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Mantoue qu'elle laissa sur sa droite. Le 30 à la pointe du jour, elle déboucha sur Borghetto, après avoir trompé l'ennemi par divers mouvements qui lui firent croire qu'elle passerait le Mincio à Peschiera et y avoir attiré la réserve de Villa-Franca; aux approches de Borghetto, l'avant-garde française trouva 3,000 hommes de cavalerie autrichienne et napolitaine dans la plaine, et 4,000 hommes d'infanterie retranchés dans le village de Borghetto et sur les hauteurs de Valeggio. Le général Murat chargea la cavalerie ennemie; il obtint dans ce combat des succès importants: c'était la première fois que la cavalerie française, vu le mauvais état où elle avait été, se mesurait avec avantage avec la cavalerie autrichienne; elle prit neuf pièces de canon, deux étendards et 2,000 hommes, parmi lesquels le prince de Cuto, commandant la cavalerie napolitaine. Depuis ce temps, la cavalerie française rivalisa avec l'infanterie. Le colonel Gardane, qui marchait à la tête des grenadiers, entra au pas de charge dans Borghetto; l'ennemi en brûla le pont, qu'il était impossible de rétablir sous le feu de la hauteur de Valeggio. Gardane se jeta à l'eau. Les Autrichiens crurent voir la terrible colonne de Lodi; ils battirent en retraité: Valeggio fut enlevé ; il était dix heures du matin.

A midi, le pont étant rétabli, les divisions françaises passèrent le Mincio. Augereau remonta la rive gauche, se portant sur Peschiera, occupa les hauteurs de Castel-Novo; Serrurier suivit les troupes qui évacuaient Valeggio sur VillaFranca. Le général en chef marcha avec cette division tant que l'ennemi fut en vue; mais comme celui-ci évitait de combattre, il rentra à Valeggio où avait été marqué le quartier-général. La division Masséna, qui devait le couvrir, faisait la soupe sur la rive droite du Mincio et n'avait pas encore passé le pont. La division Sebottendorf ayant entendu la canonnade de Valeggio, s'était mise en marche, remontant la rive gauche de la rivière. Ses coureurs arrivèrent près de Valeggio sans rencontrer aucune troupe; ils entrèrent dans le bourg, et parvinrent jusqu'au logement où était le général en chef; son piquet d'escorte n'eut que le temps de fermer la porte cochère et de crier aux armes, ce qui lui donna le temps de monter à cheval et de sortir par des jardins de derrière. Les soldats de Masséna culbutèrent leurs marmites, passèrent le pont. Le bruit des tambours mit en fuite les hussards autrichiens. Sebottendorf fut suivi et mené battant toute la soirée; il perdit beaucoup de monde.

Le danger qu'avait couru Napoléon lui fit

sentir la nécessité d'avoir une garde d'hommes d'élite stylés à ce service, et chargés de veiller spécialement à sa sûreté. Il forma un corps. auquel il donna le nom de Guides. Le chef d'escadron Bessières fut chargé de l'organiser. Ce corps eut dès ce moment l'uniforme qu'on a connu aux chasseurs de la garde dont il a été le noyau; il était composé d'hommes d'élite de dix ans de service au moins, et a rendu de grands services dans les batailles ; 30 ou 40 de ces braves, lancés à propos, ont toujours amené les plus grands résultats. Les guides étaient alors pour une bataille, ce que les escadrons de service ont été depuis sous l'empereur; ce qui s'explique facilement, parce que les uns et les autres étaient sous sa main, et qu'il les lançait à propos dans les moments importants. Bessières, né en Languedoc, commença à servir dans le 22 de chasseurs, à l'armée des Pyrénées-Orientales. Il était d'une bravoure froide, calme au milieu du feu; il avait de très bons yeux; il était fort habitué aux manoeuvres de cavalerie, et propre surtout à commander une réserve. On le verra, dans toutes les grandes batailles, rendre les plus grands services. Lui et Murat étaient les premiers officiers de cavalerie de l'armée, mais de qualités bien opposées: Murat était un officier d'avant

garde, aventureux et bouillant; Bessières était un officier de réserve, plein de vigueur, mais prudent et circonspect. Il fut, dès le moment de la création des guides, chargé exclusivement de la garde du général en chef et de celle du quartier-général. Il a été, depuis, duc d'Istrie, maréchal d'empire, et l'un des maréchaux de la garde.

§ VII.

Pour couvrir le siége de Mantoue et l'Italie, il était nécessaire que l'armée française occupât la ligne de l'Adige et les ponts de Vérone et de Legnago. Toutes les insinuations du proyéditeur Foscarelli pour s'opposer à la marche sur Vérone furent vaines. Le 3 juin, Masséna s'empara de cette ville, située à trente-deux lieues de Milan, vingt-cinq de Venise, seize de Trente; elle a trois ponts de pierre sur l'Adige. Le Ponte-Vecchio a soixante toises de long et trois arches; cette ville a 60,000 habitants; elle est belle, grande, riche, très saine. Elle fut soumise aux Vénitiens en 1405: son enceinte à cheval sur la rivière a six mille toises; ses forts sont situés sur les hauteurs qui dominent la rive gauche. Porto-Legnago fut armé, et l'armée d'observation occupa Montebaldo par sa gauche,

Vérone par son centre, le bas Adige par sa droite; elle couvrait ainsi le siége de Mantoue. On avait atteint le but, le drapeau tricolore flottait sur les débouchés du Tyrol; il fallait actuelIment forcer Mantoue et enlever ce boulevard à l'Autriche; on se flattait de réussir avant l'arrivée de la nouvelle armée autrichienne; mais que de combats, que d'événements, que de dangers on devait surmonter!

§ VIII.

· Mantoue est située au milieu de trois lacs formés par les eaux du Mincio, qui sort du lac de Garda à Peschiera, et se jette dan le Pô près de Governolo. Elle communique à la terre ferme par cinq digues: la première, celle de la Favorite, qui séparait le lac supérieur du lac du milieu, a cent toises de long; elle est en pierre, les moulins de la ville y sont adossés ; elle à des vannes pour le déchargement des eaux au débouché est la citadelle de la Favorite, pentagone régulier assez fort et dont plusieurs fronts sont favorisés par des inondations; c'est par cette chaussée que l'on sort de Mantoue pour aller à Roverbella, et de là à Vérone ou Peschiera. La chaussée de Saint-George a soixante toises de long; elle débouche dans le

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