Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

et la tête de pont d'Huningue permettaient à une partie de l'armée française d'hiverner sur la rive gauche, et d'inquiéter l'Allemagne : ils résolurent de s'emparer de ces deux places. Le 28 octobre, 40,000 hommes les investirent et élevèrent des lignes de contrevallation devant Kehl; elles étaient formées par quinze redoutes appuyées, la droite et la gauche, au Rhin, liées ensemble par des retranchements, ayant, à peu près, trois mille cinq cents toises de développement, et investissant complétement, sur la rive droite, tout le système de fortification de Kehl. De leur côté, les Français travaillèrent avec la même activité à palissader et armer le fort et les ouvrages à cornes du haut et du bas Rhin, à garnir de batteries toute la rive gauche, et s'établirent solidement dans toutes les îles, spécialement dans celles de Ehrlen-Rhin et Touffue; en avant de cette dernière, à quinze cents, toises de Kehl, ils construisirent un bonnet de prêtre, en forme de tête de pont. La distance de ce bonnet de prétre à la Kintzig était de mille toises. Perpendiculairement au Rhin, ils établirent un camp retranché de mille toises de développement, et une tête du pont à l'île d'Ehrlen-Rhin. De Kehl à l'embouchure de la Kintzig, en descendant le Rhin, il y avait cinq cents toises. Ces ou

[ocr errors]

vrages étaient gardés par seize bataillons, qui se relevaient toutes les vingt-quatre heures, Malgré ces préparatifs formidables de défense, le prince Charles persista à assiéger une place qu'il ne pouvait bloquer que sur une rive, qu'il ne pouvait pas séparer de Strasbourg et de toute la France. Le 21 novembre, il ouvrit la tranchée sur les ouvrages de la Kintzig. Le 22 novembre, à la pointe du jour, Desaix sortit du camp retranché de Kehl, à la tête de 16,000 hommes d'infanterie et de 3,000 hommes de cavalerie; il força les lignes de contrevallation, et s'empara du village de Sunbeim, situé à une lieue du Rhin, et derrière le camp de l'ennemi. Mais il avait des forces trop peu considérables; il fut obligé de rentrer dans ses ouvrages après avoir défait plusieurs redoutes de la ligne de contrevallation, encloué quinze pièces de canon, en avoir pris six et fait quinze cents prisonniers. Le 28 novembre, l'ennemi démasqua à la fois toutes ses batteries. Le cheminement sur les ouvrages de la Kintzig n'avait été qu'une fausse attaque; la principale se dirigeait sur le bonnet de prêtre, en avant de l'île Touffue, et contre l'île d'Ehrlen-Rhin. Le projet de l'ennemi était de détruire les ponts du Rhin. Le 6 décembre, il s'empara de l'île Touffue et du bonnet de

prêtre. Le 9 décembre, il s'empara de tout le dehors des retranchements, se logea dans l'ancienne église de Kehl. Le 18, il s'empara de la droite des retranchements français et de la redoute du Trou-de-Loup. Le 3 janvier, il s'empara de toute l'île d'Ehrlen-Rhin. Le 6, il attaqua la corne du haut du Rhin, détruisit les ponts, et le 10 janvier il entra dans Kehl, par capitulation. Les Français évacuèrent ce fort, et emportérent tout sur la rive de Strasbourg. Les pertes de part et d'autre furent très considérables, la consommation des munitions immense. L'artillerie française était supérieure par le grand nombre de batteries qu'elle avait construites sur la rive gauche. Les frimas de novembre, de décembre et janvier firent beaucoup souffrir les deux armées.

[ocr errors]

Pendant ce temps, le prince de Furstemberg était resté vis-à-vis Huningue, avec treize bataillons. La droite de l'armée du Rhin, sous les ordres de Férino, était restée dans cette place. Le général Abbatucci commandait dans la tête du pont, et à mesure que et à mesure que l'ennemi faisait des préparatifs et annonçait la volonté d'assiéger la tête du pont, ce jeune officier n'oubliait rien de ce qu'il fallait faire pour se. préparer à la plus vigoureuse défense. Les batteries de l'ennemi furent prêtes le 25 novem

bre. Il canonna vivement la tête du pont; le 29, le pont fut rompu. Le 30 novembre, les Autrichiens donnèrent l'assaut avec 6,000 hommes. Le combat fut vif et opiniâtre. L'ennemi fut repoussé, laissant le tiers de son monde sur le champ de bataille, ou prisonnier. Le jeune Abbatucci, général de vingt-quatre ans, de la plus belle espérance, sortit à la tête de la garnison pour chasser les Autrichiens d'une lunette où ils voulaient se loger; il y réussit, mais il tomba blessé à mort. Le résultat de cet assaut fit suspendre le siége; mais le 29 janvier, après la prise de Kelh, l'ennemi rouvrit la tranchée, et le 19 février la garnison capitula et repassa le Rhin. Le succès de ces deux opérations permit au prince Charles de prendre ses quartiers d'hiver, le long de la rive gauche, dans le Brisgaw et le pays de Bade, et de détacher de puissants renforts pour l'armé qui se réunissait derrière la Piave, et dont il prit le commandement en février. Elle était destinée à venger Beaulieu, Wurmser, Alvinzi, et à reconquérir Mantoue, La Lombardie et l'Italie.

§ XII.

Ire Observation. La mauvaise issue de cette campagne doit être attribuée au plan d'opérations

adopté par le gouvernement. Le but de cette invasion en Allemagne était 1° faire une diversion qui empêchât le cabinet de Vienne de tirer de nouveaux détachements de ses armées du Rhin pour en renforcer son armée d'Italie; 2o détacher les princes du corps germanique de l'empereur, soumettre les princes de Bade, de Wurtemberg, de Bavière, accroître la confédération de la neutralité prussienne, de la Saxe et des princes du Nord qui n'y avaient pas encore adhéré; 3° nourrir la guerre en Allemagne, en tirer des contributions et des chevaux, afin de réorganiser l'infanterie, la cavalerie et l'artillerie, et employer les ressources de la république à créer une armée de réserve; 4° s'emparer des forteresses d'Ehrenbreitstein, de Mayence, de Manheim et de Philipsbourg, pour assurer les frontières du Rhin, et rendre disponibles, pour la fin de la campagne et pour la suivante, les troupes des blocus de ces places; 5o assurer les quartiers d'hiver des troupes françaises en Allemagne, et leurs positions, en s'emparant d'Ingolstadt et d'Ulm, afin de pouvoir, après la prise de Mantoue et au printemps de 1797, attaquer, de concert, du côté de l'Italie et de l'Allemagne, les états héréditaires..

Pour cela, il y avait deux choses à faire : 1° bloquer strictement les places d'Ehrenbreit

« VorigeDoorgaan »