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faisant, et verse également ta divine influence. Oui, deux êtres manquent à la plénitude des, choses; partage-leur cette ardeur dévorante qui consume l'un sans animer l'autre : c'est toi qui formas par ma main ces charmes et ces traits qui n'attendent que le sentiment et la vie; donne-lui la moitié de la mienne, donne-lui tout, s'il le faut, il me suffira de vivre en elle. O toi qui daignes sourire aux hommages des mortels, ce qui ne sent rien ne t'honore pas; étends ta gloire avec tes œuvres. Déesse de la beauté, épargne cet affront à la nature, qu'un si parfait modèle soit l'image de ce qui n'est pas.

(Il revient à lui par degrés avec un mouvement d'assurance et de joie.)

Je reprends mes sens. Quel calme inattendu! quel courage inespéré me ranime! Une fièvre mortelle embrasoit mon sang: un baume de confiance et d'espoir court dans mes veines; je crois me sentir renaître.

Ainsi le sentiment de notre dépendance sert quelquefois à notre consolation. Quelque malheureux que soient les mortels, quand ils ont invoqué les dieux ils sont plus tranquilles...

Mais cette injuste confiance trompe ceux qui font des vœux insensés... Hélas! en l'état où je suis on invoque tout, et rien ne nous écoute; l'espoir qui nous abuse est plus insensé que le desir.

Honteux de tant d'égarements, je n'ose plus même en contempler la cause. Quand je veux lever les yeux sur cet objet fatal, je sens un nouveau trouble, une

palpitation me suffoque, une secrète frayeur m'ar

rête...

(Ironie amère.)

... Eh! regarde, malheureux; deviens intrépide; ose fixer une statue.

(Il la voit s'animer, et se détourne saisi d'effroi et le cœur serré de douleur.)

Qu'ai-je vu? dieux! qu'ai-je cru voir? Le coloris des chairs, un feu dans les yeux, des mouvements même... Ce n'étoit pas assez d'espérer le prodige; pour comble de misère, enfin je l'ai vu...

(Excès d'accablement.)

Infortuné, c'en est donc fait... ton délire est à son dernier terme... ta raison t'abandonne ainsi que ton génie... Ne la regrette point, ô Pygmalion! sa perte couvrira ton opprobre...

(Vive indignation.)

Il est trop heureux pour l'amant d'une pierre de devenir un homme à visions.

(Il se retourne, et voit la statue se mouvoir et descendre ellemême les gradins par lesquels il a monté sur le piédestal. Il se jette à genoux, et lève les mains et les yeux au ciel.)

Dieux immortels! Vénus! Galathée! ô prestige d'un amour forcené !

GALATHÉE, se touche, et dit :

Moi.

PYGMALION, transporte.

Moi.

C'est moi.

GALATHÉE, se touchant encore.

PYGMALION.

Ravissante illusion qui passes jusqu'à mes oreilles, ah! n'abandonne jamais mes sens.

GALATHÉE, fait quelques pas et touche un marbre.

Ce n'est plus moi.

(Pygmalion, dans une agitation, dans des transports qu'il a peine à contenir, suit tous ses mouvements, l'écoute, l'observe avec une avide attention qui lui permet à peine de respirer. Galathée s'avance vers lui et le regarde; il se lève précipitamment, lui tend les bras, et la regarde avec extase. Elle pose une main sur lui; il tressaille, prend cette main, la porte à son cœur, et la couvre d'ardents baisers.)

GALATHÉE, avec un soupir.

Ah! encore moi.

PYGMALION.

Oui, cher et charmant objet, oui, digne chef-d'œuvre de mes mains, de mon cœur, et des dieux; c'est toi, c'est toi seule; je t'ai donné tout mon être : je ne vivrai plus que par toi.

FIN DE PYGMALION.

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Je l'ai planté, je l'ai vu naître, Ce beau ro

sier où les oi-seaux Viennent chan - ter sous ma fe

né-tre, Perchés

sur ses jeunes ra-meaux.

Joyeux oiseaux, troupe amoureuse,
Ah! par pitié ne chantez pas.

L'amant qui me rendoit heureuse

Est parti pour

d'autres climats.

Pour les trésors du Nouveau-Monde

Il fuit l'amour, brave la mort.
Hélas! pourquoi chercher sur l'onde
Le bonheur qu'il trouvoit au port?

ÉCRITS SUR LA MUSIQUE.

31

K

Vous, passagères hirondelles,
Qui revenez chaque printemps,
Ciseaux sensibles et fidèles,
* Ramenez-le-moi tous les ans.

Rame - nez le moi tous

les

ans.

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