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LE DEVIN

DU VILLAGE,

INTERMÈDE,

Représenté à Fontainebleau, devant le roi, les 18 et 24 octobre 1752; et à Paris, par l'Académie royale de Musique, le jeudi 1er mars 1753.

AVERTISSEMENT.

Quoique j'aie approuvé les changements que mes amis jugèrent à propos de faire à cet intermède quand il fut joué à la cour, et que son succès leur soit dû en grande partie, je n'ai pas jugé à propos de les adopter aujourd'hui, et cela par plusieurs raisons. La première est que, puisque cet ouvrage porte mon nom, il faut que ce soit le mien, dût-il en être plus mauvais; la seconde, que ces changements pouvoient être fort bien en eux-mêmes, et ôter pourtant à la pièce cette unité si peu connue, qui seroit le chef-d'œuvre de l'art, si l'on pouvoit la conserver sans répétition et sans monotonie. Ma troisième raison est que cet ouvrage n'ayant été fait que pour mon amusement, son vrai succès est de me plaire: or personne ne sait mieux que moi comment il doit être pour me plaire le plus.

A M. DUCLOS,

HISTORIOGRAPHE DE FRANCE,

L'UN DES QUARANTE DE L'ACADÉMIE FRANÇOISE ET DE CELLE DES BELLES-LETTRES.

Souffrez, monsieur, que votre nom soit à la tête de cet ouvrage, qui sans vous n'eût point vu le jour. Ce sera ma première et unique dédicace puisse-t-elle vous faire autant d'honneur qu'à moi!

Je suis, de tout mon cœur,

Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

J. J. ROUSSEAU.

COLIN.

COLETTE.

LE DEVIN.

TROUPE DE JEUNES GENS DU VILLAGE.

"

N. B. « On disoit de J.-J. Rousseau, C'est un hibou. Oui, dit quelqu'un, mais c'est celui de Minerve; et quand je sors du Devin « du village, j'ajouterois, déniché par les Graces. >>

CHAMFORT, Caractères et Anecdotes.

On croira difficilement qu'on ait pu avoir l'idée de faire une parodie du Devin du village; c'est ce qui a été fait cependant. En septembre 1753 on représenta sous ce titre, à la Comédie-Italienne, les Amours de Bastien et Bastienne, imprimés dans le tome v du Théâtre de Favart (Paris, 1763), et annoncés être l'ouvrage de madame Favart et de M. Harny. Ce n'est autre chose qu'une suite de vaudevilles et airs populaires offrant toutes les scènes et situations de l'opéra-pastorale, sous le travestissement du patois grossier de nos paysans, substitué au langage régulier que Rousseau fait parler à ses personnages. Dans la première scène Bastienne chante, sur l'air, J'ai perdu mon âne,

J'ons perdu mon ami,

D'puis c'temps-là j' n'avons point dormi.

Et deux auteurs ont réuni leurs forces pour cette belle œuvre ! et cela, dit-on, s'est représenté avec grand succès! Que penser d'un public qui pouvoit alors accueillir de telles pauvretés?

(Note de M. Petitain.)

Ajoutons que, sans faire tort au Devin, la parodie eut un succès mérité. Le public parisien peut être indulgent une fois, ou abusé; mais il ne persiste pas. Il est vrai que madame Favart contribua beaucoup au succès de la pièce. Mais cette circonstance suffiroit pour justifier ce public (comme Valérie sous nos yeux), s'il n'y avoit pas eu d'autres motifs de succès. (Note de M. Musset-Pathay.)

DU VILLAGE'.

Le théâtre représente d'un côté la maison du Devin; de l'autre, des arbres et des fontaines; et dans le fond, un hameau.

SCÈNE I.

COLETTE, Soupirant, et s'essuyant les yeux de son tablier.

J'ai perdu tout mon bonheur;

J'ai perdu mon serviteur;

Colin me délaisse.

Hélas! il a pu changer!
Je voudrois n'y plus songer:
J'y songe sans cesse.

J'ai perdu mon serviteur;
J'ai perdu tout mon bonheur;

Colin me délaisse.

Il m'aimoit autrefois, et ce fut mon malheur.
Mais quelle est donc celle qu'il me préfère?
Elle est donc bien charmante ! Imprudente bergère !

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Voyez sur cette pastorale beaucoup de détails et d'anecdotes, Histoire de J.-J. Rousseau, tome 11, page 441.

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