & le Rhofne, & dans la Savoye; car on donnoit dès-lors ce Ammian nom au païs des Allobroges, & les 1. 15. Vifigots occupoient le reite du païs depuis la Riviere de Loire jufqu'aux

Marcella,

Alpes & aux Pyrenées. Syagrius gouvernoit ce qui reftoit à l'Empire dans les Gaules, & le gouvernoit prcfque en Souverain, parce que les Barbares eftant maiftres de l'Italie, ce General n'avoit de dépendance que de l'Empereur de Conftantinople, qui ne pouvoit gueres avoir de communication avec lui par terre ni par la Mer Mediterranée, dont les Vifigots occupoient les bords.

Le jeune Roi Alaric venoit de fucceder à Evaric fon pere au Royaume des Vifigots, & les Rois des Bourguignons Gondebaud & Godegefile, après avoir fait perir leurs autres freres, eftoient paifibles poffeffeurs de

leurs Etats.

Odoacre Roy des Erules avoit enlevé l'Italie à l'Empercur, & regnoit impunément dans cette belle partie de l'Europe, qui avoit toûjours cfté regardée comme le patrimoine des Empereurs Romains.Le grand Theodoric Roy des Oftrogots l'en chafla peu d'années après.

Zenon tenoit le fiege de l'Empire à Conftantinople, & eut pour fuc ceffeur Anaftafe, qui haïffant moins les François, qu'il ne haïffoit Theodoric & les autres peuples qui avoient démembré l'Empire, rechercha dans la fuite l'amitié de Clovis.

Enfin ce Prince dans fa France au delà du Rhin n'eut qu'un voifin qu'on fçache lui avoir fait de la peine, tandis qu'il eftoit occupé en deça; ce fut le Roy de Turinge, dont l'Etat bornoit le fien entre le Septentrion & l'Orient. Les Predecefleurs de Clovis avoient jugé à propos, auffi-bien que lui, de fe fortifier de ce cofté-là ; & toutes les autres Places où habitoient leurs Sujets, n'eftant que de fimples Bourgades palifladées, cette partie de Gregor. Tu leur frontiere eftoit défendue par un son. ... cap. Fort plus confiderable & plus capable de refistance nomméDifpargum.C'ef

toit comme la capitale & le boulevard de tout l'Etat.

Telle étoit la fituation des affaires Clovis paffe le de l'Europe, & en particulier de cel- Rhin. les des Gaules, quand le jeune Roy des François parut fur les bords du Rhin à la tête d'une armée formidable à deffein d'exterminer pour jamais la Nation & le nom des Romains dans cette partie de l'Empire. Il avoit dans fon Armée plufieurs Princes de fa famille, deux defquels nommez l'un Ragnachaire, & l'autre Cararic commandoient chacun un grand Corps de Troupes; un troifiéme nommé Sigebert avoit déja attaqué & pris la Ville de Cologne, & s'y eftoit établi : ce fut vrai-femblablement par là que Clovis paffa le Rhin: delà il continua fa route par la grande foreft d'Ardennes,qui s'étendant alors du Septentrion au Midy entre l'Efcaut, le Rhin & la Somme, & de l'Orient à l'Occident de

puis Treves jufqu'à Châlons fur Marne, couvrit long-temps fa marche; & c'eftoit à la faveur de cette foreft, que le Roy Clodion eftoit venu autrefois des quartiers du Rhin courir jufques dans le païs d'Artois.

Clovis vint droit à Soiffons fans s'a

mufer à attaquer d'autres Places.C'cftoit une des plus belles & des plus fortes du païs, le lieu de la refidence ordinaire de Syagrius Gouverneur des Gaules, & General des Armées Romaines, qui fur l'avis du deffein & de la marche des François, s'eftoit mis auffi-toft en devoir de leur faire tête, & avoit affemblé fes Troupes.

An. 186. Cap.27,

Clovis l'ayant trouvé ainfi préparé, Bat-ille l'envoya défier au combat, & chargea Sons ceux qu'il lui députa, de convenir avec lui du champ de bataille. Syagrius, foit qu'il crût qu'il y alloit de l'honneur de l'Empire de ne pas refufer le combat, foit qu'il ne fe vift pas en état de foûtenir un fiege dans Soiffons, reçût le défy, quelque hazar

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de

Cap.41

Ibid.

Défaite
Romains.

Cap. 27.

deufe que dûteftre cette journée pour les affaires & les interefts desRomains. Les deux Chefs ne fongerent donc plus qu'à fe préparer à la bataille. Les Armées ne furent pas plûtoft en prefence, que les Trompettes donnerent de part & d'autre le fignal du combat. Il commença à l'ordinaire par quelques efcarmouches qui fe firent de tous côtez, excepté de celui de Cararic, ce parent de Clovis dont j'ai déja parlé, qui s'eftant un peu écarté du refte de l'Armée avec le Corps qu'il commandoit, regardoit fans rien faire quel tour les affaires prendroient pour fe ranger du côté fe ranger du côté du plus fort. Clovis s'apperçût de la trahifon, & prévoyant les facheufes fuites qu'elle pourroit avoir, fi le refte de fes Troupes venoit à en avoir connoiffance, il prit fur le champ fon parti, & ayant au plûtoft chargé & fait charger les Romains l'épée & la hache à la main par toute fon Armée, les pouffa fi vivement, qu'il les rompit, les mit par tout en déroute, & engagea par ce fuccez Cararic à faire fon devoir auffi-bien que les autres ; de forte qu'il crut que Clovis n'avoit rien penetré de fon deffein. Mais il connut long-temps après, lorfqu'il lui en coûta la vie, que ce jeune Prince, malgré l'ardeur de fon temperament & de fon âge, fçavoit dès-lors diffimuler fes plus vifs reffentimens, quand la neceffité de fes affaires le dedes mandoit. Les François firent en peu de temps un fi grand carnage des Ro

munitions, ou de Soldats, ne fe cru-
rent pas en état de refifter à une Ar-
mée victorieuse.

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Cependant Clovis ne jugeant pas fa clovis fe fair
victoire affez complete, ni le parti des livrer
Romains entierement abattu, tandis gris.
qu'ils auroient encore un Chef capa-
ble de les rallier, & peut-être de li-
guer contre luy, comme contre un
ennemi commun, les autres Princes
barbares qui regnoient dans diverses
parties des Gaules; ainfi qu'Aëtius a-
voit fait quelque temps auparavant
contre Attila: il s'informa curieufe-
ment de la route que Syagrius avoit
tenue dans fa fuite, & fçût qu'il s'ef-
toit retiré chez le Roy des Visigots,
où il fe tenoit caché. Il envoya fans
tarder quelques Officiers de fon Ar- Cap.17.
mée à Alaric pour luy demander ce
General, avec ordre, en cas de re-
fus, de luy declarer la guerre.

Une conduite fi fiere donna com-
mencement à la jaloufic d'Alaric & à
la haine qu'il eut toûjours depuis
pour Clovis ; & ce fut là la premiere
femence des differens qui éclaterent
dans la fuite entre ces deux jeunes
Princes, & qui furent fi funeftes à
Alaric. Mais ce Roy, foit par timi-
dité, foit par prudence, aima mieux
facrifier le General Romain & l'aban-
donner à la difcretion du vainqueur,
que d'expofer fes Etats aux perils
d'une invafion & aux malheurs d'une
dangereufe guerre. On livra Syagrius Ibid.
aux Envoyez de Clovis, qui après l'a-
voir tenu quelque temps en prifon,

que feul, grius fe trouvant pref- luy fit fecretement couper la tefte, &

que feul, fe vit obligé à prendre la
fuite: il fe fauva chez les Vifigots, &
alla à Touloufe fe jetter entre les bras
de leur Roy Alaric. Après cette dé-
faite, Soiflons ouvrit fes portes au
Vainqueur, qui profitant de fa vi-
toire, foumit à fon obéiffance plu-
fieurs autres Places, dont les Habi-
tans manquant ou de courage, ou de

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par la mort de ceCapitaine,qui paroift
avoir efté digne d'un plus heureux
fort, il ancantit la Domination Ro-
maine dans les Gaules. Ce fut environ
37. ans après que Jules Cefar en eut
fait la conqueste par tant de sanglans
combats & une guerre de dix an-
nées.

La mort de Syagrius détermina une il pouffe e

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conqueftesjuf partie des Villes qui ne s'eftoient pas quer à la Seir encore renduës, à reconnoiftre Clovis pour leur Maiftre, & tout le païs jufqu'à la Seine fe foumit à fon obeïffance. Il confia le Gouvernement de Melun pofte alors très-important fur le bord de cette Riviere à caufe du voifinage des Bourguignons, à Aurelien Gaulois de Nation, qui s'eftoit donné à luy, & dont apparemment il s'eftoit utilement fervi, pour engager les peuples à le recevoir. Enfin la Riviere de Loire qui eftoit depuis plufieurs années une des bornes de l'Empire Romain, le fut auffi de cette conquefte de Clovis.

Codex Legum.

L.ro. Tit.8.

Lex Burgund.

Tit. 54.
Caffiodor.

L. 2. epift.:6.

Afin que les François puffent s'établir dans les Gaules, il falloit ou en chaffer les anciens Habitans, ou partager avec eux leurs terres. Il eft certain qu'ils ne les chafferent pas : mais 'd'ailleurs l'Hiftoire ne nous dit point comment ils s'accommoderent pour les partages, qui certainement fe firent. Nous n'avons, pour en conje&turer la maniere, que l'exemple des autres Nations, qui s'eftoient établies dans les Gaules avant eux, fçavoir les Vifigots & les Bourguignons.

Nous voyons par les Loix de ces deux Peuples que les terres qu'ils occuperent furent partagées en trois: que les vainqueurs en prirent deux parts pour eux, & laifferent la troifiéme aux vaincus.

dit la Loy des VifiVoicy ce que dit la Loy des Vifigots dans l'Article de la Divifion des Terres faite entre le Got & le Romain, c'cft-à-dire le Gaulois. Que le Romain

que

ne s'ufurpe rien des deux parts du Got, &
le Got ne s'furpe rien du tiers du Ro-
main: mais que le partage qui a esté fait
entre les parens & les voisins ne foit point
changé par leurs heritiers.

Les Bourguignons en uferent de
même envers les Gaulois, dont ils en-
vahirent le païs. Theodoric Roy des

Oftrogots avoit gardé la même regle
en Italie entre les Oftrogots & les Ori
ginaires du païs. Ainfi ce n'eft pas de-
viner que de dire, que Clovis fuivant
ces exemples, obferva la même poli-
ce, au moins à l'égard de ceux qu'il
fubjugua par les armes car il y eut
dans la fuite d'autres parties des Gau-
les qui fe foumirent à lui; mais par
Traité & en capitulant, & ceux-ci
apparemment ne partagerent point
leurs Terres avec les François.

Comme ce Prince n'eftoit pas moins
politique que vaillant, & qu'il vou-
loit diminuer dans l'efprit de fes nou-
veaux sujets, Chreftiens pour la plû-
part, la terreur que leur pouvoit
caufer l'idée d'un Maiftre barbare &
payen auquel ils fe voyoient affervis,
il fit après fa victoire tout ce qui dé-
pendoit de lui pour moderer la licen-
cc & les excez de fes Soldats, qui n'a-
voient pas
les mêmes veuës, & ne
penfoient pas à avoir les mêmes é-
gards. Comme il ne pouvoit pas em-
pêcher le ravage de la campagne, ni
des petites Places mal fermées, ni le
pillage des Eglifes les plus expofées,
il confervoit au moins les grandes
Villes, campant ou paffant fous leurs
murailles fans y entrer : c'eft ainfi
qu'il en ufa à l'égard de la Ville de
Reims, le long de laquelle il marcha
par le chemin qu'on appelloit encore
pour cela du temps de l'Archevêque Hincmar in
Hincmar, le Chemin Barbare; & il vitâ S. Remi-
arriva là une chofe dont les fuites & gii.
les circonftances furent affez fingulie-
res, & que nul de nos Hiftoriens n'a
manglques Soldats s'étant débandez &
de raconter.
ayant trouvé moyen d'entrer dans lą
Ville y pillerent uneEglife,en empor
terent quantité de richeffes & de Va.
fes facrez, entre lefquels il y en avoit
un d'une grandeur & d'une beauté
extraordinaire, duquel S. Remi, alors

* Ce chemin a éré depuis renfermé dans la Ville, & s'appelle encore aujourd'hui la Rue Barbafire.

Evêque de cette Ville,eut un extrême regret. Il prit la liberté d'envoyer au Roy quelques-uns de fes Ecclefiaftiques pour le ravoir. Clovis les reçut avec beaucoup de bonté, leur donna ordre de le fuivre jufqu'à Soiflons, où fe devoit faire le partage du butin, leur promit de faire enforte que ce Vafe tomba dans fon lot, & de le renvoyer à l'Evêque. Lorfque tout le butin fut raflemblé, & qu'on étoit fur le point de tirer au fort, felon la coûtume de la Nation, le Roy témoigna qu'on lui feroit plaifir de mettre ce Vafe à part & de le lui donner. Tous le lui accorderent à l'inftant, excepté un Soldat, qui levant fa francifque (c'étoit une efpece de hache dont les François fe fervoient dans le combat) en déchargea un grand coup Gregor. Tur fur le Vafe, en difant infolemment, que le Roy n'auroit rien que ce que le fort lui donneroit. Tout le monde fut furpris & choqué de cette brutalité. Il n'y eut que le Prince qui n'en parut pas ému: il fe contenta de prendre le Vafe & de le mettre entre les mains d'un des Ecclefiaftiques de S. Remy pour le reporter à Reims.

1.1.C. 27.

AR.487.

Environ un an après, Clovis fit felon la coûtume la revûë generale de fes Troupes dans le Champ de Mars, qu'on nommoit ainfi, non pas que ce fût le nom particulier de quelque champ, ces revûës fe faifant tantoften un endroit, tantoft en un autre ; mais, ou à caufe que Mars chez les Payens eftoit le Dieu de la guerre, ou plutoft à caufe que la revûë fe faifoit ordinairement à la fin du mois de Mars: d'où vient que dans la fuite on l'appella le Champ de May; parce que la coûtume eftant venuë de fe mettre plus tard en campagne, on ne faifoit la revûë qu'au mois de May. Dans cette revûë le Roy examinoit l'équipage de chaque Soldat, & voyoit fi fes armes eltoient en état,fi elles n'eftoient point

rouillées, fi le bouclier eftoit bon,fi la francifque eftoit bien aiguifée. Eftant venu fur la fin de la revue à ce Soldat, dont il trouva les armes mal en ordre, il l'en reprimanda, & lui ayant arrache fa francifque,il la jetta à terre. Le Soldat s'eftant baiflé auffi-toft pour la relever, le Roy prit la fienne & lui en fendit la tête, en lui difant: Souviens-toi du Vafe de Soiffons.

Une action de cette nature & quelques autres femblables qui fe rencontrent dans ces commencemens de notre Hiftoire, peuvent nous choquer & nous paroiftre indignes de ceux qui les font; mais elles n'eftoicnt peutêtre pas alors fi condamnables. Les bienfeances ne font pas, & n'ont pas toûjours efté les mêmes dans tous les temps & dans tous les lieux. Clovis tout éloigné qu'il eût pû cftre de faire ces executions fanguinaires de fa propre main, fe trouvoit à la tête d'un peuple farouche, chez qui les procedures juridiques n'eftoient pas en ufage, comme elles font parmi nous aujourd'hui: on y regardoit la punition d'un coupable comme un acte de juftice, comme une chofe honnefte & legitime de quelque maniere qu'elle fe fift. De forte qu'une pareille action ayant attiré peu d'années auparavant le mépris & l'indignation des Romains à l'Empereur Valentinien qui tua de fa propre main Aëtius un de fes Généraux d'Armées, qu'il trouvoit trop fier & trop hautain à fon égard: celle-ci au contraire ne fit, comme le dit l'Hiftorien, qu'augmenter la foumiflion & le refpect. des François envers Clovis.

Mais cependant quelque rude que fût l'humeur de fes anciens Sujets, toute differente de celle des nouveaux, à qui le long commerce qu'ils avoient eu avec les Romains, avoit fait entierement perdre toute la barbarie Gauloife; il crût qu'il ne feroit

pas

Ibid

Ibid.

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