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Déjà le premier bataillon de carabiniers, composé des trois compagnies de la 29° et de celles des Allobroges, avaient effectué le passage; mais ses forces n'étaient pas assez nombreuses pour faire abandonner à l'ennemi ses positions avantageuses. Philippe, un des capitaines de carabiniers, reçoit cinq balles en s'élançant un des premiers dans les redoutes (quoique estropié ce jeune et brave militaire est guéri de ses blessures). Tous nos carabiniers suivent l'exemple de Philippe, et font des prodiges de valeur. Coste, sergent-major, Fontaine, caporal, Vauché, carabinier, et quelques autres des plus intrépides, entrent enfin dans les retranchements où ils font un carnage affreux des Autrichiens. Coste, aussi ingénieux que brave, tourne précipitamment une de leurs pièces sur eux, y met le feu, et contribue à les mettre en déroute de ce côté. Cependant le général Rusca, à la tête de la 29° et des Allobroges, traverse le pont avec le plus grand ordre et le plus grand sang-froid. Malgré le feu de l'artillerie dirigé sur nous avec toute l'opiniâtreté possible, pas un soldat ne bouge de son rang. Enfin notre arrivée au retranchement décide la victoire. L'ennemi, effrayé de tant de courage, se laisse forcer dans ses lignes et nous abandonne toute son artillerie. En vain veut-il se ménager une retraite en faisant avancer sa

cavalerie: nous nous formons en bataille et lui tuons beaucoup d'hommes et de chevaux. La déroute devient complète dans l'armée ennemie, nous en profitons pour la charger à la baïonnette avec l'impétuosité des Français; nous fimes dans cette journée quantité de prisonniers. Elle nous coûta une vingtaine d'hommes tués et environ cinquante blessés. Gensain, adjudant-major, fut du nombre des morts. L'on poursuivit l'ennemi jusqu'à la fin du jour, et nous bivouaquâmes sur le champ de bataille.

Après la bataille de Lodi, la 29o légère se rendit à Pavie où elle resta 8 à 10 jours; de là elle se porta à Milan, à Cassano, et successivement jusque sur les bords du lac de Garda, sans trouver d'ennemi à combattre. Le général Rusca fit occuper à ses troupes toutes les éminences qui dominent Salo. La 29° campa à Thormini, sur la rive gauche de la Chiesa. Les Allobroges se prolongèrent sur la montagne qui était à notre droite, pour garder la gauche de Sabio. De sorte que nous tenions une ligne très étendue; mais il arriva à cette époque du renfort au général Rusca, la 27o légère que l'on caserna dans un château placé sur le bord du lac, et un bataillon de la 11o de ligne qui campa à Gavardo pour garder la route de Brescia et la gorge qui conduit dans le Tyrol. Cette position était la plus importante parce

qu'elle tournait les autres. Tout resta dans le même ordre jusqu'au 11 thermidor.

Dans cet intervalle, le général Sauret vint prendre le commandement en chef de la brigade du général Rusca, appelée depuis division du géné ral Sauret. Elle était au plus de 3,000 hommes. Le thermidor 15,000 Autrichiens arrivent sur Salo; le camp des Allobroges est d'abord attaqué à la pointe du jour. Le général Rusca s'y porte; aussitôt il est blessé grièvement. Il se retire à Salo, d'où il envoie nos trois compagnies de carabiniers qui étaient campées près du lac, pour renforcer les Allobroges; mais le chef de corps, après avoir résisté long-temps avec sa troupe, se reploie sur nous, et ne peut attendre le renfort des carabiniers : alors ces compagnies se trouvèrent cernées par les colonnes ennemies qui avaient déjà enveloppé la 27° dans le château où elle était casernée. Nos carabiniers retournent sur leurs pas; ils arrivent avec l'ennemi à Salo, et se battent long-temps à coups de crosse et de baïonnette contre les grenadiers hongrois pour se faire passage; enfin un grand nombre se fait jour; une quinzaine restent morts sur le champ de bataille; quarante sont faits prisonniers : les autres se rallient au camp dit des Piémontais, où était le point de retraite de la division.

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Cependant la 11° de ligne était déjà forcée au poste de Gavardo et se retirait sur la route de Peschiera. Alors la même colonne qui avait passé la Chiesa à Gavardo, se présenta devant notre camp à Thormini. Le chef de brigade Balleydier détacha quatre compagnies du 3e bataillon de la 29 pour s'emparer de la montagne qui domine le camp et pour faire feu sur la route où l'ennemi voulait passer

Le commandant du détachement avait l'ordre de se retirer au moment où nous effectuerions notre retraite, et de la soutenir. Le premier bataillon se mit en bataille le long de la Chiesa, pour contenir l'ennemi qui se présentait sur les hauteurs qui sont de l'autre côté. Les deux autres bataillons de la demi-brigade se rangèrent en bataille en face de la route de Gavardo, et firent pendant deux heures un feu de file bien nourri sur l'ennemi, qui voulait monter d'assaut au camp. Nous étions aussi aidés par deux petites pièces qui croisaient la route, et qui arrêtaient l'ennemi quand il se présentait trop près. Il est certain, d'après l'aveu des prisonniers, que dans cette journée nous leur avons tué ou blessé plus de 200 hommes.

L'ennemi changea alors son plan d'attaque; il tourna la grande montagne et se porta sur la route par laquelle nous devions nous retirer;

le chef aperçut ce mouvement et ordonna la retraite. Les Allobroges nous rejoignirent comme les Autrichiens débouchaient. Nous nous trouvions donc entre deux feux: notre retraite fut précipitée. Nous emmenâmes cependant nos pièces, en nous retirant par les hauteurs sur le camp des Piémontais; mais les quatre compagnies détachées se trouvèrent tournées avant même que nous quittassions nos positions, et furent prises. Cette journée nous coûta 200 prisonniers, 20 morts et 30 blessés.

Le général Sauret, après avoir rallié sa division, se retira sur Dezenzano; la 27o légère resta assiégée dans le château qu'elle occupait. Il ne fut pas possible de la délivrer le même jour. Le général Guieux la commandait alors.

Le 12 thermidor, les seuls Allobroges, la 29o et un escadron de cavalerie, partent de Dezenzano à huit heures du soir pour aller débloquer la 27 et reprendre les positions de Salo. Les carabiniers des deux corps formaient la tête de la colonne. Nous arrivâmes à cinq heures du matin.

L'ennemi nous attendait de pied ferme et en face. Il avait au moins 8 mille hommes. Il occupait les hauteurs qui dominent Salo, principalement le camp des Piémontais, où nous venions l'attaquer. Ses avant-postes sont d'abord

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