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renommée se plut à accroître les pertes de la ville, ce qui fut une leçon salutaire pour toute l'Italie. Des colonnes mobiles envoyées dans les campagues, opérèrent un désarmement général. On prit des ôtages dans toute la Lombardie; le choix tomba sur les principales familles, même sans qu'elles fussent suspectes. On jugea que le voyage en France des personnes les plus influentes, serait utile. Elles revinrent en effet peu de mois après; plusieurs avaient voyagé dans toutes nos provinces, elles s'y étaient francisées.

La ville de Pavie est située à sept lieues de Milan, sur le Tésin, à deux lieues de son embouchure dans le Pô. Elle a huit cent cinquante toises de large et deux mille cinq cents de tour; elle a un pont de pierre sur le Tésin, le seul qui existe sur ce fleuve; elle est fermée par une enceinte bastionnée, en ruine; elle fut la capitale de la monarchie des Lombards; très puissante et rivale de Milan, dans les XIe et XIIe siècles; elle était le centre du parti des gibelins, c'est-à-dire des empereurs et des nobles, dans le temps que Milan était guelfe, du parti des papes et du peuple. En 1517, François Ier perdit, par sa faute, la célèbre bataille de Pavie où il fut fait prisonnier; l'université de Pavie est renommée: les Volta, les Spallanzani, les Marcotti, les Fontana, y ont professé.

S IV.

On attribua ce soulèvement à la contribution extraordinaire de vingt millions qui venait d'être frappée, aux réquisitions nécessaires à l'armée, peut-être à quelques vexations particulières. Les troupes étaient nues, ce qui justifiait le titre de bandits et de brigands que leur donnaient les ennemis. Les Lombards, les Italiens ne se regardaient pas comme vaincus; c'était l'armée autrichienne qui avait été battue; aucun corps italien n'était au service de l'Autriche; le pays payait même une contribution pour être exempt du recrutement; c'était un principe reconnu par la cour de Vienne, qu'il était impossible de faire de bons soldats des Italiens. Cette circonstance, d'être obligé de vivre des ressources locales, retarda beaucoup l'esprit public d'Italie. Si, au contraire, l'armée française avait pu être entretenue des deniers.de la France, dès les premiers jours on eût pu lever des corps nombreux d'Italiens. Mais vouloir appeler une nation à la liberté, à l'indépendance, vouloir que l'esprit se forme au milieu d'elle, qu'elle lève des troupes, et lui enlever en même temps ses principales ressources, sont deux idées contradictoires, et c'est dans leur

conciliation que consiste le talent. Néanmoins, dans le commencement, il y eut mécontentement, murmures, conjurations. La conduite d'un général dans un pays conquis est environnée d'écueils : s'il est dur, il irrite et accroît le nombre de ses ennemis; s'il est doux, il donne des espérances qui font ensuite ressortir davantage les abus et les vexations inévitablement attachés à l'état de guerre. Quoi qu'il en soit, si une sédition dans ces circonstances est calmée à temps, et que le conquérant sache y employer un mélange de sévérité, de justice et de douceur, elle n'aura eu qu'un bon effet, elle aura été avantageuse et sera une nouvelle garantie pour l'avenir.

S V.

Pendant ce temps, l'armée avait continué de marcher sur l'Oglio, sous les ordres de Berthier; son général la rejoignit à Soncino, et le 28 il entra avec elle à Brescia, une des plus grandes villes de la terre ferme vénitienne; ses habitants étaient mécontents de la domination des nobles vénitiens. Brescia est à onze lieues de Crémone, quinze de Mantoue et vingt-huit de Venise, vingt-quatre de Trente, quatorze de Milan; elle fut soumise à la république de Venise en 1426.

Elle a 50,000 habitants, toute la province. compte 500,000 ames, partie habitant les montagnes, partie de riches plaines. La proclamation suivante fut affichée : « C'est pour délivrer <«< la plus belle contrée de l'Europe du joug de « fer de l'orgueilleuse maison d'Autriche, que « l'armée française a bravé les obstacles les plus « difficiles à surmonter. La victoire, d'accord <<'avec la justice, a couronné ses efforts; les dé« bris de l'armée ennemie se sont retirés au« delà du Mincio. L'armée française passe, pour << les poursuivre, sur le territoire de la républi<< que de Venise; mais elle n'oubliera pas qu'une « longue amitié unit les deux républiques. La « religion, le gouvernement, les usages, les propriétés seront respectés. Que les peuples « soient sans inquiétude, la plus sévère discipline sera maintenue; tout ce qui sera fourni « à l'armée sera exactement payé en argent. Le

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général en chef engage les officiers de la répu «< blique de Venise, les magistrats et les prêtres << à faire connaître ses sentiments au peuple, << afin que la confiance cimente l'amitié qui de<< puis long-temps unit les deux nations. Fidèle « dans le chemin de l'honneur comme dans ce<«<lui de la victoire, le soldat français n'est ter« rible que pour les ennemis de sa liberté et de

« son gouvernement. »

Le sénat envoya des provéditeurs au-devant de l'armée pour protester de sa neutralité. Il fut convenu qu'il fournirait toutes les subsistances nécessaires, sauf à en compter par la suite. Beaulieu avait reçu, sur le Mincio, beaucoup de renforts; à la première nouvelle des mouvements de l'armée, il avait porté son quartier-général derrière le Mincio, qu'il voulait défendre pour empêcher l'investissement de Mantoue qui, chaque jour, augmentait ses fortifications et ses approvisionnements. Sans avoir égard aux protestations des Vénitiens, il força les portes de la forteresse de Peschiera, et y appuya sa droite que commandait le général Liptay; il appuya son centre à Valeggio et Borghetto, où il plaça la division Pittony; la division Sebottendorf prit position à Pozzolo, Colli à Goïto; la garnison de Mantoue établit des postes dans le Serraglio. La réserve sous Mélas, forte de 15,000 hommes, campa à VillaFranca pour se porter sur le point qui serait

menacé.

S VI.

Le 29 mai, l'armée française était placée, la gauche à Dezenzano, le centre à Montechiaro, la droite à Castiglione, négligeant tout-à-fait

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