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faubourg de Saint-George; c'est le chemin de Porto-Legnago : cette chaussée était fermée par une porte en pierre, et au milieu du lac par des ponts-levis. La troisième digue est la chaussée de Pietoli; le lac inférieur n'a là que quatrevingts toises de large; mais le terrain qui existe entre le lac et la place est occupé par un camp retranché sous la place, avec des fossés pleins d'eau. La quatrième digue est celle de la porte de Cerese, qui conduit à Modène; elle était fermée par une porte en pierre: le lac, là, était assez large. Enfin, la cinquième digue ou chaussée était celle de Pradella; elle a deux cents toises de long; c'est la route de Crémone, défendue par un ouvrage à cornes placé au milieu du lac. Ainsi, des cinq chaussées, celle de la Favorite ou de Roverbella était seule défendue par une citadelle; les quatre autres étaient sans défense, de sorte que l'assiégeant, venant se placer sur l'extrémité de ces chaussées, pouvait avec une poignée de monde bloquer la garnison. Sous le royaume d'Italie, voulant perfectionner cette grande place, on sentit l'importance d'occuper par des ouvrages les débouchés de toutes les digues; l'ingénieur Chasseloup fit construire un fort permanent en avant de la chaussée de Pradella, de sorte que pour bloquer Mantoue aujourd'hui, il faut bloquer

les quatre forts placés aux quatre débouchés.

Le Serraglio est l'espace compris entre le Mincio, Mantoue, le Pô et la Fossa à Maestra, canal qui du lac de Mantoue se jette dans le Pô près de Borgo-Forte : c'est un triangle de cinq à six lieues carrées; c'est une île. Mantoue exige une garnison d'au moins 12,000 hommes; cette garnison doit se maintenir le plus longtemps possible dans le Serraglio pour jouir des ressources qui s'y trouvent, son territoire étant très-fertile, pour se maintenir maîtresse du cours du Pò, et tirer des ressources de la rive droite de ce fleuve; Governolo était jadis fortifié. L'abbaye de Saint-Benedetto, chef-lieu des Bénédictins, est sur la rive droite du Pô, vis-à-vis l'embouchure du Mincio; les garnisons de Mantoue s'en servent en temps de paix pour y établir un hôpital de convalescence; l'air y est meilleur. § IX.

L'assiégé, qui sentait toute l'importance de se maintenir à la tête des cinq chaussées, tra⚫ vaillait avec une très grande activité à y élever des retranchements, mais on ne lui en donna pas le temps. Le 4 juin, le général en chef se porta lui-même au faubourg de Saint-George,

le

l'enleva après un combat assez vif, et rejeta l'ennemi dans la place; l'ennemi n'eut pas temps de relever les ponts-levis de la digue; s'il eût tardé quelques minutes, le salut de la place était compromis. Augereau s'empara de la porte de Cerese après une vive résistance; l'ennemi évacua Pietoli et se retira dans l'ouvrage à cornes. L'assiégeant maître ainsi des têtes de quatre digues, l'assiégé ne pouvait plus faire de sortie que par la citadelle de la Favorite, de sorte que la garnison fut contenue par une armée assiégeante d'une force inférieure. Serrurier fut chargé du blocus; il établit son quartier-général à Roverbella, comme au point le plus près de la citadelle de la Favorite, qu'il fit observer par 3,600 hommes: 600 hommes prirent position à Saint-George, 600 à Pietoli, à Cerese, 1,000 à Pradella; 2,000 hommes, artillerie, cavalerie, infanterie, formèrent des colonnes mobiles autour des lacs, une douzaine de barques armées de canon, et montées par des marins français, croisèrent dans les lacs. Avec 8,000 hommes de toutes armes présents sous les armes, Serrurier bloquait ainsi une garnison qui comptait 14,000 hommes effectifs et plus de 10,000 sous les armes. On ne jugea pas devoir établir des lignes de circonvallation, et l'on fit une faute; mais les ingénieurs donnaient

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600

l'espérance que la place serait rendue avant que l'armée autrichienne fût en position de venir la secourir; sans doute que ces lignes n'eussent été d'aucune utilité contre Wurmser, lorsqu'il ravitailla la place, la veille de la bataille de Castiglione : Napoléon, qui alors leva le blocus et abandonna son équipage de siége, eût également abandonné les lignes de circonvallation; mais lorsque Wurmser fut jeté dans Mantoue après la bataille de Bassano, il est probable que s'il y eût eu des lignes de circonvallation, il n'eût pas pu les forcer et aurait été obligé de poser les armes; c'était le troisième blocus. Lorsque l'on travailla à des lignes de circonvallation autour de Saint-George, on leur dut la reddition du corps du général, le succès de la bataille de la Favorite, en janvier 1797.

S X.

Le roi de Naples, voyant l'Italie supérieure au pouvoir des Français, envoya le prince Belmonte au quartier-général demander un armistice, qui fut signé le 5 janvier. La division de cavalerie napolitaine de 2,400 chevaux quitta l'armée autrichienne. Un plénipotentiaire napolitain se rendit à Paris pour conclure la paix définitive avec la république. Comme le roi de

Naples pouvait mettre 60,000 hommes sur pied, cet armistice était un événement important, d'autant plus que ce prince, éloigné du théâtre de la guerre, est, par sa position géographique, hors de l'influence de l'armée qui domine l'Italie supérieure ; du Pô à l'extrémité de la presqu'île, il y a deux cents lieues.

Ce ne fut pas sans peine que le général en chef parvint à faire adopter sa politique au gouvernement français, qui, sans calculer les distances, les chances et les forces, voulait révolutionner Rome, Naples et la Toscane. Il s'était fait de fausses idées sur les localités, l'esprit de ces peuples et la puissance des révolutionnaires. Les principes de guerre qui dirigeaient le cabinet étaient mauvais et contraires aux règles.

Le colonel Chasseloup commandait le génie ́à l'armée d'Italie, il fut fait général; c'était un des meilleurs officiers de son corps, d'un caractère inégal, mais connaissant bien toutes les ressources de son art.

Lespinasse, commandant l'artillerie, était un vieil officier, brave de sa personne et fort zélé.

Dommartin, Sugny, Songis, étaient des officiers de mérite. Le général d'artillerie Dujard, envoyé pour armer les côtes de Nice et de Provence, fut assassiné au col de Tende par les Barbets.

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