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sur elles-mêmes, et repasser les mauvais chemins où les dispositions de son plan l'avaient forcé de se jeter. Ce détour fut tel qu'une partie seule de ses troupes put arriver à Millesimo deux jours après, et qu'il lui fallut douze jours pour évacuer ses magasins de Voltri et de la Bocchetta, ce qui l'obligea à laisser des troupes pour les protéger.

S V.

Le 12, le quartier-général de l'armée arriva à Carcare; les Piémontais s'étaient retirés sur Millesimo et les Autrichiens sur Dego. Ces deux positions étaient liées par une brigade piémontaise, qui occupait les hauteurs de Biestro; à Millesimo les Piémontais étaient à cheval sur le chemin qui couvre le Piémont; ils furent rejoints par Colli, avec tout ce qu'il put tirer de la droite. A Dego les Autrichiens occupaient la position qui défend le chemin d'Acqui, route directe du Milanais ils y furent rejoints par Beaulieu avec tout ce qu'il put ramener de Voltri. Dans cette position ce général se trouvait en mesure de recevoir tous les renforts que pourrait lui fournir la Lombardie : ainsi les deux grands débouchés du Piémont et du Milanais étaient couverts; l'ennemi se flattait d'avoir le temps de

s'y établir et de s'y retrancher. Quelque avantageuse qu'eût été la bataille de Montenotte pour les Français, il avait trouvé dans la supériorité du nombre de quoi réparer ses pertes; mais le surlendemain 14, la bataille de Millesimo ou-. vrit les deux routes de Turin et de Milan. Augereau, formant la gauche, marcha sur Millesimo, Masséna, avec le centre, se porta sur Biestro et Dego, et Laharpe, avec la droite, chemina sur les hauteurs de Cairo: l'armée française occupait ainsi quatre lieues de terrain de la droite à la gauche; l'ennemi avait appuyé sa droite en faisant occuper le mamelon de Cossaria, qui domine les deux branches de la Bormida. Mais le 13, le général Augereau, dont les troupes n'avaient pas donné à la bataille de Montenotte, poussa la droite de l'ennemi avec tant d'impétuosité, qu'il lui enleva les gorges de Millesimo, et cerna le mamelon de Cossaria. Le général autrichien Provera, avec son arrièregarde forte de 2,000 hommes, fut coupé : dans une position aussi désespérée, il paya d'audace. Ce général se réfugia dans un vieux castel ruiné, et s'y barricada. De cette hauteur, il voyait la droite de l'armée sarde qui faisait des dispositions pour la bataille du lendemain; il espérait être dégagé. Napoléon sentait l'importance de s'emparer, dans la journée même du 13, du

château de Cossaria; mais ce poste était trop fort, plusieurs attaques échouèrent; le lendemain, les deux armées furent aux mains: Masséna et Laharpe enlevèrent Dego, après un combat opiniâtre; Menard et Joubert, les hauteurs de Biestro. Toutes les attaques de Colli pour dégager Cossária furent vaines; dans toutes il fut battu et poursuivi l'épée dans les reins; Provera désespéré posa les armes. L'ennemi, vivement poursuivi dans les gorges de Spigno sur la route d'Acqui, par 400 hommes des 22° de chasseurs, 7° hussards et 15 de dragons, y laissa une trentaine de pièces de canon attelées et soixante caissons, quinze drapeaux et 6,000 prisonniers, parmi lesquels deux généraux et vingtquatre officiers supérieurs. Le général en chef se trouva partout dans les moments les plus importants.

La séparation des deux armées autrichienne et sarde fut dès-lors bien marquée : Beaulieu porta son quartier-général à Acqui, route du Milanais; et Colli se porta à Ceva pour s'oppo-. ser à la jonction de Serrurier et couvrir Turin.

S VI.

Cependant la division de grenadiers autrichiens de Wukassowich, qui avait été dirigée

de Voltri par Sassello, arriva le 15 avril à trois heures du matin à Dego. La position n'était plus occupée que par quelques bataillons français ces grenadiers enlevèrent facilement le village, et l'alarme fut grande au quartier-général français, où l'on avait peine à comprendre comment les ennemis pouvaient être à Dego, lorsque les avant-postes, placés sur la route d'Acqui, n'étaient pas inquiétés. Napoléon y marcha; après deux heures d'un combat très chaud, Dego fut repris, et la division ennemie fut presque entièrement prisonnière ou tuée. L'adjudant-général Lanusse, depuis général de division, mort sur le champ de bataille d'Alexandrie en Égypte (en 1801), décida de la victoire, un moment incertaine, à la tête de deux bataillons de troupes légères; il gravissait la gauche du mamelon de Dego; des bataillons de grenadiers hongrois accoururent pour les empêcher de monter; les deux colonnes avancérent et rétrogradèrent trois fois; mais, à la troisième, Lanusse, mettant son chapeau au bout de son épée, s'avança audacieusement, et décida de la victoire. Cette action, qui se passa sous les yeux du général en chef, lui valut le grade de général de brigade les généraux Causse et Bannel furent tués, ils venaient des Pyrénées-Orienta

les;

:

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les officiers qui avaient servi dans cette ar

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mée montraient une impétuosité et un courage distingués. C'est dans le village de Dego que Napoléon remarqua pour la première fois un chef de bataillon qu'il fit colonel; c'était Lannes, qui depuis fut maréchal de l'empire, duc de Montebello, et déploya les plus grands talents; on le verra constamment dans la suite prendre la plus grande part à tous les événements.

Après le combat de Dego, les opérations furent dirigées contre les Piémontais; l'on se contenta de tenir les Autrichiens en échec. Laharpe fut placé en observation au camp de San-Benedetto sur le Belbo; Beaulieu, affaibli, ne s'occupa plus qu'à rallier et organiser les débris de son armée. La division Laharpe, obligée de demeurer plusieurs jours dans cette position, souffrit par le défaut de subsistances, le manque de transports et l'épuisement d'un pays où avaient séjourné tant de troupes; elle se livra à quelques désordres.

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Serrurier, instruit à Garessio des batailles de Montenotte et de Millesimo, s'empara de la hauteur de Saint-Jean de Murialto, entra dans Ceva le même jour qu'Augereau arrivait sur les hauteurs de Montezemoto. Le 17, après une vaine résistance, Colli évacua le camp retranché de Ceva, repassa le Tanaro, et se retira derrière la Corsaglia, occupant par sa droite la Madona-de-Vico. Le même jour, le quartier-général

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