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l'indépendance de l'Italie. Il comptait à Milan parmi les familles nobles et aisées du pays. Les couleurs verte, blanche et rouge devinrent les couleurs nationales de l'Italie libre; des gardes nationales se formèrent dans toutes les villes. Serbelloni, le premier colonel de celle de Milan, était le plus grand seigneur du pays, jouissant d'une très grande popularité, et d'une grande fortune. Il a été, depuis, fort connu à Paris, où il a demeuré long-temps en qualité d'ambassadeur de la république cisalpine. A Milan, comme dans toutes les grandes villes d'Italie, et peutêtre dans toutes celles de l'Europe, la révolution française avait excité d'abord le plus vif enthousiasme et parlé à tous les sentiments; mais plus tard, les hideuses scènes de la terreur avaient changé ces bonnes dispositions. Toutefois les idées de la révolution conservaient encore à Milan de chauds partisans; la masse du peuple était remuée par l'attrait de l'égalité. Les Autrichiens, malgré leur longue domination, n'avaient pas inspiré d'attachement à ces peuples, hormis quelques familles nobles; ils déplaisaient à cause de leur morgue et de la brutalité de leurs manières. Le gouverneur-général, l'archiduc Ferdinand, n'était ni aimé ni estimé; on l'accusait d'aimer l'argent, d'influer sur l'administration pour favoriser les déprédations, de

spéculer sur les blés, et autres reproches de ce genre, toujours très impopulaires. Il était marié à la princesse Béatrix d'Est, fille héritière du dernier duc de Modène, alors régnant. La citadelle de Milan était bien armée et bien approvisionnée; Beaulieu y avait laissé 2,500 hommes de garnison. Le général français Despinois fut chargé du commandement de Milan, et du blocus de la citadelle. L'artillerie forma l'équipage de siége, en tirant les pièces et les munitions de guerre des places du Piémont qui avaient garnison française, Tortone, Alexandrie, Coni, Ceva, Cherasco.

S VI.

Les trois duchés de Modène, Reggio, et la Mirandola sur la rive droite du Pô inférieur, étaient gouvernés par le dernier prince de la maison d'Est, vieillard avare, dont l'unique plaisir était d'entasser de l'or. Il était méprisé de ses sujets; à l'approche de l'armée, il dépêcha le commandeur d'Est, son frère naturel, pour solliciter un armistice et la protection de Napoléon. La ville de Modène avait une enceinte bastionnée, un arsenal bien pourvu; son état militaire était de 4,000 hommes. Ce prince n'était, du reste, d'aucune considération politi

que;

il fut traité comme le duc de Parme, sans égard, d'ailleurs, à ses liaisons de sang avec la maison d'Autriche. L'armistice fut conclu et signé à Milan, le 20 mai. Il paya dix millions, donna des chevaux, des subsistances de toute espèce, et un certain nombre de chefs-d'oeuvre. Il envoya des plénipotentiaires à Paris, pour traiter de la paix ; mais elle ne fut point conclue; les négociations languirent, et enfin furent rompues. Voulant mettre son trésor à l'abri', il se réfugia à Venise, où il mourut en 1798. En lui s'éteignit la maison d'Est, si célèbre dans le moyen âge, et chantée avant tant de grace et de génie par l'Arioste et le Tasse. Sa fille, la princesse Béatrix, épouse de l'archiduc Ferdinand, était la mère de l'impératrice d'Autriche, morte en 1816.

Les nouvelles successives du passage du Pô, de la bataille de Lodi, de l'occupation de la Lombardie, des armistices des ducs de Parme et de Modène, enivrèrent le directoire, qui adopta le plan funeste de diviser l'armée d'Italie en deux armées. Napoléon, avec 20,000 hommes, devait passer le Pô, marcher sur Rome et Naples; et Kellermann, avec les 20,000 autres, commanderait sur la rive gauche du Pô, et couvrirait le siége de Mantoue. Napoléon, indigné d'une telle ingratitude, envoya sa démiss

sion, se refusant à être l'instrument de la perte de l'armée d'Italie et de ses frères d'armes : il dit que tous les hommes qui s'enfonceraient dans le fond de la presqu'ile seraient perdus; que l'armée principale, confiée à Kellermann, serait insuffisante pour se maintenir, et serait obligée de repasser les Alpes en peu de semaines. Un mauvais général, disait-il, vaut mieux que deux bons. Le gouvernement ouvrit les yeux et rapporta ses mesures liberticides. Il ne s'occupa plus de l'armée d'Italie que pour approuver ce que Napoléon avait fait ou projeté.

§ VII.

Berthier était âgé d'environ 42 ans. Son père, ingénieur-géographe, avait eu l'honneur de voir quelquefois Louis XV et Louis XVI, parce qu'il était chargé de lever les plans des chasses, et que ces princes, à leur retour de la chasse, aimaient à relever les fautes qu'ils y avaient apercues. Berthier, jeune encore, fit la guerre d'Amérique comme lieutenant, adjoint à l'étatmajor de Rochambeau; il était colonel à l'époque de la révolution, et commanda la garde nationale de Versailles, où il se montra fort opposé au parti de Lecointre; employé dans la Vendée comme chef d'état-major des armées révolu

tionnaires, il y fut blessé. Après le 9 thermidor, il fut chef d'état-major du général Kellermann à l'armée des Alpes, et le suivit à l'armée d'Italie. C'est lui qui fit prendre à l'armée la ligne de Borghetto qui arrêta l'ennemi. Lorsque Kellermann retourna à l'armée des Alpes, il l'emmena; mais lorsque Napoléon prit le commandement de l'armée d'italie, Berthier demanda et obtint la place de son chef d'état-major; il l'a toujours suivi en cette qualité dans les campagnes d'Italie et d'Égypte; depuis, il a été ministre de la guerre, major-général de la grande armée, prince de Neuchâtel et de Wagram. Il a épousé une princesse de Bavière, et a été comblé des bienfaits de Napoléon. Il avait une grande activité; il suivait son général dans toutes ses reconnaissances et dans toutes ses courses, sans que cela ralentît en rien son travail des bureaux. Il était d'un caractère indécis, peu propre à commander en chef, mais possédant toutes les qualités d'un bon chef d'étatmajor. Il connaissait bien la carte, entendait bien la partie des reconnaissances, soignait luimême l'expédition des ordres; était rompu à présenter, avec simplicité, les mouvements les plus composés d'une armée. Au commencement, on voulut lui attirer la disgrace de son chef, en le désignant comme son mentor, et pu

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