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Saint-Bernardo, Garessio, sont hors de cette ligne et appartiennent naturellement à l'ennemi; mais Ormea est couvert : cette ligne est extrêmement forte, son étendue est considérable, cinq ou six lieues; mais presque partout elle est inabordable: elle ne peut être attaquée que par de Sucarello où est le château de gorge ce nom, qu'on arma; ce fut un excellent poste de bataille. Dans le courant de juillet, août et septembre, Devins projeta plusieurs fois d'attaquer cette ligne; il ne l'osa jamais sérieusement. De Sucarello, une ligne aboutit à Albenga, passant derrière le petit ruisseau de l'Arosoia; c'est une bonne position dans le cas où la partie de la ligne de Sucarello à Borghetto serait forcée.

La position de Monte-Grande, qui s'attache au col de Pizzo et au col de Mezza-Luna et s'appuie à la mer derrière Saint-Lorenzo, est une ligne beaucoup moins bonne, mais encore trèsforte. Celle qui appuie sa droite à l'embouchure de la Taggia, son centre à Monte-Ceppo, et sa gauche à Monte-Tanardo et au col Ardente, d'où elle communique avec le col de Tende, est moins forte que celle de Borghetto, mais plus forte que celle de Monte-Grande. La première ligne couvre Oneille et toutes les positions de la rivière, d'Oneille à Borghetto. La deuxième

couvre Oneille et Ormea et tous les débouchés du Tanaro. La troisième couvre toute la partie de la rivière du Ponent, d'Oneille à Saint-Remo cette ligne a cela de particulier qu'elle peut défendre Saint-Remo, et que, si on y est forcé, on peut évacuer cette ville et s'appuyer à Ospitaletto entre elle et Bordeghera, sans que la ligne soit moins bonne. L'ennemi peut tourner la première ligne en débouchant par la vallée du Tanaro, et en s'emparant du MonteAriol et menaçant alors de tomber sur le MonteGrande et sur Oneille; mais Ormea et le MonteAriol sont si près de la ligne, que les réserves peuvent servir à la défense de ces positions. Elle peut aussi être tournée par le col de Tende; mais ce serait changer le théâtre de la guerre; l'ennemi ne pourrait faire un si grand mouvement sans qu'on en fût instruit, ce qui permettrait de choisir le moment où ses troupes seraient en marche, pour attaquer et détruire ce qu'il aurait laissé devant la ligne de Borghetto. La deuxième ligne et surtout la troisième ont cela d'avantageux qu'elles ne peuvent pas être tournées par la vallée du Tanaro qui est en dehors; qu'elles se rattachent au col Ardente, c'est-àdire jusqu'au col de Tende; que le col Ardente et la Tanarda non-seulement concourent à la défense du col de Tende, mais même, le col de

Tende forcé, prennent de revers, avant le défilé de Saorgio, la route qui conduit à Nice. A ne considérer donc que la seule défense du comté de Nice, la ligne de la Taggia serait la meilleure, parce que toutes les troupes seraient concentrées et à portée de défendre le col de Tende.

§ VIII.

Le gouvernement jugea le commandement de l'armée d'Italie au-dessus des forces de Kellermann; il l'envoya en septembre commander l'armée des Alpes, et confia l'armée d'Italie au général Schérer qui commandait l'armée des Pyrénées-Orientales, devenue inutile par la paix conclue avec l'Espagne. Schérer mena en Italie un renfort de deux divisions de bonnes troupes. L'armée autrichienne avait été également renforcée; elle n'avait pas rempli dans la campagne de 1795 l'espérance de sa cour: mais cependant elle avait eu des succès importants; elle s'était emparée de la position de Saint-Jacques et de Vado, interceptait Gênes et était en communication avec l'escadre anglaise. Au commencement de novembre, l'armée française occupait toujours la ligne de Borghetto avec cinq divisions; celle de gauche, sous les ordres du géné

ral Serrurier, était à Ormea; deux, sous les ordres des généraux Masséna et Laharpe, étaient à Sucarello et Castel-Vecchio; deux, sous les ordres des généraux Augereau et Soret, étaient vis-à-vis de Borghetto, ce qui formait une force active de 35 à 36,000 hommes. L'armée autrichienne avait son quartier-général à Finale; sa droite, composée de Piémontais, était à Garessio; son centre, commandé par Argenteau, à Rocca-Barbene, et sa gauche, toute composée d'Autrichiens, en avant de Loano, où elle avait construit beaucoup de redoutes pour défendre la plaine. Ses forces en ligne étaient de 45,000 hommes; les maladies de l'automne lui faisaient éprouver des pertes considérables, ainsi qu'à l'armée piémontaise. L'armée française avait beaucoup de peine à vivre; la saison déjà avancée lui faisait désirer de prendre ses quartiers d'hiver. Schérer se décida à risquer une bataille qui les rendît sûrs et rétablît la communication avec Gênes, en obligeant l'ennemi à hiverner au-delà des montagnes.

Le 21 novembre au soir, Masséna se mit en mouvement avec sa division et celle de Laharpe; à la pointe du jour, il attaqua le centre de l'ennemi placé à Bocca-Barbene, le culbuta, le poursuivit l'épée dans les reins, le jeta dans la Bormida, s'empara de Melogno et vint finir la journée

en bivouaquant son avant-garde sur les hauteurs de Saint-Jacques; le 22 à la pointe du jour, il escarmoucha avec la droite de l'ennemi et tint en respect toute l'armée piémontaise; Augereau déboucha par Borghetto, attaqua la gauche, et s'empara de toutes les positions. L'ennemi précipita sa retraite sur Finale, et la continua sur Savone en toute hâte, lorsqu'il se vit prévenu par Masséna sur le sommet de Saint-Jacques. Serrurier, qui par ses bonnes manoeuvres avait contenu des troupes doubles des siennes sans éprouver d'échecs notables, fut renforcé de deux brigades dans la journée du 23. Le 24, il attaqua sérieusement à son tour et rejeta l'armée piémontaise dans le camp retranché de Ceva. Les armées autrichienne et sarde firent des pertes très considérables; la plus grande partie de leur artillerie, des magasins, des bagages et 4,000 prisonniers restent dans les mains du vainqueur. L'armée française se couvrit de gloire dans cette journée. L'armée autrichienne abandonna toute la rivière de Gênes et alla prendre ses quartiers d'hiver au-delà de l'Apennin. L'une et l'autre armée entrèrent dans leurs quartiers d'hiver. Les communications des Français furent libres. Le quartier-général retourna à Nice. Ainsi finit l'année 1795.

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