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importante, qu'il est impossible, sans sa possession, d'organiser la guerre dans le bassin du Danube, qui s'étend des montagnes du Tyrol et de la Suisse à celles de la Thuringe et de la Saxe il devait appuyer sa droite au Danube; alors, arrivé à Neresheim, il ne se fût pas trouvé en l'air. Mais, quoique tourné à la bataille de Neresheim, par sa droite, par sa gauche, n'ayant aucun appui central, il soutint l'honneur des armes, il y montra du sang-froid et de la constance.

Après la bataille de Neresheim, il eût dû se porter à tire-d'aile sur la Warnitz et l'Altmulh, se joindre à Jourdan, placer son quartier-général à Ratisbonne, fortifier ce point, le plus important pour lui après celui d'Ulm, et manoeuvrer sur les deux rives. La jonction des deux armées eût pu s'opérer dans la journée du 15 au 16 août; le succès de la campagne eût été décidé au lieu de cela, il fit ce que pouvait désirer son ennemi; il resta douze jours sans rien faire dans le moment décisif de la campagne, se résolut enfin à passer le Danube et le Lech, après quoi il resta de nouveau seize jours inactif; on eût dit qu'il ignorait qu'une armée française existait sur sa gauche. Ce ne fut que le 10. septembre, un mois après la bataille de Neresheim, et lorsque l'armée de Sambre-et-Meuse

était déjà sur la Lahn, à quatre-vingts lieues de lui, qu'il se résolut de détacher la division Desaix sur la rive gauche du Danube, pour avoir des nouvelles de Jourdan. Le 19 septembre, il commença sa retraite, et repassa le Lech; alors l'armée de Sambre-et-Meuse était hors de combat sur la rive gauche du Rhin, et il avait contre lui toutes les forces de l'ennemi. Il resta ainsi trente-deux jours en présence du général Latour, qui avait des forces moitié des siennes, sans l'entamer, lui livrer bataille et l'écraser; il ne lui fit au contraire éprouver aucun mal. La seule affaire importante de cette campagne est la bataille de Biberach, due à la nécessité dans laquelle se trouvait l'armée d'assurer sa retraite; bataille qui aurait eu des résultats plus importants, si le lendemain on avait continué à agir, en poursuivant le général Latour avec une partie de l'armée, pendant que le reste manoeuvrait pour rouvrir les débouchés des Montagnes-Noires. C'est dans cette retraite qu'on sentit l'importance d'Ulm, cette clef du Danube.

6o Arrivé le 14 octobre à Freybourg et VieuxBrisach, il y avait deux partis à prendre : repasser le Rhin le même jour, et donner du repos à l'armée pour se réaccorder avec l'armée de Sambre-et-Meuse, ou marcher de suite contre

le

le prince Charles pour profiter du moment où il n'était pas en force, le jeter au-delà de la Renchen et de la Murg, empêcher sa jonction avec Latour; on se fût maintenu dans le pays de Bade et le Brisgaw. Au lieu de cela, général français resta en position sur Freybourg, laissant le prince Charles rallier tous ses détachements; et ce qui est plus extraordinaire encore, après avoir détaché le tiers de son armée sous le général Desaix sur la rive gauche du Rhin, il persista encore dans la même irrésolution, exposant les deux autres tiers à une destruction totale. Cette faute fut importante, l'armée rentra en France en désordre et dans l'attitude d'une armée vaincue et forcée, attitude qu'elle n'avait pas avant le 20, fière des succès de Biberach, et qu'elle n'eût pas eue si elle fût rentrée plus tôt.

7° Une circonstance particulière de cette campagne est que les généraux français, malgré leurs fautes, n'éprouvèrent aucune perte sensible, et furent toujours en mesure de tout réparer. Moreau, après la bataille de Biberach, était encore maître du destin de la campagne. Il suffisait pour cela qu'il marchât sur Rothweil, écrasât Pétrasch et Nauendorf, qui, réunis, n'avaient pas 15 mille hommes, après quoi il fallait se porter contre l'archiduc, qui était à l'em

bouchure de la Rench avec moins de 9 mille hommes. Le 15 octobre même, lorsque Moreau fut arrivé dans la vallée du Rhin, il pouvait encore tout réparer; en remontant rapidement sur Kehl, il eût chassé l'archiduc de la Rench, et eût empêché sa jonction avec les corps de Nauendorf et de Latour; en communication avec l'armée de Sambre-et-Meuse, il l'eût infailliblement décidée à marcher en avant. Enfin, il pouvait encore tout réparer, même pendant le siége de ses têtes de pont. S'il eût débouché par le camp retranché de Kehl avec 50 mille hommes, il eût écrasé l'armée de siége du général Latour, qui était au plus de 35 mille hommes, et eût pu prendre encore ses quartiers d'hiver sur le Danube.

4e Observation. — 1o Les armées françaises et autrichiennes étaient égales en nombre, mais l'archiduc avait 2 mille hommes de cavalerie de plus que son ennemi. Cet avantage eût été décisif chez une autre nation. Mais les Allemands ne savent pas se servir de leur cavalerie; ils craignent de la compromettre, ils l'estiment au-delà de ce qu'elle vaut réellement; ils la ménagent trop. L'artillerie à cheval est le complément de l'arme de la cavalerie. Vingt mille chevaux et cent vingt bouches à feu d'artillerie légère équivalent à 60 mille hommes d'infan

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terie ayant cent vingt bouches à feu. Dans les pays de grandes plaines, comme en Égypte, dans les déserts, en Pologne, il serait difficile d'assigner qui finirait par avoir la supériorité : deux mille hommes de cavalerie avec douze pièces d'artillerie légère équivalent donc à 6 mille hommes d'infanterie avec six pièces d'artillerie; en ligne de bataille, ces divisions occupent une ligne de cinq cents toises, douze fantassins, ou quatre chevaux par toise. Un coup de canon qui tuerait tout ce qui existe sur une toise de solidité tuerait donc douze fantassins, ou quatre cavaliers et quatre chevaux. La perte de douze fantassins est bien plus considérable que celle de quatre cavaliers et quatre chevaux, puisque c'est une perte de huit fantassins, plus seulement quatre chevaux. L'équipage de quatre cavaliers et de leurs chevaux n'équivaut pas à l'équipage de douze fantassins; ainsi, sous le point de vue même des finances, la perte de l'infanterie est plus coûteuse que celle de la cavalerie. Si l'archiduc eût commandé une nation qui fût dans les habitudes d'employer hardiment la cavalerie, et eût eu des officiers dressés à l'encourager et la faire battre, il eût été impossible à une armée française de pénétrer en Allemagne avec une infériorité de 20 mille hommes de cavalerie. On s'en convaincra, si

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