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brigades, le reste des bataillons se replia tout à coup sur le revers de la chaussée, et fut bientôt confondu avec le reste de la division; des tirailleurs ennemis découvraient ce revers, et nous y tuaient beaucoup de monde; on restait là sans faire un pas ni en avant ni en arrière, on se faisait massacrer sans fruit. Rien ne fut capable d'engager les troupes à faire une nouvelle tentative et à se porter de nouveau sur l'ennemi; plusieurs officiers, pour les entraîner et ranimer leur énergie, s'exposèrent long-temps sur la chaussée au péril le plus grand, et furent tous blessés ou tués. Rhonat, capitaine, commandant le bataillon, perdit la vie en marchant vers le pont avec son intrépidité accoutumée; Simonet, qui, prenant le drapeau d'une main et le sabre de l'autre, s'avança si loin qu'on désespérait de lui, fut grièvement blessé; le chef de brigade Laffons eut la cuisse traversée : ce brave et vieux militaire, avec son sang-froid ordinaire, était là en butte à tous les coups, et gémissait de l'irrésolution de nos troupes. Sicard, lieutenant, y reçut une légère blessure.

Cependant le 3 bataillon reçut l'ordre dans l'après-midi de passer le canal qui était à notre gauche, et d'aller attaquer le village par derrière. Cet ordre fut exécuté avec intelligence et courage par son chef Soulès, qui y fut blessé;

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mais il n'aurait jamais pu lui seul entrer dans Arcole où l'ennemi avait rassemblé de grandes forces, si une demi-brigade venant de Legnago, et se joignant à lui, n'avait forcé les Autrichiens à l'abandonner. Ils nous laissèrent 4 bouches à feu et 400 prisonniers.

Le premier bataillon de la demi-brigade arriva le soir même, dans le moment où nos troupes, poussées avec vigueur, se retiraient dans le plus grand désordre; il arrêta l'ennemi et protégea la retraite de la division, qui, se ralliant un peu en avant de la tête du pont, y passa la nuit.

Arcole fut évacué; le lendemain il fallut encore le réattaquer et prendre de meilleures dispositions. En conséquence, tandis que le premier bataillon se portait sur le même point d'attaque que la veille, les deux autres, avec les grenadiers de la 40°, sous le commandement de Vial, adjudant-général, qui remplaça le général Lannes, eurent ordre de se porter sur notre droite, et de passer le canal d'Arcole au-dessus de son embouchure dans l'Adige: on devait le combler; mais sa profondeur, sa longueur, sa rapidité, rendirent ce moyen impraticable.

Ramond, sous-lieutenant, qui commandait la compagnie des grenadiers du troisième bataillon, officier d'une haute valeur, dont les ob

stacles impatientaient le courage, se jeta dans le canal, et sans considérer le danger extrême qu'il y avait de passer sous le feu terrible que faisait l'ennemi, il atteignit à la rive opposée; il fut suivi de quelques grenadiers, d'un grand nombre d'officiers, et d'un tambour nommé Pierrot, qui passa la caisse sur la tête, et battit la charge aussitôt qu'il eut atteint l'autre rive. L'adjudant-général passa aussi; mais la troupe, à qui on avait fait espérer un passage facile, fut étonnée de la grandeur du danger, et recula; les braves déjà établis sur le bord ennemi furent obligés de courir le même danger pour revenir. Bosse, officier du troisième bataillon, fut blessé de l'autre côté, et se serait infailliblement noyé, si, aidé de son ami, il ne se fût servi d'une petite nacelle que le hasard fit trouver à portée.

Cependant le feu avait cessé, et l'ennemi, craignant quelques tentatives de notre part à la faveur des ténèbres, s'éloigna du canal; un pont de bateaux fut établi, et avant le jour nous eûmes pris position de l'autre côté.

Bientôt après, les Autrichiens, dirigeant une batterie de trois pièces sur le pont qu'ils découvraient par l'embouchure du canal, parvinrent à le fracasser et à donner de l'inquiétude à nos troupes; pendant ce temps ils gagnaient du

terrain sur la chaussée de droite et de gauche, et nous repoussant sur ces deux points, ils tombèrent tout à coup sur nos deux bataillons, y mirent un grand désordre, leur firent passer le pont en partie, et s'en seraient bientôt emparés, si le premier bataillon, arrivant à l'instant au pas de charge, n'eût fait changer la face du combat; ils furent culbutés et mis en pleine déroute.

Leur artillerie d'Albaredo venait de se taire, et leurs tirailleurs cessaient de nous inquiéter: nous conjecturâmes qu'ils l'évacuaient; en effet une partie des nôtres s'y rendit et n'eut que le temps de faire quelques prisonniers.

Toutes les forces, de part et d'autre, étaient amoncelées sur les deux digues du canal, depuis Arcole jusqu'à l'Adige. Le combat y était opiniâtre et sanglant. Pendant l'action, les différents corps de la division s'étant mêlés, et le terrain ne permettant pas de s'étendre, les plus braves étaient les seuls qui se portaient en avant, et qui, par leur audace et leurs efforts, débusquant l'ennemi, poussèrent jusque dans Arcole; il semblait vouloir encore s'y établir, il persista quelque temps; mais pressé de tous côtés, il se détermina enfin à la retraite. On le poursuivit vivement jusqu'à la nuit; 600 hommes, qu'il avait laissés dans un châ

teau pour nous arrêter, furent faits prison

niers.

La division de droite, qui en premier lieu s'était portée sur Vérone, faisant alors un mouvement rétrograde, nous attaqua dans Arcole, et tenta, mais vainement, de le reprendre; elle fut repoussée, après un combat qui se prolongea jusqu'à dix heures du soir.

La perte des Impériaux dans ces trois journées mémorables fut énorme; plusieurs drapeaux leur furent enlevés (deux par notre demi-brigade), beaucoup de canons nous restèrent dans les mains avec 4 ou 5,000 prisonniers.

La 51° laissa sur le champ de bataille 79 hommes, elle eut 238 blessés, 26 prisonniers de guerre. Outre le général de brigade Lannes et le chef de brigade Laffons, il y eut encore deblessés: le chef de brigade Berthollet, qui avait pris sa place, les chefs de bataillon Meinzvieg et Soulès, le capitaine Girou, les lieutenants Simonet, Sicard, Bosse, Gayon, Didenhaffen; Rey, adjudantmajor, reçut une forte contusion. Les capitaines Rhonat, Mouroux, le sous-lieutenant Quintin, moururent au champ d'honneur.

Le lendemain 28 brumaire, la division, qui avait bivouaqué autour d'Arcole, dirigea sa marche sur Vérone, où elle arriva le même jour.

Le 1er frimaire, montant sur les hauteurs de

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