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tiennes; qu'elle est heureusement située pour inquiéter, par l'Adriatique et la Méditerranée, les flancs d'une armée qui passerait le Pô et s'engagerait dans l'Apennin sans être maîtresse de la mer; que de Rome, les dépôts que contient une grande capitale pourraient être transportés sur Naples et Tarente pour les soustraire à un ennemi vainqueur; qu'enfin Rome existe; qu'elle offre beaucoup plus de ressources pour les besoins d'une grande capitale qu'aucune ville du monde; qu'elle a surtout pour elle la magie et la noblesse de son nom : nous pensons aussi, quoiqu'elle n'ait pas toutes les qualités désirables, que Rome est, sans contredit, la capitale que les Italiens choisiront un jour..

L'Italie par sa population et ses richesses peut entretenir 400,000 hommes de toutes armes, indépendamment de la marine. La guerre d'Italie exige moins de cavalerie que celle d'Allemagne ; 30,000 chevaux lui seraient suffisants; l'arme de l'artillerie devrait être nombreuse pour pourvoir à la défense des côtes et des établissements maritimes. Les chevaux sont rares en Italie; cependant Naples, la Toscane et Rome en fournissent de très estimés; l'Albanie, la Suisse, l'Allemagne, l'Afrique, devraient y pourvoir; on rétablirait les haras qui ont été,

sacrifiés au bien de l'agriculture et au profit donnent les bêtes à cornes; dans les douque zième et treizième siècles, les diverses puissances de l'Italie entretenaient cent mille chevaux; à cette époque, la Toscane seule avait une armée de 100,000 hommes, parce que les armées ne s'éloignaient jamais de plus de quelques marches de leurs villes. Une armée de 400,000 hommes suffirait à l'Italie pour fournir trois armées de 100,000 hommes pour la défense de ses frontières de France, de Suisse et d'Allemagne.

§ VII.

Aucune partie de l'Europe n'est située d'une manière aussi avantageuse que cette péninsule pour devenir une grande puissance maritime; elle a, depuis les bouches du Var jusqu'au détroit de la Sicile, deux cent trente lieues de côtes; du détroit de la Sicile au cap d'Otrante, à l'embouchure de l'Isonzo sur l'Adriatique, deux cent trente lieues; les trois îles de Sicile, de Corse et de Sardaigne ont cinq cent trente lieues de côtes; l'Italie, compris ses grandes et petites îles, a donc douze cents lieues de côtes ; et ne sont pas comprises dans ce calcul celles de la Dalmatie, de l'Istrie, des bouches du Cat

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taro; des îles Ioniennes, qui sous l'empire dépendaient de l'Italie. La France a sur la Méditerranée cent trente lieues de côtes, sur l'Océan quatre cent soixante-dix, en tout six cents lieues; l'Espagne, compris ses îles, a sur la Méditerranée cinq cents lieues de côtes et trois cents sur l'Océan; ainsi l'Italie a un tiers de côtes de plus que l'Espagne et moitié de plus, que la France; la France a trois ports dont les villes ont 100,000 ames de population; l'Italie a Gênes, Naples, Palerme et Venise, dont la population est supérieure; Naples a 400,000 habitants. Les côtes opposées de la Mediterranée et de l'Adriatique étant peu éloignées l'une de l'autre, presque toute la population de l'Italie est à portée des côtes; Lucques, Pise, Rome, Ravenne, éloignées de trois à quatre lieues de la mer, sont susceptibles de jouir de tous les avantages d'une ville maritime, et de fournir de nombreux matelots; ses trois grands ports militaires d'armement et de construction sont: la Spezzia pour les mers liguriennes, Tarente pour les mers d'Ionie et Venise pour l'Adriatique. L'Italie a toutes les ressources en bois, chanvre, et généralement tout ce qui est nécessaire aux constructions navales; la Spezzia est le plus beau port de l'univers, sa rade est même supérieure à celle de Toulon; sa défense

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par terre et par mer est facile; les projets rédigés sous l'empire, et dont on avait commencé l'exécution ont prouvé qu'avec des dépenses médiocres les établissements maritimes seraient à l'abri, et renfermés dans une place susceptible de la plus grande résistance. Ses chantiers seraient à portée de recevoir les bois de la Corse, de la Ligurie, de la Toscane, les fers de l'île d'Elbe, des Alpes et de tout l'Apennin; ses escadres domineraient les mers de Corse et de Sardaigne, et auraient pour refuge les rades de Porto-Ferrajo, de Saint-Florent, d'Ajaccio, de Porto-Vecchio, de Saint-Pierre de Sardaigne de Vado et de Ville-Franche. Tarente est merveilleusement située pour dominer la Sicile, la Grèce, le Levant et les côtes d'Égypte et de Syrie; il a été fait, sous l'empire, des projets pour ses fortifications de terre et ses établissements maritimes les plus grandes flottes grandes flottes y sont à l'abri des vents et de toute attaque d'un ennemi supérieur. Enfin, à Venise tout ce qui est né cessaire existe déjà. Les Vénitiens n'avaient que des vaisseaux d'un tirant de dix-huit pieds d'eau ; mais, sous l'empire, grand nombre de vaisseaux, du modèle français, y ont été construits, et moyennant les travaux faits au canal de Malamoco, et par le secours des chameaux, des vaisseaux tout armés, du modèle français de 74,

en sont sortis et se sont battus avec gloire peu d'instants après leur sortie. Une commission d'ingénieurs des ponts-et-chaussées, présidée par Proni, avait arrêté un plan, qui moyennant quelques millions et quelques années de travaux, permettait aux vaisseaux de sortir tout armés sans le secours des chameaux. La Sicile, Malte, Corfou, l'Istrie, la Dalmatie, et spécialement Raguse, offrent des ports et des refuges aux plus grandes escadres. Les ports de Gênes, de Castelmare, de Bari, d'Ancône, où peuvent entrer des vaisseaux du premier rang, seraient quatre ports secondaires, soit pour construire, soit pour armer et réparer ou ravitailler de petites escadres. L'Italie peut lever et avoir pour le service de la marine, même en la prenant dans une époque de décadence, 120,000 matelots; les marins génois, pisans, vénitiens ont été célèbres pendant plusieurs siècles. L'Italie pourrait entretenir trois à quatre cents bâtiments de guerre, dont 100 à 120 vaisseaux de ligne de 74; son pavillon lutterait avec avantage contre ceux de France, d'Espagne, de Constantinople et des quatre puissances barbarésques.

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