Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

loqua son armée, et repassa sur la rive gauche du Rhin, l'archiduc eût dû se porter sur Ulm avec 40,000 hommes, ordonner au général Latour de passer sur la rive gauche du Danube au pont d'Ingolstadt pour le venir joindre à tired'aile. Il serait arrivé à Ulm en même temps que l'armée française, qui alors eût dû faire tête à 70,000 hommes; sa retraite fût devenue vraiment difficile. Mais au lieu de cela, l'archiduc ne ramena sur le haut Rhin que 12,000 hommes, laissant, sans raison, beaucoup de troupes sur le bas Rhin au général Wernech; il employa mal une partie de ces 12,000 hommes à des objets secondaires, de sorte qu'il n'arriva près de Kehl qu'avec 8 à 9,000 hommes.

11° Il eût dû ordonner à Latour, Froelich et Nadastie de manoeuvrer sur la rive gauche du Danube, débordant l'armée en retraite; ils eussent été là en position de recevoir Petrasch et tous les détachements.

12° L'archiduc a manoeuvré, cette campagne, sur de bons principes, mais timidement, comme un homme qui les entrevoit, mais ne les a pas médités: il n'a pas frappé de grands coups, et jusqu'au dernier moment, comme nous l'avons dit, les généraux français ont toujours pu rétablir leurs affaires, tandis que dans le combat de la Murg l'archiduc eût dû décider de la campagne.

5e observation. A la fin de décembre les armées françaises étaient en repos depuis deux mois; elles étaient réorganisées, recrutées, parfaitement remises et supérieures aux armées autrichiennes qui leur étaient opposées. Cependant le prince Charles osa, devant elles, ouvrir la tranchée à la fois devant les têtes de pont de Kehl et de Huningue. Si toute l'armée du Rhin, renforcée d'un détachement de Sambre-et-Meuse, eût débouché par Kehl ou par Huningue, elle pouvait à la pointe du jour attaquer les camps du prince Charles avec des forces doubles des siennes, enlever toutes les lignes de contrevallation, prendre toute l'artillerie, les parcs, les magasins, obtenir une victoire éclatante qui eût réparé les désastres de la campagne, rétabli l'honneur des armes françaises, compromis la sûreté de l'Allemagne et lui eût permis d'hiverner sur la rive droite du Rhin. Si l'armée française n'avait été composée que de soldats de nouvelles levées et sans instruction ni moral, supposition qui est juste l'opposé de ce qui existait, sans doute que le général français n'eût pu hasarder de faire lever des siéges par une bataille, maist alors mème, ayant plus de bras, plus de moyens, une position plus avantageuse que l'ennemi, il devait entasser ouvrages sur ouvrages,

batte

ries sur batteries; cheminer par des lignes de contre-attaque appuyées par les positions de la rive gauche et par les îles; et alors même ces siéges devaient tourner à la confusion de l'ennemi, entraîner la ruine de ses équipages et de ses troupes, et l'obliger par lassitude à entrer dans ses quartiers d'hiver.

Ces deux siéges ne font pas honneur à la prudence du prince Charles, mais sont extrêmement glorieux et témoignent de la bravoure et du bon esprit de son armée; ils seront toujours considérés par les militaires comme des faits peu honorables aux armées françaises. La possession des deux têtes de pont était en effet très importante pour la France; le Rhin est un grand obstacle; elle obligeait l'ennemi à abandonner toute la vallée du Rhin, jusqu'aux montagnes Noires, à l'armée française, ce qui eût été à la fois avantageux sous les points de vue militaire et de finances; les alarmes de l'Allemagne n'eussent pas permis aux Autrichiens de porter tant de troupes en Italie. Les officiers français ont dit, pour leur excuse, que le gouvernement les laissait dans le plus grand dénûment, que la solde n'était pas payée; qu'ils étaient mal nourris; que le génie et l'artillerie n'avaient aucun fonds pour pourvoir à leurs besoins. Mais ces raisons n'ont point été goûtées;

les privations ne prouvaient que davantage la nécessité de confondre l'ennemi par un coup de tonnerre et une bataille décisive où toutes les chances étaient en faveur des Français; il y avait plus d'espace qu'il n'en fallait pour qu'une armée de 50,000 hommes pût se déployer dans les îles et dans le terrain compris entre le bonnet de prêtre et la Kintzig. De leur côté, les of ficiers autrichiens, qui ont voulu justifier l'imprudence et l'inconsidération de ces siéges de la part du prince Charles, on dit qu'il était instruit de l'esprit de découragement qui existait dans l'armée française, de l'étonnement que l'issue de la campagne avait produit sur les chefs, et que c'est surtout sur leur irrésolution qu'il avait compté pour mener à bien une entreprise aussi dangereuse, qu'il croyait nécessaire au succès de la campagne qu'il méditait pour l'Italie. D'autres ont dit que ces siéges avaient été entrepris par des ordres de Vienne et contre son avis. Cela est possible.

« VorigeDoorgaan »