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qu'en cernant ce point fixe, il cernerait l'armée française. Pour déconcerter ses projets il fallait soi-même reprendre cette initiative, rendre l'armée mobile en levant le siége de Mantoue, sacrifiant les tranchées et l'équipage du siége, pour se porter rapidement avec toute l'armée réunie sur un des corps de l'ennemi, et successivement contre les deux autres. Les Autrichiens étaient deux et demi contre un, mais si les trois corps étaient attaqués séparément par toute l'armée française, celle-ci aurait, sur le champ de bataille, l'avantage du nombre. La droite sous Quasdanowich, qui avait débouché sur Brescia, était la plus engagée, Napoléon marcha d'abord contre elle. La division Serrurier brûla ses affûts de siége, ses plates-formes, et jeta ses poudres à l'eau, enterra les projectiles, encloua les pièces, et leva le siége de Mantoue dans la nuit du 31 juillet au premier d'août. La division Augereau se porta de Legnago sur le Mincio, à Borghetto; les troupes de Masséna défendirent, toute la journée du 30, les hauteurs entre l'Adige et le lac de Garda. La brigade Dallemagne se dirigea sur Lonato; Napoléon se rendit sur les hauteurs en arrière de Dezenzano, fit remarcher Soret sur Salo pour dégager le général Guyeux, compromis dans le mauvais poste

où ce général l'avait laissé; cependant il s'y était battu quarante-huit heures contre tout une division ennemie, qui cinq fois lui avait livré l'assaut, et cinq fois avait été repoussée. Soret arriva au moment même où l'ennemi tentait un dernier effort; il tomba sur ses flancs, le défit entièrement, lui prit des drapeaux, des canons et des prisonniers. Dans le même moment, la division autrichienne du général Ocskay s'était portée de Gavardo sur Lonato, pour prendre position sur les hauteurs, et opérer sa jonction avec Wurmser sur le Mincio. Na+ poléon mena lui-même contre elle la brigade Dallemagne. Elle fit des prodiges de valeur; la 32o en faisait partie. Ocskay fut mis en déroute et éprouva une grande perte; les débris de ces deux divisions, battues par Soret et Dallemagne, se rallièrent à Gavardo. Soret craignit de se compromettre; il revint prendre une position intermédiaire entre Salo et Dezenzano. Pendant ce temps, Wurmser avait fait passer l'Adige à son artillerie et à sa cavalerie. Maître de tout le pays entre l'Adige et le lac de Garda, il plaça une de ses divisions sur les hauteurs de Peschiera pour masquer cette place et garder ses communications; il en dirigea deux autres avec une partie de sa cavalerie sur Borghetto, pour s'emparer du pont du Mincio

et déboucher sur la Chiese, afin de se mettre en communication avec sa droite. Enfin, avec ses deux dernières divisions d'infanterie et le reste de sa cavalerie, il marcha sur Mantoue pour faire lever le siége de cette place; mais déjà depuis vingt-quatre heures il était levé; il trouva les tranchées et les batteries encore entières, les pièces renversées et enclouées; partout des débris d'affûts, de plates-formes et de munitions de toute espèce. La précipitation qui semblait avoir présidé à ces mesures dut le réjouir; tout ce qu'il voyait autour de lui semblait bien plus le résultat de l'épouvante, que les suites d'un plan calculé.

Masséna, après avoir contenu l'ennemi toute la journée du 30, passa dans la nuit le Mincio à Peschiera, et continua sa marche sur Brescia. La division autrichienne qui se présenta devant Peschiera trouva la rive droite du Mincio garnie de tirailleurs, fournis par la garnison et par l'arrière-garde de Masséna, commandée par Pigeon, qui avait ordre de disputer le passage de ce fleuve, et, lorsqu'il serait forcé, de se concentrer sur Lonato. Augereau, en se portant sur Brescia, avait passé à Borghetto, coupé le pont, et laissé une arrière-garde pour border la rive droite, avec ordre de se concentrer à Castiglione, lorsqu'elle serait forcée. Toute la nuit du 31

juillet au premier août Napoléon marcha avec les divisions Augereau et Masséna sur Brescia, où il arriva à dix heures du matin. La division ennemie, instruite que l'armée française débouchait sur elle par toutes les routes, se retira en toute hâte. En entrant dans Brescia, elle y avait trouvé 500 malades, mais elle y resta si peu et fut contrainte d'en sortir si précipitamment, qu'elle n'eut pas le temps de reconnaître ses prisonniers ni d'en disposer. Le général Despinois et l'adjudant-général Herbin, chacun avec quelques bataillons, se mirent à la poursuite de l'ennemi sur St.-Ozetto et les débouchés de la Chiese; alors Napoléon avec les deux divisions Augereau et Masséna retourna, par une contremarche rapide, du côté du Mincio sur la Chiese, d'où ces deux divisions étaient parties pour soutenir leurs arrière-gardes, qui, par cette contremarche, devinrent leurs avant-gardes.

S VI.

Le 2 août Augereau, à la droite, occupa Montechiaro; Masséna, au centre, campa à Ponte-diSt.-Marco, se liant avec Soret qui, à la gauche, occupa une hauteur entre Salo et Dezenzano, faisant face en arrière pour contenir la droite de Quasdanowich déjà désorganisée ; cependant

les arrière - gardes qu'Augereau et Masséna avaient laissées sur le Mincio s'étaient retirées devant les divisions ennemies, qui avaient forcé le passage de cette rivière. Celle d'Augereau, qui avait ordre de se réunir à Castiglione, quitta ce poste avant le temps, et revint en désordre joindre son corps. Le général Valette, qui la commandait, fut destitué devant les troupes, pour n'avoir pas montré plus de fermeté dans cette occasion. Quant au général Pigeon, avec l'arrière-garde de Masséna, il gagna en bon ordre Lonato et s'y établit. L'ennemi profitant de la faute du général Valette s'empara de Castiglione le 2 et s'y retrancha. Le 3 eut lieu la bataille de Lonato; elle fut donnée par les deux divisions de Wurmser qui passèrent le Mincio sur le pont de Borghetto, celle de Liptay en était, et par la division de Bayalitsch qu'il avait laissée devant Peschiera, ce qui, avec la cavalerie, formait un corps de 30,000 hommes; les Français en avaient 20 à 23,000. Le succès ne fut pas douteux. Wurmser avec les deux divisions d'infanterie et la cavalerie qu'il avait conduite à Mantoue, non plus que Quasdanowich, qui était déjà en retraite, ne purent s'y trouver.

A l'aube du jour l'ennemi se porta sur Lonato qu'il attaqua vivement; c'est par là qu'il prétendait faire sa jonction avec sa droite sur la

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