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défend le Serraglio et la partie du Mincio jusqu'au Pô. Les collines de Monzambano et de la Volta, sur la rive droite, dominent la rive gauche; celles de Salionze et de Valeggio, sur la rive gauche, dominent la rive droite. Une petite citadelle sur la rive gauche au mamelon de Valeggio, une autre sur le mamelon de Salionze, le rétablissement de la petite place de Goito, couverte par des inondations, rendraient cette ligne assez bonne; cependant l'armée qui l'occuperait serait obligée d'avoir un corps détaché sur la rive droite du Pô.

L'Oglio est souvent guéable; il a l'inconvénient, du côté de sa source et de sa gauche, de s'approcher de l'Adda; de sorte qu'une armée qui serait placée sur la rive droite de cette rivière, serait facilement coupée de Milan, ce qui est fréquemment arrivé dans les guerres de Venise et des Visconti. Mais si la retraite de cette armée pouvait se faire par la rive droite du Pô, cette ligne pourrait être dans ce cas de quelque utilité. L'Adda est quelquefois guéable; des fortifications permanentes ou de campagne sont nécessaires à Lecco, à Trezzo, à Cassano, à Lodi, ainsi que des barques armées sur le lac de Como. La place de Pizzighettone appuie le bas de la ligne; une place à Plaisance avec un pont sur le Pô, serait le complément de cette ligne ; au dé

faut de cette place il faut une deuxième armée sur la rive droite du Pô.

Le Tésin est une bonne ligne; ce fleuve est large, profond, rapide, mais il est nécessaire d'occuper Pavie comme tête de pont : une place à la Stradella serait le complément de cette ligne pour arrêter l'ennemi sur la rive droite du Pô; au défaut de cette place il faut une armée sur la rive droite du Pô. La Stradella est le point le plus étroit de la vallée du Pô; un fort la bous cherait en entier. Là viennent aboutir les derniers mamelons des Apennins liguriens. La vallée n'a pas la largeur d'une portée de canon; le Pô coule jusqu'à leurs pieds. Le canon de la Stradella battrait partout; plus haut, plus bas que ce point, la vallée a deux ou trois lieues de large, et un fort tel que celui de la Stradella ne la fermerait pas.

S VI.

L'Italie, isolée dans ses limites naturelles, séparée par la mer et par de très hautes montagnes du reste de l'Europe, semble être appelée à former une grande et puissante nation; mais elle a dans sa configuration géographique un vice capital, que l'on peut considérer comme la cause des malheurs qu'elle a essuyés, et du

morcellement de ce beau pays en plusieurs monarchies ou républiques indépendantes : sa longueur est sans proportion avec sa largeur. Si l'Italie eût été bornée par le Mont-Vellino, c'està-dire à peu près à la hauteur de Rome, et que toute la partie de terrain comprise entre le Mont-Vellino et la mer d'Ionie, y compris la Sicile, eût été jetée entre la Sardaigne, la Corse, Gênes et la Toscane, elle eût eu un centre, près de tous les points de la circonférence; elle eût eu unité de rivières, de climat, et d'intérêts locaux. Mais, d'un côté, les trois grandes îles qui sont un tiers de sa surface, et qui ont des intérêts, des positions, et sont dans des circonstances isolées, d'un autre côté cette partie de la péninsule au sud du Mont-Vellino, et qui forme le royaume de Naples, sont étrangères aux intérêts, au climat, aux besoins de toute la vallée du Pô. Ainsi, pendant que les Gaulois passaient les Alpes cottiennes, 600 ans avant JésusChrist, et s'établissaient dans la vallée du Pô, les Grecs débarquaient sur les côtes méridionales par la mer Ionienne, et fondaient les colonies de Tarente, de Salente, de Crotone, de Sabargte, états qui furent connus sous le nom générique de Grande-Grèce. Rome, qui subjugua et la Gaule et la Grèce, rangea toute l'Italie sous ses lois. Quelques siècles après Jésus-Christ, lorsque

le siége des empereurs fut transporté à Constantinople, les barbares passèrent l'Isonzo et l'Adige et fondèrent divers états; le trône de la puissante monarchie des Lombards s'établit à Pavie. Les flottes de Constantinople maintinrent la domination impériale sur les côtes de la partie méridionale. Plus tard, les rois de France pénétrèrent souvent en Italie par les Alpes cottiennes; et les empereurs d'Allemagne, par les Alpes cottiennes et rhétiennes; les papes opposèrent ces princes les uns aux autres et se maintinrent par cette politique dans une espèce d'indépendance, et aussi à la faveur des divisions et de l'anarchie qui s'établirent dans les villes. Mais quoique le sud de l'Italie soit, par sa situation, séparé du nord, l'Italie est une seule nation; l'unité de mœurs, de langage, de littérature doit, dans un avenir plus ou moins éloigné, réunir enfin ses habitants sous un seul gouvernement. Pour exister, la première condition de cette monarchie sera d'être puissance maritime, ⚫ afin de maintenir la suprématie sur ses îles et de défendre ses côtes..

Les opinions sont partagées sur le lieu qui serait le plus propre à être sa capitale. Les uns désignent Venise, parce que le premier besoin de l'Italie c'est d'être puissance maritime: Venise, par sa situation à l'abri de toute attaque,

est le dépôt naturel du commerce du Levant, de l'Allemagne : c'est commercialement parlant le point le plus près de Turin, de Milan, plus que Gênes même; la mer la rapproche de tous les points des côtes: d'autres sont conduits par l'histoire et d'anciens souvenirs, à Rome; ils disent que Rome est plus centrale, qu'elle est à portée des trois grandes îles de Sicile, de Sardaigne et de Corse; qu'elle est à portée de Naples, la plus grande population de l'Italie; qu'elle est dans un juste éloignement de tous les points de la frontière attaquable: soit que l'ennemi se présente par la frontière française, la frontière suisse, ou la frontière autrichienne, Rome est à une distance de cent vingt à cent quarante lieues; que la frontière des Alpes forcée, elle est garantie par la frontière du Pô, et enfin par la frontière des Apennins; que la France et l'Espagne sont de grandes puissances maritimes, qu'elles n'ont pas leur capitale placée dans un port; que Rome, près des côtes de la Méditerranée et de l'Adriatique, est à même de pourvoir rapidement, avec économie, par l'Adriatique, et partant d'Ancône et de Venise, à l'approvisionnement et à la défense de la frontière de l'Isonzo et de l'Adige; que par le Tibre, Gênes et Ville-Franche, elle peut pourvoir aux besoins de la frontière du Var et des Alpes cot

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