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RETRAITE DES LIGNES DE L'ADIGE.

BATAILLE DE CASTIGLIONE, DE LA CHIESA ET MODOLI.

Depuis long-temps Wurmser, général en chef de l'armée autrichienne, combinait les moyens de délivrer Mantoue et de chasser les Français de l'Italie; ayant une armée formidable, renforcée de nouvelles troupes arrivées des bords du Rhin et des frontières de la Turquie, il avait conçu un plan vaste, qui renfermait à la fois de grandes dispositions d'attaques générales et de division, d'un vieux partisan expérimenté.

La position importante de la Corona, gardée par la division Masséna, fut vigoureusement attaquée par des forces supérieures. Deux fois l'ennemi fut repoussé avec de grandes pertes; mais enfin la troisième fois, le nombre l'emporta, et nos avant-postes furent pris par les troupes impériales.

Le général en chef Bonaparte, qui avait le dessein de renforcer la ligne de l'Adige ou de la passer lui-même pour aller attaquer l'ennemi, avait ordonné d'établir son quartier-général à un château près de Vérone, derrière l'Adige. Il allait ainsi se trouver au centre et à portée

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des divisions autrichiennes. La division Augereau défendait la position de Legnago.

Plusieurs demi-brigades, sous les ordres des généraux Rampon et Cervoni, défendaient Vérone et les environs. La cavalerie et l'artillerie légère étaient campées en réserve à Valezo, entre Vérone et Legnago, à portée de marcher rapidement sur touts les points de la ligne, en cas d'attaque ou de surprise.

Le général en chef s'était rendu avec précipitation de Brescia à son nouveau quartier-général près de Vérone. Le 5e régiment de dragons et quatre pièces d'artillerie légère devaient composer la garde de ce nouveau quartiergénéral, avec un bataillon de grenadiers.

Le général en chef fit la visite de tous les avant-postes en avant de Vérone; il allait prendre des mesures pour rendre à l'ennemi attaque pour attaque, lorsqu'il apprit qu'une colonne de dix mille Autrichiens s'était portée par des chemins de traverse sur Brescia, place qui n'est pas tenable et qui fut vraiment surprise. Cette pointe inattendue, qui menaçait à la fois le siége de Mantoue et les derrières de l'armée, changea tout à coup les intentions du général Bonaparte. Son génie actif lui fit concevoir et exécuter à la fois le plan de réunir toute son armée dans une situation où il

pût livrer une bataille générale et décisive à l'ennemi, et l'attirer enfin dans la plaine que le préjugé et le sot orgueil des tacticiens royalistes préconisaient au commencement de la révolution devoir être si funeste aux armées républicaines. Il ordonna sur-le-champ la retraite des lignes de l'Adige, et à la division du général Augereau de se porter à marche forcée, et avec cette rapidité qui caractérise l'armée d'Italie, sur la colonne ennemie de Brescia et de l'écraser avant qu'elle pût être secourue par la grande armée de Wurmser; ce qui réussit en effet, et fit tourner à l'avantage de notre armée, promptement réunie, la diversion de cette colonne qui aurait dû nous être fatale, et dont la défaite diminua le nombre des troupes impériales.

Le siége de Mantoue donnait les plus belles espérances; jamais on n'avait réuni plus de moyens soit en artillerie, soit en dispositions militaires, pour réduire promptement une des plus formidables forteresses du monde.

Le général Bonaparte, dans un conseil de guerre, ne balança pas à sacrifier les grosses pièces d'artillerie destinées à foudroyer Mantoue, que son génie prévoyant lui faisait déjà voir dans l'avenir comme un de nos arsenaux conquis. Il ordonna à la division Serrurier de lever le siége et de prendre à Marcaria et sur

l'Oglio une position qui assurât à la fois les derrières de l'armée, et d'où elle pourrait se porter sur tous les points nécessaires pour achever la défaite de l'ennemi dans une bataille générale. Ce qui fut si hardiment prévu et ordonné par le général en chef, fut vigoureusement exécuté par tous les généraux et les corps de l'armée d'Italie.

Aux glorieux combats de Brescia, Salo, Lonato, Castiglione, à la victoire de Lonato du 17 thermidor, qui seulement aurait suffi pour immortaliser le général en chef, succède enfin la bataille générale livrée aux Autrichiens à Castiglione, la Chiesa et Modoli, par toutes les divisions républicaines réunies.

Le 5o régiment de dragons était alors divisé; une partie était restée avec le général en chef; le reste, qui avait été escorter des objets précieux jusqu'à Borgo-Forte, arriva à temps pour se trouver à la bataille générale du 18, où il marcha et combattit à la tête de la division du général Serrurier alors malade. Le commandement fut confié au plus ancien général de brigade, Gardanne. Malgré la difficulté des communications, elle recut ordre de marcher toute la nuit et de venir attaquer l'ennemi le matin sur les derrières,

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tandis que le front serait attaqué par les divisions Augereau et Masséna.

C'est au village de Modoli que cette division. attaqua les Autrichiens; le 5o régiment de dragons avait déjà culbuté quelques piquets de houlans sur l'infanterie ennemie. Notre infanterie et notre artillerie, avec le 5o régiment de dragons, attaquèrent sur trois points le village, qui, après une vive résistance, fut enlevé avec 600 prisonniers. L'infanterie légère, les dragons poursuivirent les fuyards et se portèrent vivement sur les hauteurs où plusieurs batteries leur furent abandonnées avec sept pièces de canon ou obusiers.

Le brave capitaine Levasseur chargea à la tête de sa compagnie sur un bataillon qui faisait un feu de file, l'enfonça de toutes parts, tua beaucoup de monde et fit beaucoup de prisonniers. Nous n'eûmes qu'un maréchal des logis blessé et un dragon tué. Levasseur fut nommé chef d'escadron par le général en chef.

L'armée ennemie fut mise en pleine déroute, au moment où la diversion fut opérée vigoureusement sur ses derrières; elle fit sa retraite précipitée sur Borghetto et fut poursuivie jusqu'à la nuit; presque toute son artillerie, ses bagages et trois mille prisonniers restèrent entre les mains des républicains.

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