raux François défont les Huns en trois batailles. L'Empereur & le Duc de Benevent prennent des mesures pour chaffer les François d'Italie. Charlemagne accorde à Grimoald l'inveftiture du Duché de Benevent. Les François remportent une grande victoire fur lesGrecs en Italie. Charlemagne établit des écoles & une Academie. Il étend fa domination jusqu'à la mer Baltique. Il bat les Abares, & fait de grands ravages dans leur pays. Pepin fon fils confpire contre lui. Le Roy le relegue dans un Monaftere. Il fait travailler à la jonction de l'Ocean avec le Pont-Euxin. Il affemble un Concile à Francfort. Hiftoire de ce Concile. Les Evêques de Tolede & d'Urgel y font condamnez. On y traite des Images & du culte qui leur eft dû. Differens fentimens fur ce fujet. Decifion du Concile. Reflexions fur les Decrets des Conciles de Nicée & de Francfort touchant les Images. Raifons de la conduite de Charlemagne à l'égard du Concile de Nicée. Le Pape écrit pour la défense de ce Concile, & refute les Livres Carolins. Taffillon cede fon Duché de Baviere à Charlemagne. Charlemagne châtie les Saxons, & en fait transporter une partie hors de leur pays. Confeils qu'il donne au jeune Roy d'Aquitaine fon fils fur le gouvernement de fon Etat. Mort du Pape Hadrien I. Leon III. eft élu pour fon fucceffeur. Charlemagne extermine les Abares. Il envoye une Armée au-delà des Pyrenées contre les Sarrazins. Il châtie les Saxons. Il donne audience aux Ambaffadeurs de l'Imperatrice Irene. Elle fait crever les yeux à l'Empereur Conftantin fon fils, & fe rend maiftreffe de l'Empire. Felix Evêque d'Urgel eft anathematisé, & enfuite déposé. Leon III. fuccede à Hadrien I. Confpiration contre ce Pape. Le Roy de Perfe envoye des prefens à Charlemagne, & lui fait donation des Lieux Saints. Charlemagne va à Rome. Le Pape fe juftifie des crimes dont on l'accufoit. Elevation de Charlemagne à l'Empire d'Occident. Il reçoit des Ambaffadeurs du Roy de Perfe. Le Roy d'Aquitaine fon fils prend Lerida & Barcelone. Fêtes & réjouissances à la Cour de Charlemagne. Il envoye des Ambassadeurs au Roy de Perfe. Il accepte la propofition qu'Irene lui fait de l'époufer. Le Patrice Nicephore eft reconnu pour Empereur d'Orient. Il fait transporter Irene dans l'Ile de Lesbos où elle meurt. Charlemagne donne audience aux Ambassadeurs de l'Empereur Nicephore. La paix eft conclue entre les deux Empires. Charlemagne fait conduire dix mille familles des Saxons du Nord fur les Terres de France. Il vient à Reims recevoir le Pape. Il affemble les principaux Seigneurs de France, & fait fon Teftament. Articles les plus remarquables de ce Teftament. Les Seigneurs y foufcrivent. Louis Roy d' Aquitaine remporte divers avantages fur les Sarrazins. Aaron Roy de Perfe envoye une nouvelle Ambassade & des prefens à Charlemagne.Les François défont les Maures fur les côtes d'Italie. Ils les défent encore en Espagne. Godefroy Roy de Danemarc fait une irruption dans le païs des Abodrites. Charlemagne rétablit fur le Trône Eadulfe Roy de Northum berland. Il fait bâtir une fortereffe pour empêcher les courfes des Danois. Difputes en France touchant la Proceffion du Saint Efprit. L'Empereur affemble un Concile à Aix-la-Chapelle fur ce fujet. Il envoye à Rome pour avoir l'avis du Pape. La guerre fe rallume en plufieurs endroits. Les François reprennent la frontiere d'Espagne qui leur avoit efté enlevée La paix eft concluë entre les deux Empires. Les François & les Frifons font battus par les Normands. Mort de Pepin Roy d'Italie, & de Charles fils de Charlemagne. Bernard fils de Pepin eft reconnu Roy d'Italie. Charlemagne affocie Louis Roy d'Aquitaine à l'Empire. Il fait tenir plufieurs Conciles. La guerre fe rallume entre les François & Les Sarrazins d'Espagne. Mort de Charlemagne. Son caractere. Ses défauts. Accidens extraordinaires qui précederent fa mort. Epitaphe de Charlemagne. entre Charle m'ouvre le glorieux Regne de Charlemagne. Pepin parta Pepin fe fentant frappé de la malagefes Etats die mortelle qu'il prit en Xaintonge magne Car- en achevant la conquefte de l'Aquiloman fes fils. taine, fongea à partager fon Empire entre fes deux enfans. Il en avoit eu fept legitimes, trois filles & quatre fils des trois filles deux moururent toutes jeunes, la troifiéme nommée Gifele entra en Religion. De ces quatre fils le cadet nommé Giles fe fit pareillement Religieux au Monaftere de S. Sylveftre, où fon oncle Carloman s'eftoit d'abord retiré en renonçant à fon Etat ; les trois autres furent Charles, Carloman & Pepin, ce dernier mourut à l'âge de trois ans; Charles & Carloman furent les heritiers de Continuat. Fredegar. l'Etat du Roy leur pere, & ce fut entre eux deux qu'il le partagea. Ce partage eft rapporté fort négligemment & fort obfcurément par nos anciens Hiftoricns. Selon un d'eux Charles l'aîné eut le Royaume d'Auftrafie, & Carloman le cadet cut celui de Bourgogne, la Provence, la Gothie ou Languedoc, l'Alface & l'Allemagne, foit qu'on entende par ce nom le païs des Allemans au delà du Rhin, entre ce Fleuve, le Mein & le Danube; foit qu'on entende une partie du Royaume de Bourgogne audelà du Mont-Jura vers Zuric, entre la Riviere d'Aar & le Rhin, à qui l'on donnoit auffi alors le nom d'AlleStrabo magne. L'Aquitaine, qui venoit d'être conquife, fut partagée en deux, & ces deux Princes en eurent chacun une partie. Dans ce partage on ne parle point du Royaume de Neuftrie,qui s'ettendoit depuis la Meufe jufqu'à la Riviere de Loire, & qui eftoit une des plus belles & des meilleures ties de l'Empire François. Vvalfridus apud Valef. in Notit. Gall. par Quoi qu'il en foit, ce partage ne fubfifta point, foit que l'un des deux Princes, foit que tous les deux ne vita Caroli s'en accommodaffent pas, & la chofe giardin fut reglée autrement dans une Affem- Magni, blée des Seigneurs du Royaume. Il y fut réfolu, qu'on s'en tiendroit à celui qui avoit cfté fait autrefois entre leur perc Pepin & Carloman leur oncle; que Charles auroit pour fa part ce qui eftoit échû à Pepin, fçavoir la Neuftrie & la Bourgogne, & que Carloman auroit ce qu'avoit eu fon oncle de même nom que lui, c'està-dire, le Royaume d'Auftrafie entre la Meufe & le Rhin, & outre cela la France Germanique au-delà du Rhin. L'Aquitaine fut auffi dans le lot de Charles. Quoique cet accommode- Annal. ment fe fuft fait d'une maniere fi folemnelle & fi autentique, il y eut Hadriani I. encore du changement, de quelque Cod.Carolin. façon & par quelque voye qu'il fe fit. Charles fe mit ou fut mis en poffeffion d'une partie de l'Auftrafie dès la même année.A cette occafion les deux freres fe brouillerent, & fe reconcilierent lierent peu de temps après. Ce partage, qui affoibliffoit la puiffance de l'Empire François, le changement de Gouvernement, la méfintelligence des deux Rois, réveillerent les ennemis de ce grand Etat. Ils faifoient volontiers la comparaison d'un Prince experimenté, tel qu'avoit esté Pepin, & devenu infiniment habile dans l'art de regner par une longue & floriffante domination, d'un grand Capitaine, qui avoit vieilli dans la conduite des Armées, & que fa feule réputation avoit mis en poffeffion de toûjours vaincre; en un mot d'un Roy confommé dans la politique & dans le métier de la guerre, avec deux jeunes Princes à qui tous ces avantages manquoient, Didier en Italic fe trouva moins difpofe que jamais à l'entiere execution du Traité de Pavic: le Duc de Baviere, toûjours fier & inquict, commença à intriguer fecretement Idem in Epift. 47. in Charlemagne Hunalde Duc feliani. avec ce Prince, dont il eftoit gendre: enfin un nouvel ennemi, auquel on ne devoit pas penfer, parut tout à coup en Aquitaine à deffein de la reconquerir; & Charles, âgé alors de vingt-deux ans, fut obligé de s'efflayer d'abord contre lui. Cet ennemi eftoit Hunalde pere du dernier Duc : il avoit cedé vingt-trois ou vingt-quatre ans auparavant fon Duché à fon fils, pour fe faire Moine. Le voyant mort, & fon Etat en proye aux François, il fe laiffa emporter à l'efperance de remonter fur le Trône. C'eft le fecond Prince devenu Moine, que nous avons vû dans l'efpace de quelques années fuccomber à cette tentation; tant il eft vrai, que quelque difficile que foit la démarche de quitter un Trône, elle eft peut-eftre encore plus aifée à faire qu'à foûtenir. Hunalde ayant donc quitté fon Monaftere, & s'eftant mis à la tefte de quelques Troupes, fouleva le païs, & excita des revoltes en plulieurs endroits. Charles à qui on ne donnoit pas met en fuite encore le nom de Charlemagne, c'eftd'Aquitaine. à-dire, de Charles le Grand, mais Annales Loi- à qui je le donnerai deformais, parce qu'on y eft accouftumé, fe mit en devoir d'étouffer ces foulevemens dans leur naissance, & invita fon frere Carloman à joindre fes Troupes aux fiennes. Il y confentit, mais en ayant efté détourné par quelques efprits broüillóns de fon Confeil, il refufa de le faire; & auffi -toft après une entrevûë qu'il eut avec fon frere, fans avoir pû convenir de rien, il s'en retourna dans fes Etats avec fon Armée. Charlemagne avoit donné rendezginard in vous à la fienne à Angoulefme, & elle Annal.ad,an. s'y trouva affez peu nombreufe; ce quine l'empêcha pas de marcher contre Hunalde, qu'il mit en fuite, & 769. qui ne lui échapa que par la connoiffance parfaite qu'il avoit du païs. Il fut neanmoins obligé de fe fauver en Gascogne, & de s'abandonner à la difcretion du Duc des Gafcons nommé Lupus, qui dans le defordre des affaires d'Aquitaine fous le feu Duc, s'eftoit érigé en Souverain des Villes & des Territoires d'entre la Garonne & les Pyrenées. : li Magni. An.769. Le Roy ayant fçu qu'il avoit reçû In vita CaroHunalde, le lui envoya demander, avec menaces d'entrer en Gascogne, s'il refufoit de le lui livrer le Duc obcit, & foûmit lui-même fon Duché à la domination de Charlemagne. Hunalde fut mené prifonnier en France, & Charlemagne imitant la methode du Roy fon pere, fit baftir fur la Dordogne le Fort ou Chafteau de Fronfac, & y mit une bonne garnifon pour affurer fes conqueftes, & tenir tous ces peuples dans la foumiffion. Cette expedition fi heureufe, fi prompte, & qui ne laiffoit plus d'ennemi à craindre de ce costé-là à Charlemagne, fit comprendre au Roy des Lombards & au Duc de Baviere, que le fils ne leur feroit gueres moins redoutable que le pere l'avoit efté. C'est ce quidétermina le Duc à fe tenir en repos dans fes Etats, & le Roy des Lombards à faire tous fes efforts pour s'attacher ce jeune Roy, en attendant l'occafion de le détacher, s'il pouvoit, des interefts des Papes. Le Roy des Lombards, outre sa fille Lutberge, qu'il avoit mariée au Duc de Baviere, avoit encore un fils & une autre fille. Il propofa de marier fon fils avec la Princeffe Giselle fœur de Charlemagne, & de marier fa fille avec ce Prince ou avec fon frere Carloman. Il ne paroift pas qu'il y cuft de difficulté pour le mariage de Gifelle avec le Prince Lombard ; il ne L'autre eft Rachis Roy des Lombards après la mort d'Aftolphe fou frete. |