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ils demandèrent aux canonniers ce qui empêchait qu'on commençât le feu; les canonniers répondirent qu'ils étaient prêts, que leurs canons feraient un excellent effet; les représentants les autorisèrent à tirer. Le commandant d'artillerie, qui se trouvait au quartier-général, étonné d'entendre le feu, ce qui était contraire à ses projets, se rendit chez le général en chef pour se plaindre. Le mal était fait, il était sans remède; le lendemain, à la pointe du jour, Ohara sortit de la place à la tête de 7,000 hommes, passa le ruisseau de l'As, sous le fort Saint-Antoine, culbuta tous les postes qui défendaient la batterie de la Convention, s'en empara et l'encloua: la générale battit à Olioules, où l'alarme fut très vive; Dugommier se porta dans la direction de l'attaque, rallia les troupes, et envoya des ordres pour faire avancer ses ré

serves.

L'artillerie plaça, sur les différentes positions, des canons de campagne pour protéger la retraite et retarder le mouvement de l'ennemi, qui menaçait le parc d'Olioules. Ces dispositions faites, Napoléon se rendit sur une hauteur vis-à-vis la batterie. Il avait fait creuser un boyau de cette hauteur au pied de l'épaulement, au travers du vallon qui les séparait pour l'approvisionnement de la batterie; une

grande quantité de branches d'olivier le recouvrait: l'armée ennemie était rangée en bataille sur la droite et sur la gauche, et un groupe d'officiers d'état-major était sur la plate-forme; il prit le bataillon qui se trouvait là en position, se glissa dans le boyau; arrivé au pied de l'épaulement, sans avoir été aperçu par l'ennemi, il ordonna une décharge sur les troupes de la droite, une autre sur celles de la gauche; c'était les Napolitains de ce côté et de l'autre les Anglais; les Napolitains firent feu sans voir d'ennemi, croyant que les Anglais avaient tiré sur eux au même moment, un officier, portant l'uniforme rouge, qui se promenait froidement sur la plate-forme, monta sur l'épaulement pour voir d'où venait cet accident; un coup de fusil parti du boyau, lui cassa le bras, il tomba au pied du talus, les soldats le tirèrent à eux et le portèrent dans le boyau ; c'était le général en chef Ohara; il disparut ainsi au milieu de son armée sans qu'elle s'en aperçût; il remit son épée, fit connaître son grade au commandant d'artillerie, qui le garantit de toute insulte. Au même moment, Dugommier, après avoir rallié ses troupes, avait débordé la droite de l'ennemi et menaçait de couper ses communications avec la ville, ce qui le décida à la retraite; elle devint bientôt une fuite; il

fut poursuivi l'épée dans les reins jusque dans Toulon et sur le chemin couvert de Malbosquet. Dugommier reçut deux blessures dans cette journée, mais elles furent légères. Napoléon, à cette occasion, fut promu au grade de colonel. Le général Muret voulut mal à propos profiter de l'élan des troupes pour escalader le fort Malbosquet, ce qui n'était pas faisable. Suchet, depuis maréchal de France, alors chef de bataillon des volontaires de l'Ardèche, s'y fit remarquer.

§ VIII.

Un corps d'élite de 2,500 chasseurs et grenadiers, que Dugommier avait demandés à l'armée d'Italie, était arrivé. Tout prescrivait de ne plus perdre un moment pour s'emparer du promontoire du Caire; on se résolut à donner l'assaut au Petit-Gibraltar. Les députés de la convention, en Provence, se réunirent à Olioules, le 14 décembre; les batteries françaises commencèrent à faire un feu roulant de bombes et de boulets, avec quinze mortiers et trente pièces de canon de gros calibre : il continua jour et nuit du 15 au 17, et cut les plus heureux effets; les pièces ennemies, plu

sicurs fois démontées, avaient été autant de fois remplacées; les palissades, les épaulements avaient été désorganisés : la grande quantité de bombes qui tombait dans la redoute, avait obligé la garnison à en sortir et à prendre position en arrière. Le général en chef ordonna de marcher à la redoute, à une heure du matin; il espérait y arriver avant que la garnison, avertie de l'attaque, eût le temps d'y entrer, ou du moins en même temps qu'elle. Toute la journée du 16, la pluie tomba par torrents, ce qui contraria divers mouvements des colonnes. Dugommier, augurant mal de ces contrariétés, voulait remettre l'attaque au lendemain; mais pressé d'un côté par les représentants, qui formaient un comité et se montraient animés de toute l'impatience révolutionnaire, et de l'autre par les conseils de Napoléon qui jugea que le mauvais temps n'était pas une circonstance défavorable, il continua ses dispositions: à minuit, tout étant réuni au village de la Seine, il forma quatre colonnes: deux, faibles, prirent position sur les flancs du promontoire, pour observer les deux redoutes de Balaguier et de l'Éguillette; la troisième, composée de troupes d'élite, commandée par Laborde, marcha droit au Petit-Gibraltar; la quatrième resta en réserve. Dugommier se mit à la tête de l'attaque,

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arriva au pied du promontoire; les tirailleurs s'engagèrent l'ennemi avait eu la précaution d'embarrasser les chemins, de manière qu'il eut le temps de faire prendre les armes à son camp, de rentrer dans le fort, et de garnir les parapets. Il avait plus de tirailleurs qu'on ne l'avait supposé; une partie de la colonne française s'éparpilla pour les repousser: la nuit était fort obscure, une fois le mouvement ralenti, la colonne se désorganisa, on arriva cependant au pied du fort, on se logea dans plusieurs flèches: trente ou quarante grenadiers pénétrèrent même dans le fort, mais ils furent repoussés par le feu d'un réduit en bois, et obligés d'en ressortir. Dugommier, désespéré, se porta à sa colonne de réserve; Napoléon marchait à sa tête; il se fit précéder par un bataillon qu'il confia au capitaine d'artillerie Muiron, qui connaissait parfaitement les localités. A trois heures du matin, Muiron escalada le fort à une embrasure, par laquelle entrèrent le général Dugommier et Napoléon; Laborde et Guillon entrèrent par un autre côté. Les canonniers se firent tuer sur leurs pièces; la garnison se rallia à sa réserve, sur un mamelon à une portée de fusil du fort, elle s'y reforma, et fit trois attaques pour le reprendre. Vers cinq heures: du matin, elle amena des pièces de campagne;

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