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nom d'ut, et à marquer le ton comme je l'ai déja dit; il y en a cinq qui peuvent être doubles, parceque le bémol de la supérieure marqué b, et le dièse de l'inférieure marqué d, produisent le même effet. Il ne sera pas mal cependant de s'en tenir aux dénominations que j'ai choisies, et qui, abstraction faite de toute autre raison, sont du moins préférables parcequ'elles sont les plus usitées.

Il est encore aisé, par le moyen de cette table, de marquer précisément l'étendue de chaque partie, tant vocale qu'instrumentale, et la place qu'elle occupera dans ces différentes octaves suivant le ton où l'on sera.

Je suis convaincu qu'en suivant exactement les principes que je viens d'expliquer, il n'est point de chant qu'on ne soit en état de solfier en très peu de temps, et de trouver de même sur quelque instrument que ce soit, avec toute la facilité possible. Rappelons un peu en détail ce que j'ai dit sur cet article.

Au lieu de commencer d'abord à faire exécuter machinalement des airs à cet écolier, au lieu de lui faire toucher, tantôt des dièses, tantôt des bémols, sans qu'il puisse concevoir pourquoi il le

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Ce n'est qu'en vertu du tempérament que la même touche peut servir de dièse à l'une et de bémol à l'autre, puisque d'ailleurs personne n'ignore que la somme de deux demi-tons mineurs ne sauroit faire un ton.

fait, que le premier soin du maître soit de lui faire connoître à fond tous les sons de son instrument par rapport aux différents tons sur lesquels ils peuvent être pratiqués.

Pour cela, après lui avoir appris les noms naturels de toutes les touches de son instrument, il faut lui présenter un autre point de vue, et le rappeler à un principe général. Il connoît déja tous les sons de l'octave suivant l'échelle naturelle, il est question à présent de lui en faire faire l'analyse. Supposons-le devant un clavecin. Le clavier est divisé en soixante et une touches: on lui explique que ces touches, prises successivement et sans distinction de blanches ni de noires, expriment des sons qui, de gauche à droite, vont en s'élevant de demi-ton en demi-ton. Prenant la touche ut pour fondement de notre opération, nous trouverons toutes les autres de l'échelle naturelle disposées à son égard de la manière suivante :

La deuxième note, re, à un ton d'intervalle vers la droite; c'est-à-dire qu'il faut laisser une touche intermédiaire entre l'ut et le re, pour la division des deux demi-tons:

La troisième, mi, à un autre ton du re, et à deux tons de l'ut; de sorte qu'entre le re et le mi il faut encore une touche intermédiaire :

La quatrième, fa, à un demi-ton du mi et à

deux tons et demi de l'ut; par conséquent le fa est la touche qui suit le mi immédiatement, sans en laisser aucune entre deux :

La cinquième, sol, à un ton du fa, et à tròis tons et demi de l'ut; il faut laisser une touche intermédiaire:

La sixième, la, à un ton du sol, et à quatre tons et demi de l'ut; autre touche intermédiaire :

La septième, si, à un ton du la, et à cinq tons et demi de l'ut; autre touche intermédiaire:

La huitième, ut d'en haut, à demi-ton du si, et à six tons du premier ut dont elle est l'octave; par conséquent le si est contigu à l'ut qui le suit, sans touche intermédiaire.

En continuant ainsi tout le long du clavier, on n'y trouvera que la réplique des mêmes intervalles, et l'écolier se les rendra aisément familiers, de même que les chiffres qui les expriment et qui marquent leur distance de l'ut fondamental. On lui fera remarquer qu'il y a une touche intermédiaire entre chaque degré de l'octave, excepté entre le mi et le fa et entre le si et l'ut d'en haut: où l'on trouve deux intervalles de demi-ton chacun, qui ont leur position fixe dans l'échelle.

On observera aussi qu'à la clef d'ut toutes les touches noires sont justement celles qu'il faut prendre, et que toutes les blanches sont les in

termédiaires qu'il faut laisser. On ne cherchera point à lui faire trouver du mystère dans cette distribution, et l'on lui dira seulement que, comme le clavier seroit trop étendu ou les touches trop petites si elles étoient toutes uniformes, et que d'ailleurs la clef d'ut est la plus usitée dans la musique, on a, pour plus de commodité, rejeté hors des intervalles les touches blanches, qui n'y sont que de peu d'usage. On se gardera bien aussi d'affecter un air savant en lui parlant des tons et des demi-tons majeurs et mineurs, des comma, du tempérament; tout cela est absolument inutile à la pratique, du moins pour ce temps-là : en un mot, pour peu qu'un maître ait d'esprit et qu'il possède son art, il a tant d'occasions de briller en instruisant, qu'il est inexcusable quand sa vanité est à pure perte pour disciple.

le

Quand on trouvera que l'écolier possède assez bien son clavier naturel, on commencera alors à le lui faire transposer sur d'autres clefs, en choisissant d'abord celles où les sons naturels sont le moins altérés. Prenons, par exemple, la clef de sol.

Ce mot sol, direz-vous à l'écolier, écrit ainsi à la marge, signifie qu'il faut transporter au sol et à son octave le nom et toutes les propriétés de l'ut et de la gamme naturelle. Ensuite, après l'a

voir exhorté à se rappeler la disposition des tons de cette gamme, vous l'inviterez à l'appliquer dans le même ordre au sol considéré comme fondamentale, c'est-à-dire comme un ut. D'abord il sera question de trouver le re; si l'écolier est bien conduit, il le trouvera de lui-même et touchera le la naturel, qui est précisément par rapport au sol dans la même situation que le re par rapport à l'ut: pour trouver le mi il touchera le si; pour trouver le fa il touchera l'ut; et vous lui ferez remarquer qu'effectivement ces deux dernières touches donnent un demi-ton d'intervalle, intermédiaire, de même que le mi et le fa dans l'échelle naturelle. En poursuivant de même, il touchera le re pour le sol, et le mi pour le la. Jusqu'ici il n'aura trouvé que des touches naturelles pour exprimer dans l'octave sol l'échelle de l'octave ut; de sorte que si vous poursuivez, et que vous demandiez le si sans rien ajouter, il est presque immanquable qu'il touchera le fa naturel. Alors vous l'arrêterez-là, et vous lui demanderez s'il ne se souvient pas qu'entre le la et le si naturel il a trouvé un intervalle d'un ton et une touche intermédiaire : vous lui montrerez en même temps cet intervalle à la clef d'ut; et, revenant à celle de sol, vous lui placerez le doigt sur le mi naturel que vous nommerez la en demandant où est le si. Alors il se corrigera sûrement et touchera le fa

ÉCRITS SUR LA MUSIQUE.

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