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Soldats, vous vous êtes précipités <«< comme un torrent du haut de l'Apennin. « Vous avez culbuté, dispersé tout ce qui s'opposait à votre marche. Le Piémont, délivré de la tyrannie autrichienne, s'est livré à ses << sentiments naturels de paix et d'amitié pour la France. Milan est à vous, et le pavillon républicain' flotte dans toute la Lombardie. Les « ducs de Parme et de Modène ne doivent leur « existence politique qu'à votre générosité. L'ar«mée qui vous menaçait avec orgueil ne trouve

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plus de barrière qui la rassure contre votre « courage; le Pô, le Tésin, l'Adda, n'ont pu «< vous arrêter un seul jour; ces boulevards «vantés de l'Italie ont été insuffisants; vous les << avez franchis aussi rapidement que l'Apennin. << Tant de succès ont porté la joie dans le sein « de la patrie, vos représentants ont ordonné « une fête dédiée à vos victoires, célébrée dans << toutes les communes de la république. Là vos pères, vos mères, vos épouses, vos sœurs, << vos amantes se réjouissent de vos succès et << se vantent avec orgueil de vous appartenir. « Oui, soldats, vous avez beaucoup fait........ << Mais ne vous reste-t-il donc plus rien à faire?.... « Dira-t-on de nous que nous avons su vaincre, <«< mais que nous n'avons pas su profiter de la « victoire? la postérité nous reprochera-t-elle

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« d'avoir trouvé Capoue dans la Lombardie ?.... << Mais je vous vois déjà courir aux armes, un « lâche repos vous fatigue, les journées perdues << pour la gloire le sont pour votre bonheur...... <«< Eh bien! partons, nous avons encore des << marches forcées à faire, des ennemis à sou<< mettre, des lauriers à cueillir, des injures à << venger. Que ceux qui ont aiguisé les poignards de la guerre civile en France, qui ont «<lâchement assassiné nos ministres, incendié << nos vaisseaux à Toulon, tremblent.... l'heure <<< de la vengeance a sonné. Mais que les peuples soient sans inquiétude; nous sommes amis de tous les peuples, et plus particulière<<ment des descendants des Brutus, des Scipion,

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et des grands hommes que nous avons pris <«< pour modèles. Rétablir le Capitole, y pla<«< cer avec honneur les statues des héros qui le rendirent célèbre, réveiller le peuple romain engourdi par plusieurs siècles d'esclavage, «tel sera le fruit de nos victoires; elles feront

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époque dans la postérité : vous aurez la gloire << immortelle de changer la face de la plus belle partie de l'Europe. Le peuple français, libre, respecté du monde entier, donnera à l'Eu« rope une paix glorieuse, qui l'indemnisera << des sacrifices de toute espèce qu'il a faits depuis six ans. Vous rentrerez alors dans vos

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foyers, et vos concitoyens diront en Vous <«<< montrant : Il était de l'armée d'Italie. » L'armée employa six jours de repos à l'amélioration de son matériel; rien ne fut épargné pour compléter les équipages d'artillerie. Le Piémont, le Parmesan, avaient fourni de grandes ressources, mais il s'en trouva de bien plus considérable en Lombardie, ce qui mit à même de faire la solde, de pourvoir à tous les besoins, de régulariser les services.

Milan est situé au milieu d'une des plus riches plaines du monde, entre les Alpes, le Pô et l'Adda; à trente-deux lieues du sommet des Alpes au col du Saint-Gothard; à huit lieues du Pô, à six du Tésin, à six de l'Adda, à quarantetrois du Mont-Cénis, à vingt-huit de Gênes, à vingt-huit de Turin, à vingt-neuf de Parme, à cinquante-six de Venise. Sa population était de 120,000 ames, l'enceinte de dix mille toises; elle avait dix portes; cent quarante couvents d'hommes ou de femmes, et cent confréries. La cathédrale est la plus belle et la plus vantée de l'Italie, après Saint-Pierre de Rome; elle est revêtue en marbre blanc; commencée par Galéasse en 1300, elle fut terminée en 1810 par Napoléon. L'hôpital, la bibliothèque Ambroisienne et grand nombre de beaux palais embellissent cette ville. Le Raviglio sert à sa commu

nication avec le Tésin et l'Adda'; leurs eaux se réunissent dans Milan par six écluses. Un autre canal a été construit, pendant le royaume d'Italie, pour joindre Pavie et Milan, établir une communication directe avec le Pô, et favoriser les communications avec Gênes. Le transport des marchandises de Gênes se faisait par roulage jusqu'à Cambio sur le Pô, où, embarquées sur ce fleuve, elles arrivaient par le bas Tésin à Pavie, et y étaient déchargées pour Milan; moyennant le nouveau canal, elles continuent leur navigation jusqu'à Milan, et de là partent sur l'Adda.

Milan a été fondé par les Gaulois d'Autun, l'an 580 avant Jésus-Christ. Cette ville a été assiégée quarante fois, prise vingt fois, entièrement détruite quatre fois. Sa citadelle a été construite sur les ruines du palais des Visconti; tout y est plein du souvenir des archevêques saint Ambroise, et Saint Charles Borromée. Sous l'empire romain, Milan était la capitale de la Gaule-Cisalpine. Elle a été depuis la capitale du royaume des Ostrogoths; elle a été à la tête de la ligue des républiques lombardes, dans le Xe siècle; depuis, le chef-lieu du parti des Guelfes pendant les XIIe et XIIIe siècles. Othon Visconti, un de ses archevêques, favorisé par les Gibelins, usurpa la souveraineté ; les Visconti la conservèrent jusqu'en 1450, que cette

maison s'éteignit. L'héritière naturelle Valentine Visconti, épouse du duc d'Orléans qui fut assassiné par le duc de Bourgogne, aïeul de Louis XII, porta ce duché dans la maison de France. Le condottiere François Sforce succéda aux Visconti. Louis XII s'empara de Milan en 1508, qui resta sous la domination de la France jusqu'en 1526, que Charles-Quint s'en saisit et en investit Philippe II. Les rois d'Espagne la possédèrent jusqu'en 1714 qu'elle passa à la maison d'Autriche, à qui elle appartenait encore en 1796.

Milan était la capitale de la Lombardie autrichienne, qui se divisait en sept provinces: celles de Milan, Pavie, Varèse, Como, Lodi, Crémone et Mantoue. La Lombardie avait ses priviléges particuliers: l'empereur d'Autriche y tenait un prince du sang comme gouverneur-général, et confiait les principales affaires à son ministre dirigeant. Elle avait des états composés des députés des sept provinces ; ces états étaient assez souvent opposés au gouverneur-général et aux ministres autrichiens. Le comte de Melzi était, parmi ces députés, le plus accrédité par ses lumières, son patriotisme et sa probité. Il a été depuis président de la république italienne, et chancelier du royaume d'Italie; il était plein d'amour de son pays, et tout dévoué à l'idée de

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