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An. 610.

fut fait entre ces deux Princes de la fucceffion du Roy leur pere, que l'Alface, le Suntgau, le Turgau, & une partie de la Champagne avoient efté démembrez du Royaume d'Auftrafie & ajoutés à celui de Bourgogne. Theodebert dans la fuite porta fort impatiemment cet avantage que le Roy fon pere avoit fait à fon cadet, & ayant toûjours eû deffein de re joindre ces païs à fon Royaume d'Austrafie, il avoit esté long-temps fans ofer l'entreprendre mais enfin l'an fix cens dix comme le Roy de Bourgogne y penfoit le moins, il fe jetta avec une armée dans l'Alface & s'en

empara.

Auffi-toft le Roy de Bourgogne fe mit en devoir de tirer raifon de cette injure, & demanda du fecours à Clotaire Roy de Soiffons. Theodebert lui envoya auffi des Ambaffadeurs pour l'attirer à fon parti. Rien n'étoit plus avantageux à Clotaire, que la divifion de ces deux Princes. Il ne fe trouvoit jamais plus en affurance, que lors qu'ils eftoient en armes l'un contre l'autre, & il ne pouvoit guere efperer de conferver fon petit Etat qu'à la faveur de ces brouille ries. Il avoit alors à fa Cour faint Colomban qui fuyoit la perfecution de Brunehaut. Il lui communiqua les propofitions que fes deux coufins lui faifoient. Ce Saint après avoir confulté Dicu lui dit d'un air & d'un ton as. Colum prophetique : Seigneur, ne vous mêlèz point de ces differens, Dieu a des vûës bien opposées fur vous & fur ces Princes: je vous predis que devant qu'il foit trois ans vous ferez le mai tre paifible des Etats de l'un & de l'autre. Clotaire fuivit le confeil du Saint, & declara aux Ambaffadeurs qu'il vouloit demeurer neutre. Mais enfin on mit l'affaire en negociation, & on convint de faire une affemblée de plufieurs Seigneurs François des

Jonas in Vi

bani.

deux Royaumes pour décider cette querelle. On choifit la Ville de Seltz fur le Rhin pour le lieu de la Confe

rence.⚫

Le Roy de Bourgogne y vint avec dix mille hommes; mais Theodebert contre la foy donnée fit avancer promptementde tous côtez une groffe armée qui s'eftant feparée en plufieurs corps inveftit le Roy de Bourgogne & le ferra de fi près, que pour pou voir fe tirer du danger où il eftoit, it figna tout ce qu'on voulut, & con+ fentit que l'Alface & tous les autres territoires qui avoient efté démembrez du Royaume d'Auftrafie y fuf fent réunis. Tandis que Theodebert faifoit ainfi la loy à fon frere en Alface, il avoit donné ordre aux Allemans d'entrer dans les terres de Bourgogne au-delà du Mont Saint Clau de, où ils firent de grands ravages, défirent deux Comtes Bourguignons qui voulurent leur refifter, & emmenerent quantité de perfonnes en ef clavage.

Le Roy de Bourgogne ne fe fut pas pluftoft tiré des mains de fon frere, qu'il prit des mesures pour se remettre au pluftoft en poffeffion de ce qu'on l'avoit obligé de ceder par force. Il fit des preparatifs pendant toute l'année fuivante, & voulut avant que d'attaquer le Roy d'Auftrafie, s'affurer fi Clotaire continueroit à demeurer neutre. Il lui offrit pour l'y engager de ne point faire de paix avec Theodebert, fans obliger cè Prince à lui rendre le Duché de Dentelenus entre l'Oife & la Seine, qu'il avoit efté obligé de lui abandonner après fa défaite quelques années auparavant. Clotaire lui promit de demeurer neutre à cette condition.

L'année 612. dès le mois de May

Thieri donna rendez-vous auprès de Langres à toutes les troupes, que devoient lui fournir les Provinces de

Fre legat.
Cap. 37

An. 1

Theodebert

ft défait anpar Thieri

près Toul

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Il est défait ne feconde Jois à Tolbiac. Fredegar.

Ibid.

fon Etat; & après en avoir fait la revûë, les conduifit par Andelot à une place forte nommée Nafi, qu'on croit eftre le petit Nanci. Il la prit, & de là s'avança jufqu'à Toul. Ce fut dans la campagne voifine où le Roy d'Auftrafie vint l'attaquer, que fe donna une fanglante bataille. Les Auftrafiens y furent défaits avec grand carnage, & Theodebert obligé de prendre la fuite. Il gagna Metz fa Capitale, & ne s'y trouvant pas affez en feureté il paffa jufqu'à Cologne.

Le Roy de Bourgogne le fuivit avec fon armée; mais il ne jugea pas à propos de paffer le Rhin, au-delà duquel Theodebert en fit bien-toft une autre compofée pour la plupart des peuples de Germanie, dont ces Princes, comme j'ay déja remarqué, ne fe fervoient en deça du Rhin que dans les grandes neceffitez de leur Etat, à caufe des ravages que ces Troupes avoient coûtume de faire tant dans le païs ennemi, que dans celui de leur Roy même, lorfqu'elles y entroicnt..

Thieri ayant fait paffer la Forest d'Ardennes à fon armée, vint camper à Tolbiac lieu déja fameux par la grande victoire de Clovis fur les Allemans, & delà il portoit la défolation dans toute la France Auftrafienne, lors qu'il eut avis que Theodebert venoit fondre fur lui avec fon armée compofée de Saxons, de Thuringiens, & des autres. Nations de la France Germanique. Il l'y attendit de pied ferme & accepta la bataille qu'il gagna encore. Noftre Hiftorien dit qu'il n'y en avoit jamais eu juf qu'alors, où l'on fe fut battu avec plus d'acharnement; que la mêlée dura très-longtemps fans qu'on reculaft ni de part ni d'autre ; qu'après la défaite on voyoit des bataillons entiers de corps morts gardant encoe leurs rangs, & fi ferrez les uns con

tre les autres, que plufieurs eftoient demeurez debout, comme s'ils avoient efté encore vivans: mais il en

perit pour le moins autant dans la fuite que dans le combat. Depuis Tolbiac jufqu'à Cologne dans l'efpace de plufieurs lieuës, la terre eftoit toute couverte de morts. Le vainqueur pourfuivit jufqu'à cette Ville-là fa victoire, & il y fut reçû. Il détacha Bertaire fon Chambellan après Theodebert qui fuyoit au-delà du Rhin; il l'atteignit, le prit & l'amena à Cologne, où Thieri lui fit ofter toutes les marques de la dignité Royale, & jufqu'à fon baudrier, & à fon épée, dont il fit prefent à Bertaire auffi-bien que du cheval fur lequel le Roy avoit efté pris; enfuite il envoya ce Prince prisonnier à Châlons fur Saô

ne.

Sa mort.

à S. Columbani.

Jonas in Vi

Fredegar.

Jufques-là Thieri n'avoit terni l'éclat de fa victoire, que par beaucoup de dureté dont il avoit ufé à l'égard An..611. du Roy d'Auftrafie fon frere ; mais il alla jufqu'à la cruauté en faisant tuer le fils de ce Prince nommé Merovée encore enfant. Brunehaut fit couper les cheveux à Theodebert, pour lui ofter toute efperance de remonter fur le throne: ainfi elle fut pleinement vengée de l'affront qu'il luy avoit fait autrefois de la chaffer de fon Royaume d'Auftrafie. Apparemment elle en feroit demeurée-là; mais cap. 37. elle apprehenda qu'il ne s'échappaft de fa prifon, & que la guerre que Thieri fe difpofoit à faire au Roy de Soiffons, ne donnât lieu à quelques mouvemens dans le Royaume d'Auftrafie en faveur du Roy captif. Ce fut vraisemblablement la raifon qui la determina à faire maffacrer peu de temps après, cet infortuné Prince auffi brave, mais auffidebordé & auffi cruel que fon frere; car il avoit tué de fa propre main peu de temps avant fa difgrace, la Reine Belechil

de

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La grande puiffance où il fe voyoit élevé, lui fit oublier la promeffe qu'il avoit faite à Clotaire Roy de Soiffons, de le faire rentrer en pofleffion du païs d'entre la Seine & Í Oife, comme ils en eftoient convenus avant cette guerre.

Clotaire qui connoiffoit fon humeur, voyant Theodebert perdu fans reffource après la défaite de Tolbiac, avoit jugé à propos de ne pas attendre ce prefent de la main du Roy de Bourgogne, & s'en eftoit faifi dans cette favorable conjoncture. Thieri lui envoya des Ambafladeurs pour le fommer d'en retirer fes troupes, & fur fon refus lui declarer la guerre: Clotaire tint ferme, refolu a tout pluftoft que de renoncer à un droit auffi-bien acquis que celui-là. Le printemps ne fut pas pluftoft venu que le Roy de Bourgogne fe mit en campagne avec une nombreuse armée, pour venir fondre dans le Royaume de Soiffons: mais en paffant par la Ville de Metz il y fut attaqué d'une diffenterie dont il mourut en pe u de jours dans la vingt-fixiéme année de fon âge, & dans la dix-feptiéme de fon regne.

Il femble que la divine Providence voulut verifier fur ce Prince & fur fon frere, la menace qu'il fait aux impies dans fes Ecritures, qu'ils feront enlevez dans le milieu de leur courfe, & qu'ils ne rempliront pas la moitié des jours qui leur eftoient deftinez, s'ils avoient vêcu dans la crainte de Dieu & dans l'innocence. Toute l'Hiftoire de leur regne dans nos Hiftoriens n'eft prefque qu'un tiffu de guerres civiles, de violences, de

Tome I.

сар. 1.

débauches, d'injustices. Je dis dans nos Hiftoriens, qui affurément ne nous ont pas tout dit. Car Mariana dans fon Hiftoire d'Efpagne marque une chofe très - confiderable qu'ils ont omife: fçavoir, que les Gots d'Efpagne qui avoient toûjours tenu tefte aux François même en deça des Pyrenées dans le Languedoc depuis la grande défaite de l'armée de Clovis devant Arles, furent tributaires des Rois François du temps que Gondemar regnoit en Efpagne. Mariana ajoûte que cela fe prouve par les Let- Mariana, le tres d'un Comte de ce temps - - là appellé Bulgaran Gouverneur de la Gaule Gothique, & que ces Lettres font dans des Archives à Alcala & à Oviedo : or ce Roy Gondemar qui regna en Efpagne & en Languedoc depuis fix cens dix jufqu'à fix cens treize, ne peut avoir efté foumis au tribut que par ces deux Princes dont le regne répond à ces annécs-là. Mais quoiqu'il en foit il auroit fallu un grand nombre d'actions glorieuses, pour effacer ou même diminuer l'infamie & l'horreur d'un fi funefte gouvernement.

rendre maître

Cette mort du Roy de Bourgogne, Clotaire tr dont quelques-uns contre toute for- vaille à fe te de vraisemblance ont accufé la des Royaumes Reine Brunehaut, fit bien changer d'Auftra de face aux affaires. Clotaire fur le de Bourgogn point d'eftre accablé par un fi puiffant ennemi, fe vit tout d'un coup delivré du danger par la retraite de l'armée qui venoit fondre fur lui. Brunehaut qui eftoit alors à Metz avec les quatre fils de Thieri, dont Sigebert le plus âgé n'avoit que dix à onze ans, fe trouva dans un étrange embarras & dans une grande incertitude fur les intentions des Seigneurs & des peuples des deux Royaumes. Elle commença à prendre des mefures, pour faire déclarer Sigebert fucceffeur de fon pere dans les deux

LI

Fredegar. cap. 40.

Hid.

Royaumes d'Auftrafie & de Bourgogne: mais Clotaire qui avoit auffi fes pretentions & une bonne armée, travailloit très-efficacement de fon cofté à fe faire un fort parti dans les deux Royaumes. Plufieurs Seigneurs Auftrafiens fe declarerent pour lui, ayant à leur tefte deux des plus confiderables de cet Etat, l'un nommé Arnoul & l'autre Pepin. Il fut reçû par leurs brigues dans plufieurs Villes, & il s'avança jufqu'à Andernac place forte fur le Rhin,entre Bonne & Coblentz, & s'en faifit.

Brunehaut avec les quatre jeunes Princes s'eftoit retirée à Wormes, d'où elle envoya deux Seigneurs à Clotaire, pour le prier de ne pas envahir un Etat qui ne lui appartenoit point, que le Roy en mourant avoit laiffé aux Princes fes fils, & d'en retirer fes troupes. Clotaire répondit qu'il ne prétendoit point employer la force & la violence pour foutenir fes droits, qu'il eftoit queftion de faire une affemblée des Seigneurs de la Nation pour en juger, & qu'il s'en rapporteroit à leur decifion.

La Reine cependant qui s'attendoit bien à quelque réponse de cette nature, fit partir le jeune Prince Sigebert avec Garnier Maire du Palais d'Auftrafie, Alboin & d'autres Seigneurs pour la Thuringe. Son deffein eftoit d'attirer à fon parti par le moyen de ces Seigneurs, tous les divers peuples de la Germanie fujets ou tributaires du Royaume d'Auftrafic, & d'en faire promptement une armée pour oppofer à celle de Clotaire.

Ils ne furent pas pluftoft partis, qu'elle eut avis que Garnier entroit fecrettement dans le parti de Clotaire, & fongeoit à fe declarer bientoft pour lui. Sur cet avis elle envoya un Courier à Alboin avec une Lettre, où lui marquant la confiance qu'elle avoit en lui, elle lui écrivoit ce qu'

elle avoit appris des deffeins de Garnier; qu'il eftoit de la derniere importance de fe défaire au pluftoft de ce traître, & qu'elle attendoit de fa fidelité cet important fervice. Alboin ayant reçû la Lettre la déchira en plufieurs petits morceaux qu'il eut l'imprudence de jetter à terre. Un des gens de Garnier qui eftoit prefent, eftant demeuré fur le lieu ramaffa, quand Alboin fe fut retiré, tous les morceaux de la Lettre, & les ayant réunis vit de quoi il s'y agiffoit, & l'alla auffi-toft porter à fon maître. Garnier inftruit de ce qu'on machinoit contre fa vie, fe tint fur fes gardes fans faire femblant de s'apercevoir de rien; & foit qu'il euft déja pris la refolution de favorifer Clotaire, ou que cette défiance qu'on avoit de fa fidelité, & le deffein qu'on avoit formé contre lui, l'engageaffent à le faire, il ne fongea plus qu'à perdre Brunehaut & fes enfans; travaillant en apparence avec beaucoup de zele à leur attacher les Nations Germaniques avec lesquelles il traita, il s'appliqua à les gagner pour Clotaire.

Alboin n'ayant pû executer l'ordre qu'il avoit reçû de faire perir Garnier, revint avec lui auprès de Brunehaut, qui croyant que la chofe étoit demeurée entre Alboin & elle, & jugeant par la conduite exterieure que Garnier avoit tenue dans fes negociations de Germanie, que le foupçon qu'on lui avoit voulu donner de lui eftoit faux, le prit encore avec elle pour s'en fervir en Bourgogne. Elle y alla avec les petits Princes, afin de s'attacher les Bourguignons, tandis que plufieurs de fes Capitaines amaffoient des troupes de tous coftez dans la Germanic & dans les endroits du Royaume d'Auftrafie qui fuivoient fon parti. Mais Garnier la fer- cap. 41. vit en Bourgogne de la même maniere qu'il avoit fait en Germanie; &

Il s'avance

dans la Cham

pagne.
Cap. 42.

Fuite de la

baut.

trouvant la plupart des Grands & des Evêques fort animez contre elle, à caufe que fous le regne de Thieri elle les avoit tenus extrêmement bas, il convint avec eux de la faire inceffamment perir & fes quatre petits- fils, & de reconnoître Clotaire pour Roy.

Ce Prince à qui les chofes devenoient tous les jours plus faciles pour l'execution de fes deffeins, s'avança avec fon armée dans la Champagne, paffa la riviere d'Aifne & marcha jufqu'auprès de Châlons fur Marne. Il avoit déja dans fes Troupes grand nombre d'Auftrafiens declarez pour lui, & eftoit feur de plufieurs Ducs de celle du jeune Sigebert qui vint au-devant de lui pour le combattre. En effet fur le point qu'on eftoit d'en venir aux mains, les Generaux de l'Armée de Sigebert qui le trahiffoient, firent fonner la retraite, & en même-temps les Soldats commencerent à fuïr.

Clotaire, ainfi qu'il en eftoit conReise Brine venu avec Garnier & les autres arrêta fes Troupes pour les empêcher de Chap. 42. fe débander fur les fuyards, mais il les fuivit marchant toûjours en bataille à petites journées, laiffant ainfi l'armée ennemie fe diffiper partie d'ellemême, comme il arrive dans une fuite, partie par la collufion des Chefs. Il marcha de cette forte jufqu'à la Riviere de Saône. Brunehaut fe fauva dans la partie du Royaume de Bourgogne qui eftoit au-delà du Mont Jura. Un des petits Princes nommé Childebert, & qui dans le rang qu'on lui donne en le nommant parmi fes freres, paroift avoir efté le fecond, fut auffi fauvé fans qu'il parut jamais depuis. Les trois autres ou trahis par les conjurez, ou n'ayant pû trouver moyen de paffer la Saône furent pris & conduits à Clotaire, qui fit tuer F'aîné Sigebert & un des deux autres nommé Corbus. Le quatrićme nom

mé Merovée que Clotaire avoit tenu lui-même fur les fonts de Baptême lui fit compaffion. Il le fit fecrettement tirer des mains de ceux qui vouloient le traiter comme fes autres freres, le recommanda à un Comte qui l'éleva dans la Neuftrie, & il vêcut affez long-temps en homme de condition privée. Enfin Brunehaut ne pût pas non plus trouver d'afile affuré.

Garnier fit fi bien qu'il découvrit Elle eft ar fa retraite, & elle fut arreftée avec restée. la Princeffe Theudelane fœur du feu Roy Thieri par Erpon Conneftable d'Auftrafie, dans Orbe Ville entre le Lac de Geneve & le Mont Jura, & clle fut conduite jufqu'à un lieu appellé Rionava fur la Vingene petite Riviere qui fe jette dans la Saône, jufqu'où Clotaire s'eftoit avancé avec fon armée.

lement.

Elle fut là prefentée à ce Prince fils On la fait de Fredegonde, heritier des fenti- mourir cruelmens de fa mere, & par confequent l'ennemi le plus animé que Brunehaut pût avoir fur la terre. Ce fut en ce lieu-là même où fa mauvaise destinée en fit un des plus funeftes, des plus pitoyables & des plus horribles exemples qu'on eût jamais vû de l'inconftance des chofes humaines, & de ces malheurs où les Princes, quelques criminels qu'ils foient, tombent rarement, mais où l'on en a vû tomber quelquefois. Elle avoit fait affez de crimes pour meriter d'eftreimmolée à la haine publique: mais on lui en imputa qu'elle n'avoit jamais commis, afin d'empêcher qu'on ne la plaignit dans les plus cruels fupplices, où l'on avoit refolu de la faire expirer. Clotaire lui reprocha la mort de dix Rois, comprenant dans ce nombre non-feulement ceux qui avoient porté le Sceptre, mais encore les fils de Rois, à qui l'on donnoit quelquefois ce nom. Il les lui nomma tous,

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