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sents; le résultat répondit à la confiance de l'armée. La sortie de l'ennemi fut d'abord contenue, ensuite repoussée dans la place, les batteries furent sauvées. Napoléon se forma dès ce moment une idée des troupes coalisées. Les Napolitains, qui composaient une partie de leurs forces, étaient mauvais; ils étaient toujours mis à l'avant-garde.

le

Du côté de l'est, Lapoype avait des escarmouches journalières avec les postes de l'ennemi placés sur le revers du Faron. Le premier octobre, il les avait repoussés, était parvenu sur la montagne, mais avait été arrêté par fort, et peu d'heures après chassé de la crête et forcé de rentrer dans son camp. Le 15 octobre, il fut plus heureux, il attaqua la hauteur du cap Brun, et l'emporta après un vif engage

ment.

SV.

A la fin de septembre, on avait tenu un conseil de guerre à Olioules; de quel côté serait la principale attaque? devait-elle se faire du côté de l'est ou de l'ouest? sur le terrain occupé par la division Lapoype, ou sur celui occupé par la division Cartaux ? Les opinions furent unanimes qu'il fallait attaquer par

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l'ouest, et réunir le grand parc de siége à Olioules du côté de l'est, Toulon est couvert par le fort Faron et le fort de la Malgue; du côté de l'ouest, il ne l'est que par le fort de Malbosquet, qui n'est qu'un fort de campagne. Un second conseil eut lieu le 15 octobre; on y lut un plan envoyé de Paris sur la conduite du siége; il était approuvé par le comité du génie et rédigé par le général d'Arçon: il supposait l'armée forte de 60,000 hommes, et abondamment fournie de tout le matériel nécessaire. Il voulait qu'elle s'emparât d'abord de la montagne et du fort Faron, des forts Rouge et Blanc, de celui de Sainte-Catherine, et qu'ensuite elle ouvrit la tranchée sur les fronts du milieu de l'enceinte de Toulon, négligeant également les forts de la Malgue et de Malbosquet. Mais l'ennemi était établi solidement au fort Faron, et les localités étaient telles qu'il n'était pas facile d'y ouvrir la tranchée; d'ailleurs en supposant cela fait, les opérations subséquentes entraîneraient dans des longueurs qui donneraient le temps aux insurgés de recevoir les renforts qu'ils attendaient pour faire lever le siége et envahir la Provence.

Napoléon proposa un plan tout différent; il posa en principe que si l'on pouvait bloquer Toulon par mer, comme il l'était par terre,

cette place tomberait d'elle-même, parce que les ennemis préféreraient emmener les trenteun vaisseaux de guerre français, mettre le feu aux magasins, détruire l'arsenal, faire sauter les jetées du bassin et évacuer la ville plutôt que d'y abandonner en garnison 15,000 hommes qui, une fois bloqués, seraient obligés de capituler tôt ou tard, et qui alors, pour obtenir une capitulation honorable, seraient forcés de remettre l'escadre, l'arsenal, les magasins, les fortifications intacts; or il était facile de bloquer Toulon par mer, en obligeant l'escadre d'évacuer les grande et petite rades; il suffirait pour cela de placer deux batteries de trente pièces de 24 ou de 36, quatre de 16 à boulets rouges et dix mortiers à la Gomer, l'une à l'extrémité du promontoire de l'Éguillette, l'autre au promontoire de Balaguier; ces deux batteries ne seraient éloignées que de sept cents toises de la grosse tour, et elles jetteraient des bombes, des obus, des boulets sur toute l'étendue de la petite et de la grande rade. Le général Marescot, alors capitaine du génie, qui arrivait pour commander cette arme, ne partageait pas ces espérances; mais il convenait de l'à-propos de chasser l'escadre anglaise et de bloquer Toulon, ce qu'il regardait comme un préalable indispensable pour pouvoir ensuite

conduire les attaques avec la rapidité et la vigueur convenables. Mais déjà les ennemis avaient senti l'importance des caps de Balaguier et de l'Éguillette; ils travaillaient depuis un mois au fort Murgrave sur la hauteur du promontoire du Caire; ils n'avaient rien négligé et ne négligeaient rien pour le rendre formidable, les équipages des vaisseaux, toutes les ressources en bois et en ouvriers qu'offrait l'arsenal de Toulon, ils les avaient prodigués et les prodiguaient encore tous les jours : déjà ce fort justifiait le surnom qu'ils lui avaient donné de Petit-Gibraltar.

Le surlendemain de son arrivée à l'armée Napoléon avait été à la position du Caire, que l'ennemi n'occupait pas encore, et ayant conçu sur-le-champ son projet, il s'était rendu chez le général en chef pour lui offrir de le faire entrer dans Toulon avant huit jours, s'il voulait faire occuper en force la position du Caire, de manière que l'artillerie pût sur-le-champ placer des batteries à l'extrémité des caps de l'Eguillette et de Balaguier. Le général Cartaux n'était capable ni de comprendre ni d'exécuter un tel plan; il chargea cependant le brave adjudantgénéral Laborde, depuis général de la garde impériale, de s'y porter avec 400 hommes; mais peu de jours après l'ennemi débarqua 4,000 hom

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chassa le général Laborde, et commença à élever le fort Murgrave. Pendant les huit premiers jours, le commandant d'artillerie n'avait cessé de demander que l'on renforçât Laborde afin qu'il put chasser les ennemis de ce point. Il n'avait pu l'obtenir. Cartaux ne se croyait pas assez fort pour s'étendre sur sa droite, ou plutôt n'en comprenait pas l'importance. A la fin d'octobre, les choses étaient bien changées. On ne pouvait plus penser à brusquer l'attaque de cette position; il fallait établir de bonnes batteries de canons et de mortiers, raser les ouvrages et faire taire l'artillerie de ce fort. Toutes ces idées furent adoptées par le conseil; l'artillerie eut ordre de faire toutes les dispositions pour les détails de son arme; elle y travailla sans retard et avec la plus grande activité.

Cependant Napoléon se trouvait journellement contrarié par l'ignorance de l'état-major qui voulait sans cesse le distraire du plan arrêté au conseil, pour employer ses canons dans une direction opposée, soit pour battre sans but des forts, soit pour essayer de jeter quelques projectiles dans la ville et brûler quelques maisons. Un jour le général en chef le conduisit sur une hauteur entre le fort Malbosquet et les forts Rouge et Blanc, et lui proposa d'y établir une batterie qui les battrait à la fois. Il essaya

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