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Saint-Bernard. Depuis le pied du Saint-Bernard du côté de la France, au village de Scez, jusqu'à la vallée de Barcelonnette, il y a trente lieues; du côté de l'Italie il n'y en a que dix-huit, mesurées de la vallée d'Aoste à la vallée de la Stura, vis-à-vis le col d'Argentières. Mais de la Stura il faut franchir la haute chaîne des Alpes pour descendre dans le comté de Nice et suivre les bords de la rive gauche du Var. Une armée qui, d'Italie, franchit le Var, est entrée en France; mais une armée qui, de France, franchit le Var, n'est pas entrée en Italie: elle n'est que sur le revers des Alpes maritimes. Aussi long-temps qu'elle n'a pas franchi la haute crête des Alpes pour descendre en Italie, l'obstacle reste tout

entier.

Le Var est un torrent guéable une partie de l'année. Il coule dans des montagnes où tous les chemins sont impraticables à l'artillerie. Une armée ne pourrait donc entrer en Italie, en passant le Var, que par le bas de cette rivière pour s'emparer d'abord de Nice. Pour que le Var fùt une ligne de quelque considération, il faudrait un fort à l'embouchure, qui barrât les eaux, détruisît les gués ou donnât des inondations. Le Var passé, et l'armée maîtresse du comté de Nice, il faut pour entrer en Italie passer le col de Tende, ou continuer à longer la mer jusqu'à

Oneille, pour passer les Alpes à Ponte-di-Nave et gagner le Tanaro, ou longer la mer jusqu'à Savone et Gênes, pour les passer à Gadibone et à la Bochetta. Pour s'opposer à tous ces projets, la meilleure ligne à prendre est celle de la Roya: la droite de cette ligne s'étend du col de Tende à Saorgio; le centre, de Saorgio à Briglio, et la gauche, de Briglio à la mer. La place de Saorgio et un petit fort sur les hauteurs de Briglio serviraient d'appui à cette ligne et garderaient la chaussée qui conduit à Tende. Cette ligne forcée, la rivière de Gênes en offre plusieurs autres, telles que les rameaux du Monte-Grande, qui couvrent San-Remo. Mais alors le col de Tende reste en dehors de la ligne et doit être défendu : par la place de Coni et par un corps placé en Piémont. La place de Gênes est importante comme point d'appui de cette frontière, et comme grand port maritime.

Si une armée française veut entrer en Italie par les Alpes cotțiennes et grecques, elle doit passer par un des cinq cols, d'Argentières, élevé de neuf cents toises, de la Croix, du Mont-Genèvre, du Mont-Cénis, élevés de mille soixante toises, ou du petit Saint-Bernard, élevé de onze cent cinquante toises. Si cette crête supérieure appartient au roi d'Italie, des tours casematées doivent être construites sur les pitons pour pro

I.

ΤΟ

téger les petites places qui défendraient ces cols. Du col d'Argentières, une armée française doit déboucher dans les trois vallées de la Stura, de la Maira et de Blino; du col de la Croix, dans les vallées de Saint-Martin, de Pragelato; du col du Mont-Genèvre, dans les vallées de Pragelato et de Suze; du Mont-Cénis, dans la vallée de Suze; du petit Saint-Bernard, dans la vallée d'Aoste. Le roi de Sardaigne avait les forts de Demonte, Château-Dauphin, Exilles, Fenestrelles, la Brunette et de Bard, qui fermaient en seconde ligne tous ces débouchés, tout comme les places de Coni, d'Ormea, de Ceva, fermaient les débouchés des Alpes maritimes. Les frontières des états sont ou des chaînes de montagnes, ou de grands fleuves, ou d'arides et grands déserts. La France est ainsi défendue. par le Rhin; l'Italie par la chaîne des Alpes; l'Égypte par les déserts de la Libye, de la Nubie et de l'Arabie. De tous ces obstacles, les déserts sont sans doute les plus difficiles à franchir, les montagues tiennent le second rang, les larges fleuves n'ont que le troisième.

Sur les frontières de la Suisse, quatre cols principaux servent de communication aux deux états ceux du Saint-Bernard, élevé de douze cent quarante toises, du Saint-Gothard, élevé de mille soixante toises, et du Splu

gen, élevé de neuf cent quatre-vingt-huit toises. Le Simplon débouche sur la rive droite du lac Majeur et du Tésin. De Domo-d'Ossola au lac Majeur, il est plusieurs positions faciles à fortifier, entre autres le château d'Arona : le Tésin forme une dernière ligne contre les agressions de la France, et aussi contre une armée qui déboucherait par le Simplon; la droite s'appuie au lac Majeur et aux montagnes, la gauche au Pô et aux défilés de la Stradella, qui communiquent sans interruption avec l'Apennin ligurien. Le Tésin est rapide, large; le point de Pavie, retranché et bien gardé, et un bon fort au défilé de la Stradella, couvriraient l'Italie du côté de la France. Le col du Saint-Gothard est impraticable à l'artillerie. Du Saint-Gothard au lac de Lugano, et entre les lacs Majeur et de Como, il est un grand nombre de positions qui offrent de bonnes lignes, et où quelques forts de peu de valeur seraient d'un grand effet; ils ont jadis existé. Dans tous les cas, on doit être maître par des barques armées de tous les lacs. Le quatrième col, celui du Splugen, débouche dans la Valteline; la Valteline appartient sans doute, géographiquement, à l'Italie, ses eaux appartenant à la vallée du Pô'où elles coulent par l'Adda; l'Adda forme le lac de Como, mais ce lac est

1.

environné de montagnes impraticables, comme toutes celles du Bergamasque et du Bres

cian.

Du côté de l'Autriche, l'Italie confine avec le Tyrol, la Carinthie et la Carniole; cette frontière est la plus faible, elle est aussi la plus étendue. Du côté du Tyrol est le col du Brenner, élevé de sept cent trente toises, qui con- duit à Trente. De Trente trois chaussées débouchent en Italie, une sur la Chièse, le lac d'Idro, et arrive sur Brescia; la place de la Rocca-d'Anfo la ferme parfaitement

l'autre

longe la rive gauche de l'Adige, et débouche sur Vérone; l'Adige sert de ligne contre ce débouché : la troisième suit la Brenta, et débouche à Bassano, sur la rive gauche de la Brenta. Du côté de la Carinthie est le col de Tarvis; enfin, du côté de la Carniole, se trouve la ligne de l'Isonzo.

En 1796, on pouvait de la France traverser la chausles Alpes pour entrer en Italie, 1o par "sée du col de Tende; on trouvait à son débouché, la place forte de Coni; 2o par le col d'Argentières, mais aucun chemin n'était praticable pour l'artillerie; la position du pas de Suze et le fort Demonte défendaient la vallée de la Stura; 3o de Grenoble et de Briançon, par le Mont-Genèvre; mais ce chemin était imprati

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