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qui s'y trouva d'habitans ou de fol-
dats fut paffé au fil de l'épée ou fait ef-
clave. Entre autres ce Preftre Procu-
le homme fier & ambitieux, qui avoit
efté grand perfecuteur de fon Evêque
faint Quintien, & qui fort vraifem-
blablement ne s'eftoit jetté dans cette
Place que parce qu'il avoit eû part à
la conjuration d'Arcade, fe fauva dans
l'Eglife, & y fut affommé au pied de
l'Autel.

De-là, l'armée alla affieger le Fort Meroliac ; c'eftoit une Place que fa feule fituation rendoit imprenable. Elle eftoit baftie fur un roc élevé de cent pieds au-deffus de la plaine,& efGregor Tu. carpé tout à l'entour : elle eftoit d'une ron.l.3.c. 13. fi grande étendue, que dans l'enceinte des murailles on y labouroit, & on y recueilloit affez de bled pour nourrir les habitans & la Garnifon; il y avoit un grand étang & des fources dont l'eau eftoit fort bonne; de manicre que les affiegez à qui rien ne manquoit, regardoicnt avec mépris l'Armée Royale campée au pied du rocher. Ils firent fortir pendant la nuit un parti de cinquante hommes pour aller courir la campagne,& faire quelque butin fur les ennemis, & ce fut là la caufe de leur perte. Le Roy en ayant efté averti détacha après eux quelques Cavaliers qui les couperent, les investirent & les prirent prifonniers. Il profita de ce petit avantage, & dans la difficulté qu'il voyoit à forcer une Place de cette nature, il ufa d'un ftratagême de guerre dont on s'eft fervi plufieurs fois.

Ibid.

Nouveau

foulevement

en Auvergne, Munderic en eft le Chef.

Il fit lier ces prifonniers, & on les conduifit en cet état jufqu'au pied du roc, ayant chacun derriere eux un Soldat le fabre à la main, & il declara aux affiegez, que s'ils ne fe rendoient fur le champ, il alloit faire couper la teste à tous ces malheureux. Ce spec

tacle les confterna, les uns ayant un
frere, les autres un fils, les autres
quelque parent ou quelque ami dans
cette infortunée troupe. La chofe
réüffit au gré du Roy. La Garnison
capitula & fortit la liberté & la vie
fauve, & en payant une fomme d'ar-
gent affez modique.Le Roy d'Auftra-
fie crut avoir tout fait par la prise d'u-
ne Place de cette importance, & que
perfonne dans le païs n'oferoit plus
branler. Mais quand le peuple eft une
fois en mouvement, il faut du temps
pour lui faire reprendre fa premiere
affiete & le remettre dans fon ancien-
ne tranquillité. A peine Meroliac é-
toit-il rendu qu'on vint apporter au
Roy la nouvelle d'un nouveau foule-
vement dans un autre endroit de l'Au-
vergne. Il eftoit d'autant plus dange-, Aimoin.
reux qu'il avoit un Chef d'importan-
ce: c'eftoit un Seigneur nommé Mun-
deric qui eftoit, ou du moins qui fe
difoit de la famille Royale de Clovis.

1. 2. c. 8.

Les Troupes de Thierri avoient en- Il leve une tierement ruiné la campagne ; & les petite armée. païfans reduits à la derniere neceffité, ne fongeoient de leur cofté qu'à piller & à trouver de quoi vivre. Ce fut de ces fortes de gens dont Munderic fit un petitCorps d'armée avec laquelle il commença à courir l'Auvergne: il eut même la hardieffe de fe donner le nom de Roy qui lui appartenoit, difoit-il, à plus jufte titre qu'à celui qui le portoit depuis fi long-temps en traitant fes peuples avec tant de rigueur.

Thierri avant que de faire d'autres Gregor. Tudémarches avec un ennemi qu'il mé- ron.c. 146 prifoit, lui envoya un Heraut pour lui porter ordre de mettre bas les armes, de venir inceffamment le trouver, lui promettant feûreté,d'écouter fes prétentions & de le fatisfaire, fi elles eftoient juftes. Mais il n'eut point d'autre réponse de cet avanturier, fi

↑ M. de Valois dans fa Notice des Gaules croit que c'eft ce qu'on appelle aujourd'huy Oliergue auprès de Tiern.

eft affiege.

non que c'eftoit lui qui eftoit Roy, & qu'il n'avoit garde de se mettre entre fes mains.

Et fe jette Sur cette réponse le Roy fit un dédans une fore, itachement de fon armée fous un de fes e plaGeneraux pour aller forcer ce rebelle. Si-toft que Munderic fcût qu'on venoit à lui, comme il ne fe fioit pas à fes Troupes pour une bataille, il fe jetta avec ce qu'il avoit de meilleurs Soldats dans une Place forte dont il s'eftoit rendu le maiftre, nos Hifto

riens l'appellent en Latin Victoriacum. C'est le nom qu'on donnoit autrefois à plufieurs petites Villes de France que l'on nomme aujourd'hui Vitry. On voit dans un ancien Cartulaire de Brioude, un lieu nommé Victoriacus, 'Auvergne qui pourroit eftre le Vitry dont il s'aluze vers la git ici.

Tom. 1. de

l'Hiftoire de

la Maison

pat Mr. Ba

fin.

Ion. c. 14

On inveftit la Place,& le fiege avoit Gregor.Tu- déja duré fept jours, pendant lefquels Munderic fit de vigoureufes forties. Celui qui commandoit le fiege dit au Roy que l'affaire eftoit plus difficile qu'on n'avoit cru, & que cette Place défendue par un homme auffi déterminé que Munderic dureroit longtemps; c'eft ce qui obligea Thierri à tenter de nouveau la voye de la negociation. Il appella un de fes domeftiques nommé Aregifile homme auffi adroit que hardi & entreprenant: il lui dit qu'il attendoit de lui un fervice important; qu'il eftoit queftion d'engager Munderic à fortir de fa Place à quelque prix que ce fuft; qu'il falloit qu'il fe fervift de tout fon efprit pour cela; que pourveû qu'il en vinft à bout, quelque moyen qu'il prift, il feroit toûjours avoué.

Aregifile lui ayant promis de faire fon poffible pour le fatisfaire, partit auffi-toft, & fit demander permiffion à Munderic de l'aller trouver pour lui faire de nouvelles propofitions de la part du Roy. Eftant entré dans la Ville, il lui reprefenta la témerité de fon

entreprife; que quelque habile qu'il fuft, tout ce qu'il pouvoit efperer eftoit de faire durer le fiege; que le pis aller du Roy feroit, s'il ne pouvoit pas le forcer, de le reduire par la famine, & qu'eftant maiftre de la campagne & de tout le païs d'alentour, ce moyen eftoit feûr & infaillible. Qu'il devoit donc fonger à rentrer dans fon devoir tandis qu'il y avoit encore lieu à la clemence, & à tâcher de meriter fa grace en épargnant au Roy la peine & la dépenfe d'une plus longue attaque.

Ce difcours fit effet fur l'efprit de Munderic, qui avoit déja réfléchi fur le pas dangereux où il s'eftoit engagé. Je vois bien,répondit-il à Aregifile, le peril où je fuís; mais il vaut mieux pour moi, pour mes enfans, & pour mes amis engagez par leur malheur dans mon parti, que nous periffions ici tous enfemble en combattant en gens de cœur, que par la main d'un bourreau. Car que pouvons-nous attendre autre chofe d'un Prince qui ne pardonne à perfonne ?

Ibid.

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J'ai ordre de fa part, reprit Aregi- fe rend file, de vous affûrer du pardon, pourvû que vous lui remettiez la place, & de vous jurer fur l'Autel, fi vous l'exigez, que vous ferez à la Cour fur le même pied que vous y eftiez auparavant. Allons de ce pas à l'Eglife, & je vous en feray le ferment. Munderic après avoir déliberé quelque temps accepta le parti, fit jurer fur l'Autel à Aregifile ce qu'il lui avoit promis, & fortit avec lui du Fort pour aller trouver le Roy.

En fortant il tenoit Aregifile par la Thierri le main, & trouva à quelque diftance du fait affaffiner. Chafteau une grande foule de peuple qui attendoit le fuccès de cette negociation: plufieurs Soldats s'y eftoient meflez, qui regardoient tous fixement Munderic. Aregifile en s'approchant leur demanda en colere,s'ils n'avoient jamais vû Munderic, qu'ils le regar▾

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An. 533

Action barba

Clotaire.

ne fervit qu'à avancer leur perte.

doient fi attentivement? Cette parole
eftoit le fignal qu'il leur avoit donné
pour mettre Munderic en pieces. Ils
vinrent donc incontinent fondre fur
lui l'épée à la main ; mais ils ne le pu-
rent faire fi promptement, qu'il
n'euft le temps de fe débaraffer d'A-
regifile qui le voulut faifir, & de lui
paller au travers du corps une efpece
de lance qu'il avoit à la main, en lui
difant: Parjure, tu me fais perir, mais
tu periras avant moi; & auffi-toft
tout furieux il fe jetta avec quelques-
uns de fes gens qui l'avoient fuivi, au
milieu de cette troupe de Soldats
dont il eftoit invefti, où il ne ceffa
de tuer & d'abattre à fes pieds tous
ceux qu'il put joindre, jufqu'à tant
que lui-même percé de plufieurs
coups tomba par terre & expira. Sa
mort fit perdre courage à ceux qui
eftoient dans le Fort. Ils fe rendirent
au Roy; & par ce moyen l'Auvergne
fut pacifiée, & entierement foumife.
Cet avantage eftoit confiderable pour
le Roy d'Auftrafie; mais il eftoit le
fruit d'un parjure & d'un facrilege :
chofe dont nous verrons beaucoup
d'exemples dans la fuite.

Ainfi finit l'année 532. On vit dès le commencement de la fuivante l'amre de Childe bition de deux de nos Rois s'emporbert & de ter jufqu'à l'action la plus cruelle & la plus barbare qui fe puiffe imaginer, & dont je voudrois épargner au Lecteur le recit affreux; fi je le pouvois fans manquer contre les regles de l'Hiftoire.

Comme un jour elle eftoit venuë
à Paris avec les trois petits Princes,
Childebert écrivit de cette Ville à
Clotaire Roy de Soiffons,que laRcine
leur mere eftoit arrivée avec fes pe-
tits-fils; qu'il fçavoit avec certitude
la paffion qu'elle avoit de les voir sur
leThrône de leur pere;qu'elle prenoit
des mefures pour cela ; qu'il eftoit à
propos qu'il vint incessamment à Pa-
ris, pour déliberer avec lui de ce
qu'ils avoient à faire en cette con-
joncture. Clotaire partit auffi-toft &
fe rendit à Paris.

Cependant Childebert faifoit fem-
blant de n'avoir point d'autres vûës
que celles de la Reine fa mere ; &
fit courir le bruit le
que voyage du
Roy de Soiffons n'eftoit que pour
regler de concert les uns avec les au-
tres le partage de la fucceffion du
feu Roy Clodomir entre fes trois en-
fans.

Clotaire eftant arrivé & s'eftant
abouché avec Childebert, ils envoye-
rent de leur part à la Reine Clotil-
de demander les jeunes Princes, afin,
difoient-ils, de leur donner en cere-
monie la qualité de Roy, & de les
faire reconnoiftre & faluer comme
tels par le peuple de Paris, avant
qu'ils allaffent prendre poffeffion cha-
cun de leur Domaine.

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La fainte Princeffe ne pouvoit recevoir une plus agreable nouvelle. Elle les fit partir fans déliberer, ,, & leur dit en les embraffant: Allez,' J'ai dit que Clodomir Roy d'Or mes enfans, j'oublie en ce moleans tué dans la guerre contre les ment la mort funefte de vostre Bourguignons avoit laiffé trois fils ,, pere, puifque je vais avoir la conprefque au berceau, & que leur ayeu-,,folation de vous voir regner en fa le la Reine Clotilde élévoit à Tours. Son intention eftoit, fi elle l'euft pû, de les faire regner, & de partager entre eux le Royaume de leur pere. Elle Gregor. Tu ne fit que trop connoiftre fon deffein on...c.18 là-deffus; & fa trop grande tendreffe

» place.

Mais fa joye fut courte; car ils ne furent pas pluftoft arrivez au Palais. de Childebert, qu'on arresta leurs. Gouverneurs & toute leur fuite, & qu'on leur donna à eux-mêmes des

Ibid.

Ibid,

Ibid.

Ibid.

Gardes dans un appartement feparé, fans leur permettre d'avoir communication avec qui que ce fuft.

La Reine reconnut alors, mais trop tard, la faute qu'elle avoit faite de les avoir amenez à Paris ; & ce qui eftoit de pis encore, de les avoir

avec tant de credulité mis entre les mains de leurs oncles. Mais elle fut

bien plus furprise, lorfque quelques jours après Arcade ce Senateur qui avoit livré la Ville d'Auvergne à Childebert, la vint trouver de la part des deux Rois, & lui prefenta des cifeaux & une épée nue, lui difant que le fort de fes petits-fils dépendoit du choix qu'elle feroit de l'une de ces deux chofes. On lui faifoit entendre par là qu'il falloit que ces Princes confentiffent à renoncer au Thrône en fe faisant couper les cheveux, ou à mourir.

Cette propofition jetta la Reine dans une confternation extréme, & s'abandonnant aux reproches, & déteftant la perfidie dont on ufoit envers elle & envers fes petits-fils, il lui échapa dans le fort de fa douleur de dire qu'elle aimoit mieux les voir morts, que réduits à la condition de Sujets.

Arcade prenant cela pour fa réponfe, va la porter à Childebert & à Clotaire en prefence de deux de ces petits Princes, qu'on avoit avertis de l'alternative & de l'incertitude de leur fort. Clotaire fans tarder davantage, prend par le bras l'aîné âgé de dix ans, le jette par terre, & lui enfonce le poignard dans le cœur. L'autre qui n'avoit gueres que fept ou huit ans court tout effrayé en criant & en pleurant fe jetter aux pieds de fon oncle Childebert, & le prie en lui ferrant les genoux de lui fauver la vic. Ce Prince tout dur qu'il eftoit, fut attendri

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.

par les pleurs de ce pauvre enfant; & ne pouvant lui-même retenir fes larmes, conjura Clotaire de ne pas paffer outre, & fe mit entre lui & le petit Prince. Alors ce furieux levant le poignard fur Childebert, lui dit les yeux tout étincellans de colere: ,, C'est toi qui m'as engagé à com" mettre ce crime, & tu recules; ,, meurs toi-même, ou laiffe-moi achever ce que j'ai commencé ; & lui arrachant en même-temps l'enfant, il l'égorge, & fort de la chambre pour en aller faire autant au troifiéme. Mais il avoit efté caché par des perfonnes à qui cette cruelle execution fit horreur; & ce fut apparemment par les gens de Childebert. Clotaire ne put jamais le découvrir; mais il acheva d'affouvir fa rage fur les Gouverneurs & fur les domeftiques qu'on avoit arreftez avec eux, & qui furent tous affaffinez par fon ordre. Celui qui avoit échappé eftoit Clodoalde, qui prit le parti de fe faire couper les cheveux & d'entrer, quand il fut en âge, dans les Ordres facrez. C'eft fon nom, quoique fort défiguré, que porte maintenant l'Eglife & le Village de S. Clou auprès de Paris, où il fut enterré, & où il eft aujourd'hui honoré. Heureux de n'avoir pas efté Roy; puifque cela lui fervit à fe faire Saint.

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Clotaire & Childebert s'eftoient
faifis chacun d'une partie du Royau-
me de Clodomir auffi-toft après fa
mort*,& ainfi s'il y eut encore quel-
que accord ou quelque convention
fur cela après le meurtre des jeunes
Princes, ainfi que le dit Gregoire
de Tours, ce ne fut que pour regler
quelques points particuliers, ou quel-
ques limites, ou quelques échanges
qui accommodoient l'un & l'autre, Cap.15.
que ce nouveau traité fe fit.

* Gregoire de Tours nous apprend 1. 4. c.12. qne Childebert avant la mort des jeunes Princes e toit mai-
ftre du Berry qui avoit efté aflürément du Royaume de Clodomir,

freres.

Thierri fel euft efté affez naturel que Thierreconcilie - ri Roy d'Auftrafie euft reffenti la vec ses deux mort cruelle & injufte de fes neveux, & qu'il en euft tiré vengeance; mais fans avoir participé au crime, il joüiffoit d'une partie du fruit, s'eftant, après la mort de Clodomir, emparé de l'Anjou t ; & il n'eftoit pas d'humeur à le rendre, comme il euft efté de fon devoir de le faire, fi Clodoalde fuft rentré dans la fucceffion de fon pere. Ainfi loin de prendre en main la caufe de fes neveux, il fe reconcilia avec fes deux freres. Ils fe donnerent même mutuellement en oftage, Childebert & lui, plufieurs enfans de Senateurs de leur Royaume; mais s'eftant de nouveau broüillez, ils firent efclaves, chacun de leur cofté, la plupart de ces jeu nes gens, nonobftant leur qualité; mais plufieurs d'entre eux trouverent moyen de s'évader & de regagner leur patrie.

gots.

Cap. 21.

L'union de Thierri avec Clotaire ne fut gueres plus durable. Ils avoient fait enfemble une ligue pour reprendre les Places que les Oftrogots leur avoient enlevées après la mort de Clovis, & que Thierri lui-même fe voyant le plus foible avoit depuis cedées par un traité à Theodoric. Clotaire, ainfi qu'il en eftoit convenu avec Thierri, avoit envoyé une armée de ce cofté-là fous la conduite de fon fils aîné Gunthier; & Thierri en avoit pareillement envoyé une autre fous la conduite de fon fils Theodebert.

Theodebert Gunthier s'avança jufqu'à Rodez, prend plufieurs places & fans paffer plus outre, s'en refur les Offre tourna: l'Hiftoire n'a point marqué la raifon de cette retraite. Ainfi Theodebert demeura feul à faire la guerre. Il prit cette Place que les Catholiques, qui y eftoient les plus

Vita fan&i

forts, lui rendirent malgré les Vi-
figots. Il en prit encore une autre
auprès de Befiers nommée Deas, que An 533.
les uns croyent eftre Diou, & les
autres Montadié. Il en envoya fom- Dalmatii,
mer une troifiéme de fe rendre, ap-
pellée encore aujourd'hui Cabriere,
menaçant de brûler tout le païs d'a-
lentour, fi on fouffroit l'attaque, &
de faire efclaves tous ceux qui fe
trouveroient dans le Fort.

Ce Fort ou ce Chafteau apparte-
noit à une Dame de qualité nommée
Deuterie de famille Gauloife, dont le
mari s'eftoit retiré à Befiers. Sur la
fommation de Theodebert, elle lui
envoya de fes gens pour le compli-
menter, & lui dire qu'on ne pré-
tendoit point arrester fon armée en
défendant la Place contre un Prince
invincible comme lui; qu'il pouvoit
y venir quand il le jugeroit à propos,
& qu'on lui en prefenteroit les clefs.
Theodebert eftant arrivé, Deuterie
vint au devant de lui pour le rece-
voir, & fit par fa beauté une con-
quefte de fon vainqueur. Ce Prince la
retint depuis plufieurs années auprès
de lui comme fa femme; quoi qu'el-
le euft encore fon mari, & que lui-
même fuft marié depuis peu de mois
avec la Princeffe Wifigarde, fille de
Vacon Roy des Lombards.

Concil. Aurel.

Jamais les defordres ne furent plus grands en cette matiere, qu'ils l'eftoient alors dans les Cours de France; & Theodebert ne faifoit en cela rien de pis que fon oncle Clotaire, qui Concil. Aure!. avoit épousé la femme de Clodomir 33 fon frere peu de temps après la mort 4. c. 27. & de ce Prince; quoi qu'il euft déja une Tull. an. autre femme, & il en eut trois pen- so. dant quelque temps, dont deux eftoient fœurs. Ces mauvais exemples des Princes eftoient fuivis par les particuliers, & nous voyons dans le

+ Au moins Theodebert fils de Thierri eftoit-il maistre de l'Aujou, comme il paroift par la vie de Saint Maur. Or on ne voit pas par qu'elle autre voye cette Province euft pû lui écheoir.

in Conc.

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