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Fréron, nommé commissaire en Provence, foyer de la guerre civile. De retour à Paris, il se jeta dans le parti thermidorien; menacé par Robespierre, ainsi que Tallien, ils se réunirent à ce qui restait des amis de Danton, et firent la journée du 9 thermidor. Au moment de la crise, la convention le nomma pour marcher à la commune qui s'était insurgée pour Robespierre; il réussit, cet événement lui donna une grande célébrité. Les thermidoriens, après la chute de Robespierre, devinrent les hommes de la France. Le 12 vendémiaire, lors de l'arrestation de Menou, les comités imaginèrent, pour se défaire des trois commissaires près l'armée de l'intérieur, de réunir dans sa personne les pouvoirs des commissaires et ceux de commandant de cette armée. Mais les circonstances étaient trop graves pour lui; il n'avait point fait la guerre. Les événements de thermidor et de vendémiaire le portèrent au directoire. Il avait peu l'habitude du travail; cependant il fit mieux que l'on ne s'y était attendu. On lui reprocha sa dépense, ses liaisons avec des hommes d'affaires, la fortune qu'il fit pendant les quatre ans qu'il fut en place, fortune qu'il ne prenait pas la peine de dissimuler, ce qui contribua à la corruption de l'administration de cette époque. Barras était d'une haute stature; il parla quelquefois dans des mo

ments d'orage, et sa voix couvrait alors toute la salle; ses facultés morales ne lui permettaient pas d'aller au-delà de quelques phrases; la passion avec laquelle il parlait l'aurait fait prendre pour un homme de résolution. En fructidor, il forma avec Rewbell et la Réveillère la majorité contre Carnot et Barthélemy. Après cette journée, il fut en apparence l'homme le plus considérable du directoire, mais en réalité c'était Rewbell qui faisait les affaires; il soutint toujours, depuis le 13 vendémiaire, en public, le rôle d'un ami chaud de Napoléon, quoiqu'ils fussent brouillés, Napoléon ayant amèrement critiqué les mesures qui suivirent le 18 fructidor, et spécialement la loi du 19. Il montra de la dextérité au 30 prairial an VII, et ne partagea pas la disgrace de ses collègues.

§ VIII.

La Réveillère-Lépeaux, député de Maine-etLoire à la convention, fut un des soixante-treize arrêtés au 31 mai; bossu, de l'extérieur le plus désagréable qu'il soit possible, il avait le corps d'Ésope; il écrivait passablement; son esprit était de peu d'étendue; il n'avait ni l'habitude des affaires ni la connaissance des hommes; il

fut alternativement dominé, selon les temps, par Carnot et Rewbell; le jardin des plantes et la théophilanthropie faisaient toute son occupation; il était fanatique par tempérament, du reste, patriote chaud et sincère, citoyen probe, bien intentionné; il entra pauvre au directoire et en sortit pauvre. La nature ne lui avait accordé que les qualités d'un magistrat subal

terne.

§ IX

Rewbell était un des meilleurs avocats de Colmar; il avait beaucoup de cet esprit qui caractérise un bon praticien; il prenait facilement des préventions contre les individus, croyait peu à la vertu, était d'un patriotisme assez exalté. Quoi que l'on en ait dit, il ne s'est point enrichi au directoire; il était, il est vrai, environné de fournisseurs, mais par la tournure de son esprit, il se plaisait dans la conversation d'hommes actifs et entreprenants; il jouissait de leurs flatteries sans leur faire payer les complaisances qu'il avait pour eux; il avait une haine particulière contre le système germanique et la noblesse immédiate de l'empire. Il a montré de l'énergie dans les assemblées, soit avant soit après sa magistrature; il aimait à faire : il avait

été membre de la constituante et de la convention; commissaire à Mayence pendant le siége, il ne fit pas ce qu'on devait attendre de lui; il ne s'opposa pas à la reddition de la place qui pouvait encore se défendre; il avait, comme les praticiens, un préjugé d'état contre les militaires, qu'il ne pouvait pas dissimuler.

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§ X.

Carnot était entré très-jeune dans le génie; il soutint dans le corps le système de Montalembert; il passait pour original parmi ses camarades; il était chevalier de Saint-Louis lors de la révolution qu'il embrassa chaudement; il fut nommé à la convention et membre du comité de salut public avec Robespierre, Barrère, Couton, Saint-Just, Billaud-Varennes, Collotd'Herbois; il montra constamment une grande exaltation contre les nobles, ce qui occasiona plusieurs querelles singulières avec Robespierre qui, sur les derniers temps, en protégeait un grand nombre. Il était travailleur, sincère dans tout ce qu'il faisait, sans intrigue et facile à tromper. Il était près de Jourdan, comme commissaire de la convention, au déblocus de Maubeuge; il y rendit des services importants. Au

comité de salut public, il dirigea les opérations de la guerre, il y fut utile, sans mériter les

éloges qu'on lui a donnés. Il n'avait aucune expérience de la guerre; ses idées étaient fausses sur toutes les parties de l'art militaire, même sur l'attaque et la défense des places et sur les principes des fortifications qu'il avait étudiés dès son enfance. Il a imprimé sur ces matières des ouvrages qui ne peuvent être avoués que par un homme qui n'a aucune pratique de la guerre; il montra du courage moral. Après thermidor, lorsque la convention mit en arrestation tous les membres du comité de salut public, excepté lui, il voulut partager leur sort. Cette conduite fut d'autant plus noble, que l'opinion publique était violemment prononcée contre le comité, et qu'effectivement Collot-d'Herbois et Billaud-Varennes, avec qui il voulait s'associer,. étaient des hommes affreux. Il fut nommé membre du directoire après vendémiaire; mais, depuis le 9 thermidor, il avait l'ame déchirée par les reproches de l'opinion publique qui attribuait au comité tout le sang qui avait coulé sur les échafauds; il sentit le besoin de plaire : il se laissa entraîner par les meneurs du parti de l'étranger; alors il fut porté aux nues, mais il ne mérita pas les éloges des ennemis de la France; il se trouva placé dans une fausse position et

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