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au 5e dragons de passer la rivière, de joindre la colonne ennemie, et de mettre, s'il le fallait, pied à terre pour achever sa déroute. Un détachement du 10° chasseurs suit immédiatement le 5o dragons, la cavalerie républicaine serre la colonne ennemie à portée du pistolet; mais tout à coup un pontlevis se baisse, et deux canons chargés à mi< traille, qui défendent le petit fort de Covelo, suspendent un instant la marche des Français. La place était brûlante, plusieurs chevaux sont mis hors de combat. Deux sous-officiers du 5o dragons sont tués; le chef de brigade commande qu'on appuie un peu à gauche, et en même temps il ordonne à vingt-cinq dragons de mettre pied à terre, de gravir le rocher voisin à gauche, et de tirer sur les canonniers autrichiens pour ralentir le feu de l'ennemi et donner le temps à l'infanterie d'arriver et de tourner le petit fort de Covelo. Le général Verdier se met à la tête de l'infanterie légère et fait dépasser le fort; les Autrichiens évacuent avec précipitation de crainte d'être cernés. Ils nous abandonnent une pièce de canon et laissent quelques morts auprès des portes, que les républicains brisent sur-le-champ. La colonne ennemie fait mine un instant de s'arrêter sur une petite hauteur qui est à Trecille, entre la rivière et le

grand chemin, elle en est encore chassée, et se décide à faire sa retraite dans le grand village de Lumone.

L'infanterie autrichienne, au nombre de trois mille hommes, occupe la route et les hauteurs de la droite, en avant du village; cent cinquante hussards ennemis sont en bataille sur la gauche, dans une petite plaine entre la rivière et le grand chemin. Entre la cavalerie et l'infanterie se trouvent huit pièces de canon et des caissons. Le chef de brigade du 5o dragons reçoit l'ordre de tomber sur l'ennemi et de l'inquiéter dans sa retraite. Le régiment part à l'instant longe un moment la rive droite de la rivière, suivi d'une cinquantaine de carabiniers, qui, pour marcher plus vite, se prennent à la queue des chevaux. Au lieu de prendre par la tête de la colonne ennemie, le 5e dragons passe la rivière plus bas pour lui couper la retraite, avec les cinquante braves carabiniers, dont une partie monte en croupe, et dont l'autre s'attache aux crins des chevaux et se laisse entraîner sur l'autre bord. Le petit nombre de carabiniers est mis en embuscade dans des saules, et tandis qu'il font feu sur les hussards de Wurmser qui s'ébranlent, le 5e dragons se précipite sur la cavalerie et l'artillerie ennemies qui s'embarrassent ensemble. Le guidon des hussards est pris

dans les rangs, entre les mains de celui qui le porte et qui est tué d'un coup de sabre. Plusieurs hussards ennemis s'enfuient du côté de leur infanterie, qui déjà était atteinte en tête par la nôtre; par cette manoeuvre audacieuse, la retraite est coupée à 3,000 fantassins, qui sont faits prisonniers avec une quinzaine de hussards hongrois: 8 pièces de canon et 15 caissons restent en notre pouvoir. Dans cette glorieuse journée, le 5o de dragons remit entre les mains du général en chef sept drapeaux et un guidon qu'il avait arrachés à l'ennemi; secondé par un détachement du 10° de chasseurs, et quelques hussards du 1er régiment, il ramassa encore les débris de l'ennemi et poursuivit le reste jusqu'au premier village vénitien, qu'un pont sépare de la grande route.

AFFAIRE DE LA BRENTA ET BASSANO.

Le 22 fructidor, à la pointe du jour, le général en chef partit avec les dragons du 5e qui portaient les drapeaux pris la veille aux ennemis, et qui exposés aux regards des colonnes d'attaque, étaient pour elles le signal des nouvelles victoires qui devaient couronner cette belle journée.

Le général Augereau faisait filer son infan

terie légère sur la rive gauche de la Brenta, et la brave quatrième demi-brigade d'infanterie de bataille, commandée par l'intrépide Lannes, devait attaquer et prendre toutes les positions de la rive droite, où l'ennemi avait ses troupes d'élite. Une vive fusillade et canonnade se fait entendre de tous côtés; mais la 4o de bataille, malgré la difficulté du terrain, cherche à se mêler avec les bataillons autrichiens, au milieu de leur feu. Ceux-ci, ébranlés d'une résolution aussi hardie, font un mouvement rétrograde; alors, le brave Lannes, chef de brigade, et Frère, chef de bataillon, qui fut blessé, donnent l'exemple et s'élancent avec les grenadiers au milieu des rangs de l'ennemi. Celui-ci pressé foulé dans un étroit sentier, jette bas les armes au nombre de deux mille, et se rend prisonnier, non sans avoir perdu beaucoup de monde et avoir blessé une trentaine de nos compagnons d'armes. Trois drapeaux, des canons et des caissons furent pris à l'ennemi sur le même chemin.

Les autres colonnes de l'ennemi, voyant que les hauteurs et les rochers ne peuvent les sauver de l'adresse et de l'intrépidité française, se sauvent à Bassano derrière le pont, où plusieurs pièces de canon sont en batterie. Le général ordonne qu'on profite de l'avantage et de la ter

reur; le chef de brigade Lannes se précipite au pas de course avec sa brave infanterie, fait croiser la baïonnette, et, sans donner le temps de la réflexion à l'ennemi, enfile le pont, tombe sur les pièces qui n'ont pas le temps de faire feu, et s'élance en vainqueur au milieu des grenadiers hongrois, dont deux bataillons sont faits prisonniers; les pièces sont prises, et deux drapeaux sont arrachés à l'ennemi vaincu par les mains du chef de brigade Lannes. Le brave capitaine du 5o de dragons Bauvion, qui depuis a été tué si honorablement, marche à l'attaque du pont à côté de son ami, l'intrépide Lannes. Le pont de Bassano emporté, l'alarme et la déroute des Autrichiens sont complètes. Le quartier-général impérial, qui se voit assailli jusque dans son sein, s'enfuit de Bassano sur la route de Citadella avec tous les équipages et le pare d'artillerie. Le général en chef Bonaparte, du haut d'une montagne près de Bassano, saisit d'un coup d'oeil l'ensemble des deux armées; il ordonne au chef de brigade du 5o régiment de dragons, qui était à côté de lui, de fondre avec la rapidité de l'aigle dans la plaine, et d'achever le désordre au milieu des rangs de l'ennemi, qui fuit de toute part. A l'instant cet ordre est exécuté; les dragons du 5e régiment traversent Bassano, remplacent un détachement des guides

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