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HISTOIRE

DE FRANCE.

DAGOBERT ET

Da

ARIBER T.

Agobert eft reconnu Roy de Bourgogne & de Neuftrie.Il repudie fa femme & en épouse une autre. Mort d' Aribert fon frere. Dagobert fe met en poffeffion de fes Eftats. Samon de Marchand qu'il eftoit devient Roy des Efclavons. Guerre entre les François & les Efclavons. Les François attaquent les Efclavons, & font obligez de fe retirer en defor dre. Revolte des Vifigots. Dagobert fait fon fils Sigebert Roy d'Auftrafie. Il declare Clov is fon fecond fils fucceffeur des Royaumes de Neuftrie & de Bourgogne. Il foumet les Gaf Cons & les Bretons. Mort de Dagobert.

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a Dans le Fredegaire imprimé par M. du Chêne, il y a que Dagobert envoya en Bourgogne & en Auftrafie in Aufter. La fuite de l'Hiftoire fait voir que ce fut en Neuftre qu'il envoya, & non pas en Austrafe. C'est ainsi que je l'ai mis dans mon Hiftoire: &c je l'ai fait conformément à un excellent Manuscrit que le P. Sirmond nous a laifié au College de Paris, où il y a très diftinctement in Nerfer.

1. & 4. Medaille. Les points font ici mis à la place des Lettres effacées dans la Medaille. Fr dans le centre
Tome I.
Na

Fredegar. cap. 56.

qu'à Reims. La réputation que ce Prince s'eftoit faite dans la guerre & dans le Gouvernement, & peut-eftre encore plus la crainte de l'Armée qu'il avoit fur pied, emporta prefque tous les fuffrages en fa faveur. Tous les Evêques & les plus confiderables du Royaume de Bourgogne, vinrent à Reims lui rendre hommages, & le reconnoiftre pour leur Maiftre.

La plupart des Evêques & des Seigneurs de Neuftrie lui firent auffi fçavoir qu'ils eftoient à lui. Son cadet le Prince Aribert ne laiffa pas d'avoir d'avoir fon parti, à la tefte duquel eftoit Brunulfe frere de la Reine fa mere; mais fes intrigues furent inutiles, & tout fe foumit au plus fort.Neanmoins Dagobert par l'avis des plus fages de fon Confeil, n'exclut pas entierement fon frere de la fucceffion. Il lui laiffa une partie affez confiderable de l'Aquitaine, c'est-à-dire, des païs d'au-de-là de la Loire, Touloufe, l'Agenois, le Querci, la Xaintonge, le Perigord, ce qu'aujourd'huy nous appellons la Gafcogne, toutes les Places des Pyrenées & toute cette Frontiere d'Efpagne jufqu'à l'ancienne Gafcogne qui eftoit au-delà, & tout cela à condition que ce Prince renonceroit, comme il fit, à toutes les pretentions qu'il pourroit avoir fur tout le refte de l'Empire François. Aribert à l'exemple des anciens Rois Vifigots, fit Toulouse la Capitale de fon Etat, qu'il étendit trois ans après en fubju guant les Gafcons, qui avoient fecoué le joug de la France.

Dagobert paifible poffeffeur de fon grand Royaume, penfa à y faire fleurir les Loix & la Juftice, à y mainte

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nir, & même à y augmenter le bon ordre que fon predeceffeur y avoit établi. Il fe fit voir dans les principales Places du Royaume de Bourgogne, à Langres, à Dijon, à Lône dite Ibid. depuis S. Jean de Lône, à Châlons Cap.8. fur Saone, à Autun, à Auxerre, & par tout dans ce voyage il s'appliqua à rendre la justice avec tant d'integrité, de droiture, d'exactitude, fans diftinction du riche & du pauvre, du Noble & du Roturier, qu'il gagna les cœurs des Peuples, & fe fit redouter de tous les Grands, toûjours occupé des affaires publiques, fans prendre le moindre divertiffement, fe donnant à peine le temps neceffaire pour prendre fes repas. Tout retentiffoit de fes louanges, & l'on difoit hautement par tout que c'eftoit le plus grand Roy qui eut jamais gouverne en France. En chemin faifant il fit arrefter Brunulfe, qu'il furprit comme il tâchoit de brouiller encore en faveur d'Aribert, & le fit mourir.

Il continua fa route d'Auxerre à Sens, & vint à Paris, dont il fit fa Capitale à l'exemple de fes predeceffeurs. Eftant à Rumilly Maifon de plaifance proche de Paris, il y répudia Gomatrude, qu'il avoit épousée à Clichi quelques années auparavant. Il en ufa ainfi par l'avis de fon Confeil; parce qu'elle eftoit fterile, & il époufa en même temps une des Filles d'honneur de cette Reine. * Cette fille s'appelloit Nantilde.

Tandis qu'Arnoul Evêque de Metz fut dans le Miniftere, Dagobert foûtint toûjours ce caractere d'un grand Roy digne du Trône qu'il occupoit.

de ces Medailles ELIGI eft le nom du Monetaire ELIGIUS c'eftoit S.Eloy, 2 Medaille. PARISIUS. 3. PARISIUSFIT, c'est-à-dire que ces deux Medailies ont efté frappées à Paris. Au Revers de la 3. ELIGIUS MONE. tarius 4. Medaille MONETA PALATINA; c'eft à dire, Monnoye frappée dans une Maifon Royale. Au revers, IVREIA, c'est à dire frappée à Yviée dans le Piemont. 5. Medaille au revers VICTORIA,M A c'est à dire, Marseille.

* Unam de puellis de minifterio, & non pas une Religieufe tirée de fon Monattere, de Monafterio, comme quelques uns ont écrit.

Il repudie fa femme & éponse une antre.

An, 628,

Cap. 59.

An. 629.

Бар. 60.

Ce faint Evêque lui demanda permiffion de fe retirer, & de quitter fon Evêché pour vivre en folitude, & ne penfer plus qu'à fon falut, qu'il avoit toûjours, même à la Cour, regardé comme fa plus importante affaire; il obtint fon congé après de fortes inftances réïterées plufieurs fois. Pepin Maire du Palais & Cunibert Evêque de Cologne, dont les maximes & les vûës eftoient auffi Chrêtiennes que celles de S. Arnoul, maintinrent encore quelque temps l'efprit du Prince dans cette heureufe fituation; mais enfin fon cœur fut féduit par l'amour comme celui de Salomon.

En faisant la vifite des principales Places de fon Royaume d'Auftrafie, pour y rendre la juftice, ainfi qu'il avoit fait dans celles du Royaume de Bourgogne, il prit de l'amour pour une belle & jeune perfonne nommée Ranetrude, dont il eut un fils, à qui l'on donna le nom de Sigebert. Ses défordres allerent depuis toûjours croiffant jufqu'à furpaffer les plus débordez de fes anceftres; tant il eft vray qu'il eft plus facile d'éviter la débauche, que de la moderer, quand une fois on a commencé à s'y abandonner. Il eut en même temps trois femmes qui portoient le nom de Reine, & avoient le rang de legitimes époufes, des Maiftreffes fans nombre & de tous coftez. Comme il ne trouvoit pas dans fon Epargne & dans fes revenus affez de quoi affouvir l'ambition, la vanité & l'avarice ordinaire à ces fortes de perfonnes, qui ne manquent pas de tirer tout l'avantage qu'elles peuvent de la foibleffe d'un Prince, il fallut charger fes Sujets de nouveaux impofts, faire des confifcations, ufurper les biens des Eglifes.

Ces confifcations furent imputées aux mauvais confeils du Miniftre qui

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Dagobert fe

Ав.630.

Ce fut vers ce temps-là que revin- Mort d'Arirent de Conftantinople, des Ambaf- bert jon frere. fadeurs que Dagobert avoit envoyez met en poffef à l'Empereur Heraclius, pour renou- fion de fes veller l'alliance entre les deux Empi- Etats. res: ce qui fut fait, & l'année d'après Aribert Roy d'Aquitaine eftant mort auffi-bien que le petit Prince Chilperic fon fils, qui le fuivit de fort près, Dagobert fe mit en poffeffion de cet Etat & de la Gafcogne ultramontaine conquife par Aribert ; & ainfi toute la Monarchie Françoise fe trouva pour la quatrième fois réunie fous la puiffance d'un feul Prince. La paffion qu'on fçavoit que Dagobert avoit toûjours eûe de regner feul en France, & l'intereft qu'il avoit à la mort du petit Prince, le fit foupçonner d'y avoir contribué: mais ce font là de ces raifons generales qui fuffifent à la malignité des hommes pour medire des Princes, & fur lefquelles quand elles font feules, il n'eft ni de la prudence, ni de l'équité d'appuyer beau

coup.

Pendant que Dagobert eftoit occupé à recueillir cette fucceffion, & à faire tranfporter à Paris d'affez grands trefors qui s'eftoient trouvez après la mort du Roy d'Aquitaine, il s'alluma une guerre à l'autre extremité de fes Etats dans la Germanie, qui pour le peu de temps qu'elle dura, coûta beaucoup de fang à la France. Elle

An. 6;0.

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Samon Mar

Senonago.

↑ Les Manufcrits varient fur ce mot.

fuppofe une avanture affez rare arrivée fous le Regne de Clotaire II. & qui merite d'avoir place dans noftre Hiftoire.

Un Marchand nommé Samon, natif chand Fin du Territoire de Sens, felon quelfois cft clu Roy des Efelavons, ques-uns, * & felon d'autres, du BraEx pago bant ou du Sennegau, † païs ainfi nommé de la petite riviere de Senne, qui paffe par Bruxelles,partit de chez lui en compagnie de plufieurs autres, pour aller trafiquer chez les Efclavons. Ces Peuples fort nombreux n'occupoient pas feulement alors le païs qui porte encore aujourd'huy leur nom entre le Save, le Drave, le Danube, la Stirie & la Carniole. L'Esclavonie dans les anciens Auteurs comprend encore la Bofnie, la Dalmatie, la Croatie, & même il femble par les circonstances de l'Hiftoire que

† Cette em

dicus finus de leur nom.

fous le Regne dont nous parlons, ils s'eftoient répandus bien en deça du Danube jufques dans la Boheme; puifque nous verrons dans la fuite qu'ils faifoient des courfes fur les Terres des François dans la Thurin

ge.

Outre leur nom commun d'Esclavons ils en avoient de particuliers, felon les differens Cantons, à la maniere de plufieurs autres Peuples. Ceux dont il s'agit ici s'appelloient Vinides, & avoient donné leur nom au Golphe Venadique, à l'embouchure bochare sap de la Viftule †, où ils avoient eu aupelloit Vene- trefois leur demeure; ils s'eftoient avancez jufqu'au Danube & au-delà. Les Abares autres Barbares, qui faifoient de temps en temps de la peine aux François, avoient fubjugué ces Efclavons Vinides, dont la condition eftoit la plus miferable qui fe puiffe imaginer. Car premierement les Abares dans leurs guerres, lors qu'il en falloit venir au combat, fe tenant rangez en bataille à la tête de leur Camp, faifoient avancer les Efclavons pour

foûtenir le premier effort de l'enne. mi ; fi ceux-ci eftoient victorieux, les Abares pilloient le Camp & les bagages des vaincus fans en faire part aux Efclavons; quand les Efclavons étoient pouffez par l'ennemi, ils les foûtenoient, & les obligeoient de retourner au combat, & les tailloient en pieces, s'ils continuoient de reculer. En fecond lieu, quand après la Campagne on s'en alloit en quartier d'hiver, les Abares eftoient en droit d'enlever aux Efclavons leurs femmes & leurs filles, & par deffus tout cela ils leur faifoient payer de trèsgros tributs. Les enfans nez de ces adulteres ou de ces concubinages, quoiqu'ils fuffent fils de peres Abares, paffoient pour Efclavons, & étoient traitez de même. Ces Esclavons Vinides ne pouvant plus fupporter un fi rude joug, fe revolterent contre les Abares les autres Efclavons fe joignirent à eux, & lorfque Samon ce Marchand François arriva dans leur païs, il y trouva la guerre civile fort allumée.

fe

La conjoncture n'eftant pas favorable pour le negoce, Samon invité par les Efclavons fe joignit à eux avec fes compagnons, & fit de fi belles actions, Fredegar. comporta par tout avec tant de con. cap.68. duite, que ces Peuples le prierent de vouloir bien eftre leur Roy. Il accepta l'offre, & les gouverna & défendit contre leurs ennemis pendant trente-cinq ans, fit avec eux heureufement la guerre, & mourut de fa mort naturelle; mais après avoir vécu pluftoft en Payen qu'en Chrétien : car la polygamie eftant en ufage parmi ce Peuple, il époufa jufqu'à douze femmes de la Nation, & en eut vingt-deux fils & quinze filles. C'est là un de ces exemples extraordinaires de la bizarrerie de la fortune, ou pour parler plus chrétiennement & plus jufte, un de ces traits finguliers de la

Guerre entre

cons.

Providence d'un Dieu qui fait des hommes ce qu'il veut, & leur montre fa puiflance, tantoft en détrônant les Rois, & tantoft en tirant des hommes obfcurs de la pouffiere, pour les élever fur le. Trône.

C'eftoit ce Marchand devenu Roy, les François qui ofa foutenir la guerre contre les les Efila. François fecondez du fecours des Lombards leurs Alliez, & qui en fortit avec honneur. L'occalion de la rupture fut que des Marchands Frandes Marchands François trafiquant felon leur coûtume chez les Esclavons, en furent infultez: on leur enleva toutes leurs marchandifes, & plufieurs furent tuez.

Dagobert fort offenfé de cette inhumanité, envoya de fa part un nommé Sichaire à Samon, pour lui demander juftice & une prompte fatisfaction. Cet Envoyé eut beau faire, il ne put obtenir audience de Samon qui prévoyoit bien qu'on lui demanderoit la tefte de ceux qui avoient commis le crime, & qu'il n'euft ofé livrer, de peur d'irriter toute la Nation contre lui. L'Envoyé ne voulant pas retourner en France fans s'eftre acquité de fa commiflion, s'avisa de s'habiller en Esclavon, & à la faveur de cet habillement, penetra jufqu'au Roy, & lui dit tout ce qu'il avoit à lui dire de la part de fon Maiftre.

Samon après l'avoir entendu, lui répondit qu'il eftoit fafché de ce qui eftoit arrivé ; que volontiers il traiteroit avec le Roy de France, pour regler les differends qui eftoient furvenus, & pour empefcher dans la fuite. ces fortes de violences; mais qu'à l'égard du paffé, il falloit l'oublier de part & d'autre fans parler ni de dédommagement, ni de fatisfaction. L'Envoyé fort imprudent & fort brutal, ainfi que l'Hiftorien le qualifie en cet endroit, s'emporta à des injures & à des menaces, qu'il n'avoit pas eu ordre de faire, & dit entre autres cho

fes que Samon & fes Sujets feroient trop honorez, fi le Roy de France vouloit bien les regarder comme fes ferviteurs.

Samon, quoique fort piqué de ces difcours outrageux, repondit cependant avec beaucoup de moderation, que lui & fon peuple prendroient volontiers cette qualité à l'égard du Roy de France; pourvû que de fon cofté il ne voulut pas rompre l'amitié qui avoit efté jufqu'alors entre les deux Nations.

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,, L'amitié, reprit l'Envoyé ; hé! », peut-il y en avoir entre des Chref,, tiens ferviteurs du vrai Dieu tels » que font les François, & des chiens » de Payens comme vous autres? Vous eftes, dites-vous, repliqua » Samon, les ferviteurs de Dieu, & "nous nous fommes des chiens; puif» qu'ainfi eft, & que vous le fervez fi mal, & que nous fçavons que vous » l'outragez fi infolemment tous les » jours par vôtre mauvaise conduite, ,, nous avons le droit de vous mordre, & nous nous en fervirons. Et auffi-toft il fit chaffer l'Envoyé de fa prefence, avec defense neanmoins de lui faire aucun mal.

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Estant revenu en France, & ayant raconté au Roy le traitement qu'il avoit reçû, on ne fongea plus qu'aux moyens de chaftier l'infolence de ces Barbares. On fit marcher contre eux une Armée d'Allemans, une autre de François d'Auftrafie, & une de Lombards, que le Roy de cette Nation, allié de Dagobert, avoit fait defcendre d'Italie par la Stirie ou par la Carniole dans le païs des Efclavons. Ces Barbares ainfi attaquez par trois endroits, partagerent aufli leurs

forces.

Les Allemans fous la conduite de leur Duc Clodobert, attaquerent vis goureufement les Vinides, & les defirent. Les Lombards firent auffi par

Les François attaquent les Efilavens, & font obligez de fe retirer en defordre.

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