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tola Exarcha

bertum.

temps-là qu'aujourd'hui, de voir des Alliez agir parfaitement de concert; mais jufqu'alors les François & l'Empire ne l'avoient jamais fait en Italie contre les Barbares. Childebert Roy d'Auftrafie fe conduifoit avec l'Empereur Maurice contre les Lombards fur les mêmes principes de politique & dans les mêmes vues, que Theodebert avoit agi autrefois avec l'Empereur Juftinien contre les Gots. Les François ne vouloient point voir l'Empereur paisible poffeffeur de l'Italie; c'eftoit un voifin trop puiffant pour eux, & ils vouloient au moins la partager avec lui. Ils eftoient bien aifes d'affoiblir les Lombards, mais non pas de les ruiner entierement au profit de l'Empereur.

Le Roy d'Auftrafie ayant reçû la Altera Epif Lettre de l'Exarque, affecta de faire ad Childe- paroiftre du mécontentement de fes Ducs, & en difgracia quelques-uns, ainfi qu'on le voit par une autre Lettre de l'Exarque à ce Prince, où il lui rend compte des nouvelles conqueftes qu'il avoit faites dans l'Italie fur les Lombards, & lui renouvelle les mêmes prieres : mais tout cela n'aboutit à rien. Car les Lombards que les pertes de cette Campagne avoient jettez dans la confternation, n'oublierent rien pour obtenir la paix avec la France.

Ils fçavoient l'autorité que le Roy de Bourgogne avoit dans tout l'Empire François, & en particulier fur l'efprit du Roy d Auftrafie, & que c'eftoit un Prince debonnaire, humain, pieux, & pacifique. Ils eurent recours à fa mediation, & Autharis lui envoya des Ambassadeurs, qui lui parlerent avec toute la foumiffion poffible. Ils lui reprefenterent que depuis plufieurs années, que les Lombards avoient fait la paix avec la FranGreg. Turon. ce, ils n'avoient jamais violé le Traité ; qu'ils n'avoient fait que fe défen

Lio.c.3.

dre, eftant toûjours attaquez les premiers par les François ; que de tout temps leurs anceftres avoient efté en bonne intelligence, & avoient entretenu l'alliance entre les deux Nations; qu'ils le fupplioient de faire enforte que cette amitié mutuelle fe rétablift, & rétablift, & que les deux Peuples fe fecouruffent l'un l'autre contre les en- Paul. Log treprises d'un ennemi commun, qui gob. ne cherchoit à les divifer, que pour les perdre l'un après l'autre.

Le Roy de Bourgogne les écouta favorablement, & après leur avoir promis de contribuer de tout fon pouvoir à la paix, il les envoya au Roy d'Auftrafie, à qui ils firent les mêmes proteftations, les mêmes foumissions & les mêmes demandes.

Mais fur ces entrefaites vinrent Paix entre les d'autres Ambaffadeurs, qui apporte- Lombards. François les rent à Gontran la nouvelle de la mort de leur Roy Autharis arrivée à Pavie. Il les renvoya comme les autres au Roy d'Auftrafie, qui les congedia avec les premiers en leur donnant de bonnes efperances. La paix fe fit en

effet

Fredeg. in

peu de temps après avec Agilulphe fucceffeur d'Autharis, à condition d'un tribut de douze mille fous d'or, auquel les Lombards fe foumi- Chronic. c. rent, & qu'ils racheterent depuis par 45. une plus grande fomme une fois payée fous le regne de Clotaire II. L'Evêque de Trente eftant venu auffi-toft en France de la part du Roy des Lombards, en tamena quantité de captifs, dont la Reine Brunehaut par une compaflion digne d'une Princeffe Chrétienne, en avoit racheté plufieurs de fon propre argent. La Baviere rentra dans fon devoir; & foit que le Duc pere de la Reine des Lombards qui s'eftoit revolté contre Childebert, fût mort, foit qu'il eût cité obligé d'abandonner ses Estats, le Roy d'Auftrafie en créa un autre nommé Taffillon. Nous en verrons,

1. 8.c.31.

An. 586.

plus de cent ans après, encore un du même nom gouverner ce Duché toûjours avec la même dépendance des Rois de France.

Durant le cours de ces deux guerres d'Efpagne & d'Italie que je viens de raconter, il fe paffa diverfes chofes dans les trois Royaumes de France, qui, bien que pour la plupart moins importantes par rapport à l'Etat, meritent toutefois d'avoir ici leur place.

Fredegonde La premiere, eft l'horrible attentat fait poignar der Pretextat de Fredegonde, qui n'ayant jamais dans l'Eglife. pardonné à Pretextat Evêque de Rouen, la liberté avec laquelle il Gregor. Tur. avoit demandé juftice au Roy de Bourgogne, & d'eftre reftabli dans fon Evêché, le fit poignarder dans le chœur de fon Eglife un Dimanche au milieu de l'Office. Quelque furprife & quelque affliction qu'elle affectât de faire paroiftre de cette mort, on eut contre elle des préjugez fi forts & des convictions fi manifeftes, qu'on ne foupçonna jamais aucune autre perfonne.

Un des plus puiflans Seigneurs de la Cour ofa dire en fa prefence, que c'étoit pouffer trop loin la fureur, & qu'enfin on fe réfoudroit à prendre des mesures efficaces pour arrefter ces horribles excès: mais elle s'en défit dès la même journée en le faifant empoifonner. Leudovalde Evêque de Bayeux après avoir pris l'avis de plufieurs autres Evêques, fans fe mettre en peine de l'indignation de Fredegonde, fit fermer toutes les Eglifes de Rouen, & défendit qu'on y celebraft l'Office & les faints Mysteres, jufqu'à ce qu'on eût découvert l'auteur de cet effroyable facrilege. Je croi que c'eft-là le premier exemple que nous ayons dans l'Antiquité de cette efpece d'interdit general.

Le Roy de Bourgogne n'eut pas plûtoft reçu la nouvelle de la mort du

faint Prelat, qu'il envoya à Roues trois Evêques, Arthemius de Sens, Veranus de Châlons fur Saone, & Agrecius de Troye. Ils avoient ordre de conferer avec les Seigneurs du Confeil du jeune Roy, de s'informer de l'auteur du crime, & de le faire amener quel qu'il fût, à la Cour de Bourgogne: mais Fredegonde qui eftoit maiftreffe de ce Confeil, reprefenta à ces Seigneurs, qu'il n'y avoit que trop long-temps que le Roy de Bourgogne fe donnoit la liberté de commander dans un Eftat qui ne lui appartenoit point; que plus on lui fouffroit de ces fortes d'entreprises fur l'autorité du Roy fon fils & fur celle de fon Confeil, plus il en faifoit, & que c'eftoit à eux de faire voir en cette occafion, s'ils eftoient Sujets du Roy de Bourgogne ou du fils de Chilperic.

Ces Seigneurs qui ne fupportoient qu'avec peine depuis long-temps cette conduite du Roy de Bourgogne, ayant entendu les trois Evêques, leur répondirent_conformément aux intentions de Fredegonde; qu'en effet le crime qui avoit efté commis en la perfonne de l'Evêque de Rouen, eftoit horrible ; qu'ils eftoient dans la refolution de ne le pas laiffer impuni; mais qu'on n'avoit pas besoin pour cela du Tribunal de Bourgogne, & qu'ils avoient un Roy dont l'autorité fuffiroit pour faire justice.

Les trois Evêques repartirent avec Ibid. menaces, que fi on ne leur livroit la perfonne qu'on fçavoit qui avoit fait poignarder l'Evêque, & empoifonner le Seigneur François, on verroit dans peu de temps le Roy leur Maître venir avec une armée ravager tout le païs, & enlever par force celle qu'on refufoit de lui remettre entre les mains: mais ils ne pûrent rien obtenir, & Fredegonde eut encore le credit de faire mettre à la place de Pre

Gap.41.

textat Melaine ou Melantius*, celui qu'elle y avoit déja mis, lorfque le faint Evêque fut exilé, & qu'on foupConnoit fur de bonnes preuves d'avoir efté complice de l'affaffinat.

Gontran n'envoya pas d'Armée à Rouen, comme il en avoit menacé; il avoit alors affaire de toutes fes Troupes contre les Efpagnols en Languedoc: mais il fe vangea de Fredegonde d'une autre maniere. Elle avoit eu à fa Cour un Duc nommé Beppolen, homme d'un efprit droit & ferme, qu'elle n'avoit jamais pû gagner, & qu'elle trouvoit toûjours contraire à fes violens deffeins; elle lui faifoit tous les jours des affaires, & le chagrinoit en tout ce qu'elle pouvoit, de forte qu'elle l'obligea à fe retirer, & dans la conjoncture dont je viens de parler, il fe refugia auprès du Roy de Bourgogne. Ce Prince l'employa d'une maniere à faire connoître à Fredegonde, qu'il prétendoit avoir fur tout l'Empire François, le droit & l'autorité qu'elle lui difputoit. Il le declara comme le Lieutenant de tout l'Etat du jeune Roy Clotaire, & l'envoya avec des Troupes pour le mettre en poffeffion de cette dignité. Quelques Villes le reçûrent, d'autres refuferent de le reconnoiftre, & de ce nombre furent Angers & Rennes. Il laiffa fon fils auprès de celle-ci comme pour la bloquer; les Habitans firent une fortie fur lui, qu'il foûtint courageufement; mais il y fut tué avec plufieurs perfonnes

confiderables.

Les Comtes de Bretagne Waroc & Widimacle prirent occafion de ces brouilleries, pour faire des courfes dans le Territoire de Nantes. Ce qui obligea Gontran à y envoyer des Troupes; mais il les fit devancer par

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Namatius Evêque d'Orleans, & Ber- 1.9.1 trand Evêque du Mans, & par quelques-uns de fes Comtes, pour demander fatisfaction de ces hoftilitez. L'affaire fut mife en negociation, & Fredegonde y envoya auffi desDepu→ tez au nom du Roy fon fils.Les Comtes Bretons confentirent à reparer le dommage qu'ils avoient fait, renouvellerent leurs hommages aux Deputez du jeune Roy Clotaire, & s'engagerent à lui payer une fomme d'ar- Cap. 1 gent auffi-bien qu'au Roy de Bourgogne. Mais le Comte Waroc n'eut pas plûtoft esté affuré qu'on avoit congedié les Troupes, qu'il revint fur les Terres des Nantois au temps de la vandange, & fit emporter Vannes tout le vin qu'ils avoient fait. Le Roy de Bourgogne furieufement irrité, raffembla une feconde fois fon Armée; mais on fe raccommoda en

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* On prouve par la 52. Lettre du 9. Livre de S. Gregoire, que Melantius fut mis à la place de S. Pre

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& d'une ambition infatiable, ayant eu ordre de traiter avec des Deputez du jeune Clotaire pour quelques differens furvenus entre les deux Rois, fe fervit de cette confiance que fon maistre avoit en lui, pour prendre des mefures avec fes ennemis contre fa vie & fon Eftat. La partie fut liée dans cette conference de la manicre que je vais dire.

Le Duc Raucingue fe chargea de faire affaffiner Childebert. Et quand cela feroit fait, on devoit fe faifir des deux petits Princes fes fils. Raucingue devoit emmener avec lui Theodebert l'aîné des deux, le declarer Roy d'Auftrafie, & gouverner fon Eftat pendant fa minorité. Le bruit qu'il affecta de faire courir quelque temps auparavant, qu'il eftoit fils naturel du Roy Clotaire I. fit affez comprendre qu'il prétendoit lui-même auThrône.

Les deux autres Ducs l'un nommé

Urfion, & l'autre Bertefrede, devoient enlever le Prince Thierri qui eftoit le cadet, declarer la guerre au Roy de Bourgogne, le chaffer s'ils pouvoient de fon Royaume avec le fecours de Fredegonde, proclamer Thierri Roy de Bourgogne, & s'en faire les Tuteurs & les Miniftres.Pour la Reine Brunehaut elle devoit eftre éloignée de tout maniement des affaires, comme elle l'avoit efté pendant les premieres années de fon veuvage & de la minorité de fon fils.

bert fut retourné, il envoya des gens affidez dans toutes les maifons de Raucingue pour fe faifir de fes papiers, & lui manda en même temps de le venir trouver. Le Duc y alla ne fe défiant de rien, le Roy parla de diverfes affaires,& enfuite le congedia.

A peine fut-il hors de la chambre, que les Gardes, felon l'ordre qu'ils en avoient, le tuerent à coups d'épée, & le jetterent par les feneftres. On trouva dans fes maifons plus d'or & d'argent qu'il n'y en avoit dans le Trefor Royal, où toutes ces richesses furent apportées.

Cependant les Ducs Urfion & Ber- Ibid. thefrede ne doutant point du fuccès du deteftable deffein de ce perfide avoient déja fecretement fait affez de Troupes pour en compofer une Armée, lorfqu'ils apprirent que tout eftoit découvert; voyant bien qu'ils eftoient perdus, ils affemblerent le plus promptement qu'ils purent les gens de leur parti, & vinrent se retrancher du cofté du Vaire † entre la Meufe & la Mofelle où eftoient les caft.um. Terres du Duc Urfion.

La Reine Brunehaut aimoit Berthefrede, & elle avoit tenu depuis peu un de fes enfans fur les fonts de Baptême. Elle lui dépefcha un Courier, pour lui dire qu'elle lui promettoit fa grace, s'il vouloit rentrer dans fon devoir, & abandonner le parti d'Urfion, qu'elle avoit toûjours fort hai. Il répondit qu'il avoit merité de perir,& qu'il y eftoit refolu.

Comme le Duc Raucingue retournoit à la Cour afin de difpofer les chofes pour l'execution de fon méchant Le Roy d'Auftralie ayant joint deffein, le Roy de Bourgogne fut l'Armée de fon oncle, marcha en averti de tout; il pria Childebert de perfonne de ce cofté-là. Aux approle venir voir fans tarder pour une ches des Troupes du Roy, celles des affaire de la derniere importance, & Conjurez fe diffiperent pour la plufde trouver quelque pretexte pour em- part. Les deux Chefs avec leurs Fapêcher qu'on ne foupçonnaft du myf- milles & les plus déterminez de leurs tere dans leur entrevue. Ils fe virent, amis fe pofterent fur le haut d'une & convinrent des moyens de préve- Colline dans les Terres d'Urfion, nir les Conjurez. Si-toft que Childe- fur laquelle il avoit fait autrefois bâ

+Vabreni

tir une petite Eglife à l'honneur de S. Martin. Ce lieu eftoit de fort difficile accès, & avoit efté fortifié.

pe

Childebert en confia l'attaque au Duc Godegefile, gendre de ce Duc Lupus, qu'Urfion & Berthefrede avec l'Evêque de Rheims avoient étrangement perfecuté durant leur miniftere. Quand ils fe virent prefts d'être forcez, & que les Soldats de Godegefile commençoient à fe rendre maiftres de la Colline, ils fe refugierent dans la Chapelle. Godegefile les y inveftit, & y fit mettre le feu. Alors Urfion dans la neceffité de rir fortit l'épée à la main, tua tous ceux qu'il rencontra en fon chemin, & entre autres un des Comtes du Palais nommé Trudulfe, jufqu'à ce qu'ayant reçu une bleffure à la cuiffe qui le fit tomber, il fut percé de plufieurs coups. Godegefile le voyant mort, commanda qu'on fift quartier au refte, & felon l'ordre qu'il en avoit de la Reine Brunehaut, il fit dire au Duc Berthefrede qu'il pouvoit fe retirer en fureté. Celui-ci fans tarder monte à cheval,tandis que les Soldats étoient occupez au pillage, gagne au pluftoft Verdun, & va fe refugier dans la Chapelle de l'Evêché mais le Roy ayant fçû qu'on l'avoit laillé échaper, dit tout irrité à Godegefile qu'il y alloit de fa tefte, s'il ne lui apportoit celle de Berthefrede. Ce General marcha à Verdun, & affiegea Berthefrede dans fon afile; & comme l'Evêque lui en refufoit l'entrée, il fit monter des Soldats fur le toît de la maison, qui l'ayant découverte, tuerent ce malheureux à coups de tuiles dans la Chapelle même. Après cette execution, plufieurs qui avoient eu quelque part à cette mechante intrigue, fe fauverent hors du Royaume. Le Roy ofta les Gouvernemens à quelques Ducs fufpects, & en mit d'autres en leur place.

Tome I.

Il y avoit eu dans la fuite de cette affaire de fâcheufes prefomptions contre Giles Evêque de Reims ; mais ce Prelat auffi habile Courtifan que grand fourbe & grand broüillon, S'étoit tiré d'intrigue en fe reconci- L.10. G, 19 liant avec le Duc Lupus qui avoit beaucoup de credit fur l'efprit du Roy, & en faifant de magnifiques prefens au Roy même. Cette reconciliation de l'Evêque avec Lupus déplut fort au Roy de Bourgogne, qui avoit reçû ce Duc dans le temps de fa difgrace, & lorfque l'Evêque de Reims pendant la minorité de Childebert, l'avoit pouffé à bout. Ce Duc lui avoit promis en retournant à la Cour, que jamais il ne rentreroit en liaifon avec l'Evêque, dont ce Prince connoiffoit le méchant efprit. Mais une feconde confpiration ayant efté découverte, un des complices chargea fi fort ce Prelat, que le Roy d'Auftrafic fut obligé de lui faire faire fon procès ; & c'eft ce qui donna lieu de le convaincre de tant de crimes que malgré l'envie que fes Juges eurent de le fauver, il fuccomba. Cette feconde confpiration fut é- L. 9. co 38. touffée avec moins de fang que la premiere.LeConneftable * nommé Sunegifile & le grand Referendaire Galfus en eftoient les Chefs. Septimine Gouvernante des petits Princes en eftoit aufli: elle devoit tâcher par le credit qu'elle avoit fur l'efprit du Roy d'Auftrafie,de l'engager à repudier la Reine fa femme, & à éloigner fa mere de la Cour, afin que ces deux Seigneurs fuffent feuls chargez de la conduite des affaires, & en cas qu'elle ne pût pas y réüliir, cette miferable devoit empoifonner le Roy même.

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Elle avoit déja empoisonné fon mari pour époufer le Gouverneur des Princes nommé Droculfe, avec lequel elle avoit un commerce crimi nel, & qu'elle engagea anffi dans la

An. 590.

* Comiten

ftabuli

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