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son fils, les possédait en 1714; depuis, ayant été appelé au trône de Naples, ces duchés passèrent à la maison d'Autriche en 1748 par le traité d'Aix-la-Chapelle; l'infant don Philippe en fut investi; depuis, son fils Ferdinand lui succéda en 1762. C'est le fameux élève de Condillac; il est mort en 1802. Il habitait le château de Colorno, environné de moines et livré à toutes les pratiques les plus minutieuses de la religion.

§ IV..

L'armée leva dans la ville de Plaisance quatre cents chevaux d'artillerie. Le 10, elle marcha de Casal-Pusterlengo sur Lodi, où Beaulieu avait réuni les divisions de Sebottendorf et Roselmini, et avait dirigé sur Milan et Cassano, Colli et Wukassowich. La destinée de ces dernières troupes dépendait désormais de la rapidité des marches. On pouvait les couper de l'Oglio et les faire prisonnières, mais à une lieue de Casal l'armée française trouva une forte arrière-garde de grenadiers autrichiens avantageusement postée, défendant la chaussée de Lodi. Il fallut manoeuvrer; on y mit toute l'ardeur, et elle toute l'opiniâtreté que requéraient les circonstances; enfin le désordre sc

mit dans ses rangs; elle fut poursuivie l'épée dans les reins jusque dans Lodi. Cette place avait des murailles; l'ennemi voulut en fermer les portes, mais les soldats français y entrèrent pêle-mêle avec les fuyards qui se rallièrent derrière la ligne de bataille que Beaulieu avait prise sur la rive gauche de l'Adda. Ce général démasqua vingt-cinq à trente pièces de canon pour défendre le pont; les Français lui en opposèrent sur-le-champ un pareil nombre. La ligne autrichienne était de 12,000 hommes d'infanterie et 4,000 hommes de cavalerie, ce qui joint à 10,000 qui se retiraient sur Cassano, à 8,000 qui avaient été battus à Fombio, et dont les débris étaient retirés à Pizzighittone, et aux 2,000 de la garnison du château de Milan, formaient 35 à 36,000 hommes, seuls restes de son armée.

Napoléon, dans l'espoir de couper la division qui marchait par Cassano, résolut de passer le pont de l'Adda ce même jour sous le feu des ennemis, et de les étonner par une opération si hardie. En conséquence, après quelques heures de repos dans Lodi, sur les cinq heures du soir, il ordonna au général Beaumont, commandant la cavalerie, de passer l'Adda à une demilieue au-dessus, où se trouvait un gué praticable en ce moment, et aussitôt qu'il serait sur

l'autre rive, d'engager la canonnade avec une batterie d'artillerie légère sur le flanc droit de l'ennemi; en même temps il plaça au débouché du pont et sur la rive droite toute l'artillerie disponible de l'armée, la dirigeant sur les pièces ennemies qui enfilaient le pont; il forma les grenadiers en colonne serrée derrière le rempart de la ville qui borde l'Adda, où elle se trouvait plus près des batteries ennemies que la ligne même de l'infanterie autrichienne, qui s'était éloignée de la rivière pour profiter d'un pli de terrain qui la mettait à l'abri des boulets des batteries françaises. Dès qu'il vit le feu de l'artillerie de l'ennemi se ralentir, que la tête de la cavalerie française commençait à se former sur la rive gauche, que cette manœuvre inquiétait l'ennemi, il fit battre la charge; la tête de la colonne par un simple à gauche se trouva sur le pont, qu'elle traversa en peu de secondes au pas de course, et s'empara sur-lechamp du canon de l'ennemi; la colonne n'était exposée au feu de l'ennemi qu'au moment où elle convergeait, par un à gauche, pour passer le pont. Aussi en un clin d'oeil fut-elle à l'autre bord, sans essuyer de perte sensible; elle tomba sur la ligne ennemie, l'enfonça, la contraignit de se retirer sur Crema dans le plus grand désordre avec perte de son artillerie,

de plusieurs drapeaux, et 2,500 prisonniers. Une action si vigoureuse exécutée sous un feu si meurtrier, mais conduite avec toute la prudence convenable, a été regardée par les militaires comme une des actions les plus brillantes de la guerre. Les Français ne perdirent pas plus de 200 hommes; les ennemis furent écrasés. Mais Colli et Wukassowich avaient passé l'Adda à Cassano, et se retiraient par la chaussée de Brescia, ce qui décida la marche des Français sur Pizzighittone; ils mettaient de l'importance à chasser de suite l'ennemi de cette forteresse pour qu'il n'eût pas le temps de l'armer et de l'approvisionner; à peine fut-elle cernée qu'elle se rendit; il y avait trois cents hommes, que l'ennemi sacrifia pour favoriser sa retraite. Napoléon, dans sa ronde de nuit, rencontra un bivouac de prisonniers où était un vieux officier hongrois, bavard; il lui demanda comment allaient leurs affaires : le vieux capitaine ne pouvait disconvenir que cela n'allât très mal; « mais, ajouta-t-il, il n'y a plus moyen d'y rien comprendre, nous avons affaire à un jeune général, qui est tantôt, devant nous, tantôt sur notre queue, tantôt sur nos flancs; on ne sait jamais comment il faut se placer. Cette manière de faire la guerre est insupportable, et viole tous les usages. » La cavalerie française entra à Cré

mone après une assez brillante charge, et poursuivit l'arrière-garde autrichienne jusqu'à l'Oglio.

§ V.

Aucune troupe française n'était encore entrée à Milan, quoique cette capitale fût à plusieurs journées sur les derrières de l'armée qui avait des postes à Crémone. Mais les administrations autrichiennes l'avaient évacuée, et s'étaient réfugiées dans Mantoue. La ville était gardée par les gardes nationales. La municipalité et les états de Lombardie envoyèrent à Lodi une députation, à la tête de laquelle était Melzi, pour protester de leur soumission et implorer la clémence du vainqueur. C'est en souvenir de cette mission que le roi d'Italie institua depuis le duché de Lodi en faveur de Melzi, Le 15 mai, le vainqueur fit son entrée dans Milan sous un arc de triomphe, au milieu d'un peuple immense, et de la nombreuse garde nationale de la ville, habillée aux trois couleurs, vert, rouge et blanc. A sa tète était le duc de Serbelloni qu'elle s'était choisi pour chef. Augereau rétrograda pour occuper Pavie; Serrurier occupa Lodi et Crémone; la division Laharpe, Como, Cassano, Lucco, et Pizzighittone, qui fut armée et approvisionnée.

Napoléon dit à ses soldats, par l'ordre du

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