Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Augereau, partie de Vérone, marcha en seconde ligne sur cette même chaussée, occupant par son infanterie légère la crête supérieure des montagnes qui dominent la vallée sur la rive gauche de l'Adige.

Le Tyrol est une des plus anciennes possessions de la maison d'Autriche; le peuple lui est entièrement affectionné. Le Trentin, qui est la partie méridionale appelée le Tyrol italien, était sous la domination d'un évêque, souverain de Trente. Trois chaussées conduisent de Trente en Italie; une à Bassano, suivant la Brenta ; une G à Vérone par Roveredo, suivant la rive gauche. de l'Adige; une à Brescia en traversant la Sarca, doublant le lac de Garda, suivant la Chiese et passant la Rocca-d'Anfo. Une route de traverse joint la chaussée de Vérone à celle de Bassano, sans qu'il soit besoin de remonter jusqu'à Trente, embranchement commun.

§ II.

Le prince de Reuss voulut défendre le pont de la Sarca; mais le général Saint-Hilaire, commandant l'avant-garde de la division Vaubois, l'attaqua avec furie, enleva le pont au pas de charge, fit un bon nombre de prisonniers et le poussa l'épée dans les reins jusque sur son

camp de Mori; de son côté le général Pigeon, commandant l'avant-garde de Masséna, culbuta l'avant-garde de Wukassowich à Serravale,la poursuivit jusqu'au camp de Saint-Marc et lui fit quelques centaines de prisonniers. Les deux armées se trouvèrent en présence à cheval sur les deux rives de l'Adige, le 4 septembre, à la pointe du jour. L'attaque fut impétueuse, la résistance fut opiniâtre ; aussitôt que Napoléon vit de l'hésitation dans la ligne autrichienne, il fit charger le général Dubois avec 500 chevaux; la charge fut heureuse, mais Dubois tomba mort percé de trois balles. C'était un brave officier qui s'é- . tait distingué dans les campagnes précédentes sur le Rhin. L'armée entra dans Roveredo pèlemêle avec l'ennemi, qui ne put se rallier qu'au défilé en avant de Calliano, position très forte; l'Adige y est encaissé entre des montagnes à pic. Le défilé n'a pas quatre cents toises de largeur; des fortifications et une muraille, soutenues par plusieurs batteries, en barraient l'entrée; le général Davidowich avec une réserve y était en position; le général Dommartin plaça une batterie d'artillerie légère qui prenait la gorge en écharpe. Les tirailleurs s'engagèrent et obtinrent quelques avantages sur les montagnes. Neuf bataillons en colonne serrée se précipitèrent dans le défilé, abordèrent l'ennemi,

le culbutèrent; artillerie, cavalerie, infanterie, tout se trouva pêle-mêle. Quinze pièces de canon, sept drapeaux, sept cents hommes furent pris. De son côté, le général Vaubois força le camp de Mori et poursuivit vivement l'ennemi, en remontant la rive droite de la rivière dans la direction de Trente. Lemarrois, aide-decamp du général en chef, fut blessé grièvement dans une charge audacieuse et brillante à Roveredo. Ce jeune homme s'était distingué en vendémiaire à Paris, et avait beaucoup d'ardeur; il était du département de la Manche. - L'armée continua de marcher une partie de la nuit. Le 5 au jour, elle entra dans Trente. Le soir la division Vaubois, continuant sa marche, prit position sur le Lavis, à trois lieues de Trente; les débris de Davidowich étaient en position derrière cette rivière. Napoléon ordonna au général de cavalerie de passer au gué avec trois escadrons, de couper la ligne ennemie et de prendre à dos les troupes qui défendaient le pont, en même temps qu'il les faisait aborder au pas de charge. L'ennemi, mis dans le plus grand désordre, abandonna sa position, et le général Vaubois s'établit sur les rives du Lavis.

§ III.

La perte de la bataille de Roveredo, au lieu d'arrêter le mouvement de Wurmser sur Bassano, ne fit que l'accélérer; en effet, coupé de Trente et du Tyrol, il devait se hâter de sortir des gorges et de réunir son armée à Bassano, pour prendre sa ligne d'opérations par le Frioul; mais un autre motif le détermina; il se laissa persuader que Napoléon voulait se porter à Inspruck, pour se joindre à l'armée du Rhin, arrivée alors en Bavière; et sur cette fausse donnée, il fit marcher la division Mezaros sur Mantoue. Le 7 septembre, elle était déjà arrivée devant Vérone, dans le temps que son quartier-général, avec les divisions Sebottendorf et Quasdanowich et ses réserves, arrivait à Bassano, et que son arrière-garde prenait position à Primolano pour défendre les gorges de la Brenta. Dans la nuit du 5 au 6 septembre, on reçut à Trente la nouvelle que donnait le général Kilmaine, de Vérone, que la division Mezaros avait passé la Brenta et marchait sur l'Adige, et qu'il était probable qu'elle attaquerait le 7 septembre Vérone. Napoléon conçut sur-le-champ le projet de renfermer Wurmser entre la Brenta et l'Adige, ou, si à son approche

repliait sur la Piave, de cerner et prendre la division Mezaros, qui déjà était compromise et trop avancée pour se retirer. Il confia la. garde du Tyrol italien au général Vaubois, qui, de sa position du Lavis, était à même de se porter jusqu'au Brenner, à la rencontre du général Mezaros, si sa droite arrivait sur Inspruck. Il organisa dans la nuit l'administration du pays, et fit afficher la proclamation suivante :

Tyroliens! vous sollicitez la protection de « l'armée française; il faut vous en rendre di« gnes puisque la majorité d'entre vous est << bien intentionnée, contraignez ce petit nom«bre d'hommes opiniâtres à se soumettre. Leur «< conduite insensée tend à attirer sur leur pa«trie les fureurs de la guerre; la supériorité de << mes armes est aujourd'hui constatée. Les mi«nistres de l'empereur, achetés par l'or de l'An<< gleterre, le trahissent. Ce malheureux prince « ne fait pas un pas qui ne soit une faute. Vous << voulez la paix? Les Français combattent pour « elle. Nous ne passons sur votre territoire que « pour obliger la cour de Vienne de se rendre << au vou de l'Europe désolée, et d'entendre le «< cri de ses peuples! nous ne venons pas ici pour « nous agrandir; la nature a tracé nos limites <«< au Rhin et aux Alpes, dans le même temps (C qu'elle a posé au Tyrol les limites de la mai

« VorigeDoorgaan »