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Il prend Arignon.

Cependant Athime General de ces barbares dans le Languedoc, furprit Fredegar cap. Avignon, par le moyen du Duc Mo

Continua..

109.

An,757

ronte & de quelques autres Seigneurs Provençaux, & s'empara de tout le Territoire qui en dépendoit. Charles ne l'eut pas plûtoft appris, qu'il fe mit en Campagne avec une Armée, envoya devant avec une partie de fes Troupes, le Duc Childebrand fon frere, qui eft nommé dans l'Hiftoire pour la premiere fois au fujet de cette guerre. Il inveftit la Place des deux coftez du Rhône, fit attaquer les Fauxbourgs, & s'y logea. Charles y eftant arrivé avec toutes les machines dont on se servoit alors dans les Sieges, commença à battre la Ville, & ayant fait bréche, y fit donner l'affaut. Il l'emporta malgré la vigoureufe refiftance des afliegez, y fit paffer au fil de l'épée une grande partie des Habitans, & réduifit en cendres prefque toute cette malheureufe Ville. Après la prife d'Avignon, ayant efté joint par un corps de Lombards que Luitprand lui avoit envoyé, il paffa le Rhône, traverfa une grande partie du Languedoc en le ravageant, & vint mettre le Siege devant Narbonne,où le General Athime s'eftoit renfermé avec de bonnes & de nombreuses Troupes. Charles prévoyant bien que le Siege feroit long, & que les Sarrazins feroient tous leurs efforts pour la fauver, fit de Continua profondes lignes de circonvallation Fedear.cp des deux coftez de la Riviere d'Aude,

Paul Longob.

C.54.

109.

fur laquelle cette Ville eft fituée, fortifia tout à l'entour ces lignes, de bonnes redoutes en forme de tefte de bellier, & les rendit inacceffibles au fecours. Il n'a pas plû à nos anciens Hiftoriens de nous faire le détail de ce Siege, qui fut un des plus memorables, qu'on cuft fait depuis longtemps dans les Gaules: ce qui eft certain, c'eft que le General Athime fe

défendit bien, & donna le temps aux Sarrazins d'affembler leur Armée en Espagne, & de venir par Mer le fecourir. Ils defcendirent entre Narbonne & Leucate, à l'embouchure de la Riviere de Berre, qui fe jette dans la Mer par le Val de Corbiere, où les Rois Viligoths avoient eu un Palais ou une Maifon de plaifance.

Charles ayant eu avis de leur arri- Il met en dévée, fit fortir fes Troupes de fes route les Sare razies proche lignes, & ne laiffa au Siege, qu'au- Narbonne. tant de monde qu'il en falloit, pour Ibid. garder les travaux. Il marcha en bataille vers la Riviere de Berre, où il trouva les Sarrazins campez. Ils eftoient commandez par un General nommé Amor, qui eftant venu exprès pour faire lever le fiege de Narbonne, n'hefita point à donner la bataille. Il y fut défait & tué. Les Sarrazins en déroute coururent à leurs vaiffeaux pour s'y fauver. Les François qui les pourfuivoient l'épée dans les reins, fe jetterent avec eux dans quelques-uns des Vaiffeaux, s'en emparerent, s'en fervirent pour arrester les fuyards, dont un très-grand nombre fut affommé à coups de rames, ou percez à coups de javelots, lorsqu'ils tâchoient de tâchoient de gagner les autres Vaiffeaux à la nage.

Nonobftant cette victoire, le Gouverneur de Narbonne refufant de fe rendre, Charles laiffa une partie de fes Troupes pour continuer le Siege, & alla fe faifir de Nifmes, de Beziers, d'Agde & de toutes les Places fortes du païs, en ruina une partie, & les démentela toutes, a¶n que les Sarrazins ne puffent plus y demeurer. Quelques Hiftoriens ajoûtent à toutes ces victoires, la prife de Narbonne; mais les Anciens nous laiffent en fufpens fur le fucccz de ce Siege,dont ils ne difent rien. Il paroift au moins certain, que s'il refta quelques Places du Languedoc aux Sarrazins, ce ne fu

An 737.

Saxons.

rent que celles qui eftoient les plus voifines des Pyrenées.

Il défait les Les Saxons profiterent de cet éloignement de Charles, pour fe revolter. Il fut auffi-toft à eux, les défit, An.738. leur impofa le Tribut dont Dagobert I. les avoit déchargez, & les obligea à lui donner des oftages. Mais durant cette expedition, les rebelles de Provence reprirent Avignon.Il fallut que Charles retournât de ce cofté-là. La Ville fe rendit à fon arrivée. Il pourfuivit le Duc Moronte jufques dans les Montagnes, où il s'eftoit refugié, T'en chaffa, & l'obligea de quitter le païs, après quoi il retourna en France comblé de gloire.

An.7.9.

An.740.

L'année fept cens quarante Charles joüit en paix du fruit de tant de travaux & de tant de victoires, fans qu'il fe fift aucun mouvement ni au dedans de l'Etat, ni fur les Fronticres, foit dans la Germanie, foit du cofté des Pyrenées. Les Saxons, les Frifons, les Allemans, les Bretons, les Gafcons, tout eftoit dans la foumiflion, les Sarrazins dans la crainte, le Royaume augmenté de tout, ou de prefque tout le Languedoc. Ainfi Annales Me Charles donnoit tranquillement toute An. fon application au reglement de l'Etat & à reparer les defordres caufez par les guerres civiles, & par la longue durée des étrangeres: lorfqu'il lui vint l'année fuivante, une Ambaffade de la part du Pape Gregoire III. qui lui ouvroit une nouvelle & ample carriere, pour fignaler fa valeur."

tenfes.

74.

Commence

ment

Ce Pontife eft le premier des Papes de la qui fe foit meflé bien directement & puissance timpercile des ouvertement des interefts des Princes. Ses demarches & fon exemple en cetpesa te matiere eurent de très-grandes fuites avec le temps. La plus importante fut le commencement de la puiffance temporelle des Papes fous Pepin fils de Charles Martel. Voici la premiere Decafion que les Empereurs de Con

ftantinople y donnerent, & qui engagea le Pape Gregoire III. à implo

rer le fecours de Charles..

un

contre les

L'Empereur Leon l'Ifaurien eftant 1'Empereur devenu non-feulement heretique, Leon fait onmais encore Herefiarque, Auteur hier an Edit de l'Herefie des Iconoclaftes ou Bri- Images. fe-Images, fit publier un Edit, par lequel il ordonnoit, qu'on euft à ofter par tout les Images des Eglifes, & à les brifer comme des Idoles. Cet Edit fit horreur à tous les Chrétiens, causa de grands defordres à Conftantinople, & des foulevemens en Italic. L'Armée fe mutina à Ravenne & dans le païs de Venife, & fans les remontrances du Saint Pape Gregoire II. les Soldats auroient fur le champ proclamé un autre Empereur. La nouvelle de cet Edit eftant venuë en France par quelques-uns de la Nation qui eftoient à Conftantinople, lors qu'on l'y publia, on renverfa & on brifa dans le Royaume les Images de l'Empereur, qui s'y trouverent en quelques endroits, pour venger fur ces ftatues, les injures qu'il faifoit à celles des Saints. Mais Luitprand Roy des Lombards fe fervant de la difpofition, où cette nouveauté facrilege avoit mis les peuples, vint fe prefenter devant Ravenne avec une Armée, & y fut reçû.

me,

Gregoire affembla un Concile à Rooù il condamna cette erreur. Il écrivit à l'Empereur une Lettre trèsforte, pour le prier de rentrer en luimefme, & de fufpendre une entreprife fi contraire & fi funefte à la Religion. Il lui difoit, qu'il ne craignoit point les menaces qu'on lui faifoit de le faire enlever, pour l'amener à Conftantinople; qu'il feroit ravi de défendre la Foy de l'Eglife au prix de fa vie, comme quelques-uns de fes prédeceffeurs l'avoient fait, eftant perfecutez par des Empereurs heretiques: mais qu'en cas qu'il jugeaft à propos

Epift Gregor. II. ad Impetorem Leo

nem.

Conciles af femblez à Rome for a fujet.

Ibid.

de fe mettre en fûreté, il trouveroit à trois ou quatre milles de Rome, un afile hors des Terres de l'Empire,tout l'Occident preft à défendre l'honneur de S. Pierre, dont on menaçoit avec impieté, de renverfer les Statuës; & que pour peu qu'il vouluft écouter les offres qu'on lui faifoit, il fe trouveroit affez de forces en Occident, pour venger les injures que l'on faifoit aux Saints en Orient. Il lui reprefentoit les fuites d'un tel contre-temps; que les Lombards, dont les terres touchoient prefque à Rome,enleveroient cette Ville quand ils voudroient,comme ils s'eftoient déja faifis de Ravenne, & que l'Empereur fe faifant des ennemis de fes Peuples & de fes voifins, ce qui reftoit à l'Empire en Italie alloit fe perdre.

Cette Lettre fut fans effet, comme il paroift par une feconde, que Gregoire lui écrivit encore peu de temps après fur le mefme fujet. L'Empereur irrité contre le Pape, à qui il attribuoit les revoltes qui fe faifoient en Italie, envoya ordre à l'Exarque, & à quelques autres de fes Officiers de fe faifir de lui. Ils tenterent plufieurs fois de le faire. L'Armée fe revolta en faveur du Pape, & le Roy des Lombards prit hautement fon parti, qu'il quitta neanmoins après,mais fans vouloir livrer le Pape, comme il l'eût pû.

Les chofes eftant en cet eftat, le. Pape mourut. On mit auffi-toft après en fa place Gregoire III. du nom, homme d'une fermeté égale à celle de fon Prédeceffeur, qui garda la mesmemethode, & prit les mefmes mefures que lui. Il écrivit à l'Empereur, & affembla un Concile à Rome, où il condamna de nouveau l'erreur des Brifes - Images. L'Empereur de foncofté confifqua les revenus que le Pape avoit en Sicile, & envoya une Flotte

en Italie pour remettre Rome dans le devoir; mais cette Flotte perit pref

que toute par la tempefte: ainfi le Pape demeura comme maiftre de Rome.

Le Pape en fûreté contre l'Empereur & contre l'Exarque, n'eftoit pas fans inquietude du cofté des Lombards. Leur Roy Luitprand faifoit la guerre aux Ducs de Spolete & de Benevent, tous deux membres de la Nation, comme à des revoltez. L'un & l'autre s'eftoient refugiez à Rome, & eftoient foûtenus par le Pape & par les Romains; parce qu'ils avoient paru avoir beaucoup d'attachement pour l'Eglife & pour le S. Siege.Luitprand, pour s'en venger, avoit confifqué tout ce qui appartenoit au Pape dans le Territoire de Ravenne, faifoit faire des courses aux environs de la Ville &

y faifoit ruiner toutes les maifons & toutes les terres qui appartenoient à l'Eglife Romaine. Le Pape eut recours à Charles-Martel; mais Charles avoit trop de liaisons avec le Roy des Lombards, pour rompre fi aifément avec lui. Le fecours qu'il en avoit reçû contre les Sarrazins & contre les rebelles de Provence, & ce qu'il pouvoit apprehender de ce Prince, s'il fe joignoit à fes ennemis, eftoient des raifons qui empêchoient la negociation du Pape de réunir. Ce fut fur ce refus qu'il faifoit de fe declarer pour lui, que Gregoire lui écrivit la Lettre fuivante.

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Le Pape Gre mande du fecours à Char

goire III. de

les-Martel.

Epift. Greg. roluna.

III. ad Ca

gulo.

Subre

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&de protection. Pouvons-nous voir fans gémir, & fans avoir le cœur ferré de douleur le peu qui nous reftoit dans le territoire de Ravenne, pour le fecours & la nourriture des pauvres, & pour l'entretien du luminaire de l'Eglife, abandonné au pillage, ou reduit en cendres par les Rois des Lombards Luitprand & Hildebrand.Ils en ont ufé avec autant de cruauté dans le voifinage de Rome, où ils ont envoyé des Armées, qui ont fait & font encore les mefmes executions, & détruifent les maifons données à S. Pierre, après en avoir emporté tout ce qu'ils y ont trouvé. Et au milieu de toutes ces aflictions nous n'avons reçû de vous jufqu'à prefent, noftre trèsexcellent Fils, aucune confolation: mais je vois bien pourquoi vous avez laiffé faire impanément tous ces defordres à ces deux Princes; c'est que vous avez plus écouté les fauffetez qu'ils vous ont fait dire, que les venitez qu'on vous a dites de nofire part, & Dieu veuille que vous n'en por tiez pas le peché. Mais je voudrois que vous puffiez entendre les reproches qu'ils nous font, & les difcours infultans qu'ils tiennent, & qui nous couvrent de confuflon. Où eft, difent-ils, ce Charles dont vous avez imploré la protection? Où font ces Armées de Franço's? Qu'ils viennent donc, & qu'ils vous tirent de nos mains. Quelle douleur pour nous, de voir les enfans de l'Eglife fi peu zelez pour sa défenfe! Mon cher Fils, le Prince des Apoftres, par la puiffance que Dieu lui a donnée, est affez fort pour défendre fa maifon & fon peuple, & pour les venger de leurs ennemis mais il reconnoift en ces occafions ceux qui font les enfans fideles. Ne vous la fez point forprendre aux artifices & aux faux rapports des Rois Lombards. Ils fe pla gnent éternellement des Ducs de Spolete & de Benevent. Ils les accufent d'avoir commis de grandes fautes contre eux, mais ce font tous mensonges. Car croyez-nous, tout leur crime eft de n'avoir pas voulu l'année paffée, venir faire des courfes fur les terres de Rome, ni

comme eux détruire les biens des Saints Apoftres, & le peuple qui leur appartient ; c'eft d'avoir declaré qu'ils ne feroient point La guerre à l'Eglife de Dieu ni à fon peuple, qu'ils avoient fait alliance avec lui, &que c'eftoit de cette Eglife, qu'ils avoient reçu la Foy. Car ces Ducs en tout le refte font prefts de rendre obéiffance aúx Rois des Lombards, felon les loix & la coûtume de la Nation: mais on prend les pretextes que j'ai dits, pour les détruire &nous auffi. On veut les degrader, les chaffer de leurs Duchez, mettre d'autres Ducs à leur place, fubjuguer l'Eglife, enlever les biens du Prince des Apoftres, faire efclave fon peuple. C'est pour cela qu'on vous dit tous les jours tant de fanfferez: mais afin que vous, noftre très-Chreftien Fils, foyez parfaitement inftruit de la verité, après que ces Rois fe feront retirez chez eux, envoyez-nous quelque perfonne fidelle, qui ne fe laiffe point cor rompre par les prefens afin qu'il voye de fes propres yeux nos tribulations, & l'humiliation de l'Eglife de Dieu, la ruine de tout ce qui lui appartient, les larmes des Pelerins, & qu'il vous en rende compte. Nous exhortons donc vofire bonté, noftre très-Chreftien Fils, en prefence du Seigneur, & dans la vue de fon terrible Jugement, pour l'amour de lui & pour le falut de votre ame, de fecourir l'Eglife de Saint Pierre & fon Peuple, de repoffer au pluftoft ces Rois, de les faire éloigner de nous, & de leur ordonner de fe retirer fur leurs terres. Je vous conjure par le Dieu vivant & veritable, par ces Clefs facrées de la Confeffion de faint Pierre que je vous envoye, de ne pas preferer l'amitié du Roy des Lombards, à l'amour que vous devez au Prince des Apoftres. Faitesnous reffentir très-promptement après Dieu , un peu de confolation en haftant voftre fecours. Faites connoistre vostre foy, & augmentez parli vostre reputation dans toutes les Nations du monde, afin que nous puissions dire avec le Prophete: Que le Seigneur vous écoute p. 198

au

au jour de vostre tribulation, & que le nom du Dieu de Jacob vous prote ge. Ancard, un de nos vaffaux, qui eft le porteur de cette Lettre, dira de vive voix à voftre Excellence ce qu'il a vû de fes yeux, & ce que nous lui avons ordonné de vous dire. 7e conjure tout de nouveau vostre bonté devant Dieu, qui eft témoin de ce que je dis, & qui fera noftre fuge, de vous hafter d'adoucir nos douleurs, & de nous envoyer au plutoft une réponse qui nous réjouiffe, afin qu'avec joye nuit & jour nous prions Dieu pour Vous & pour vos Sujets devant les Confef. Tombeaux des Saints Apoftres S. Pierre & S. Paul.

fonibus.

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On voit par cette Lettre, qu'en même temps que le Pape faifoit tous fes efforts pour attirer Charles-Martel dans fon parti, les Lombards de leur cofté faifoient tout leur poffible, pour l'obliger à demeurer neutre dans ces differens. Ils en vinrent à bout; quelque preffante que fut la Lettre du Pape, Charles ne voulut point fe broüiller avec les Lombards: Le Pape s'en plaignit par une feconde Lettre qu'il lui écrivit peu de temps après. Elle eftoit plus courte, mais également touchante.

Cependant il ne fe rebuta point, & Il lui envoye il comprit que pour remuer Charles, une Ambala il falloit lui apporter d'autres motifs; c'eft pourquoi, comme il fe voyoit fans cefle expofé aux embufches de l'Exarque, auffi-bien qu'aux violences des Lombards,il fe determina l'an 741. à envoyer une Ambaffade dans les formes à Charles - Martel, (chose, difent deux de nos. anciens Hiftoriens, qu'on n'avoit point encore vûë en France.)Les Ambaffadeurs, outre les Clefs du Tombeau de faint Pierre,. Annales Me- & quelques parties des chaînes de ce faint Apoftre, apporterent plufieurs autres beaux prefens, qu'ils prefenterent à Charles au nom du Pape & des Seigneurs de Rome. Ils lui firent en

An. 741. Continuat. Fredegar. cap. 110.

tenfes, ad 02.74%

Tome I.

même temps une offre la plus capable de flatter fon ambition. Ce fut, que pourvû qu'il les affûraft de fa proteation, & d'un prompt & puiffant fecours, ils le proclameroient Confuk de Rome, en renonçant hautement à la domination de l'Empereur de Conftantinople, heretique public, & perfecuteur des Catholiques.

Charles-Mar

Charles écouta avec plaifir ces pro- Mort du Papofitions, renvoya les Ambaffadeurs pe, de l'Em avec de magnifiques prefens & de pereur & de grandes efperances, & leur promit tel. d'envoyer inceffamment à Rome, pour travailler à ce Traité. En effet, peu de temps après il fit partir Grimon Abbé de Corbie, & Sigebert Moine de S. Denis avec des Lettres pour le Pape, qui contenoient fes réponfes & fes intentions. Mais la deftinée de la Famille de Charles eftoit de monter fur le Trône de France, avant que d'eftre illuftrée par la Couronne de l'Empire d'Occident. Ce grand projet fut rompu par la mort des trois perfonnes qui y eftoient les plus intereffées, fçavoir le Pape,l'Empereur & Charles-Martel, qui moururent tous trois cette année; le premier après s'eftre rendu maistre dans Rome, & avoir formé le deffein du démembrement de l'Empire d'Occident d'avec celui d'Orient; deffein qui fut executé dans la fuite par les mêmes raifons, & de la même maniere qu'il l'avoit projetté. Le fecond après avoir mis tout l'Empire en combuftion par fon impieté, & par un enteftement qui ne lui convenoit en aucune maniere. Le troifiéme, après s'eftre rendu l'homme le plus illuftre, & fur le point de fe voir le plus puiffant Prince de fon temps. L'Empereur mourut le premier, le dix-huitiéme de Juin, Charles le vingt-deuxiéme d'Octobre, & le Pape le vingt

huitiéme de Novembre.

Charles-Martel ne vêcut guere plus

Xx

y An. 741

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