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quelques recherches, fubftituer à ces fauffes Médailles, de
veritables Médailles, comprenant sous ce nom, selon l'idée
ordinaire, d'anciennes Monnoyes. Il y en a un affez grand
nombre des Rois de la premiere Race au Cabinet des Mé-
dailles du Roy, & j'en ai quelques-unes entre les mains qui
font
pour la plupart des tiers de fols d'or.Il auroit pû enco-
re en trouver quelques-unes de la feconde, & faire un peu
valoir par là fon érudition, au lieu que ces fauffes Médailles
ont fait connoiftre qu'il n'en avoit pas beaucoup.

Il n'a esté guéres plus heureux dans les Portraits de nos Rois qu'il a mis à la tefte de l'Hiftoire de leur Regne. Il les a tirez, dit-il, d'après les figures de ces Princes qui font fur leurs tombeaux à Saint Germain des Prez & ailleurs; & il croit par cette raison nous les donner comme des Copies prises für les Originaux; mais en cela même il se trompe encore.Le Tombeau de Clovis & des autres ne font point des ouvrages de leur temps. Ils ont efté reftituez, pour parler en termes d'Antiquaires, c'est-à-dire restablis plufieurs fiecles après leur mort, comme en conviennent tous ceux qui sçavent l'Hiftoire, & qui fe connoiffent en ces fortes dAntiquitez. Toutes ces gravûres d'imagination amusent les yeux des enfans, & ne plaisent pas trop aux gens habiles & raifonnables.

Il faut donc qu'un Historien foit fçavant dans les Antiquitez du Pays dont il fait l'Hiftoire, pour ne s'y pas méprendre, & ne pas donner des preuves de fon ignorance dans les choses mêmes par lefquelles il fait parade de fon érudition. Il y a déja long-temps qu'un Ancien *a dit,que Recentioriquiconque entreprendra d'écrire une Histoire fans une capacité fuffifante, fuccombera fous le poids, & fera beaucoup de chûtes.

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bus plurimum obfuit,&mul. torum canfa

exi

errorum gua rerum antiquitatumque noftrarum

notitia.Madri.

Valef. In No. titia Gall.

Ecce belli ci

vilis ingens

La fcience de l'Hiftorien fe fait fentir par les remarques qu'il féme dans fa narration fur les mœurs des Peuples pus, quifquis dont il fait l'Hiftoire. Par ce mot de mœurs, on n'entend ples literis pas feulement le génie de la Nation, mais encore les Coûbetur. Petron. tumes, les Ufages, les Loix, la Jurifprudence, la maniere

attigerit, nifi

Satyricon.

du Gouvernement Civil & Militaire, & autres chofes femblables, avec les changemens qui y font arrivez dans la fuite des temps. Ce point me paroift effentiel pour la perfection de l'Hiftoire; mais il demande de l'attention & beaucoup de réfléxions qu'on ne peut faire, que quand on poffede bien fa matiere. Il ne faut qu'un mot pour faire connoiftre le défaut de connoiffance ou de réfléxion d'un Historien à cet égard.Par exemple Varillas dans fon Hiftoire de la minorité de Saint Louis, lui donne tout à propos le titre de Majefté. Ce n'est pas parler fuivant les mœurs du temps, parce que ce titre n'a commencé à eftre proprement en ufage par rapport à nos Rois, que du temps de Louis XI. User du terme de Colonel dans les troupes de France avant François I. de celui de Régiment avant Charles IX.ou du moins avant Henry II. c'eft introduire dans les Hiftoires de ces temps-là, un langage qui eftoit alors inconnu donner dans l'Hiftoire de la premiere & de la feconde Race, le nom de Picardie à la Province qui le porte aujourd'hui, celui d'Allemagne aux pays d'au-delà du Rhin, au lieu de celui de Germanie, dont l'Allemagne ne faisoit qu'une trèspetite partie; attribuer des Armoiries à nos Rois de la premiere & de la feconde Race & à leurs Officiers, & une infinité d'autres choses semblables qui ont échapé à plufieurs de nos Historiens, ne font point d'honneur à leur érudition. Que fi pour s'accommoder à l'usage des temps où l'on écrit, & aux idées du commun des Lecteurs, comme il con

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vient quelquefois de le faire, on juge à propos de s'écarter de cette regle, il faut au moins en quelque occafion faire remarquer quel eftoit l'ancien ufage. Par exemple le titre de Secretaire d'Etat n'a efté donné que fous Henry II. à cette efpece d'Officiers qui portent aujourd'hui ce titre. On les appelloit auparavant Secretaires du Roy; mais comme ce titre de Secretaire du Roy cauferoit aujourd'hui une équivoque, on a pû, & on a dû donner le titre de Secretaire d'Etat à ces Secretaires, dont les Rois avant Henry II. se fervoient pour les affaires d'Etat, mais en avertiffant que ce terme n'estoit pas alors en usage. Il en est de même du titre de Capitaine d'une Place, qu'on appelle aujourd'hui Gouverneur, & quelques autres.

Ce n'eft point une vaine oftentation de doctrine, que de citer à la marge d'une Hiftoire beaucoup d'Auteurs, pour marquer aux Lecteurs les fources d'où l'on a tiré les chofes qu'on leur raconte. Je regarde au contraire comme une obligation indispensable pour l'Hiftorien de le faire. Il n'y a point d'Ecrivain qui doive s'attribuer affez d'autorité, pour vouloir eftre crû fur fa parole dans ce qu'il rapporte des temps paffez. La plupart des Auteurs de l'Hiftoire generale de France, comme du Haillan,Paul Emile,Nicolle Gille, de Serres & de Mezeray se sont exemptez de ce devoir,& par cette raison ceux qui les ont citez eux-mêmes depuis, n'ont pas de fort bons garants.

Je n'ai guéres cité que deux fortes d'Ecrivains, sçavoir les Contemporains ou voifins des temps dont je parle & quelques Modernes : mais ces Modernes dont j'employe le témoignage, doivent avoir pour le moins autant de poids que les Contemporains par une raison : c'est qu'ils citent cux-mêmes, & rapportent fouvent les Actes authentiques

fur lefquels font appuyez leurs Relations. Tels font, par exemple, Guichenon dans fon Histoire de Savoye,dont le fecond Tome contient une infinité d'anciens actes authentiques. Strada dans fon Hiftoire des Pays-Bas qu'il a compofée fur les Archives de la Maison de Farnése. Palavicin dans fon Hiftoire du Concile de Trente, dont les Mémoires originaux lui ont été fournis par l'ordre des Papes. D'Argentré & Lobineau dans leurs Hiftoires de Bretagne, & plusieurs autres, dont les Histoires ont de pareils fon

demens.

La Citation des Manufcrits fait encore beaucoup d'honneur à un Auteur. J'en ai vû un affez grand nombre. Mais je dirai de bonne foi que cette lecture m'a donné plus de peine qu'elle ne m'a procuré d'avantage. Parmi les chofes qui doivent entrer dans une Hiftoire générale, j'en ai troupeu de confidérables, qui ne fuffent rapportées dans les Historiens du temps qu'on a imprimez depuis. Les Lettres de nos Rois & de leurs Miniftres, dont il y a un trèsgrand nombre à la Bibliotheque Royale, feroient un fonds admirable, fi elles contenoient bien diftinctement les affaires importantes de l'Etat ; mais ce font ou de fimples Lettres de créance, & qui supposent les instructions données aux Ambassadeurs qu'on n'a pas, ou elles regardent des chofes qui n'ont point de rapport à l'Hiftoire, ou elles touchent très-briévement & très-obscurément les affaires dont les Ambaffadeurs avoient ordre de traiter, parce qu'il n'eft pas fûr de confier les fecrets à des Lettres ; & parce que les Princes écrivant à des gens inftruits fe faifoient entendre à demi mot. Il refte peu de pieces curieufes, comme de certaines Négociations, des Traitez de Paix, & d'autres femblables, où il y ait des détails hifto

riques,

riques, qui n'ayent pas efté rendus publics. Les nombreux Recueils appellez les Mémoires de Brienne, & les Manufcrits de Béthune, qui font à la Bibliotheque du Roy, contiennent une infinité d'excellens Monumens; mais il y a peur de ces détails hiftoriques dont je parle, qui n'ayent pas vû le jour.

Les Lettres des Généraux d'Armées, dont j'ai vû un trèsgrand nombre dans la Bibliotheque de M. le President de Lamoignon, du temps de François I. de Henry II. & de François II. feroient utiles pour une Hiftoire particuliere, par exemple, pour celle du Maréchal de Brisfac qui commandoit en Piemont du temps de Henry II. Elles contiennent plufieurs petits détails, comme le fuccez d'une fortie, d'un affaut, d'une rencontre entre des Partis, & d'autres choses semblables. Car quand il eftoit question des projets d'une Campagne, ou de quelque entreprise qu'on minutoit, ceux qui partoient de l'Armée pour aller prendre les Ordres de la Cour, eftoient ordinairement chargez d'expofer de bouche ces fortes de chofes, de peur que les Lettres ne fuffent interceptées. Ainsi il n'eft pas étonnant qu'on trouve peu dans les Manufcrits non imprimez de ces fortes de Memoires qui feroient plaifir dans une Hiftoire.

On ne laiffe pas d'y trouver de temps en temps quelques faits & quelques circonftances qui méritent d'estre remarquées. On y trouve des dattes, on reftablit par ces pieces des noms qui avoient efté défigurez dans l'Impreffion. Par exemple, le nom de l'Evêque de Bayonne qui négocia la fameufe Ligue d'Allemagne entre Henri II. & les Princes Proteftans, laquelle mit les affaires de Charles V.en fi grand danger, le nom, dis-je, de ce Prélat est corrompu dans les imprimez; on l'appelle en François Du Fresne, & M.deThou Tome 1.

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