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de vigueur, eût obligé le prince Charles à se concentrer, à rappeler tous ses détachements, ce qui eût éclairci et dissipé cet orage imagi naire qui a toujours été en augmentant, parce que le général français y a constamment cédé. Les Autrichiens sont très habiles à répandre de faux bruits, à créer une fausse opinion parmi les habitants; ce sont de grands maîtres pour semer l'alarme sur les derrières d'une armée ; mais si vous tirez du fourreau l'épée de Renaud, l'enchantement se dissipe aussitôt.

8° 1° A la bataille de Wurtzbourg, Jour

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dan laissa, mal à propos, le quart de ses forces à Schweinfurth; la division Lefebvre de plus lui eût pu donner la victoire; 2° s'il fût parti de cette ville à deux heures du matin le 2 septembre, il serait arrivé sur le champ de bataille à dix heures; s'il eût attaqué tête baissée, il aurait écrasé les vingt bataillons de Hotze et de Starray, se fût emparé de Wurtzbourg, et eût pu s'y faire joindre par Marceau. L'archiduc avait maladroitement disséminé ses forces; il ne put les réunir que fort tard dans la journée du 3; mais arrivé dès midi, le 2, Jourdan donna dix-huit heures à l'archiduc pour rallier son armée; le 3, à neuf heures du matin, il avait en ligne 45,000 hommes; 3° Jourdan occupa un champ de bataille triple de ce qu'il fallait; il so

trouva obligé de se placer sur une seule ligne : quelque intrépides que fussent ses troupes, elles devaient être rompues.

9°—1° La Lahn, de Coblentz à Giessen, a vingtquatre lieues de cours; elle est à trente lieues de Dusseldorf; si Jourdan. eût réuni toutes ses divisions sur son extrême gauche à Wetzlar, il eût battu et rejeté son ennemi sur le Mein, peu après sur le Danube : la supériorité de ses forces était grande après la jonction du corps de Marceau et de la division de Hollande. Il annonça cette résolution, mais il perdit à la projeter le temps qu'il eût dû employer à l'exécuter; son armée formait le cordon le long de la Lahn; il fut percé à Limbourg par la retraite du corps de Marceau; il reploya alors, en toute hâte, ses colonnes sur Altenkirchen; 2° là, il était encore temps de reprendre l'offensive, de tout réparer; il manqua de résolution; 3° lorsqu'il ordonna la retraite, il devait au moins la faire, s'il la ju geait indispensable, toute son armée réunie, jusqu'au camp retranché de Dusseldorf; tant qu'elle resterait en masse sur la rive droite du Rhin, l'archiduc ne pourrait pas se garantir, puisqu'il aurait toujours à redouter le mouvement offensif d'une armée aussi importante, Mais tout fut perdu, lorsque d'Altenkirchen, Jourdan disloqua son armée, que la gauche

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seule continua son mouvement sur Dusseldorf, et que le réste repassa le Rhin, comme si la rive gauche et le Hundsruck avaient quelque chose à craindre c'était contre l'armée de Rhin-etMoselle, qui était encore au cœur de l'Allemagne, que voulait aller l'archiduc. Alors seulement l'armée de Rhin-et-Moselle fut abandonnée.

10° La conduite de l'armée de Sambre-etMeuse, renforcée des troupes de Hollande, pendant octobre, novembre, décembre et janvier, est inexplicable.

3e Observation.—(MOREAU).- 1o Le passage du Rhin a eu lieu le 24 juin; il aurait dû être fait du premier au 4 de ce mois, au moment où l'armée de Sambre-et-Meuse se mettait en mouvement. Le 24 juin, le jour du passage, les premières troupes arrivèrent sur la rive droite à trois heures du matin; le pont aurait dû être achevé à midi, et l'armée entière être passée et rangée en bataille avant la pointe du jour du 25. Le pont ne fut fait que le 25 à midi; c'était vingt-quatre heures trop tard. Les opérations comme le passage d'une rivière de la nature du Rhin, sont si délicates, que les troupes ne doivent pas rester exposées si long-temps sans communication.

2°o Le 26, l'armée du Rhin n'avait que 40,000 hommes sur la rive droite; Saint-Cyr, avec 20,000

hommes, resta dans le Palatinat sur la rive gauche, et Laborde, avec 10,000 hommes, sur le haut Rhin. Les trois corps et la réserve, formant toute l'armée forte de 60,000 hommes, devaient, le 26 à midi au plus tard, se trouver sur la rive droite, en marche pour surprendre et écraser les divisions ennemies disséminées le long du fleuve. Le 27 juin l'armée devait entrer à Rastadt, le 30 à Sforzheim, ayant isolé Philipsbourg, Manheim, et coupé l'ennemi du Necker, sur lequel elle devait être du premier au 4 juillet; son général eût gagné quinze jours, se fût épargné plusieurs combats insignifiants, et eût à leur place remporté plusieurs victoires éclatantes qui eussent encore affaibli son adversaire, alors si inférieur à lui, et avant que le prince Charles ne pût opérer son retour des bords de la Lahn. Les indécisions du général français donnèrent le temps au général ennemi de réunir son armée à Ettlingen, à trois marches de Kehl, treize jours après le passage du Rhin. Que pouvait craindre le général français pour le territoire de la république, lorsqu'il prenait l'offensive avec 70,000 hommes?

3o Après le passage du Rhin, avant d'avoir fait sa jonction avec l'armée de Sambre-etMeuse, ce général détache sa droite, faisant

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près du tiers de son armée (20,000 hommes), sous Férino, qui remonte la rive du Rhin, traverse les Montagnes-Noires, et se porte sur le lac de Constance, dans le temps que le centre et la gauche se portent sur le Necker; l'armée se trouvant ainsi coupée en deux parties, séparées par les Alpes wurtembergeoises, les montagnes de la Forêt-Noire et le Danube, tandis qu'au contraire le général Starray, qui était opposé à Férino, après avoir disputé les débouchés des Montagnes-Noires, se centralise sur le Necker, rejoint la gauche du prince Charles; les deux tiers de l'armée du Rhin arrivent sur le Necker, forts de 50,000 hommes; ils avaient devant eux la majorité des troupes ennemies. Jourdan sur le Mein, et Férino sur le lac de Constance, n'avaient en tête que des forces. très inférieures. Ainsi, dans cette marche, les Français formaient trois corps séparés, n'ayant rien de commun, ayant trois lignes d'opérations, et six flancs, dont cinq en l'air. Puisque les flancs sont la partie faible, il les faut appuyer; et lorsqu'on ne le peut pas, en avoir le moins possible.

4° La marche de l'armée du Rhin sur Stuttgard, au travers des Alpes wurtembergeoises, est conforme à l'esprit de cette guerre; mais son général devait faire occuper Ulm, place si

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