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se sentait innocent. Cependant ce tribunal fit arrêter plusieurs personnes qui, par divers accidents, n'avaient pu suivre l'ennemi, et les fit punir en expiation de leurs forfaits. Mais huit ou dix victimes étaient peu; on eut recours à un moyen affreux qui caractérise l'esprit de cette période on fit publier que tous ceux qui avaient eu de l'emploi dans l'arsenal du temps des Anglais, eussent à se rendre au Champ-deMars, afin de donner leurs noms; on leur insinua que c'était pour les réemployer; à peu près deux cents personnes, chefs-ouvriers, petits commis et autres gens subalternes, s'y rendirent de bonne foi; on prit leurs noms, on constata qu'ils avaient conservé leurs emplois sous le gouvernement anglais, et aussitôt le tribunal révolutionnaire, en plein champ, les condamna à mort. Un bataillon de sansculottes et de Marseillais, commandé à cet effet, les fusilla Cette action n'a pas besoin de commentaire; mais c'est la seule exécution que l'on ait faite à Toulon il est faux qu'on ait mitraillé qui que ce soit, le commandant d'artillerie et les canonniers de ligne ne s'y fussent pas prêtés. A Lyon, ce furent les canonniers de l'armée révolutionnaire qui commirent ces horreurs. Depuis, un décret de la convention donna au port de Toulon le nom de Port de

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la Montagne, et ordonna que tous les édifices publics fussent démolis, excepté ceux jugés nécessaires pour la marine et le service public.

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Ce décret extravagant fut mis à exécution, mais avec beaucoup de lenteur; cinq ou six maisons seulement furent démolies, et peu de temps après reconstruites. L'escadre anglaise séjourna un mois ou six semaines dans la rade d'Hières; c'était un objet d'inquiétude : on n'avait aucun mortier dans Toulon qui pût lancer des projectiles au-delà de quinze cents toises, et l'escadre était mouillée à deux mille quatre cents du rivage. Si l'on eût eu alors quelques mortiers à la Villantroys, et tels qu'on s'en est servi depuis, on l'aurait empêchée de mouiller dans la rade. Enfin, après avoir fait sauter les forts de Porquerolles et de Porteros, l'ennemi se retira dans la rade de PortoFerrajo, où il débarqua une grande partie des émigrés toulonnais.

La nouvelle de la prise de Toulon, au moment où on s'y attendait le moins, fit un effet prodigieux dans toute la France et dans toute l'Europe. Le 25 décembre, la convention ordonna une fète nationale : la prise de Toulon fut le signal des succès qui ont illustré la campagne de 1794. Peu de temps après, l'armée du Rhin reprit les lignes de Weissembourg et dé

bloqua Landau. Dugommier, avec une partie de l'armée, partit pour les Pyrénées-Orientales, où Doppet ne faisait que des sottises. Une autre partie de cette armée fut envoyée dans la Vendée; beaucoup de bataillons retournèrent à l'armée d'Italie. Dugommier donna l'ordre à Napoléon de le suivre, mais il arriva d'autres ordres de Paris, qui le chargèrent de réarmer d'abord les côtes de la Méditerranée, spécialement Toulon, et de se rendre ensuite à l'armée d'Italie, pour y commander l'arme de l'artillerie.

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A ce siége a commencé la réputation de Napoléon. Tous les généraux, représentants et soldats qui avaient entendu les avis qu'il avait donnés dans les différents conseils, trois mois avant la prise, ceux qui avaient été témoins de son activité, présagèrent la carrière militaire qu'il a depuis remplie. Dès ce moment, la confiance de tous les soldats d'Italie lui fut acquise. Dugommier écrivit au comité de salut public, en demandant pour lui le grade de général de brigade, ces propres mots : Récompensez et avancez ce jeune homme, car si on était ingrat envers lui, il s'avancerait tout seul. A l'armée des Pyrénées, Dugommier parlait sans cesse de son commandant d'artillerie de Toulon, et en avait inculqué une haute opinion

dans l'esprit des généraux et officiers, qui, depuis, de l'armée d'Espagne se rendirent en Italie. De Perpignan il lui envoyait des courriers à Nice lorsqu'il remportait des succès.

S X.

1o Il y a trois espèces de batteries de côtes: celles de la première classe sont destinées à défendre un port ou une rade où peut mouiller une escadre; celles de la seconde classe à défendre un port marchand ou une rade où peuvent mouiller seulement les bâtiments de commerce; enfin, celles de troisième classe, dont le but est de protéger le cabotage. Les batteries de première classe doivent être composées de douze pièces de 36, quatre pièces de 16 ou de 18 en bronze, avec un gril à boulets rouges, quatre mortiers de douze pouces à la Gomer; total; vingt bouches à feu, indépendamment de huit pièces de campagne, trois de 6, trois de 12, et deux pour défendre la gorge de la plage voisine et flanquer la batterie. Ces batteries doivent avoir, à la gorge, une tour du modèle n° 1, armée de quatre caronades de 24 ou quatre pièces de 12 sur sa plate-forme, et contenant un logement pour 60 hommes; un magasin de vivres capable de contenir le bis

cuit, la farine, les légumes, le vin, la viande salée, l'huile, le tabac pour 120 hommes pendant vingt jours; un magasin à poudre, capable de contenir les poudres et gargousses pour quatre mille coups de canon, ou deux cents coups par pièce; un petit atelier pouvant contenir une forge, le charbon, les outils, les fers, les pièces de rechange, pour réparer les affûts. Cette tour doit avoir deux étages, au moins vingt-quatre pieds de haut, un fossé, une contrescarpe, un chemin couvert avec places d'armes, dans l'une desquelles un puits ou citerne.

2o Les batteries de seconde classe doivent être, composées de quatre pièces de 24, deux de 16, un gril, deux mortiers; total, huit bouches à feu, indépendamment de deux pièces de campagne au moins; elles doivent avoir une tour du modèle n° 2, qui porte deux caronades de 18 sur sa plate-forme, ou deux pièces de 6, et qui contienne un logement pour 25 hommes; un magasin de vivres pour 48 pendant dix jours; un magasin de poudre pour seize cents coups, un petit atelier sans forge, mais contenant les pièces de rechange en fer et en bois, 5, pour la réparation des affûts; un fossé sans contrescarpe avec chemin couvert, puits ou citerne.

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