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te au Roy, pour le fupplier de vou-
loir bien tirer de fon thréfor quelque
fomme d'argent, & la donner à inte-
reft à la Ville de Verdun. Il lui en-
voya fept mille fous d'or,fomme alors
très-confiderable en France, qui fu-
rent diftribuez aux principaux Mar-
chands de la Ville, pour les faire pro-
fiter par le commerce: ce qui ayant
relevé la fortune de plufieurs,& remis
la Ville en meilleur eftat, l'Evêque
alla pour rendre cette fomme au Roy
avec les interests.Ce Prince ne la vou-
lut point reprendre, & lui dit cette
belle parole: Nous fommes heureux
tous deux, vous de m'avoir fourni
l'occafion de fecourir des pauvres, &
moi de ne l'avoir pas manquée. Sa pié-
té, fon refpect pour S. Maur, & l'efti-

me qu'il faifoit de fon Ordre lui firent demander que fon nom fuft écrit avec celui des Moines dans le Catalogue du Monaftere que ce Saint bâtit en Anjou fur le bord de la riviere de Loire. La paffion qu'il eut pour fa maiftreffe Deuterie fut une tache de fa jeuneffe, qu'une vie plus réguliere effaça dans la

fuite. L'Empereur Juftinien fe plaignit plus d'une fois de fon peu de fidelité à obferver les Traitez. Il eft difficile de le défendre de ce reproche: mais c'est un vice dont peu de Rois belliqueux fe trouvent exempts. Plufieurs en paroiffent moins coupables par la raifon qu'ils l'ont fçû mieux cacher que lui. Voici quelques-unes des medailles de ce Prince qui verifient ce que j'en ai dit.

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Comme tout le monde n'eft pas fait au ftyle des Médailles où il y a toujours quelques mots abbregez,voici ces infcriptions tout du long fans abbreviation.

1. Medaille, Dominus Nofter THEODEBERTUS VICTOR.

Revers de la Medaille VÍCTORIA AVGuftorum, dans l'exergue REmis. C'est-à-dire que la Medaille a efté frappée à Reims.

2. Medaille, l'infcription fe doit lire de la même façon que dans la premiere.

3. Medaille, la legende eft effacée & il n'en refte que la fin du mot VICTORia.

L'infcription de Revers ett tout du long. Le centre du Revers eft rempli d'une espece de pierre où font gravées diverfes lettres qui eftant aflemblées forment le mot METIS, c'est-à-dire que la Medaille a elé frappée Mets qui eftoit la Capitale du Royaume de Theodebert.

4. Medaille, la legende eft Domini Noftri THEUDEBERTI Perpetui AVGufti.

Le Revers eft VICTORIA Auguftorum. Ce mot Auguftorum comprenoit Theodebert & fes deux oncles à la maniere des Medailles des Empereurs Romains quand il y en avoit plufieurs.

5. Medaille, Dominus Nofter THEODEBERTUS. C. Ce C ou ce G. car ces deux lettres fur tout dans les Medailles du bas Empire ont la même figure, Signifie felon moi Gothicus, pour marquer les victoires que Theodebert avoit remportées fur les Gots.

Le Revers VICTORIA Auguftorum Dominorum Noftrorum RE signifie REgum ou REmis.

Fortunat, I

laiffé un bel éloge en Vers parmi fes
autres Ouvrages: les deux autres
eftoient Bucelin, dont j'ai déja parlé, 7. c. 16.
& Leutharis, tous deux freres, Alle-
mans de Nation, parfaitement atta-
chez à la famille de Theodebert. Ces
trois Miniftres firent reconnoiftre le
jeune Prince âgé au plus de treize
ans*; & maintinrent le peuple dans le
devoir; il n'y eut qu'une fédition, où
un nommé Parthenius qu'on regar-
doit comme l'auteur de quelques nou-
veaux impofts, fut lapidé par la popu
lace dans la Ville de Tréves: à cela
près tout fut parfaitement paifible.

Il ne laiffa point en mourant d'autres enfans máles que Theodebalde ou Thibaut qu'il avoit eu de Deuterie, auquel ni Childebert, ni Clotaire n'entreprirent point de difputer le Royaume d'Auftrafie. Theodebert à qui l'experience avoit fait prévoir ce que fon fils devoit apprehender de ces deux Princes, avoit pris fes précautions. Il avoit eû long-temps pour fes Miniftres trois perfonnes également habiles dans le gouvernement & dans la guerre; le premier s'appelloit le Agathias.l.1. Comte Condon, dont Fortunat Evêque de Poitiers de ce temps-là nous a *Theodebert époufa Deuterie au commencement de fon regne, felon Gregoire de Tours. Ce regne ne furt que de quatorze aus felon le même Auteur. Theodebalde ne pouvoit donc avoir que 13. ans, & n'étoit pas encore un homme fait comme Aimoin le prétend. Procope & Agathias s'accordent avec Gregoi.e.de

Tours.

SOMMAIRE DES REGNES

DE CHILDEBERT, DE CLOTAIRE, & DE THEODEBALDE.

Mo

Ort de la fainte Reine Clotilde. Theodebalde envoye des Ambaffadeurs à l'Empereur, Conteftation touchant les trois Chapitres, fait du bruit en France. Paix entre l'Empereur & Theodebalde. L'Empereur envoye Narfez en Italie. Totila eft elu Roi par les Oftrogots. Il attaque les Romains. Il eft tué. Bucelin & Leutharis à la tefte d'une armée de François arrivent fur le Pô. Ils mettent en déroute Fulcaris un des Généraux de Narfez. Les Gots fe joignent aux François. Narfez raffure fon Armée. Il fe rend maistre de Luques & de Cumes. Ravages des François en Italie. Leutharis eft battu par deux Lieutenans de NarSez. L'Armée de Leutharis perit par la pefte. Bucelin fe campe fur le Cafilin. Narfez s'approche des François. Il range fon Armée en bataille. Arrangement de l'Armée Françoife. Bataille entre les Imperiaux & Les Francois. Les François font entierement défaits. Narfez fe rend maître de toute l'Italie. Mort de Theodebalde. Clotaire s'empare du Royaume d'Auftrafie. Il foumet les Saxons & les Turingiens. Cramne fon fils Je revolte contre lui. Childebert entre dans la Champagne. Condamnation des trois Chapitres, à laquelle le Pape Pelage foufcrit. Lettre de Pelage à Childebert. Le Pape écrit de nouveau au Roy, & lui envoye fa Profeffion de Foi. Mort de Childebert. Son carattere. Seconde revolte de Cramne. Il eft foutenu par Conobert Comte de Bretagne. Clotaire-entre en Bretagne avec une Armée. Défaite de Conobert & de Cramne. Mort de Clotaire. Son caractere.

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Mort de la Reine Clotil

de.

HISTOIRE

DE

FRANCE

CHILDEBERT, CLOTAIRE,
THEO DE BALD E.

A mort de Theode-
bert fut fuivic bien-
toft après de celle
de la fainte Reine
Clotilde.Elle mou-
rut à Tours, où elle
avoit prefque toû-
jours vêcu depuis près de quarante
ans. Ce fut une Princeffe auffi recom-
mandable par fa patience que par fa

pieté & par fon zele, & que les rudes
épreuves dont le Ciel purifia fa vertu
en divers temps de fa vic, fanctifierent
autant que les grandes chofes qu'elle
fit pour la gloire de Dieu. Son corps
fut porté à Paris, & enterré à cofté de
Clovis. Clotaire y vint de Soiffons Gregor. Tuna
pour rendre avec fon frere Childebert 4. c. 1.
les derniers devoirs à une Mere, à qui
leurs haines mutuelles, leur ambition

1.

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& leurs fureurs avoient caufé bien des larmes.

L'Empereur ayant appris la mort de Theodebert, non feulement fut délivré de l'inquietude que lui donnoient fes grands apprefts de guerre, & les ligues qu'il formoit contre lui; mais encore il efpera ramener le jeune Roy d'Auftrafie à fon parti, & même fe faire ceder ce qui avoit efté pris par les François en Italie, où un de leurs Generaux nommé Lantachaire avoit efté défait & pris dans le combat depuis la mort de Theodebert.

Ce fut donc dans cette efperance & dans ces vûës que l'Empereur envoya en France le Senateur Leontius, dont toutes les propofitions fe réduifirent en effet à ces deux points; fçavoir que le Roy s'unift avec l'Empereur contre les Oftrogots, & lui reftituaft les Places de la Ligurie & du pais de Venife, dont Theodebert s'eftoit emparé durant une guerre, où, difoit-il, l'Empereur ne s'eftoit fi fort engagé qu'après s'eftre cru affûré du fecours des François, & d'un fecours qu'il avoit achepté par de très-groffes fommes d'argent.

Le Roy répondit à l'Ambassadeur, qu'il y avoit depuis long-temps des liaifons trop étroites entre la France & les Ostrogots, pour fe declarer contre eux; que pour ce qui eftoit des Places d'Italie, on ne les avoit pas enlevées aux Romains, mais que Totila les avoit cedées aux François; que le peu d'argent que le feu Roy avoit laiffé dans fon épargne, marquoit bien qu'il ne s'eftoit pas fort enrichi des dépouilles de fes voifins; qu'au refte il ne refufoit pas de conferer fur les prétentions qu'on pourroit avoir de part & d'autre, & qu'il envoyeroit pour ce fujet des Ambaffadeurs à 'Empereur. En effet peu de temps après le départ de Leontius, le Roy choifit Leudard Seigneur François,

avec trois autres perfonnes pour les envoyer en Ambaffade à Conftantinople; ce qui ayant efté fçû en Italie, le Clergé Catholique de ce païs-là pria le Roy de vouloir bien donner ordre à fes Ambaffadeurs d'entrer dans une affaire, qui fe traitoit actuellement à Conftantinople, où il s'agiffoit de l'in-Epift. Cletereft de l'Eglife Univerfelle,de l'honneur & de la vie même du Pape, & Concil. Gall, de plufieurs autres Prélats & Ecclefiaftiques, aufquels on faifoit les traitemens les plus indignes.

ric. Ital.

Tom. 1.

Conteftation

to chart les trois Chupi

Cette grande affaire eftoit la conteftation touchant les trois Chapitres, fi fameufe dans l'Hiftoire Ecclefiaftique tres du fixiéme fiécle, & qui caufa de fi grands mouvemens dans l'Eglife. Sans m'arrefter à parler ici des intrigues & des refforts que produifirent toutes ces broüilleries, dont l'hiftoire m'écarteroit trop de mon fujet; je dirai feulement en deux mots de quoi il eftoit queftion: car la chofe dans la fuite fit du bruit en France, jufquà y faire foupçonner les Papes d'avoir prévariqué & trahi la caufe de l'Eglife, ce qui fit qu'on leur demanda des éclairciffemens touchant leur conduite & la fincerité de leur foi.

Il s'agiffoit donc fi l'on devoit condamner ou non quelques écrits de Theodoret autrefois Evêque de Cyr, qu'il avoit compofez plus de cent ans auparavant contre S. Cyrille d'Alexandrie en faveur de Neftorius; une Lettre d'lbas Evêque d'Edeffe écrite auffi contre le même Saint dans le même temps; & enfin la perfonne & les écrits de Theodore Evêque de Mopfuefte qu'on prétendoit avoir efté la fource empoifonnée, où Neftorius avoit puifé fes erreurs. Ce font ces trois points qui faifoient la matiere de la conteftation,& qu'on a toûjours appellez depuis dans l'Hiftoire, les trois Chapitres, tria Capitula.

Ce

Ce qui faifoit la difficulté eftoit que les deux Evêques Theodoret & Ibas, dont on avoit lû les écrits, & examiné le procès dans le Concile de Calcédoine, y avoient efté reconnus pour Orthodoxes, & rétablis dans leurs Eglifes;& pour ce qui eftoit de Theodore de Mopfuefte,on regardoit comme une chofe inoüie de lui faire fon procès fi long-temps après fa mort;vû qu'il avoit fini fa vie dans le fein de l'Eglife comme un de fes enfans. La plus grande partie des Catholiques s'oppofoit à cette condamnation,comme préjudiciable au refpect que l'on devoit au Concile de Calcédoine, où Ibas & Theodoret avoient efté abfous. Ceux qui preffoient la condamnation des trois Chapitres eftoient pour la plupart des Eutychiens, qui fous prétexte de réunir tous les partis, prétendoient par cette condamnation ôter toute autorité à ce Concile, où Eutychès & fes erreurs avoient efté anathématifez. L'Imperatrice Theodora qui favorifoit ces hérétiques, avoit engagé Juftinien fous cet appas de la paix de l'Eglife, à demander au Pape & à tous les Patriarches, la condamnation des trois Chapitres, à quoi il fe trouvoit beaucoup d'oppofition. C'est-là de quoi on difputoit actuellement à Conftantinople.

Les bruits de ces difputes eftoient déja venus jufques en France, mais d'une maniere affez confufe.On y fçavoit feulement en general que les Neftoriens & les Eutychiens entroicnt dans cette affaire,& que ces deux fectes avoient en vûë de tirer tout l'avantage qu'ils pourroient de ces divifions. Car fi les trois Chapitres étoient condamnez,les Eutychiens regarderoient

cette condamnation comme celle du Concile de Calcédoine. Que s'ils ne Feftoient pas, les Neftoriens prendroient ce refus de condamnation comme une approbation tacite de leur

Tome I.

doctrine, que Theodoret & Ibas pa roiffoient au moins approuver dans leurs écrits, & que leurs écrits,& que Theodore de Mopfuefte avoit très - expreffément enfeignée.

An. 5494

Epift Vigi lii ad Autel.

An. 550.

Epift. Cler.

Sur ces bruits les Evêques de France dans le cinquiéme Concile d'Orleans tenu par l'ordre de Childebert, avoient tout récemment condamné ces deux héréfies & leurs Auteurs mêmes. C'eftoit feulement pour montrer l'horreur qu'on en avoit en France,& la conformité des Eglifes des Gaules en matiere de Foy avec l'Eglife Univerfelle; car il n'y avoit en ce Royau→ me ni Neftoriens ni Eutychiens. Enfuite de ce Concile Aurelien Evêque d'Arles qui y avoit affifté, écrivit à Conftantinople au Pape Vigile,pour s'informer s'il eftoit vrai, comme on le difoit, qu'il euft condamné les trois Ital.ad IegaChapitres. Le Pape ne répondit pas tos Francia. tout-à-fait directement à fa demande; parce qu'on ne lui permit pas à Conftantinople de développer les chofes dans fa réponse, comme il l'auroit voulu mais il le pria feulement de ne point ajoûter foi à tous les faux bruits, & à certains écrits fuppofez qu'on faifoit courir en France; & l'affûra qu'il n'avoit rien fait dans tout ce qui s'eftoit paffé jufqu'alors, qui puft préju– dicier à aucun des Conciles Generaux, ou aux Decrets des Papes fes Prédeceffeurs, ou qui puft bleffer l'honneur de ceux qui avoient foufcrit aux définitions de foy; qu'il avoit feulement anathematifé tous les écrits contraires à la Foy, & ceux qui avoient traité d'impie la doctrine de S. Cyrille. Il le prioit aufli de voir le Roy Childebert; de le fupplier de fa part de ne point abandonner l'Eglife & le Saint Siege dans les conjonctures fâcheufes, où l'un & l'autre fe trouvoient ; & de l'engager à écrire au Roy des Oftrogots, pour l'exhorter à ne point permettre qu'on excitaft aucun trouble

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