Aurois-je donc perdu Colette sans retour? LE DEVIN. On sert mal à-la-fois la fortune et l'amour. D'être si beau garçon quelquefois il en coûte. (Le Devin tire de sa poche un livre de grimoire et un petit bâton de Jacob, avec lesquels il fait un charme. De jeunes paysannes, qui venoient le consulter, laissent tomber leurs présents, et se sauvent tout effrayées en voyant ses contorsions.) Le charme est fait. Colette en ce lieu va se rendre. COLIN. A l'apaiser pourrai-je parvenir? Hélas! voudra-t-elle m'entendre? LE DEVIN. Avec un cœur fidéle et tendre On a droit de tout obtenir. (à part.) Sur ce qu'elle doit dire allons la prévenir. de l'édition originale de 1753; il n'est point dans la partition gravée en 1754; enfin, il n'est point dans le manuscrit autographe de cette partition déposé à la bibliothèque de la Chambre des Députés. Voilà bien assez de raisons pour décider la suppression de ce vers, quelle que soit la cause de son insertion dans l'édition de Genève qui fait autorité en tant d'autres points. SCÈNE V. COLIN. Je vais revoir ma charmante maîtresse. Si mes pleurs, mes soins assidus, SCÈNE VI. COLIN; COLETTE, parée. COLIN, à part. Je l'aperçois... Je tremble en m'offrant à sa vue... ...Sauvons-nous... Je la perds si je fuis... COLETTE, à part. Il me voit... Que je suis émue! Le cœur me bat... COLIN. Je ne sais où j'en suis. COLETTE. Trop près, sans y songer, je me suis approchée. COLIN. Je ne puis m'en dédire, il la faut aborder. (à Colette d'un ton radouci, et d'un air✓ moitié riant, moitié embarrassé.) Ma Colette... êtes-vous fâchée? Je suis Colin, daignez me regarder. COLETTE, osant à peine jeter les yeux sur lui: Colin m'aimoit, Colin m'étoit fidéle : Je vous regarde, et ne vois plus Colin. COLIN. Mon cœur n'a point changé; mon erreur trop cruelle |