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Andouere

illicite fuppofé qu'il fust déja contracté. Frédégonde pour qui l'abus des chofes les plus faintes n'eftoit pas un crime qui l'épouventaft, bien contente d'avoir engagé la Reine dans ce mauvais pas, n'en dit mot jufqu'au retour du Roy. Elle alla au devant de lui, & après l'avoir falué elle lui dit en riant, qu'il n'avoit plus de femme, & lui raconta ce qui eftoit arrivé. Le Roy repris de fa premiere pafpremiere femme de Chile fion dans cet entretien va trouver la vic eft obligé Reine,& contrefaifant l'homme confde fe retirer terné lui reprefente la faute qu'elle a faite & l'état où elle s'eft mife,envoye en exil l'Evêque qui avoit fait le Baptême, & fait entendre à Audouere qu'elle n'avoit point d'autre parti à fuivre que de fe retirer dans un Couvent, & d'y prendre le voile. Il fallut bien s'y refoudre. Elle choifit un Monaftere dans le païs du Maine. Le Roy en la quittant pour lui marquer fa tendreffe & fon regret, lui fit prefent de plufieurs terres dont elle joüit le refte de fa vie, & peu de temps après il declara Frédégonde Reine de Soiffons.

dans un Convent,

1. 4. c. 28.

Elle fut bien-toft dégradée par le mariage qu'il contracta avec la Princeffe d'Efpagne; mais auffi ce fut à faire périr cette Princeffe qu'elle employa tous fes foins & tous fes attraits. Chilperic ne pouvoit fi bien cacher à la Reine l'attachement qu'il continuoit d'avoir pour Frédegonde,qu'elGregor. Tur, le ne s'en apperçuft. Elle s'en plaignit & lui marqua à elle-même dans les Occafions la peine qu'elle avoit à la fouffrir. Cette femme impericufe & infolente feure de fon pouvoir fur Fefprit du Roy, loin de paroiftre inquicte de l'averfion de la Reine, s'en faifoit honneur, lui manquoit continuellement de refpect & s'appliquoit à la chagriner en toute occafion. Les chofes allerent fi loin que cette pauvre Princeffe toute défolée pria le Roy

de lui permettre de retourner en Efpagne, lui offrant de laiffer en France tout ce qu'elle y avoit apporté.

Mort de la

Reine Gal

Le Roy neanmoins faifoit tout ce qu'il pouvoit pour l'adoucir, & à la fuinde. tendreffe près il avoit pour elle tous les égards, toute l'honnefteté, & au moins en apparence toute la douceur poffible;mais enfin peu de temps après on la trouva morte dans fon lit.

Cette mort fit beaucoup parler : quelques miracles même qui fe firent à fon tombeau augmenterent la veneration qu'on avoit euë pour elle pendant fa vie, & l'horreur qu'on avoit conçue de ceux qu'on foupçonnoit de l'avoir fait mourir. Le Roy la pleura; mais quand on le vit peu de temps après redonner le nom & le rang de Reine à Frédégonde, le public les chargea l'un & l'autre de cet attentat, & le bruit conftant fut que la Princeffe avoit efté étranglée.

On en fut très-perfuadé en Espagne & en Auftrafie. Brunehaut fœur de la Princeffe envoya à Gontran demander juftice de cet affaffinat, & anima Sigebert fon mari à en tirer vangeance. Ses plaintes furent trouvées fi juftes, que les Rois fe liguerent contre Chilperic & lui firent une rude guerre. Ils s'eftoient déja emparez de la plus grande partie de fes Eftats, lorfque la paix fe fit affez brufquement, à condition que Chilperic cederoit à la Reine d'Auftrafie pour l'appaiser, les Villes qu'il avoit données comme en appanage à Galfuinde en l'époufant. Cet avantage tint lieu de vangeance à Gregor Tula Reine d'Auftrafie, & l'intereft mit ton.l.9.c.10, fin à une guerre que la douleur & la haine avoient fait commencer. Ce fut Gontran qui fit cet accord. Ainfi la punition du crime de Chilperic fut la perte d'une partie confiderable des Domaines qu'il avoit heritez de Caribert.

Le partage de la fucceffion de ce

de Caribert. Gefta Reg. Frane. C.; 1.

1.4.C. 40.

1.6. C. 12.

Partage de La fucceffiom Prince s'eftoit fait tranquillement entre fes trois freres. Gontran eut dans fa part la forte Ville de Melun, XainGregor. Tur. tes, Agen, Perigueux, & leurs dépendances. Sigebert eut Meaux, Châteaudun, Vendôme, une partie du païs d'Etampes, & du païs Chartrain, Avranches, Tours, Poitiers, Alby, Aire, Conferans. Chilperic eut les Villes dont j'ai déja parlé & quelques autres. Ces partages eftoient fi bizarres, & font fi peu exactement marquez dans les anciens Auteurs,qu'il eft difficile de les déterminer bien juste.

&

L. 4. c. 29.

On voit même qu'après ce partage ces Princes poffederent des Villes par moitié, ou en partie, comme Senlis & Marseille; & parce qu'ils prétendoient tous avoir Paris dans leur lot, on convint de partager cette Ville-là en trois, & que nul d'eux ne pourroit y entrer fans le confentement des deux autres fous peine de perdre la part qu'il y avoit, & tout ce qui lui eftoit échû de la fucceffion de leur frere. Ils prirent à témoin de ce Traité S. Polieucte, S. Hilaire, & S. Martin, les priant de donner leur malediction à celui qui y contreviendroit. C'est ainfi qu'après la mort de Caribert les chofes avoient efté reglées ou pluftoft confonduës.

Vers l'am

ter les fuyards, & il n'en put venir à bout: mais ce qu'il y eut de plus fâcheux, c'eft que fe battant en retraite $68. avec quelques braves foldats qu'il avoit ramaffez autour de lui, il fut invefti & enfin pris. Il fut conduit à la tente du vainqueur,où foûtenant dans fon malheur fon caractere & fa dignité de Roy, non-feulement il ne fit pa- Ibid. roiftre aucune foibleffe, nul étonnement, nul chagrin, mais beaucoup de fermeté, de prefence d'efprit & de liberté. Comme il eftoit beau & bienfait, & qu'il avoit affaire à un ennemi genereux, il le charma par fon feul abord. Le Roy des Abares empêcha qu'on ne pillaft fes équipages, & les lui fit rendre. Sigebert y trouva de quoi faire des prefens à ce Prince, & protector. fçût fi bien le gagner qu'il en obtint fa liberté ; & ils firent ensemble une paix & une amitié qu'ils conferverent toûjours. Sigebert eut peu de jours après occafion de faire paroiftre fa reconnoiffance & fa fidelité dans fes promeffes. Car les Abarcs ayant difette de vivres dans leur retraite, il leur envoya auffi-toft qu'il le fçût, un grand nombre de bœufs, de moutons, & grande quantité de farines, & cut grand foin que rien ne leur manquaft jufqu'à ce qu'ils fuffent arrivez en leur païs.

Sigebert eft Peu de temps après la paix faite enbati pri tre les Rois, Sigebert fut obligé de par le Roi des Abares. foûtenir une nouvelle guerre contre Gregor, Tar. le Roy des Abares qui fuivant fa premiere politique avoit encore pris le temps de la guerre civile de France pour faire des courfes fur les terres des François au-delà du Rhin. Sigebert y accourut pour les repouffer; mais il ne fut pas fi heureux que la premiere fois: l'Hiftoire dit que les deux armées eftant en prefence quelques Magiciens de la Nation des Abares firent des invocations & des enchantemens qui épouventerent les François; de forte que l'armée prit la fuite.Le Roy fit en vain tous fes efforts pour arref

Tome I.

Menander

Tandis que les Abares occupoient ainfi le Roy d'Auftrafie au-delà du Rhin, un nouvel ennemi que la France n'avoit point encore vû paroistre fur fes frontieres, attaqua le Roy de Bourgogne; & cette guerre fut à l'égard des François la premiere fuite de la fubite revolution qui venoit de se faire en Italie:en voici en peu de mots la caufe & les progrez qui engagerent tout de nouveau les François à pren- ou se9. dre part aux affaires de delà les Alpes, & à y porter de temps en temps la guerre, comme ils avoient fait du temps des Oftrogots.

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An. 58.

Narfex foll Le fameux Narfez après avoir excite Alboin terminé ces barbares & chaffé les FranRoy des Lombards de ve çois d'Italie, la gouvernoit en paix nir emparer avec une grande autorité, craint & de l'Italie. refpecté des Peuples & cheri de fon maistre l'Empereur Juftinien. Ce Prince eftant mort après un long & glorieux regne l'an de Noftre Seigneur 566. Juftin fon Succeffeur n'eut pas pour Narfez les mêmes égards. L'Imperatrice Sophie qui haïffoit ce grand Capitaine, ayant rempli l'efprit de l'Empereur de foupçons contre lui, il fongea à le rappeller, & envoya pour prendre fa place, le General Longin; & l'Imperatrice ajoûtant l'infulte à la Paul. Diac.,, difgrace lui écrivit en ces termes.Un ,, Eunuque comme vous ne devoit ,, pas eftre fi long-temps abfent du Palais. Il y a trop d'années qu'on ,, vous attend dans l'appartement des ,, femmes pour filer avec elles. On dit que Narfez piqué au vif de cette fanglante raillerie, lui répondit qu'il alloit lui ourdir une trame dont elle ne verroit jamais le bout. En effet s'eftant retiré à Naples il envoya fecretement au Roy des Lombards pour le folliciter de venir s'emparer de l'Italie, l'affeurant qu'il en trouveroit les paffages ouverts & la conquefte facile.

1. 2. c. 5.

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manie inviter les Saxons à le feconder
dans fa conquefte: vingt mille avec
leurs femmes & leurs enfans prirent
peu de temps après le chemin d'Italie,
& furent fuivis de plufieurs autres. Si-
gebert Roy d'Auftrafie dont ils é-
toient tributaires ne s'oppofa point à
leur départ, ce détachement affoiblif-
fant une Nation qu'il avoit de la pei-
ne à tenir dans le devoir: & comme
les terres qu'ils quittoient eftoient
bonnes, il les fit occuper par une Co- Paul. Diac,
lonie de Sueves autres Peuples de fon
Domaine qui demeuroient vers le Da

nube.

Les Lombards partirent donc de leur païs l'année 568. entrerent en Italie, s'emparerent de la Ligurie,excepté les Villes de cetteProvince qui font fur le bord de la mer,fe rendirent maîtres de Milan, prirent Pavie après un fiege de trois ans,enfin en trois ans & demi Alboin courut toute l'Italie,& la conquit à la referve de Rome & de Ravenne.

Ibid.

Alboin sen rend maiftre

demi.

Mort de

Cette Nation avoit autrefois fervi utilement en Italie fous Narfez contre les Oftrogots, & avoit fa demeure dans la Pannonie. Leur Roy s'appelloit Alboin grand homme de guerre qui avoit époufé en premiere nôces Clodofvinde fille de Clotaire I. & fœur des Rois actuellement regnants Fpift. Nicet, en France. Cette Princeffe à la follicia Clodo tation de S. Nicete Evêque de Tréves avoit fait tous les efforts pour convertir fon époux qui eftoit Payen; mais elle mourut fans pouvoir venir à bout d'une fi fainte entreprise.

Dans cet intervale Narfez mourut à Rome apparemment plus chagrin que Narfez. content du trop grand fuccez de fa vangeance; car il avoit toûjours paru bon Chrétien & homme de bien. Son corps fut porté à Conftantinople où fa memoire ne reçût aucune flétriffure, ce qui marque que fes intrigues avec les Lombards eftoient demeurées fecrettes, & quelques-uns même l'en difculpent par cette raison. L'Italie n'eut pas pluftoft ces nouveaux maiftres qu'on s'en apperçût en France. Depuis que Juftinien avoit reconquis cette partie de fon Empire, il avoit toûjours menagé les François. Vers la fin de fon regne, ou vers le commencement de celui de Juftin fon Succeffeur il y avoit eu des démêlez pour quelques poftes du cofté des Alpes Rhetiques, où le Royaume d'Auftra fie touchoit aux terres de l'Empire. Alboin ne délibéra pas fur la On voit quelques veftiges de ces difpofition de Narfez. Il envoya en Ger- ferens dans les Auteurs contemporains

vin.

pro

en voifins de ce temps-là, qui ne difent les chofes qu'en general. Mais Sigebert avoit depuis fait ou renouvellé un traité par des Ambaffadeurs qu'il avoit envoyez à ConftantinoGregor.Tu- ple*: Et l'on eftoit en paix avec l'Emreal 4.33 pereur, lorfque les Lombards entre

Les Lombards

suption dans

be Royaume de Bourgo

rent en Italie.

Si-toft que que ces Barbares eurent péfont une ir nétré dans la Ligurie & paffé le Pô, il s'en fit un détachement qui vint fondre dans le Royaume de Bourgogne. La Savoye & ce qui s'appelle aujourd'hui le Dauphiné qui en eftoient les frontieres, fe trouverent expofées à la fureur de ces Barbares. Le Patrice Amé y accourut avec des Troupes pour les empêcher de pénétrer dans le Païs, & on en vint aux mains. Les Bourguignons furent défaits & prefque tous paffez au fil de l'épéc.Le General même y périt. Les Lombards devenus maiffres de la campagne par cette défaite y commirent de grands excès, & repafferent les Alpes chargez de butin & avec une multitude infinie de prifonniers qu'ils firent efMarius in claves. C'eft ce qui obligea le Roy de Bourgogne à donner le commandement de fon armée de ce cofté-là au

Chron.

Gregor. 1. 4. 436.

plus grand homme de guerre qu'il y euft alors dans l'Empire François nommé Mummol. Ce Capitaine n'euft pas pluftoft ramaffé les débris des Troupes qui furent fortifiées de quelques autres, que les Lombards revinrent faire une nouvelle irruption dans le Dauphiné aux environs d'Ambrun. Mummol s'approcha avec fon armée; mais marchant lentement il leur donna le temps de s'engager dans les montagnes & dans les forefts, dont il fit brufquement occuper tous les défilez, & en embarafla les iffuës de quan

tité d'arbres qu'il fit abbattre. De for- Ibid. te que les Lombards fe trouverent in- Cap. 36. veftis de tous coftez & eftoient affommez à mesure qu'ils paroiffoient. La plus grande partie y laiffa la vie, quelques-uns furent pris & envoyez au Roy par le General. Ils furent difperfez dans diverfes prisons du Royaume, & très-peu échapperent pour aller porter à leurs compatriotes la nouvelle de leur défaite.

On vit dans cette armée de Mum- Ibid. Cap. 37. mol & dans ce combat le premier exemple que je fçache, d'une chofe qui fe fit quelques autres fois depuis en France, & qui devint même trèsordinaire du temps de Charles Martel: Deux Evêques le cafque en tefte & le fabre à la main y combattirent & chargerent eux-mêmes l'ennemi avec toute la vigueur poffible; c'eftoit l'E- Gregor.Tur. vêque d'Ambrun & l'Evêque de Gap, l. 4. c. 45. l'un nommé Salone & l'autre Sagittal- Tom. 1. re. Ils eftoient tous deux freres qui conci. vivoient l'un & l'autre dans leur Evêché comme des bandits, ils avoient efté déposez dans un Concile de Lyon

pour

des violences, des meurtres, des adulteres, & enfuite rétablis par ordre du Pape Jean III. auquel ils avoient impofé. Ils furent plufieurs années après dépofez une feconde fois dans un Concile de Châlons fur Saône pour de nouveaux crimes, & mis dans une prifon d'où ils fe fauverent, fans qu'on fçache ce que Salone devint depuis: car pour Sagittaire nous le reverrons encore dans quelques années l'épée & la fronde à la main combattre contre fon Prince, & périr d'une maniere digne de fon crime & de fa vie fcandafeufe.

Ce ne fut pas là la derniere alarme: qui fut donnée à ces Provinces voifi

* Gregoire de Tours dit que ce fut à Juftinien que Sigebert envoya ces Ambaffadeurs : mais c'est une fau e de Copifte. Il faut lire Jufin m au lieu de Juftinianum. La fuite du difcours le démontre ; & ce qui ne laiffe aucun lieu d'en douter, c'eft que Fredegaire Chap. 64. en copiant & abregeant cet endroit de Gregoire de Tours, dit que ce fur à Juftin & non pas à Jutinien que les Ambafladeurs furent envoyez.

Sirmond.

nes des Alpes. J'ai raconté comment une armée entiere de Saxons invitez par les Lombards avoient quitté leur païs & s'eftoient joints à eux dans l'Italie. Ces Saxons forcerent à leur tour ces paffages des Alpes, entrerent par L. 4. c. 24 le Dauphiné & par Nice dans la Provence, pénetrerent jufqu'à Riez & fe camperent auprès d'Eftablon ou Stoblon, d'où ils firent des courfes de tous coftez dans le païs.

Gregor. Ibid.

Mumins! Capitaine Fandéfait

Saxons.

pluftoft en fujets qu'en alliez. Ayant
donc repaffé les Alpes ils leur firent
agréer qu'ils fe retiraffent dans leur
païs avec leurs femmes, leurs enfans
& leurs meubles.

L'hyver eftant paffé ils fe difpofe-
rent à leur retour en Saxe; ils fe par- Gregor.c 37.
tagerent en deux corps & rentrerent
en France par les deux endroits par
où ils eftoient venus faire leur irrup-
tion l'année d'auparavant, c'est-à-dire
par le Dauphiné & par Nice, & fe re-
joignirent auprès d'Avignon. C'eftoit
alors le temps de la moisson, & les
Laboureurs n'avoient encore rien re-
tiré dans leurs granges. Les Saxons
s'accommoderent dans tout leur che-
min de ce qu'ils trouverent de foura-
ge & de bled dans la campagne en re-
montant le Rhône, & vinrent enfin
pour le paffer vers Lyon. C'eftoit à ce
paffage que le General Mummol les
attendoit. Il les avoit toûjours cof-
toyez dans leur marche,& il avoit estê
témoin des defordres qu'ils avoient
faits dans la campagne. Quand il fut
queftion de traverfer le Rhône il fe
trouva pofté sur l'autre bord, & leur
declara que s'ils entreprenoient de
paffer, il les chargeroit. Ils lui repre-
fenterent qu'ils ne faifoient qu'execu
ter le traité qu'ils avoient fait l'année
précedente, de repaffer dans la Ger-
manie pour se foumettre de nouveau
au Roy d'Auftrafic.

Mummol avec fa vigilance & fa fois dejt les promptitude ordinaire les furprit, Jorfqu'ils le croyoient bien loin, les chargea, en tua un très-grand nombre fur la place, & les auroit tous taillez en pieces fans la nuit qui furvint & qui l'obligea à fe retirer. Les Saxons malgré l'échec qu'ils avoient déja reçû parurent le lendemain matin en bataille prêts à recommencer le combat. Cependant comme on eftoit fur le point d'en venir aux mains, les Generaux de part & d'autre comme de concert propoferent de faire la paix. Les Saxons d'un cofté jugeant leur perte entiere inévitable s'ils perdoient la bataille, & Mummol voyant tout le païs à la difcretion de ces Barbares s'il lui arrivoit d'eftre défait. Il fe prévalut neanmoins de l'avantage du jour précedent, & ne leur accorda la paix qu'à deux conditions. La premiere qu'ils laifferoient tout le butin qu'ils avoient fait & remettroient en liberté tous les Captifs; & la feconde que ,, Oüi, leur dit-il, mais c'eft après comme ils eftoient Sujets nez des Rois avoir ruiné le païs duRoy mon maîGregor.c. 37. de France, ils ne porteroient plus les ,, tre; vous en avez enlevé les bleds, armes contre la Nation, & qu'ils fe- » pillé les beftiaux, brûlé les métairoient tout leur poffible pour fe déga-,, ries, coupé les vignes & les oliviers. ger d'avec les Lombards, afin de rentrer dans le fervice de France.

Ibid.

Paul. Diac. L. 3. C. 6.

Cette feconde condition fit bien

moins de peine aux Saxons que la pre-
miere; parce que les Lombards qui
les avoient fait venir, au lieu de les
affocier à leurs conqueftes, comme ils
le leur avoient promis, les traitoicnt

» Je vous declare que vous n'en forti-
,, rez point, que vous n'ayez dédom-
» magé les intereffez, & que fi vous
,, ne le faites inceffamment, je ferai
,, main baffe fur vous,fur vos femmes,

"

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& fur vos enfans, & que je vous fe,, rai tous perir.Il fallut obeïr & payer les defordres commis dans leur mar

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