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sac Dauphin, dans la rue Saint-Honoré, au pont tournant, etc., etc.; il en confia la garde à des officiers sûrs. La mèche était allumée, et la petite armée distribuée aux différents postes, ou en réserve au jardin et au Carrousel. La générale battait dans tous les quartiers; dans ce temps les bataillons de garde nationale prenaient position aux débouchés des rues, cernant le palais et le jardin des Tuileries; leurs tambours portaient l'audace jusqu'à venir battre la générale sur le Carrousel et sur la place Louis XV le danger était imminent; 40,000 gardes nationaux bien armés, organisés depuis long-temps, étaient sous les armes, fort animés contre la convention; les troupes de ligne chargées de la défendre étaient peu nombreuses et pouvaient facilement être entraînées par le sentiment de la population qui les environnait. La convention, pour accroître ses forces, donna des armes à 1500 individus, dits les patriotes de 89; c'étaient des hommes qui, depuis le 9 thermidor, avaient perdu leurs emplois et quitté leurs départements où ils étaient poursuivis par l'opinion; elle en forma trois bataillons sous les ordres du général Berruyer. Ces hommes se battirent avec la plus grande valeur; ils entraînérent la troupe de ligne, et furent pour beaucoup dans le succès de la journée. Un comité

de quarante membres, composé des comités de salut public et de sûreté générale, dirigeait toutes les affaires, discutait beaucoup, ne décidait rien, pendant que le danger devenait à chaque instant plus pressant. Les uns voulaient qu'on posât les armes, et qu'on reçût les sectionnaires comme les sénateurs romains avaient reçu les Gaulois; d'autres voulaient qu'on se retirât sur les hauteurs de Saint-Cloud au camp de César, pour y être joints par l'armée des côtes de l'océan; d'autres proposaient qu'on envoyât des députations aux quarantehuit sections, pour leur faire diverses propositions. Pendant ces vaines discussions, un nommé Lafond déboucha sur le Pont-Neuf, venant de la section Lepelletier, à deux heures après midi, à la tête de trois ou quatre bataillons, dans le temps qu'une autre colonne de même force venait de l'Odéon à sa rencontre. Ces colonnes se réunirent sur la place Dauphine. Le général ̧ Cartaux, qui était placé au Pont-Neuf avec 400 hommes et quatre pièces de canon, ayant l'ordre de défendre les deux côtés du pont, quitta son poste et se replia sous les guichets du Louvre. En même temps un bataillon de garde nationale occupa le jardin des Infants. Il se disait fidèle à la convention, et pourtant saisissait ce poste sans ordres; d'un autre côté, Saint

Roch, le Théâtre-Français et l'hôtel de Noailles, étaient occupés en force par les gardes nationales. Les postes conventionnels n'en étaient séparés que de douze à quinze pas. Les sectionnaires envoyaient des femmes pour corrompre les soldats; les chefs mêmes se présentèrent plusieurs fois sans armes et les chapeaux en l'air, pour fraterniser, disaient-ils!

S V.

Les affaires empiraient d'une manière étrange; Danican, général des sections, envoya un parlementaire sommer la convention d'éloigner les troupes qui menaçaient le peuple et de désarmer les terroristes. Ce parlementaire traversa, à trois heures après midi, les postes, les yeux bandés, avec toutes les formes de la guerre ; il fut introduit ainsi au milieu du comité des quarante qu'il émut beaucoup par ses menaces; mais il n'obtint rien. La nuit approchait, les sectionnaires en auraient profité pour se faufiler de maison en maison jusqu'aux Tuileries déjà étroitement bloquées : à peu près à la même heure, Napoléon fit apporter dans la salle de la convention huit cents fusils, des gibernes et des cartouches pour armer les conventionnels euxmêmes et les bureaux, comme corps de réserve;

cette mesure en alarma plusieurs qui comprirent alors la grandeur du danger. Enfin, à quatre heures un quart des coups de fusil furent tirés de l'hôtel de Noailles, des balles tombèrent sur le perron des Tuileries et blessèrent une femme qui entrait dans le jardin. Au moment même, la colonne de Lafond déboucha par le quai Voltaire, marchant sur le pont-royal en battant la charge; alors les batteries tirèrent; une pièce de 8 au cul-de-sac Dauphin commença le feu et servit de signal. Après plusieurs décharges Saint-Roch fut enlevé. La colonne Lafond, prise en tête et en écharpe par l'artillerie, placée sur le quai à la hauteur du guichet du Louvre et à la tête du pont-royal, fut mise en déroute; la rue Saint-Honoré, la rue Saint-Florentin et les lieux adjacents furent balayés. Une centaine d'hommes essayèrent de résister au théâtre de la République, quelques obus les délogèrent; à six heures du soir tout était fini. Si l'on entendit de loin en loin quelques coups de canon pendant la nuit, ce fut pour empêcher les barricades que quelques habitants avaient cherché à établir avec des tonneaux. Il y eut environ 200 tués ou blessés du côté des sectionnaires et presque autant du côté des conventionnels, la plus grande partie de ceux-ci aux portes de Saint-Roch. Trois représentants, Fré

ron, Louvet et Sieyes, montrèrent de la résolution; la section des Quinze-Vingts, faubourg Saint-Antoine, fut la seule qui fournit 250 hommes à la convention, tant ses dernières oscillations politiques lui avaient indisposé le peuple. Toutefois, si les faubourgs ne se levèrent. pas en sa faveur, ils n'agirent pas non plus contre elle. La force de l'armée de la convention était de 8,500 hommes, en y comprenant les représentants eux-mêmes.

Il existait encore des rassemblements dans la section Lepelletier. Le 14 au matin, des colonnes débouchèrent contre eux par les boulevards la rue de Richelieu et le Palais-Royal; des canons avaient été placés aux principales avenues; les sectionnaires furent promptement délogés, et le reste de la journée fut employé à parcourir la ville, à visiter les chefs-lieux de section, ramasser les armes et lire des proclamations; le soir, tout était rentré dans l'ordre et Paris se trouvait parfaitement tranquille. Lorsque après ce grand événement les officiers de l'armée de l'intérieur furent présentés en corps à la convention, elle nomma par acclamation Napoléon général en chef de l'armée de l'intérieur, Barras ne pouvant cumuler plus long-temps le titre de représentant avec des fonctions militaires. Le général Menou fut traduit à un conseil de guerre

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