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et détruites; les ennemis occupèrent les îles

d'Hyères.

§ II.

Aussitôt

que le général Cartaux fut instruit de l'entrée des Anglais à Toulon, il porta son quartier-général à Cuges et son avant-garde au Beausset. Les habitants de ces deux petites villes s'armèrent et montrèrent beaucoup de zèle; sa division se montait en tout à 12,000 hommes de bonnes et mauvaises troupes, sur lesquelles il fut obligé d'en laisser 4,000 à Marseille et sur les différents points de la côte; il n'osa point, avec 8,000 hommes qui lui restaient, passer les gorges, il se contenta de les observer. Mais les représentants, Fréron et Barras, arrivés à Nice, requirent le général Brunet, commandant l'armée d'Italie, de détacher 6,000 hommes contre Toulon. Le général Lapoype chargé du commandement de ce détachement plaça son quartier-général à Solliès et ses avantpostes à la Vallette; les divisions Cartaux et Lapoype n'avaient aucune communication entre elles, elles étaient séparées par le groupe montagnes du Faron. Cependant dès que Cartaux se vit soutenu par la division Lapoype, il attaqua les gorges d'Olioules, s'en empara le 8

des

septembre après un combat de quelques heures, porta son quartier-général au Beausset et son avant-garde au-delà des gorges d'Olioules. Le chef de bataillon Dammartin, commandant de l'artillerie, officier distingué, fut dans le combat grièvement blessé. Les divisions de Cartaux et de Lapoype étaient indépendantes : elles appartenaient à deux armées différentes; la première à l'armée des Alpes, la seconde à l'armée d'Italie. Lapoype avec sa droite observait le fort et la montagne de Faron, avec son centre couvrait la chaussée de la Vallette, et avec sa gauche observait les hauteurs du cap Brun; il ré-. arma le fort de Brégançon et les batteries de la rade d'Hyères. Cartaux avec sa gauche bloqua le fort de Pomets, avec son centre les redoutes Rouge et Blanche, avec sa droite le fort Malbosquet: sa réserve occupa Olioules, et un détachement les Six-Fours; il fit réarmer les batteries de Saint-Nazaire et de Bandol. L'ennemi resta maître de toute la montagne de Faron jusqu'au fort Malbosquet, de toute la presqu'île des Sablettes et du promontoire du Caire jusqu'au village de la Seine.

§ III.

La trahisou qui avait mis au pouvoir des Anglais la flotte de la Méditerranée, l'arsenal et

la ville de Toulon, consterna la convention; elle nomma le général Cartaux commandant en chef l'armée de siége. Le comité de salut public fit demander un ancien officier d'artillerie capable de diriger l'artillerie du siége: Napoléon fut désigné, il était alors chef de bataillon d'artillerie; il reçut l'ordre de se rendre en toute diligence au quartier-général de l'armée devant Toulon pour y organiser le parc et l'artillerie : il arriva au Beausset le 12 septembre et se présenta au général Cartaux dont il ne tarda pas à reconnaître l'incapacité.

Le colonel commandant la petite colonne envoyée contre les fédéralistes, cet officier venait d'être promu, dans l'espace de trois mois, aux grades de général de brigade, général de division, et de général en chef; il n'avait aucune notion d'une place et des opérations d'un siége. L'artillerie de l'armée consistait en deux batteries de campagne, que commandait le capitaine Sugny, venu de l'armée d'Italie avec le général Lapoype; et trois batteries d'artillerie à cheval que commandait le chef de bataillon Dommartin absent, ayant été blessé au combat d'Olioules, et qui étaient alors dirigées par d'anciens sergents d'artillerie, et en huit pièces de canon de 24 tirées de l'arsenal de Marseille. Depuis vingt-quatre jours que Toulon était au

pouvoir de l'ennemi, rien n'avait encore été fait pour organiser l'équipage de siége. Le 13 septembre à la pointe du jour, le général en chef conduisit Napoléon à une batterie qu'il avait fait établir pour brûler l'escadre anglaise. Cette batterie était placée au débouché des gorges d'Olioules, un peu à droite de la chaussée sur une petite hauteur à deux mille toises du rivage de la mer; elle était composée de huit pièces de 24, qu'il supposait devoir brûler l'escadre mouillée à quatre cents toises du rivage, c'està-dire à une grande lieue de la batterie. Les grenadiers de Bourgogne et du premier bataillon de la Côte-d'Or, disséminés dans les bastides voisines, étaient occupés à chauffer les boulets avec des soufflets de cuisine; il est difficile de s'imaginer rien de plus ridicule.

Napoléon fit parquer les huit pièces de la batterie de 24, prit toutes les mesures pour organiser l'artillerie, et en moins de six semaines, il réunit cent pièces de gros calibre, des mortiers à grande portée, des pièces de 24, abondamment approvisionnés; il organisa des ateliers, fit rappeler plusieurs officiers du corps d'artillerie qui, par les événements de la révolution, s'étaient retirés dans leurs foyers, entre autres le chef de bataillon Gassendi, qu'il mit à la tête de l'arsenal de Marseille. Il établit deux ..

batteries sur le bord de la mer, dites batteries de la Montagne et des Sans-Culottes; ce qui obligea, après de vives canonnades, les vaisseaux ennemis à s'éloigner et à évacuer la petite rade. Aucun officier du génie n'était attaché au siége dans ces premiers moments. Il était obligé de faire le service de commandant du génie et de l'artillerie, de directeur du parc; il allait tous les jours aux batteries.

§ IV.

Le 14 octobre, les assiégés firent une sortie au nombre de 4,000 hommes pour s'emparer de la batterie de la Montagne et de celle des SansCulottes qui inquiétaient leurs escadres. Une colonne déboucha par le fort de Malbosquet, et prit position à mi-chemin de Malbosquet à Olioules; une autre longea la mer pour arriver au cap Brega où étaient placées ces batteries. Napoléon accourut au milieu du feu avec l'aidede-camp de Cartaux, Almeiras (bon officier, depuis général de division). Il avait déjà inspiré une telle confiance aux troupes, qu'aussitôt qu'elles l'aperçurent, il y eut un cri unanime. pour lui demander des ordres. Il fut ainsi investi par le vœu du soldat de l'exercice du commandement, quoiqu'il y eût des généraux pré

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