Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

et dont Rome avait si souvent donné l'exemple au temps des comices. Elle proclama, le 23 septembre, l'acceptation de la constitution et des lois additionnelles, par la majorité des assemblées primaires de la république; mais, dès le lendemain, les sections de Paris, sans tenir compte de cette acceptation, nommèrent des députés pour former une assemblée centrale d'électeurs qui se réunit à l'Odéon.

[blocks in formation]

Les sections de Paris avaient mesuré leurs forces; elles méprisaient la faiblesse de la convention. Cette assemblée de l'Odéon était un comité d'insurrection. La convention se réveilla; elle annula l'assemblée de l'Odéon, la déclara illégale, et ordonna à ses comités de la dissoudre la force. Le 10 vendémiaire, la par force armée se porta à l'Odéon, et exécuta cet ordre. Quelques hommes rassemblés sur la place de l'Odéon firent entendre des murmures, se permirent quelques injures, mais n'opposèrent aucune résistance. Cependant le décret qui fermait l'Odéon excita l'indignation des sections: celle de Lepelletier, dont le chef-lieu était au couvent des filles Saint-Thomas, était la plus animée. Un décret de la convention

[ocr errors]

ordonna que le lieu de ses séances fût fermé, l'assemblée dissoute, et la section désarmée. Le 12 vendémiaire (3 octobre) à sept ou huit heures du soir, le général Menou, accompagné des représentants du peuple, commissaires près de l'armée de l'intérieur, se rendit avec un corps nombreux de troupes au lieu des séances de la section Lepelletier, pour y faire exécuter le décret de la convention; infanterie, cavalerie, artillerie, tout fut entassé dans la rue Vivienne, à l'extrémité de laquelle était le couvent des filles Saint-Thomas. Les sectionnaires occupaient les fenêtres des maisons de cette rue. Plusieurs de leurs bataillons se rangèrent en bataille dans la cour du couvent, et la force militaire que commandait le général Menou se trouva compromise. Le comité de la section s'était déclaré représentant du peuple souverain dans l'exercice de ses fonctions; il refusa d'obéir aux ordres de la convention, et après une heure d'inutiles pourparlers, le général Menou et les commissaires de la convention se retirèrent, par une espèce de capitulation, sans avoir désarmé ni dissous ce rassemblement. La section, demeurée victorieuse, se constitua en permanence, envoya des députations à toutes les autres sections, vanta ses succès, et pressa l'organisation qui pourrait assurer sa résis

[ocr errors]

tance. Elle prépara ainsi la journée du 13 vendémiaire.

Napoléon, attaché depuis quelques mois à la direction du mouvement des armées de la république, était au spectacle au théâtre Feydeau, lorsque, instruit de la scène singulière qui se passait si près de lui, il fut curieux d'en observer les circonstances; voyant les troupes conventionnelles repoussées, il courut aux tribunes de la convention pour juger de l'effet de cette nouvelle, et suivre les développements et la couleur qu'on lui donnerait. La convention était dans la plus grande agitation. Les représentants auprès de l'armée, voulant se disculper, se hâtèrent d'accuser Menou; ils attribuèrent à la trahison ce qui n'était dù qu'à la malhabileté ; Menou fut décrété d'arrestation: alors divers représentants se montrèrent successivement à la tribune; ils peignirent l'étendue du danger. Les nouvelles qui à chaque instant arrivaient des sections, ne faisaient voir que trop combien il était grand chacun proposa le général qui avait sa confiance pour remplacer Menou; les thermidoriens proposaient Barras; mais il était peu agréable aux autres partis. Ceux qui avaient été à Toulon, à l'armée d'Italie, et les membres 'du comité de salut public, qui avaient des relations journalières avec Napoléon, le proposé

rent comme plus capable que personne de les tirer de ce pas dangereux, par la promptitude de son coup d'œil, l'énergie et la modération de son caractère. Mariette, qui était du parti des modérés et un des membres les plus influents du comité des quarante, approuva ce choix. Napoléon, qui entendait tout du milieu de la foule où il se trouvait, délibéra près d'une demi-heure avec lui-même sur ce qu'il avait à faire. Il se décida enfin et se rendit au comité, auquel il peignit vivement l'impossibilité de pouvoir diriger une opération aussi importante avec trois représentants qui, dans le fait, exerçaient le pouvoir et gênaient toutes les opérations du général; il ajouta qu'il avait été témoin de l'événement de la rue Vivienne, que les commissaires avaient été les plus coupables, et s'étaient pourtant montrés au sein de l'assemblée des accusateurs triomphants. Frappé de ces raisons, mais dans l'impossibilité de destituer les commissaires sans une longue discussion dans l'assemblée, le comité, pour tout concilier, car il n'avait pas de temps à perdre, prit le parti, de proposer, pour général en chef, Barras, en donnant le commandement en second à Napoléon. Par là on se trouva débarrassé des trois commissaires sans qu'ils eussent à se plaindre. Aussitôt que Napoléon se vit chargé

du commandement des forces qui devaient protéger l'assemblée, il se transporta dans un des cabinets des Tuileries où était Menou, afin d'obtenir de lui les renseignements nécessaires sur les forces, la position des troupes et de l'artillerie. L'armée n'était que de 5,000 hommes de toutes armes. Le parc était de quarante pièces de canon, alors parquées aux Sablons, sous la garde de vingt-cinq hommes. Il était une heure après minuit; le général expédia aussitôt un chef d'escadron du 21 de chasseurs ( Murat) avec trois cents chevaux, en toute diligence aux Sablons, pour en ramener l'artillerie dans le jardin des Tuileries; un moment plus tard il n'eût plus été temps. Cet officier arriva à trois heures aux Sablons, il s'y rencontra avec la tête d'une colonne de la section Lepelletier, qui venait saisir le parc; mais il était à cheval et en plaine; les sectionnaires jugèrent toute résistance inutile; ils se retirèrent; et à cinq heures du matin, les quarante pièces de canon entrèrent aux Tuileries.

S IV.

De six heures à neuf heures, Napoléon plaça son artillerie à la tête du pont Louis XVI, du Pont-Royal et de la rue de Rohan, au cul-de

« VorigeDoorgaan »