Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

parce que c'est par là que leur eft infpiré fans violence cet efprit de dépendance & cette parfaite foûmission qui font la tranquillité, le bonheur, le falut des Eftats, comme l'indocilité y produit toutes les miferes.

:

Tant de ligues depuis formées contre Vous, déconcertées par voftre vigilance, par voftre activité, par vostre promptitude à prévenir ceux qui prétendoient Vous furprendre & Vous accabler : tant de projets extraordinaires heureusement executez, & dont aucun n'a jamais manqué, quand Vous en avez conduit l'execution par vous-même vos Ennemis tant de fois abbatus, & qui n'ont à la fin pré-valu pendant un tems qu'à la faveur d'un fleau, dont il a plu à Dieu d'affliger voftre Royaume, & contre lequel la prudence humaine ne pouvoit fe précautionner: cette tranquillité où vous avez fçû maintenir vos Eftats dans le tems qu'ils eftoient, pour ainsi dire, affiegez de tous coftez, & par mer & par terre, & qu'on n'épargnoit ni intrigues, ni argent, ni aucune forte d'artifice, pour y exciter le trouble & la divifion : cette union de la Famille Royale, fi neceffaire pour le repos du Royaume, & que vous avez toujours conftamment entretenuë par ce tempérament de bonté d'autorité qui attire au pere & au maiftre cette tendreffe respectueuse & cet attachement fincere, firares parmi les hommes, & encore plus parmi les Princes: Enfin cette Paix déja fi avancée, & que Vous eftes fur le point de conclure avec les plus redoutables de vos Ennemis, & que vos nouvelles Victoires, comme il y a lieu de l'efperer, vous feront demander par les autres: Paix que Vous vous ferez procurée en temporifant, en ménageant les conjonctures, & en profitant habilement de celles qu'on fçait que Vous penfiez de longue main à faire éclore. Tout cela, & une infinité d'autres traits de voftre Regne, nous montrent un Prince que la folidité de fon efprit & fon experience ont rendu confommé dans l'Art de regner. Je ne

Vous mets point ici en parallele avec Louis XI.quelque rang qu'on lui donne parmi les Princes les plus habiles dans le Gouvernement. Il y avoit dans fa politique trop de fineffe, & je l'ofe dire, fouvent de la baffeffe; au lieu que dans la vostre il n'y a jamais eu que de la grandeur.

Mais ce grand Art de gouverner les hommes fur lequel les Souverains prennent tant de plaifir à eftre flattez, feroit comme tout le reste un avantage affez frivole dans un Prince Chrétien, s'il n'y eftoit pas accompagné d'un très-grand fond de Religion, il l'eft dans Vous, SIRE, & comme il l'eftoit dans Charles V. ce fage Prince, avec lequel je viens de Vous comparer fur ce point en particulier.

comme

Óüу, SIRE, & il convient à un homme de mon eftat d'ofer vous le dire: toutes vos autres qualitez Royales mériteroient peu fans cela d'eftre loüées, & ce n'est qu'à la faveur du relief que celle-là leur donne, que je me crois en droit de les publier dans l'occafion que j'ai de le faire ici. C'eft toûjours avec plaifir que les gens de bien entendent faire voftre Eloge là-dessus, & l'on ne fçauroit trop fouvent Vous prefenter pour Modele en cette matiere aux autres Souverains & aux Grands de voftre Cour.

Lamalignité du libertinage qui refufe fi fouvent de reconnoiftre la vertu où elle eft, fous prétexte qu'elle paroift quelquefois eftre où elle n'eft pas, ne s'eft jamais émancipée à l'égard de voftre Religion, non point par respect pour la Majeflé Royale ; car fon infolence ne fe preferit pas de bornes ; mais parce qu'en vous étudiant depuis tant d'années, il ne vous a jamais rien vú échapper qui pút lui donner la moindre prise, jamais une feule parole, jamais un figne d'approbation à fes pernicienfes maximes, ou à fes fcandaleufes railleries, & que quand il a ofe fe montrer par quelque endroit en voftre prefence, il a efté auffi-toft déconcerté par ce férieux plein de majefté, par lequel, même fans rien dire, vous

fçavez en cette matiere, & en d'autres, faire des leçons efficaces à voftre Cour.

C'eft de cette même maniere que vous eftes venu à bout d'abolir parmi les Princes & parmi la Nobleffe la plus diftinguée de voftre Royaume un infigne defordre, & infiniment injurieux à Dieu; je veux dire la mode scandaleuse de prophaner à tout propos par des juremens fon faint Nom, fi commune jufqu'à voftre Regne à la Cour & dans les Armées : elle fembloit y faire une partie de la politeffe du Courtifan & de la bienséance du langage de l'homme de Guerre. Ce fcandale a ceffé par la force de voftre exemple, & par l'horreur que vous en avez fait paroiftre, beaucoup plus que par la féverité de vos Edits: le jurement n'eft plus le vice des Gens de qualité, Vous l'avez rendu honteux & infame, & c'est aujourd'hui une brutalité. Par là combien de crimes de moins dans voftre Eftat? & de cet efpece de crimes qui outragent Dieu le plus directement, qui l'irritent davantage, & qui attirent de fa part de plus févéres chastimens fur les peuples. Vous avez esté en cela, SIRE, le digne imitateur du plus Saint de vos Ancestres, qui n'eut rien plus à cœur que d'exterminer cette pefte dans fon Royaume.

Vous l'imitez encore dans la modeftie & dans le respect avec lequel Vous paroiffez au pied des Autels. Cette modeftie & ce respect réveillent dans ceux qui en font témoins, la foy de nos Myfteres, en leur mettant fous les yeux la vivacité de la voftre,

ils font voir de quel efprit font parties les Ordonnances que vous avez publiées, pour faire rendre à Dieu ce qui lui est dû dans fes Temples. Que dirai-je du foin que vous avez toujours eu de prefcrire, & de faire inférer certains exercices de Religion jufques dans les Réglemens qu'on a dressez par vostre Ordre pour former à l' Art Militaire la jeune Noblesse, soit fur la Terre, foit fur la Mer, ou pour l'entretien de ceux de vos Su

jets, que les bleffures reçûës dans le Service ont mis hors d'eftat de le continuer. Ces foins, ces attentions, ces détails où vous en trez à cet égard pour entretenir par tout le culte dû au fouverain Seigneur, ne nous montrent-ils pas clairement Vous avez toujours ce faint objet prefent à l'esprit dans la conduite de voftre Eftat.

que

Mais quels fruits n'avons-nous point vûs de cet efprit de Religion dont vous eftes animé? N'est-ce pas lui qui a mis en action dans tant d'occafions voftre puissance, voftre autorité Royale, la gloire de voftre Nom?

Que ne pourrois-je point dire de ce qu'il vous a fait faire pour étendre la foy parmi les Nations infidelles, de vos largeffes pour cet effet, de la protection que Vous avez donnée aux Miniftres de l'Evangile dans les diverfes Parties du Monde, où la réputation de LOUIS LE GRAND, & la haute idée que les Princes étrangers conçûrent de fa perfonne, de fa fageffe, de fa puiffance ont frayé le chemin au Chriftianifme, & 'ont rendu respectable parmi les Peuples les plus fiers, & qui n'avoient eû jufqu'alors que du mépris pour les autres Nations. C'est ainsi qu'autrefois un Prince Mahometan, que la Renommée avoit informé des hauts faits de Charlemagne, accorda à fa confideration la permiffion aux Chrétiens de fréquenter les Lieux faints, & d'y demeurer. Ceux d'aujourd'hui joüissent encore de ce Privilege à l'ombre de vostre Nom; mais de Jérufalem il y a encore bien de vaftes Mers à passer jusqu'au Royaume de Siam, & jufqu'à l'Empire de la Chine; & c'eft jufques dans ces extrémitez du Monde que le Chriftianifme a élevé publiquement au vrai Dieu des Autels & des Temples fous les aufpices de VOSTRE MAJESTE'.

Le Paganifme aboli dans la Nation Françoife a rendu Clovis plus fameux, que la Conquefte des Gaules fur l'Empire

Romain.

Romain. C'est un trait qui le distingue & le sépare, pour ainfi dire, de la foule de tant d'autres Conquerans auffi vaillans & auffi heureux que lui; & c'est par la même raison que le Titre de Deftructeur de l'Héréfie dans voftre Royaume fera celui la posterité regardera toûjours comme le plus glorieux parmi tous Vous aurez méritez.

ceux que

ce,

que

Oйy, SIEE, la deftruction du Calvinisme dans la Franoù il avoit esté fi long-temps redoutable au Souverain même, tant de Temples prophanes, abbatus ou fanctifiez par le veri. table culte, la Croix plantée fur les ruines de ces Edifices, d'où l'impieté aveugle fe faifoit un point de Religion d'exclure jufqu'à ce vénérable figne de noftre falut, feront les Monumens les plus

l'on con

en

durables de la Gloire de VOSTRE MAJESTE qui en conferveront le plus feurement la mémoire dans les fecles futurs, tandis que les Hiftoires leur apprendront les foins, les peines, les dépenfes & les dangers même que ce grand Ouvrage vous a caufez. Car qui ne fçait que c'est l'Héréfie irritée, fouftenuë de l'Ambition & de la Jalousie que çût de Voftre puiffance, qui a excité & entretenu le feu de ces funeftes Guerres, où il s'est répandu tant de fang? Mais nous le voyons fur le point de finir par une Paix generale, à la confufion de ce monftre, fans qu'il ait pû malgré tous fes efforts, tirer aucun avantage, & à voftre Gloire, SIRE, par l'affermiffement du Roy d'Espagne voftre Petit-Fits fur un des plus illuftres Trônes du Monde. C'est le fujet qui les avoit allumées, c'est-là, pour ainfi dire, le point d'honneur de cette Paix qui vous la rendra très glorieufe. C'eftoit une benediction & un prefent du Ciel qu'on vouloit Vous arracher, & que vous avez fçû avec son fecours vous conferver. Un évenement de cette nature ne devoit pas manquer à voftre Regne, pour ajouter ce nouveau lustre à la gloire dont il a plú à Dieu de le combler.

Tome I.

b

« VorigeDoorgaan »