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Brunebaut

fait Protade Lais de Boa

Maire du Pa

gogne. Cap. 14

La Charge de Maire du Palais, dont le pouvoir s'éleva dans la fuite au-deffus de celui des Souverains mefmes, donnoit dès ce temps- là beaucoup d'autorité dans les trois Royaumes à ceux qui la poffedoient. Le Maire du Palais de Bourgogne eftoit alors un Seigneur nommé Bertoalde, d'un grand merite, fage, prudent, moderé, habile dans la guerre, homme droit, incapable de trahir fon devoir, & par confequent peu propre à entrer dans à entrer dans les vûës de la Reine Brunehaut; c'eft pourquoi elle refolut de le perdre. Elle en vint à bout, & mit en fa place un homme tout dévoué à fes interefts; il s'appelloit Protade, de FaCap. 14. mille Gauloife; fon habileté & plufieurs autres belles qualitez d'efprit & de corps l'avoient rendu très-confiderable à la Cour, & trop aimable à cette Princeffe.

cap. 27.

Cap. 25.

Pour lui frayer le chemin à ce haut emploi, elle le fit Patrice ou Duc de la Bourgogne Transjurane,c'est-à-dire, de cette partie du Royaume qui eftoit au-delà du Mont Jura, aujourd'hui appellé communément le Mont S. Claude, d'où dépendoit le Gouvernement de Geneve, de Lauzane, & de plufieurs autres Places jufqu'aux Alpes & jufqu'aux Frontieres du Royaume d'Auftrafie; & dès-lors elle commença à travailler de concert avec lui à la perte de Bertoalde. Elle fçut que Clotaire Roy de Soiffons revenu de fa premiere confternation, penfoit à reconquerir une partie de ce qu'un Traité de Paix forcé lui avoit fait perdre, & fur tout qu'il prenoit des mefures pour fe remettre en poffeffion des Villes de la Seine: elle fit entendre au Roy de Bourgogne qu'il eftoit à propos qu'un homme de poids & d'autorité comme Bertoalde fift la vifite de ces Places, pour y regler beaucoup de chofes,les mettre en défenfe, & yoir en détail ce que ces nouvelles

conqueftes pouvoient produire à fon Threfor. Le Roy approuva fon avis, & donna ordre à Bertoalde de partir avec une escorte de trois cens hommes. Il fit la vifite des Places jufqu'à la mer, & s'arresta à une maifon de plaifance du Roy dans la Foreft de Bretonne.

Ce fut durant ce voyage que Clotaire fit faire fubitement une irruption dans le païs d'entre la Seine & la Loire, ainfi que Brunehaut l'avoit prévû. Son armée eftoit commandée par fon Maire du Palais le Duc Landri: ce Duc menoit avec lui le petit Prince Merovée qui ne pouvoit pas. avoir plus de cinq ou fix ans, fon pere Clotaire né en 584. n'en ayant que vingt & un ou vingt-deux. Il femble que c'eftoit la coûtume d'en ufer ainfi en ce temps-là. Car nous avons vû que Fredegonde avoit avec elle à la journée de Troucy Clotaire lui-même qui n'avoit alors que neuf à dix ans ; & que dans l'autre victoire qu'el le remporta fur Thieri Roy de Bourgogne & fur Theodebert Roy d'Auftrafie l'année, d'après la mort de leur pere Childebert, ces deux Princes se trouverent auffi dans l'armée qui fut défaite, n'ayant que dix à onze ans : & leur pere Childebert à l'âge de quatorze ans avoit marché en Italie avec fes troupes. Soit que cela fe fift pour faire prendre à ces jeunes Princes l'efprit guerrier dès leur plus tendre enfance, foit qu'on vouluft par l engager les foldats & les Capitaines à faire mieux leur devoir, en les rendant refponfables du rifque que couroient avec eux les heritiers de la Couronne.

Landri s'eftint donc faifi de quelques Places entre la Seine & la Loire, marcha droit vers la Foreft de Bretonne pour y furprendre & enlever le Maire du Palais de Bourgogne. Celui-ci ayant cû avis de fa marche &

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Cap. 25.

deviné fon deffein, & ne voyant nulle apparence de tenir contre une armée avec trois cens hommes, ordonne à fes gens de fe débander, & il fit fi bien qu'il gagna Orleans où il fe mit en feureté contre l'attente de Bru

nehaut.

Le Duc Landri dont il eftoit ennemi perfonnel vint l'y inveftir, & demanda à lui parler. Bertoalde parut fur le rempart, & Landri s'avança jufques fur le bord du foffé. Bertoalde au fujet du reproche que lui fit Landri d'avoir fui, répondit qu'il avoit mauvaife grace de lui faire ce reproche, qu'il avoit fui feul devant une Armées mais qu'il ne fuiroit jamais devant lui lorfque les forces feroient moins inégales, & que s'il vouloit à l'heure mefme ils vuideroient leurs differens feul à feul entre la Ville & le Camp. Landri ne voulut pas accepter cette offre. Peu de temps après Bertoalde lui envoya faire un fecond défi, & lui fit dire, que foit qu'il fift toutes ces hoftilitez pour fatisfaire fa propre haine, foit qu'il les fift par ordre de fon maiftre, il nepouvoit pas douter que le Roy de Bourgogne ne regardaft cette conduite comme une declaration de guerre; que les Armées des deux partis fe verroient bien-toft en campagne; qu'alors il leur feroit facile de fe joindre; qu'il lui promettoit qu'au jour de la bataille il paroiftroit au premier rang habillé d'écarlate, afin qu'il le reconnuft, & que s'il vouloit paroiftre de fon cofté dans le mefme équipage, ils auroient lieu de fe fatisfaire l'un l'autre. Landri le lui promit, & tous deux s'engagerent à ce duel par ferment. Cependant Thieri Roy de Bourgogne aflembla une armée pour venir venir au fecours d'Orleans. Landri en leva Je ficge à fon approche, & fe retira vers Eftampes où il joignit un corps de troupes qui l'y attendoit. Thieri

Bataille d'Ef

tampes.

ly fuivit accompagné de Bertoalde, & les deux armées fe trouverent en prefence le jour de Noël preftes à en venir aux mains. Il n'y avoit qu'un petit ruiffeau & un défilé entre-deux que le Roi de Bourgogne commença à faire paffer à fon armée.

A peine l'avant-garde eftoit-elle pallée,ayant Bertoalde à fa tefte,qu'elle fut chargée par l'armée de Landri qui profitoit d'autant plus volontiers de cet avantage, que fon armée eftoit moins nombreufe que celle du Roy de Bourgogne. Bertoalde habillé d'écarlate comme il l'avoit promis à Landri, parut aux premiers rangs & foutint bravement ce premier chocq, cherchant des yeux & appellant Landri qui ne parut point. Bertoalde en avoit affez fait à cet égard pour fon honneur; mais le chagrin le fit paffer outre. Il avoit appris à l'arrivée du Roy de Bourgogne que la Reine avoit fi fortement follicité ce Prince, qu'il lui avoit enfin promis de donner à Protade la Charge de Maire du Palais. Cet affront fut fi fenfible à Bertoalde qu'il ne puft fe refoudre à y furvivre; de forte qu'ayant donné le temps par fa refiftance au refte de l'ar mée de paffer le ruiffeau & de fe ranger, il fe jetta au milieu des ennemis fuivi d'une troupe de braves gens qu'il avoit avec lui, & il y fut tué après avoir fait des prodiges de valeur ; ainfi périt ce brave homme,victime de l'infame paffion de la Reine, & comme martyr de la vertu qui le lui avoit rendu odieux & redoutable.

Toute l'armée ayant paffé le ruiffeau & le défilé, le Roy de Bourgogne fit charger de tous coftez celle de Clotaire, qui fit peu de refiftance à caufe de l'inégalité des forces. Il en refta une grande partie fur la place, & dans le defordre de la fuite le petit Prince Merovée fils de Clotaire, que Landri avoit avec lui, ayant efté

in

Fredegar

Сар. 2.

Paix entre Clotaire,

Thieri.

Ibid.

vefti par les Bourguignons, fut pris & felon un de nos Hiftoriens maffacré par l'ordre de Brunehaut, du moins on le lui reprocha quelques années après.Le Roy de Bourgogne fans tarder prit le chemin de Paris, & y fut reçû avec foumiffion des habitans, à qui les guerres civiles faifoient de temps en temps changer de maistre.

Tandis que le Roy de Bourgogne eftoit venu attaquer le Duc Landri du Theodebert cofté d'Eftampes, Theodebert Roy d'Auftrafie s'avançoit auffi avec la Cap.16. fienne, contre Clotaire qui eftoit à la tefte d'un autre corps du cofté de Compiegne. On eftoit là fur le point de donner bataille, lorfque la nouvelle de la défaite de Landri auprès d'Etampes arriva. Apparemment ce nouveau fuccez du Roy de Bourgogne donna de la jaloufie au Roy d'Auftrafie qui commença à le craindre.Au A.605. lieu de donner fur l'armée ennemie déja confternée, il écouta les propo fitions de paix que Clotaire lui fit faire, & fe reconcilia avec lui. L'accommodement fe fit pareillement quelque temps après avec le Roy de Bourgogne, mais les articles n'en font pas marquez dans l'Hiftoire.

Cap. 27.

Après cette campagne, qui ne finit que bien avant dans l'hyver,les Troupes eftant congediées & les Rois retournez chez eux, Thieri declara Protade Maire du Palais de Bourgogne. Il ne fut pas plûtoft élevé à cette dignité, , que fuivant les impreffions qu'il recevoit de la Reine, il entreprit deux chofes: la premiere, d'écarter la plufpart des Seigneurs qui avoient jufqu'alors eu part au gouvernement, & ne laiffoient pas à Brunehaut toute l'étendue d'autorité qu'elle prétendoit avoir.

La feconde fut de fatisfaire la vengeance de cette Princeffe, qui ayant toûjours fur le cœur l'affront qu'on lui avoit fait en la chaffant du Royau

me d'Auftrafie, n'avoit pû jufqu'alors en tirer raifon, & avoit en vain fait tous fes efforts pour rompre la bonne intelligence qui eftoit entre les deux Rois.

Protade loüé dans l'Hiftoire pour fon efprit & pour fon adresse, n'obmit rien pour aigrir le Roy contre fon frere Theodebert. La paix de Compiegne faite fans fon confentement & contre fes interefts, eftoit un fujet de mécontentement très-propre à l'irriter; & puis les Miniftres des Princes manquent-ils. jamais de raisons pour les faire donner dans leurs deffeins? Quand Protade l'eût ébranlé, la Rcine vint elle-même à la charge. Elle lui dit qu'elle avoit à lui faire confidence d'un fecret qu'elle avoit appris de bonne part depuis qu'elle eftoit fortie du Royaume d'Auftrafie.

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Celui que vous regardez, lui dit- Thieri decla ,, elle, comme voftre frere ne l'eft pas, guerre an » il n'est pas fils du feu Roy Childe- Roy d' Auforan ,, bert, on trompa ce Prince & on lui ,, fuppofa cet enfant qu'il a toûjours

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crû fauffement eftre fon fils. Il eft fils d'un miferable Jardinier. Nous ne fçavons point les raisons dont elle fe fervit pour rendre cette fuppofition croyable mais le droit qu'elle donnoit au Prince fur le Royaume d'Auftralie les lui fit trouver bonnes ; & Protade qui cftoit prefent à cet entretien les ayant fortement appuyées, on conclut à la guerre, & elle fut auffi-toft declarée au Roy d'Auftrafie qui ne s'attendoit à rien moins.

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Cap.27

Il eftoit alors occupé de deux autres affaires, l'une eftoit la punition de la revolte d'une partie des Saxons, contre lefquels il avoit envoyé une armée qui ne les foumit qu'après avoir Paul. Diac. tué & perdu auffi beaucoup de mon- 1.4.cap.3.& de: & l'autre eftoit un Traité avec 3 Agilulfe Roy des Lombards, qui ayant fait reconnoiftre à Milan fon fils Adaloalde pour Roy à l'âge d'un

Fredegar. cap. 27.

Protade eft

affaffiné dans

Ja tente.

an & quelques mois en prefence des Ambaffadeurs du Roy d'Auftrafie, voulut auffi renouveller la paix avec lui, & l'affermir par le mariage de fon fils avec la fille de ce Prince; elle eftoit encore au berceau auffi - bien qu'Adaloalde ; & ce mariage fut conclu.

La guerre ne fut pas plûtoft declarée entre les deux freres, que les armées fe mirent en campagne, & fe trouverent campées fort près l'une de l'autre en un lieu nommé en Latin Caraciacum, fans doute fur les frontieres du Royaume d'Auftrafie &de celui de Bourgogne. Ce lieu eft aujourd'hui inconnu.

Comme cette guerre avoit efté conclue & entreprise fans appeller au Confeil d'autres perfonnes que la Reine & le Maire du Palais, les Seigneurs de Bourgogne commencerent à en murmurer entre-eux, & y marcherent fort contre leur gré. Quand ils fe virent tous enfemble dans le camp les armes à la main, ils parlerent plus hardiment. On difoit tout haut dans l'armée, qu'il eftoit eftrange que l'inquietude d'un feul homme & l'ambition d'une femme miffent le defordre dans la famille Royale, dont l'union avoit efté jufqu'alors fi avantageufe aux deux Eftats; qu'on eftoit fur le point de s'entre-égorger les uns les autres fans fçavoir pourquoi; & qu'il falloit avant que de fe battre,déliberer fi on ne pourroit pas faire quelque accommodement.

Les principaux de l'Armée s'eftant abouchez là-deffus deputerent au Roy quelques-uns d'entre-eux pour lui reprefenter les fuites fâcheufes de cette divifion entre les deux Royaumes, & le prier de voir fi on ne pourroit point trouver le moyen de pacifier les cho

fes.

Cependant grand nombre de foldats inveftirent la tente où Protade

jouoit actuellement aux échecs avec le premier Medecin du Roy, & difoient tout haut, qu'il valoit mieux facrifier ce boutefeu à la haine publique, que des armées entieres à fes enteftemens. Le Roy furpris de ce concert des foldats & des Generaux, répondit avec fermeté à ceux-ci, que quand fon Miniftre feroit tiré du peril où les mutins l'avoient mis; il écouteroit les avis qu'ils avoient à lui donner; & auffi-toft commanda à un des Seigneurs nommé Uncelenus d'aller porter ordre de fa part aux foldats qui avoient invefti Protade, de fe retirer chacun à fon quartier. Uncelenus partit fur le champ comme pour executer les ordres du Roy: mais cftant un de ceux qui haïffoient le plus Protade, au lieu de faire retirer les Soldats, il leur dit qu'il venoit de la part du Roy leur declarer qu'il ne pretendoit pas fe faire le garant de la conduite de Protade, & qu'ils en fiffent ce qu'ils voudroient. A peine eut-il lâché la parole, qu'ils entrerent dans la tente & y mirent en pieces ce miferable, qui ne joüit que peu de mois d'un honneur qu'il avoit acheté par plufieurs crimes.

* Ad tabulam cum Archiatro.

Thieri

Theodebere

Thieri vit bien par cette execution qu'il n'eftoit qu'il n'eftoit pas lui-même en fùreté, s'accomme & jugea à propos d'ufer de condef dent cendance. On mit les differens des deux Rois en negociation. La neceffité fit que tout s'accommoda affez aifément, & les deux armées s'en retour

nerent fans combattre.

An.606.

La place de Protade fut remplie An 605. par un Seigneur nommé Claude,Gaulois d'origine comme lui, homme prudent, affable, qui avoit beaucoup d'efprit, d'habileté pour les affaires & même de la fcience, en reputation de valeur, zelé pour l'intereft de la nation, en un mot agreable à tout le monde. A la verité il ne pût empêcher que la Reine ne vengeât avec le

1

An.607.

Fredegar. in Chronico. Cap.30.

Ibid.

de plus indigne, c'eft qu'on ne lui
rendit pas fa dot.

Une conduite fi injufte penfa per-
dre le Roy de Bourgogne, car le
Roy d'Efpagne irrité d'un tel outras

temps la mort de Protade, & qu'il
n'en coûtât la vie à quelques Sei-
gneurs; mais il fit en même temps
prendre au Roy une refolution toute
contraire aux deffeins de cette Reine,
qui fut de demander en mariage lage envoya des Ambaffadeurs à Clo-
Princeffe Ermenberge fille de Betto- taire Roy de Soiffons pour l'engager
ric ou Vitteric Roy d'Efpagne. à la guerre contre Thieri, à quoy il
le trouva très-difpofé. De Soiffons
les Ambaffadeurs d'Espagne accom-
pagnez de ceux de Clotaire pafferent
à la Cour du Roy d'Auftrafie qu'ils
firent entrer dans la ligue, & enfin ils
allerent de là en Italie. Theodebert
y envoya auffi fes Ambaffadeurs; ils
prierent tous enfemble Agilulfe Roy
des Lombards de s'unir avec leurs
maîtres, & il y confentit. Ces trois
Princes affemblerent chacun leurs
troupes, & fe mirent en marche pour
venir fondre de tous coftez dans les
Etats du Roy de Bourgogne: mais
ce terrible orage foit par l'adreffe de
Brunehaut, foit par quelque autre
incident que l'Hiftoire n'a pas mar-
qué, fe diffipa fans nul effet, & le
Roy d'Efpagne ne fut point vengé.

Il envoya pour ce fujet trois per-
fonnes confiderables en Efpagne, fça-
voir Aridius Evêque de Lion, Eborin
fon Conneftable, & un autre Seigneur
nommé Rogon. Le Roy d'Efpagne
confentit à cette alliance, après avoir
tiré ferment des Ambaffadeurs au nom
de leur maistre, que la Princeffe fa
fille ne feroit point dégradée du rang
de Reine où ce mariage l'élevoit. C'e-
toit une précaution que la conduite
du feu Roy Chilperic, de Theode-
bert I. Roy d'Auftrafie, & les amours
mêmes de Thieri obligeoicnt de
prendre. Les Ambafladeurs amene-
rent la Princeffe au Roy à Châlons fur
Saone où il la reçut avec de grands
honneurs & des marques particulieres
d'affection & de tendreffe. Mais Bru-
nehaut, qui n'avoit pû venir à bout
d'empêcher cette negociation, trou-
va moyen d'empêcher l'effet dans un
temps où toute autre qu'elle, cût crû
la chofe entierement impoffible. Elle
fit d'abord naistre des incidens qui
retarderent la ceremonie des nôces;
enfuite ayant gagné la fœur du Roy
nommée Theudelane qui avoit du
credit fur l'efprit de fon frere, elle
s'en fervit pour le dégoûter de la Prin-
coffe. Soit donc que cette Efpagno-
le n'eût pas de beauté, & qu'elle eût
quelque autre défaut de corps ou
d'efprit qu'on exageroit fans ceffe,

Brunehaut & Theudelane tourne-
rent tellement l'efprit du Roy à fon
égard, qu'il differa un an entier à
l'époufer, & qu'enfin il ne pût plus
la fouffrir; de forte qu'il la renvoya
en Espagne; & ce qu'il y eût encore

:

C'eft ainfi que Brunehaut abufoit de l'autorité qu'elle avoit prife fur l'efprit du Roy fon petit-fils, & qu'elle facrifioit l'honneur, la reputation, la confcience de ce Prince & la fienne pour regner mais enfin le temps de la vengeance arriva, & toute cette malheureufe branche de la Maifon Royale où l'ambition, la debauche, l'injuftice cftoient fi publiquement autorifées, abandonnée & maudite de Dieu, perit en peu de temps toute entiere comme celle de Jefabel & d'Achab, à laquelle elle fut tout à fait femblable.

Cette defolation funefte commença par la divifion qui fe mit de nouveau entre les deux freres Theodebert Roy d'Auftrafie, & Thieri Roy de Bourgogne, dont voici le fujet.

J'ay dit, en parlant du partage qui

La divifion

se met de

1:01vean CB

tre ces deux

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