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elles furent enfin enfoncées, perdirent dix-huit pièces de canon et beaucoup de prisonniers. Le général en chef marcha avec la division Serrurier sur Vérone, où il arriva le 7, dans la nuit. Wurmser en avait fait fermer les portes, voulant gagner la nuit pour faire filer ses bagages; mais elles furent enfoncées à coups de canon, et l'on s'empara de la ville. Les Autrichiens perdirent beaucoup de monde. La division Augereau, éprouvant des difficultés à opérer son passage à Borghetto, passa sur le pont de Peschiera. Wurmser, ayant perdu la ligne du Mincio, essaya de conserver la position importante de Montebaldo et de la Rocca d'Anfo. Le général Saint-Hilaire attaqua Quasdanowich, par la vallée de l'Ydro, le 12, s'empara de la Rocca d'Anfo, de Lodrone, de Riva, et lui fit beaucoup de prisonniers, ce qui obligea les Autrichiens à brûler la flottille du lac. Masséna marcha sur Montebaldo, et reprit la Corona le 11. Augereau remonta la rive gauche de l'Adige, en suivant les crêtes des montagnes, et arriva jusqu'à la hauteur d'Alla. Les combats et les manœuvres de ces trois divisions valurent 2000 prisonniers et quelques pièces de canon. Après la perte de deux batailles comme celles de Lonato et de Castiglione, Wurmser dut comprendre qu'il ne pouvait plus disputer ce qu'il conve

nait aux Français d'occuper; il se retira à Roveredo et à Trente. L'armée française avait ellemême besoin de repos; l'armée autrichienne, après sa défaite, était encore de 40,000 hommes, mais avec cette différence, que désormais un bataillon de l'armée d'Italie en mettait quatre des ennemis en fuite, et que partout elle ramassait du canon, des prisonniers et des effets militaires.

Wurmser avait, il est vrai, ravitaillé la garnison de Mantoue; il en avait retiré des brigades de Roccavina et de Wukassowich; mais il ne ramenait que la moitié de sa belle armée. Du reste, rien ne saurait être comparable au découragement et à la démoralisation de cette armée, après ses revers, si ce n'est l'extrême confiance dont elle était animée au commencement de la campagne. Le plan du général autrichien, qui pouvait réussir dans d'autres circonstances, ou contre un autre homme que son adversaire, devait avoir l'issue funeste qu'il a eue; et bien qu'au premier coup d'œil, la défaite de cette grande et belle armée, en si peu de jours, semble ne devoir être attribuée qu'à l'habileté de Napoléon, qui improvisa sans cesse des manœuvres contre un plan général arrêté à l'avance, on doit convenir que ce plan reposait sur de mauvaises bases; c'était une faute

que de faire agir séparément des corps qui n'avaient entre eux aucune communication, vis-àvis d'une armée centralisée, et dont les communications étaient faciles; la droite ne pouvait communiquer avec le centre que par Roveredo et Ledro. Ce fut une seconde faute encore de subdiviser le corps de la droite, et de donner des buts différents à ses différentes divisions. Celle qui fut à Brescia ne trouva personne contre elle, et celle qui atteignit Lonato eut affaire aux troupes qui, la veille, étaient à Vérone, devant la gauche, laquelle dans ce moment entrait en Véronais, et n'avait plus personne devant elle. L'armée autrichienne comptait de très bonnes troupes, mais elle en avait aussi de médiocres : tout ce qui était venu du Rhin avec Wurmser était excellent; mais les cadres de l'ancienne armée de Beaulieu, battus dans tant de circonstances, étaient découragés. Aux combats et batailles, depuis le 29 juillet au 12 août, l'armée française fit 15,000 prisonniers, prit soixante-dix pièces de canon et neuf drapeaux, tua ou blessa 25,000 hommes; la perte de l'armée française a été de 7,000 hommes, dont 1,400 prisonniers, 600 tués, 5,000 blessés, dont la moitié légèrement.

S IX.

La garnison de Mantoue employa les premiers jours de la levée du siége à défaire les ouvrages des assiégeants, à faire entrer les pièces et les munitions qu'ils avaient abandonnées; mais les prompts revers de Wurmser ramenérent bientôt les Français devant la place. La perte de leur équipage d'artillerie ne laissait plus de moyens d'en reprendre le siége. Cet équipage formé à grande peine de pièces recueillies dans les différentes places de l'Italie, était une perte bien sensible. D'ailleurs l'ouver ture et le service de la tranchée eussent été trop dangereux pour les troupes, au moment où la malignité du climat allait exercer tous ses ravages, pendant la canicule; Napoléon ne songea pas à rassembler un second équipage qui n'eût été prêt qu'au moment même où de nouveaux événements pouvaient l'exposer à le perdre de nouveau, en le forçant de lever le siége une seconde fois. Il se contenta d'un simple blocus. Le général Sahuguet en fut chargé; il attaqua Governolo et fit attaquer Borgo-Forte par le général Dallemagne; le vingt-quatre août il était maître de tout le Serraglio; il avait rejeté l'ennemi dans la place, et resserré étroitement le blocus. Il s'occupa de multiplier les redoutes et

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les ouvrages sur la ligne de contrevallation. Tous les jours les troupes diminuaient par le ravage de la fièvre, et l'on prévoyait avec effroi que ce ravage ne ferait que s'accroître pendant l'automne. Il est vrai que la garnison était soumise aux mêmes maux; cependant elle était mieux abritée dans les maisons et jouissait de plus de commodités que les assiégeants.

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Aux premiers bruits des revers de l'armée française, les peuples d'Italie démasquèrent leurs dispositions secrètes. Le parti ennemi se montra le plus fort à Crémone, à Casal-Major, à Pavie; mais en général la Lombardie conserva un bon esprit : à Milan surtout, le peuple témoigna une grande constance, ce qui lui mérita dès-lors la confiance de Napoléon, qui lui donna des armes qu'il ne cessait de demander avec instance, et dont il fit depuis un bon usage. Il écrivit peu après aux Milanais: <«< Lorsque « l'armée française battait en retraite, que les

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partisans de l'Autriche et les ennemis de la « liberté de l'Italie la croyaient perdue sans <«< ressource, lorsqu'il était impossible à vous« mêmes de soupçonner que cette retraite n'é«tait qu'une ruse, vous avez montré de l'atta

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