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Les factions de la Gironde et de la Montagne étaient trop acharnées; si elles se fussent maintenues, l'administration eût été entravée, et la république n'eût pas pu lutter contre l'Europe conjurée contre elle. Le bien de la patrie voulait qu'une des deux triomphât. Au 31 mai la Gironde succomba, et la Montagne gouverna sans opposition. Le résultat est connu : les campagnes de 1793 et 1794 ont sauvé la France de l'invasion étrangère.

Aurait-on obtenu le même résultat, si la Gironde l'eût emporté, et que la Montagne eût été sacrifiée au 31 mai? Nous ne le pensons pas. Le parti de la Montagne comprimé eût toujours conservé une grande influence dans Paris, dans les sociétés populaires et dans les armées, ce qui eût conseillé à la Gironde de conserver plus de ménagement pour les partis ennemis de la révolution, et essentiellement diminué l'énergie de la nation, tout entière nécessaire dans les circonstances. L'on comptait, sans doute, plus de talents dans la Gironde que dans la Montague; mais la Gironde était composée d'hommes plus spéculatifs, ayant moins de caractère et une volonté moins décidée; ils enssent gouverné avec plus de douceur, et il est probable qu'on n'eût vu sous leur règne qu'une partie des excès auxquels s'est porté le gou

vernement révolutionnaire de la Montagne ; ils dominaient dans les villes de Lyon, Marseille, Toulon, Montpellier, Nîmes, Bordeaux, Brest, et dans plusieurs provinces. La Montagne avait son foyer dans la capitale, et elle était appuyée par tous les jacobins de France. Elle triompha le 31 mai : vingt-deux députés, chefs de la Gironde, furent proscrits. Soixante-dix départements indignés coururent aux armes; le peuple de Paris avait, disaient-ils, usurpé la souveraineté nationale: ils levèrent des bataillons et commencèrent la guerre civile; mais la Montagne, maîtresse de la convention, soutenue par les sociétés populaires et par les armées, disposant en outre du trésor et de la planche aux assignats, se joua des vaines menaces des fédéralistes. La petite armée que le Calvados fit marcher sur Paris fut défaite par quelques escadrons de gendarmes; en peu de semaines toute la république fut pacifiée, hormis Lyon, Marseille, Toulon, et quelques villes du Languedoc. Lyon, assiégée par une partie de l'armée des Alpes et par des bataillons de volontaires levés en Bourgogne et en Auvergne, fit une longue et brillante résistance; sa garde nationale était organisée de longue main; 3,000 réfugiés des provinces du midi, parmi lesquels se trouvait bon nombre d'anciens officiers, s'y

étaient enrôlés. Marseille et Toulon firent marcher 6,000 gardes nationaux; Montpellier et Nimes 4,000. Ces deux divisions devaient se réunir à Orange, et de là se porter au secours de Lyon. Les représentans du peuple à l'armée des Alpes détachèrent de Grenoble 2,000 hommes d'infanterie de ligne, 500 Allobroges à cheval et deux batteries d'artillerie, sous les ordres du colonel Cartaux. Cette petite colonne descendit la rive gauche du Rhône, rencontra l'avant-garde des Marseillais à Orange, la mit en fuite, se porta sur le Pont-Saint-Esprit, dispersa l'avant-garde des Nimois, occupa le château, et ayant marché sur Avignon, en chassa, le 16 juillet, l'armée marseillaise, qui repassa en toute hâte la Durance. Cartaux s'empara d'Aix le 20 août, attaqua le camp des fédérés, retranché et armé de vingt pièces de gros canon, le força et entra dans Marseille, qui était en proie à toutes les fureurs de la guerre civile.

Les sections n° 9, 11, 12, 13, 14, s'étaient déclarées pour la Montagne; elles avaient sommé la municipalité de reconnaître la convention, ce qui avait été rejeté avec indignation; on avait couru aux armes. Le combat durait encore, lorsque les fuyards du camp de Septem annoncèrent la perte de la bataille; au même moment les Allobroges se saisirent de la porte

d'Aix; les chefs des fédéralistes épouvantés, se réfugièrent à Toulon, accompagnés d'un millier d'hommes.

L'on avait su à Toulon, le 22 août, l'entrée de Cartaux à Aix; à cette nouvelle, les sections ne gardèrent plus de mesure; elles arrêtèrent et enfermèrent au fort de la Malgue les représentants du peuple Bayle et Beauvais, qui y étaient en mission; les représentants Fréron, Barras et le général Lapoype, se sauvèrent à Nice, quartier-général de l'armée d'Italie. Les autorités de Toulon étaient toutes compromises: elles avaient également pris part à la révolte; la municipalité, le directoire du département, l'ordonnateur de la marine, la plupart des employés de l'arsenal, le vice-amiral Trogoff. commandant l'escadre, une grande partie des officiers, tous se sentaient également coupables; et sachant à quels ennemis ils avaient à faire, ils ne virent plus de salut pour eux que dans la trahison. Ils livrèrent l'escadre, le port, l'arsenal, la ville, les forts, aux ennemis de la France. L'escadre, forte de dix-huit vaisseaux de ligne et de plusieurs frégates, était mouillée en rade; trahie par son amiral, elle resta fidèle et se défendit contre les flottes anglaise et espagnole; mais abandonnée par la terre, menacée par ces mêmes batteries de côte qui devaient la pro-.

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téger, elle céda. Les amiraux anglais et espagnol occupèrent d'abord Toulon avec 5,000 hommes qu'ils détachèrent de leurs équipages; ils y arborèrent le pavillon blanc, et en prirent possession au nom des Bourbons; il leur arriva des troupes d'Espagne, de Naples, de Piémont, de Gibraltar à la fin de septembre la garnison était de 14,000 hommes, 3,000 Anglais, 4,000 Napolitains, 2,000 Sardes et 5,000 Espagnols. Ils désarmèrent alors la garde nationale de Toulon, qui leur était devenue suspecte, licenciérent les équipages de l'escadre française, embarquèrent 5,000 matelots bretons ou normands, qui leur donnaient de l'inquiétude, sur quatre vaisseaux de ligne français qu'ils armèrent en flûte et qu'ils envoyèrent à Rochefort et à Brest. L'amiral Hood sentit le besoin, pour assurer son mouillage dans les rades, d'établir des fortifications sur la hauteur du cap Brun qui domine la batterie de côte de ce nom, et sur la sommité du promontoire du Caire, qui commande les batteries de l'Éguillette et de Balaguier, lesquelles maîtrisent la grande et petite rade. La garnison s'étendit d'un côté jusqu'à Saint-Nazaire et au-delà des gorges d'Olioules, de l'autre jusqu'à la Valette et Hyères : toutes les batteries de côte depuis celles de Bandol à celles de la rade d'Hyères, furent désarmées

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