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gardoit pour empêcher les Auftrafiens & le Roy de Bourgogne de fe liguer contre lui: mais il fe perfuada enfin que Brunehaut pourroit avec le temps lui caufer plus de peine en demeurant dans fon Royaume, que quand elle feroit retournée chez elle ; & pour la Aa $76. féparer entierement de fon fils, il confentit à fa délivrance & la renvoya à Metz avec fes deux filles. Selon toutes les apparences Tours dont Chilperic eftoit déja maistre & qu'il continua de poffeder, lui fut cedé pour la rançon de cette Reine.

Cette Prin

ceffe declarer la Barre

Brunehaut eut moins de joye de fa La fait liberté, que de chagrin de la difpofition où elle vit la Cour de fon fils en y arrivant. Un Confeil compofé des principaux Seigneurs du Royaume s'eftoit faifi de toute l'autorité pour gouverner pendant la minorité du Prince, & elle les trouva bien refolus de ne lui en faire aucune part. Il fallut diffimuler; mais au défaut de ce qui pouvoit contenter fon ambition, elle cut au moins affez de credit pour engager le Confeil à feconder fa vengeance & fon animofité contre Fredegonde, par la guerre qu'elle fit declarer à Chilperic qui commença dèslors à douter s'il avoit bien fait de la laiffer aller. Deux des plus confiderables Seigneurs d'Auftrafie qui s'eftoient donnez à lui après la mort de Sigebert, l'abandonnerent, un defquels eftoit Sigon Referendaire ou Garde des Sceaux dont j'ai parlé; l'autre appellé Godin ayant donné avis à la Cour qu'il s'eftoit auffi échapé & qu'il eftoit fur les terres d'Auftrafic les plus proches de Soiffons, reçut ordre de fe mettre à la tefte des Troupes de Champagne, & de marcher droit à Soiffons pour y furprendre Fredegonde qui y eftoit. Cette prife auroit dédommagé Brunehaut de tous fes malheurs paffez; mais Fredegonde fut avertie & fortit promptement avec le

Prince Clovis. Merovée jugea à propos d'y demeurer, & il ne fouhaitoit rien davantage que d'y eftre pris par les Troupes d'Auftrafie.Chilperic fur Gregor. Tut cette nouvelle envoya vers le General I. cit, c. 3. Auftralien pour fçavoir le fujet qu'on avoit de recommencer la guerre, & pour lui en reprefenter les fuites.

Comme on ne répondoit que par de nouvelles hoftilitez & que l'on commençoit à former le fiege de Soiffons, il s'avança avec une Armée, attaqua celle de Champagne, la défit & entra victorieux dans fa Capitale. Enfuite perfuadé que ces nouveaux mouvemens n'avoient point d'autre cause, que les intrigues & les correfpondances qui continuoient entre le Prince Merovée & la Reine d'Auftrafic, que ce Prince n'eftoit demeuré à Soiffons que pour s'y laiffer prendre avec la Place, il lui donna des Gardes, lui fit ofter toutes fes armes fans le mettre cependant en prison, indeterminé encore fur ce qu'il en devoit faire.

Il envoya auffi-toft le Prince Clo vis en Touraine, qui ayant affemblé une Armée fur les confins de cette Province & de l'Anjou, courut tout le païs, & porta la défolation jufqu'à Xaintes, tandis qu'une autre Armée fous le commandement du General Didier s'avançoit vers Limoge.

L'armée de

Cap. 14.

An. 177.

Cependant le Roy d'Auftrafie avoit chilperic eft engagé dans fon parti fon oncle le Roy défaite. de Bourgogne, qui envoya de ce méme cofté-là le Patrice Mummol avec de nombreuses Troupes. Il prefenta la bataille à Didier qui l'accepta: elle fut extrêmement opiniaftrée & fanglante. L'Armée de Chilperic fut défaite : il en demeura vingt-cinq mille hommes fur la place, & cinq mille de celle de Mummol, qui fans pouffer plus loin fa victoire s'en retourna par l'Auvergne en Bourgogne.

plas

Cette perte irrita furicufement Chil peric contre le Prince Merovée qu'il

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Ibid.

rendoit refponfable de tous les mauvais fuccez; parce qu'il le regardoit comme l'auteur de cette guerre,& Fredegonde qui fondoit déja de grands defleins pour l'élevation de fes propres enfans fur la perte de ce jeune Prince,ne manquoit pas de profiter de cette difpofition & de tous ces foupçons du Roy: Enfin Chilperic à fa perfuafion en vint jufqu'à le desheriter. Il le fit mettre en prifon, lui fit couper les cheveux, le fit ordonner Preftre, & malgré qu'il en euft le fit reveftir de l'habit clerical. Enfuite il l'envoya avec une escorte au MonafAninfula, tere d'Anille † autrement dit S. Calais dans le païs du Maine.

Merovée fe refugie dans

Martin

S

Il eft aifé de s'imaginer la confterEglife des nation & le defefpoir, où un tel traitement jetta ce jeune Prince deftiné au Trône par fa naiffance. Son malheur neanmoins ne fut pas tout-à-fait fans reffource. Comme il approchoit du païs de Maine, Gontran-Bofon,ce General qui s'eftoit retiré & demeuroit toûjours dans l'Eglife de S. Martin, lui envoya fecretement un Soûdiacre nommé Riculphe, qui ayant trouvé moyen de lui parler, lui confeilla de fa part de tâcher à quelque prix que ce fuft, de s'échapper des mains de ceux qui le conduifoient avant que d'arriver au Monaftere, de gagner la Touraine, & s'il pouvoit, de venir fe refugier avec lui, afin de prendre des mefures ensemble pour leur feureté & leur liberté. Merovée remercia le Soûdiacre du bon fervice qu'il lui rendoit, le pria d'aller trouver de fa part un de fes domeftiques nommé Gaulen, & de concerter avec lui les moyens de le fauver. L'affaire réulit; Gaulen vint avec des hommes refolus. & bien armez donner fur l'efcorte qui n'eftoit pas fort nombreufe, & après l'avoir diffipée, enleva le Prince, lui donna un habit de Cavalier, & le conduifit jufqu'à l'Eglife de S.Martin aux

portes de Tours. Merovée s'y coula pendant qu'on difoit la grande Meffe, An. $32. & après qu'elle fut dite fe presenta devant l'Evêque Gregoire & Ragnemode Evêque de Paris qui fe trouva là pour lors, & les pria de lui prefenter des Eulogies, c'est-à-dire du Painbenit, ou de ce qui reftoit des pains offerts & non confacrez,comme à tous les autres qui avoient affifté à la Meffe.

Les deux Evêques fort furpris de cette venue & fort embaraffez, apprehendant la colere du Roy & de la Reine lui refuferent le Pain-benit. Alors le Prince prenant un ton menaçant leur demanda pourquoi ils le traitoient en excommunié, & dit qu'il alloit faire faire main-baffe par fes gens fur tous ceux qui fortiroient de l'Eglife. Les deux Prélats intimidez & pour éviter le mal le plus pressant, accorderent au Prince ce qu'il demandoit.Cette condefcendance coûta bien cher depuis à la Touraine.

Dans ce même temps un homme de qualité du païs nommé Nicete qui avoit époufé la niece de l'Evêque, eftoit fur le point d'aller à la Cour pour fes affaires particulieres. L'Evêque y envoya avec lui un de fes Diacres & le fit porteur de la nouvelle de l'éva fion de Merovée & de fa retraite dans l'Eglife de S. Martin. Fredegonde ayant appris d'eux tout le détail de cet incident, fort en colere contre l'Evêque qui avoit reçû le Prince à fa Communion, perfuada au Roy que le neveu & le Diacre de cet Évêque n'eftoient que des efpions qui venoient s'inftruire de la fituation de la Cour, pour en rendre compte à Merovée. On les mit en prifon & enfuite on les

mena en exil.

Auffi-toft on envoya ordre à l'Evêque de Tours de faire fortir de l'Eglife de S. Martin de quelque maniere que ce fuft le Prince Merovée, par la raifon que c'eftoit un Apoftat qui

avoit abandonné l'état Ecclefiaftique après l'avoir embraffé, & qui eftoit indigne de jouir du droit d'afile dans l'Eglife. L'Evêque répondit ce qu'il avoit déja répondu d'autres fois à de femblables ordres, que ce feroit un fcandale horrible, fi on voyoit un Evêque violer lui-même des franchifes jufqu'alors inviolables, & qu'il prioit le Roy de trouver bon qu'il ne hift rien en cela d'indigne de fon caractere; & cependant pour déterminer le Prince à fe retirer de l'Eglife & du païs, il lui donna avis que le Roy eftoit fur le point de venir lui-même à Tours pour se faifir de fa perfonne fans avoir égard au privilege de l'afile.

L'avis eftoit veritable; mais comme le Roy fçavoit que fon fils avoit des partifans dans la Touraine qui eftoit toûjours affectionnée à fon legitime Maistre le Roy d'Auftrafie, & qu'il y avoit aux environs de la Ville un aflez grand nombre de gens armez, il ne fe preffa pas de partir, qu'il n'euft affemblé quelques Troupes pour entrer avec elles en Touraine : ce qui donna le temps à Merovée de traiter avec Bofon pour leur retraite.

Ils ne crurent point en trouver de plus fûre que dans le Royaume d'Auftrafic, où le Prince ne doutoit pas que la Reine ne le reçuft avec joye. Tandis qu'il fe difpofoit à l'execution de ce deffein il faifoit fans ceffe des prefens au Tombeau de S. Martin. Il y veilloit, il y prioit, & l'objet de toutes fes prieres eftoit de demander au Saint qu'il le fecouruft dans l'extrêmité où il fe trouvoit, & fur tout qu'il lui fift la grace de n'eftre pas exclus de la fucceffion d'un Royaume qui lui devoit écheoir au moins en partie par le droit de fa naiflance.

Chilperic de fon cofté s'adreffoit auffi à S. Martin, & apprehendant d'une part de s'attirer fon indignatton en violant le droit d'afile attaché à fes Tome I.

Eglifes, & en même temps fouhaitant fort d'en enlever ceux qui s'y estoient refugiez, il s'avifa d'un expedient qui nous fait connoiftre les idées que les gens de Cour de ce temps-là avoient en matiere de Religion, & la fimplicité ou pluftoft la temerité de leur foy.

Chilperic écrivit une Lettre à S. Martin, où il lui propofoit cette queftion en forme de cas de confcience, fçavoir fi c'eftoit un peché d'entreprendre de retirer de l'Eglife par force

Gontran-Bofon, & le prioit de lui récrire là-deffus. Il envoya exprès un Diacre, qui mit la lettre fur le Tombeau du Saint avec un autre papier blanc, où il efperoit que S. Martin écriroit fa réponse. Le Diacre laiffa la lettre & le papier fur le Tombeau, où retournant trois jours après, il trouva l'un & l'autre comme il les avoit laiffez, & le papier fans réponse & fans écriture. En ayant rendu compte à Chilperic, ce Prince envoya à Bofon pour tirer ferment de lui qu'il ne fortiroit point de l'afile fans fa permiffion. Bofon eftoit un Capitaine de réputation, & c'eftoit pour l'empêcher de fuivre la fortune de Merovée que le Roy vouloit tirer de lui cette parole: il jura tenant la nappe de l'Autel qu'il ne fortiroit point fans ordre du Roy.

Čependant Merovée & lui toûjours inquiets de leur fort n'épargnoient rien pour en découvrir le myftere & s'inftruire de l'avenir. Bofon s'adrefla à une fameuse Magicienne ( car de tout temps les hommes & fur tout les Grands, ont efté les dupes de ces fortes de fourbes, ) & il prétendoit que quelques années auparavant, celle-ci avoit prédit précisément l'année, la jour, & jufqu'à l'heure même de la mort du feu Roy Caribert.Il l'envoya donc confulter fur fa deftinée & fur celle du Prince Merovée. Elle lui ré

Y

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Ibid.

Il évite plufieurs pieses qu'on lui iend.

Ibid.

pondit que le Roy Chilperic ne pafferoit pas l'année; que Merovée feroit que Merovée feroit bien-toft maistre de tout le Royaume; qu'il mettroit fes freres en prifon; que pour lui Bofon il feroit pendant cinq ans Lieutenant General de l'Etat ; que la fixiéme année une Ville fituée fur la Loire le demanderoit pour fon Evêque; qu'il le feroit, & qu'après l'avoir gouvernée long-temps if mourroit dans une heureufe vieilleffe.

Il n'eut pas pluftoft reçû cette réponfe, qu'il vint trouver l'Evêque de Tours pour lui en faire confidence, & fe réjouir avec lui de cette belle deftinée, en l'affeurant fur tout fans hefiter, que dans cinq ou fix ans il feroit fon fucceffeur. L'Evêque fe moqua de lui, & lui dit qu'il eftoit bien fimple d'efperer d'apprendre la verité de la bouche du perc du menfonge. Mais ce que ce faint Evêque ajoûte & écrit de lui-même à cette occafion eft digne de remarque.Il dit que quelques jours après avoir entendu ces folles prédictions, comme il dormoit dans fon lit, ayant paflé une partie de cette nuit-là en prières dans l'Eglife de S. Martin, il avoit vû en fonge un Ange volant en l'air, & qui en paffant fur cette même Eglife s'eftoit écrié d'une voix terrible & lamentable:,, Helas, helas, la ,, main de Dieu s'eft appofantie fur ,, Chilperic & fur tous fes fils: nul de ,, ceux qui vivent aujourd'huy ne

"

"

montera fur fon Trône. Soit que ce fuft un fonge, foit que ce fuft une vifion, la chofe arriva. Chilperic avoit alors quatre fils que nous verrons tous mourir les uns après les autres.

Tandis que le Prince Merovée fut en Touraine il ne s'éloigna jamais beaucoup de l'Eglife de S. Martin ayant toûjours fon monde alerte & fur les avenues pour n'eftre point furpris: il alloit feulement quelquefois à la chaffe ou à la promenade aux environs de la Ville de Tours. On ne laif

fa pas de lui tendre plufieurs pieges qu'il eut toûjours le bonheur d'éviter. Leudafte Gouverneur de Tours qui eftoit entierement dans les interests de Fredegonde, n'omit rien pour le furprendre, & lui maffacra un jour une partie de fes domeftiques qu'il avoit inveftis dans un Village, croyant que le Prince y eftoit aufli: dequoi Merovée fit auffi-toft reprefailles fur le premier Medecin du Roy qu'il enleva comme il revenoit de la Cour : il fit piller fon bagage, & y trouva beaucoup d'or & d'argent dont il avoit grand befoin.

Ibid.

Mais le plus grand peril qu'il courut fut celui où le jettà son Confident même Gontran-Bofon, homme fourbe & perfide. Fredegonde dans le temps qu'elle fembloit le pouffer plus vivement par complaifance pourChilperic, entretenoit fecretement commerce de lettres avec lui, & n'attendoit que le moment favorable pour demander fa grace. Elle lui fit fçavoir Ibid. que le moyen le plus court pour cela, eltoit d'engager le jeunePrince à quelque partie de Chaffe, où des gens qu'elle auroit tout prefts dans le païs, pûffent à coup für l'affaffiner. Il le fit & le mena à une Maifon de plaifance fur la riviere de Cher nommée Joüay pour y voler la perdrix: mais le Prince qui eftoit toûjours dans la défiance, n'ayant pris exprès qu'un habit de Chaffe fort fimple & fans aucune mirque qui le diftinguaft du commun de fes gens, ne put eftre démetié par les affaffins, qui craignant de prendre un autre pour lui, n'oferent rien entreprendre.

Bofon qui fçavoit que Fredegonde 11 fe retire ne recompenfoit les crimes qu'elle or- en Anfrafie. donnoit, que quand l'execution en eftoit heureufe, jugea qu'après avoir manqué un coup de cette importance, il ne devoit pas deformais faire grand fond fur fa faveur, & prit le parti de

Dbids

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fe refugier avec Merovée en Auftrafie. Ils marcherent en remontant la Loire fans beaucoup de danger, & ne s'en éloignerent que pour couper par Auxerre: cette Ville eftoit du Domaine du Roy de Bourgogne. Le Gouverneur ayant eu des nouvelles de la marche du Prince, lui dreffa une embufcade à fon paffage, chargea fes gens & le prit prifonnier. Le Prince fut encore affez heureux pour se fauver de fa prifon, & vint fe refugier dans l'Eglife de S. Germain.

Le Gouverneur donna auffi-toft avis de la chose au Roy Gontran fon Maître, qui lui répondit qu'il avoit trèsmal fait ; qu'il devoit laiffer paffer fon neveu, & faire semblant d'ignorer fon paffage;que fuppofé qu'il euft fait cette premiere faute, il ne devoit pas en faire une feconde en le laiffant échaper & fe refugier dans l'Eglife de S. Germain; mais qu'il avoit dû le lui envoyer bien escorté. Sur les plaintes que Chilperic lui fit de cette évafion, il ofta le Gouvernement de l'Auxerrois au Gouverneur, & le condamna à une groffe amende. Le Prince ayant efté deux mois dans cet afile fe fauva & gagna le Royaume d'Auftrafie.

Quand il y fut entré, il en fit donner avis à la Reine Brunehaut qui en eut & beaucoup de joye & beaucoup d'inquietude. Elle lui permit de veair fecretement à la Cour où il l'entretint, & la conjura par leur ancienne tendreffe de ne le pas abandonner dans fa difgrace. Elle y eftoit très-portée d'elle-même, car elle l'aimoit toûjours; mais elle n'eftoit pas encore alors la Maîtreffe du Gouvernement, comme elle le fut quelques années après;& il y avoit, ainfi que je l'ai déja dit, un Confeil compofe de plufieurs Seigneurs qui avoient toûjours la Regence de l'Etat durant la minorité du jeune Childebert.

Elle fit part à ces Seigneurs de l'ar

rivée du Prince dans le Royaume, & de l'eftat où fa mauvaise fortune l'avoit reduit. On n'ignoroit pas les raifons qu'elle avoit de prendre en main fa défenfe, & de lui procurer la protection du Roy fon fils: mais une partie de ces mêmes raifons faifoit conclure aux Seigneurs à ne le pas recevoir.

Le mariage de ce Prince avec la Reine le leur faifoit regarder comme un nouveau Roy qu'ils admettroient dans le Royaume, & dont les interefts feroient bien differens des interefts de celui dont ils eftoient les tuteurs. Ils confideroient que cette démarche alloft attirer à l'Etat une guerre cruelle & opiniaftre; qu'un Prince du caractere de Merovée ne feroit pas d'humeur à fuivre leurs impreffions & à fe gouverner par leurs avis; que s'ils entroient une fois dans fa querelle, ils ne pourroient pas lui refufer le commandement des Armées qu'il faudroit avoir fur pied pour la foûtenir; que Brunehaut dont ils connoiffoient l'ambition, ne manqueroit pas une fi belle occafion de fe rendre Maistreffe des affaires & de s'attirer toute la puiffance, après quoi de Gouverneurs du Royaume & de Tuteurs du Roy, ils deviendroient les efclaves de la Reine.

Par toutes ces raifons ils lui declarerent qu'il n'eftoit ni du bien de l'Etat, ni de l'avantage du Roy de retenir Merovée dans le Royaume, & qu'il falloit qu'il en fortift au plustost. On s'en tint là, & le Prince fut contraint de se retirer.

On Poblige d'en fortir. Greg.Turon loc. cit. an

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Cependant les Troupes que Chilperic avoit fait marcher vers la Touraine y arriverent, & en y vivant à difcretion punirent cruellement les peuples d'une faute dont ils estoient fort innocens. Mais de peur que Me- Ibid. rovée ne vinft encore fe refugier dans l'Eglife de S. Martin, comme le bruit cap. 19 couroit qu'il en avoit le deffein, le

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